Là où il commence
D’abord j’ai connu les siennes
Elles m’ont bercée caressée rassurée
M’ont révélée au monde
Ont parlé à ma peau et aidé à saisir
Sous leur courbe délicate
Les contours de mon corps
Là où il commence
Là où il se termine
Puis j’ai découvert les miennes
Marionnettes maladroites
Tâtonnant éprouvant
Hésitantes ou confiantes
La distance à elle
A l’autre
A toi qui n’es pas moi
Papillons à cinq ailes
Virevoltent et se posent
La rondeur la douceur la morsure la douleur
Le velours de la peau la piqure de la neige
L’âpreté de la pierre la caresse de la plume
L’eau soyeuse fuyante le grain du sable chaud
Tout autour des contours de mon corps
Là où il commence
Là où il se termine
Et un jour il n’y eut que le vide
Sous leur pulpe éperdue
Le monde était trop vaste à étreindre
Hors d’atteinte hostile glacé
Alors j’ai oublié
Les contours de mon corps
Là où il commence
Là où il se termine
Enfin j’ai rencontré les tiennes
Chaudes et enveloppantes
Douces et rêches à la fois
Elles me créent me recréent
Dessinant les lignes de mon corps
Ecrivant ses limites et sa finitude
Comme un sculpteur qui modèle l’argile
Délivrant de son bloc primitif
La forme cachée prisonnière
Avec ses collines et ses vallées
Ses arêtes et ses creux
Ses ombres et sa lumière
Lentement patiemment
Amoureusement
Elles me définissent
Et me redonnent le jour
Les contours de mon corps
Là où il commence
Là où il se termine
Annotations