Chapitre sept : Italie, garde mon secret écrit par Attrape rêve

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Chapitre sept : Italie, garde mon secret écrit par Attrape rêve


A chaque fois qu’une idée lui venait,

Mécaniquement elle la notait,

Ne voulant l’oublier à jamais.

Évidemment cela la rassurait,

Si souvent elle l’avait fait,

Insistant sur les mots qui la touchaient,

Et chaque fois elle recommençait.


Laurent regardait Léonore avec tendresse reproduire ce rituel matinal. Comment faisait-elle pour se souvenir de ce geste, elle qui au réveil avait déjà oublié pourquoi elle était là ?

La caméra filmait la jeune femme, chaque fois que son stylo effleurait le papier, elle souriait. Il zooma sur ses mains, qui avec minutie s’employaient à écrire. Le stylo s’agitait avec frénésie, Léonore devait faire au plus vite avant que les mots ne s’évanouissent comme ses pensées.

Laurent s’approcha, il ne voulait pas envahir cet espace qui lui appartenait. Il avait le sentiment d’être un voleur de mots. Sans un bruit il s’assit derrière elle, voulant la prendre dans ses bras pour l’apaiser. Pourtant il résista à ce désir, même si ce geste anodin aurait été aussitôt oublié. Il se contenta alors de poser sa main sur son épaule, la ramenant en douceur à la réalité.

Léonore effleura sa main en retour, un frisson la parcourut au contact de sa peau. Laurent n’osait plus la retirer, voulant garder ce bref instant ancré dans ses souvenirs. Le temps, il aurait voulu pouvoir le stopper, juste pour, à son tour, ne pas oublier.

La caméra posée sur le muret continuait à capturer les images de cette scène éphémère. Autour d’eux la foule s’invita à son tour, formant un bouclier pour préserver ce moment d’intimité. Cette farandole où se mêlait tant d’histoires, inspira Léonore qui voulait se joindre à la fête.

Venise, la musicale

Au son des cymbales,

Vous invite au bal,

Lançant le carnaval.

Léonore se laissa entraîner dans ce tourbillon, où les masques libéraient les propos et les sens. Quoi qu’il pût arriver par la suite, même si elle ne s’en souvenait plus, ce qu’elle ressentait là maintenant était plus fort que tout. Laurent lui avait trouvé un masque pour se prêter au jeu en toute liberté. Légèrement en retrait, il l’observait, elle était la reine de cette ruche bourdonnante à souhait. Son regard cachait derrière la caméra, était focus sur elle, il ne pouvait quitter ses lèvres maquillées d’un léger gloss brillant qui illuminait son sourire.

Là, au milieu de cette nuit endiablée, Léonore se laissait aller croquant la vie à pleine dents. Elle rencontra Paul qui lui raconta son histoire avec pudeur. Elle lui avoua que son secret serait bien gardé parce qu’elle l’avait déjà rangée dans sa mémoire, tel un coffre dont elle avait perdu la clé.

Puis elle bouscula Joséphine et Luigi, un couple d’octogénaires qui venaient depuis plus de soixante ans vivre cet événement pour célébrer leur amour tout simplement. Joséphine lui glissa à demi-mots qu’elles partageaient le même fardeau, celui d’une tête qui les abandonnait jour après jour. Elle lui avoua que ce qui s’effaçait en elle, elle l’avait accepté, ce qui l’effrayait c’était de faire souffrir Luigi son bien aimé.

Toute au long de cette nuit, Laurent fut troublé, que lui passait-il par la tête ? La frontière entre l’amitié et l’amour se fragilisait. La caméra s’attarda sur ce brin de femme fragile et forte à la fois, parcourant Venise au rythme effréné de cette musique entêtante.

La vidéo s’arrêta net, la batterie venait de lâcher. Laurent s’en voulait, quel idiot! Comment avait-il pu oublier ce détail ? Une main vint prendre la sienne, chaude, douce, et réconfortante.

– Allez vient Laurent, la caméra attendra bien demain, viens avec moi, juste une dernière danse.

Léonore le regarda droit dans les yeux, et déposa un baiser sur sa joue avant de se laisser à nouveau emporter par ce tourbillon. Laurent aurait voulu garder sa main dans la sienne, la seule chose qu’il y trouva fut le billet qu’elle avait griffonné ce matin.

Les mains tremblantes, délicatement il défroissa le papier, et le monde se déroba sous ses pieds.

Lentement ma mémoire m’échappe,

Aide-moi à chaque étape.

Un jour je ne serai plus là

Raconte au monde entier ici-bas,

Et sois heureux de ça.

N’oublie pas que je savais,

Ton amour, que tu me taisais.


Laurent referma la lettre, une larme glissa sur sa joue.

– Allez, Laurent ressaisis toi, pensa-t-il. Italie, garde mon secret.

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