Chapitre Onze par Zoé Deweireld

3 minutes de lecture

Le constat d'un monde fragile


Chapitre 11


Auteur : Zoé Deweireld


Pour la suite du voyage, sa mère souhaitait ardemment que sa fille passe un voyage inoubiable ou du moins l'espérait-elle. Les dernières nouvelles qu'elle avait reçues n'étaient pas forcément réjouissantes. La maladie prenait de l'ampleur, continuiait à gangréner le centre nerveux de sa fille, la plongeant dans un abîme d'incertitude. Seul le sommeil pouvait encore lui être d'une aide précieuse. Lorsqu'elle se reposait un peu, la maladie se tapissait et laissait revenir un peu de la véritable Léonore, celle qui adorait se rappeler son enfance, mémoriser les odeurs et les saveurs d'antan, fredonner de douces mélodies, connaître les paroles d'une chanson populaire ou encore rédiger son journal intime. Et dans le fond de son âme, y trônait encore l'espoir de voir sa fille un jour guérir par quelque panacée qu'elle trouverait peut-être lors de son voyage.

Aussi, pour apporter le confort dont sa fille avait besoin pour survivre à ce périlleux périple, elle avait usé de ses relations et de sa fortune pour lui offrir un voyage privé à bord du majestueux Orient-express. Fleuron de l'art ferroviaire français, témoin d'une partie de la grandeur historique de la France en matière de transports, elle ne pouvait retracer l'histoire de l'humanité sans voyager à bord de ce train. Elle avait alors convaincu le chauffeur du luxueux appareil d'aller les chercher en Croatie pour ensuite les amener à Istanbul, ancienne capitale de l'empire Byzantin. Le chauffeur, moyennant une somme considérable, accepta et se mit en route pour la Croatie

Zagreb, Capitale de la Croatie, sur un quai de gare

La petite troupe à présent constituée de deux personnes, attendait patiemment sur le quai l'arrivée de leur logement de luxe. Dans les mains de Léonore, les billets de train, envoyés par sa mère il y a peu, sur lesquels figurait en écriture manuscrite le nom de leur prochaine destination. Afin d'arriver à l'heure sur le quai, Laurent avait dû lever la demoiselle aux aurores et pour la première fois depuis le début du voyage, celle-ci ne l'avait pas reconnu. Au départ effrayée, elle avait tenté d'hurler avant que son compagnon de voyage ne lui remette une lettre de sa mère qui lui expliquait ce qu'il s'était passé et pourquoi cet homme était avec elle. Cette lettre eut l'effet escompté et Léonore se rasséréna. Ils plièrent bagages et prirent un taxi en direction de Zagreb.

Malgré la tragédie matinale, Laurent se sentait confiant et surtout chanceux. Jamais il n'aurait pu imaginer fouler le tapis de velours du plus luxueux train d'Europe ; ce n'était pas avec sa maigre pension de retraite qu'il pourrait se payer un voyage privé à bord de ce bijou du 19e siècle.

Au loin, le sifflet de la locomotive se fit entendre et le cahotement des roues brisa le silence matutinal. Avant de se préparer à monter à bord, il vérifia son portable et sa caméra. La veille, il n'avait pas pu filmer Léonore sur l'Île du Kurcal et résultat, ce matin, elle ne savait plus ni qui elle était ni où elle se trouvait. En son for intérieur, il se jura qu'il ne reproduirait pas cette erreur une seconde fois.

La locomotive apparut dans le lointain, machine rutilante scintillant au soleil de l'Adriatique, et dans une cacophonie infernale ralentit pour s'arrêter à hauteur du quai sur lequel ils attendaient. Laurent sortit sa caméra et se tourna vers Léonore :


- Prête pour ce nouveau voyage ?

- Oui, plus que jamais, je compte sur toi pour être ma mémoire.

- Ne t'en fais pas, je vais immortaliser ce jour et quand ta mémoire sera complètement envahie par la maladie, tu pourras la récupérer grâce aux vidéos.

Léonore sourit faiblement. Son teint de porcelaine, sa robe en mousseline vert amande et sa silhouette gracile ne laissaient rien transparaître. Si Laurent l'avait croisée dans la rue par hasard, il n'aurait jamais pu imaginer que cette jeune fille si fraîche était condamnée à errer dans l'ignorance jusqu'à la fin de ses jours.

Les portes du luxueux train s'ouvrirent dans un chuintement et un conducteur élégament vêtu les accueillit sur le seuil.

Sans un mot, Laurent tendit une main à Léonore. Elle s'en saisit et monta les marches du train.

Une autre aventure les attendait à Istanbul...

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