4. Paresse

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Où devait-il se rendre ? Peut-être était-ce la seule et unique chose qui s'imposait à lui. Dépourvu de tout ce qui fait d'un être humain ce qu'il est, à savoir ses souvenirs, ses désirs, et son identité, une petite certitude parvenait à se frayer un chemin dans l'obscurité de sa mémoire. Il se redressa alors, ses coudes et ses doigts s'enfonçant dans la terre gorgée d'eau.


Il y était arrivé.

Sans se poser la moindre question, ses doigts se fermèrent sur la poignée. Celle-ci s'abaissa et dévoila l'intérieur de la maison. Le regard clair du blond tomba sur ce qui traînait à terre. On eût dit qu'une tempête avait tout ravagé. De gros sacs noirs étaient stockés à l'entrée, et l'odeur qui s'en dégageait, si légère fût-elle, lui fit plisser le nez. Une pile de papiers, placés là comme pour former de petites tours, piqua sa curiosité. Dans un silence quasi surnaturel, il avança en contournant les obstacles et entra dans la pièce qui se dévoilait à sa gauche. Une grimace se forma sur son visage. Un tas d'objets étaient empilés en désordre dans un bac qui ne pourrait décidément rien contenir de plus, et des boîtes se trouvaient sur une table, où plus une seule place n'était disponible pour y poser quoi que ce soit d'autre.

  • Qu'est-ce que vous fichez ici chez moi ?

Si un sursaut le secoua à cette phrase, bien qu'elle ne fût pas agressive, et si un sentiment désagréable lui noua les entrailles, au moins le jeune homme était-il soulagé d'apprendre que ce domicile n'était pas le sien. Étrange. L'avait-il seulement imaginé ? Lorsque leurs regards se rencontrèrent enfin, le propriétaire sembla considérablement se détendre. Et le jeune homme sut clairement.

  • Je crois que vous devriez rester avec moi.

Il s'attendait à un refus, à un rire sarcastique comme il en avait entendu, à un éclat de voix, mais il n'y avait aucune hypothèse dans laquelle son interlocuteur se contentait de hocher la tête. Pris au dépourvu, ne sachant pas comment interpréter son assentiment, il se contenta de le contourner pour rejoindre l'entrée, en enjambant le désordre. Tuer la conversation avant qu'elle ne commence était le meilleur moyen de ne pas semer un doute qui venait juste de se dissiper.

Dehors le temps s'était dégradé, pourtant l'air emplissant ses poumons était nettement préférable à l'odeur lourde qui régnait à l'intérieur. Lorsqu'il vit le propriétaire tourner la clé dans la serrure, une question lui échappa cependant, et ce malgré son indisposition aux échanges.

  • Vous ne désirez pas remettre de l'ordre avant ?
  • Je le ferai plus tard, pas de problèmes.

Un haussement d'épaules vint ponctuer sa réponse, et il le dépassa sans un seul regard en arrière. Le blond eut un soudain pressentiment, et manqua d'ajouter qu'il n'aurait certainement pas l'occasion de tout ranger plus tard. Mais aussi vite qu'elle était arrivée, sa remarque naissante fut tirée dans un coin sombre de sa mémoire, où il oublia complètement son existence.

Une fois encore, sa seule certitude était que toujours il devait avancer. Alors, il continua, comme un robot qu'on aurait programmé.

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