Exploration (5/5)

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Effectivement, Mélina réussi à s’en saisir sans la moindre difficulté. Après avoir ouvert successivement les sept poupées imbriquées, elle y trouva en effet la clé.

Les mains tremblantes, elle l’inséra dans la serrure.

Lorsque la lourde porte pivota, Mélina coupa brièvement sa respiration. La pièce qui se dévoilait devant elle était bien plus grande qu’elle ne se l’était imaginée. Dépourvue de fenêtre, l’éclairage y était doux et subtil. Sur la droite, juste derrière l’immense table inclinée, une bibliothèque contenait de nombreux ouvrages concernant l’art. De Picasso à Luis Royo, elle semblait couvrir tous les styles et toutes les époques. On y trouvait également des manuels d’apprentissage de logiciels ou de dessin. Si Mélina savait depuis toujours que sa tante était une autodidacte, elle n’avait jamais envisagé qu’il faille en connaître autant. Après tout, même les jeunes enfants dessinent. Instinctivement, Mélina avait cru qu’il suffisait d’avoir un don. Comme elle ne l’avait pas, elle s’en était rapidement désintéressée. Pourtant, en apercevant les croquis scotchés sur le plan incliné, Mélina fut réellement impressionnée par la précision des traits. La beauté du paysage hivernal lui donnait presque envie de rejoindre le personnage qui y évoluait. Au pied d’un arbre gigantesque au feuillage écarlate, Lorna avait placé une jeune femme aux yeux violets et aux cheveux argentés qui câlinait trois bébés dragons. D’où Lorna puisait-elle son inspiration ?

Ébahie par la beauté de l'œuvre, Mélina la contempla pendant un long moment avant de se décider à poursuivre sa chasse au trésor. De ce côté de la salle, il était impossible d’y dissimuler un carton aussi imposant. À moins peut-être que la bibliothèque ne puisse pivoter pour dévoiler une cachette secrète ? À cette idée, Mélina sourit. La perspective de découvrir un passage derrière la réjouissait. Ça lui donnerait l’illusion d’explorer un château. Pourtant, en s’en approchant, elle sentit qu’elle faisait fausse route. Pour une raison inconnue, son instinct lui dévoila l’emplacement réel de l’objet de sa convoitise. Délaissant le coin informatique, elle quitta le bureau, le referma et replaça la clé au cœur de la matriochka avant de courir vers le fond du jardin.

Le carton était bien là. Caché dans le coin du poulailler, on pouvait à peine le distinguer dans l’ombre du nichoir. À travers les planches, seul un faible rayon de soleil éclairait la pièce étroite. Mélina cligna des yeux pour s’habituer à la pénombre. Prudemment, elle dégagea son butin de l’angle et le déplaça au centre.

Il était maintenant temps de l’ouvrir. Enfin !

Elle prit le cutter dans sa poche. Délicatement, elle découpa le scotch marron qui fermait la boite. Lentement, elle ouvrit les battants. Le contenu semblait recouvert d’un tissu noir et épais.

Mélina passa sa main sur l’étoffe qui était d’une douceur incomparable. Il s’en dégageait une délicate odeur de rose et de jacinthe. Elle sortit le tissu afin de découvrir la suite de son trésor défendu. Elle s’apprêtait à le déposer dans l’herbe à côté d’elle lorsqu’un détail attira son attention. Sous ses doigts, elle sentait une petite partie dur et ronde. Elle retourna ce qu’elle pensait jusqu’ici n’être qu’un simple drap. Quatre boutons dorés gravés d’étranges symboles étaient alignés le long d’une ouverture. Finalement, il s’agissait d’une veste. Près de l’emplacement du cœur, elle découvrit un magnifique blason orné de 3 étoiles, d’une licorne cabrée et de la représentation d’une arbalète. Elle la posa près d’elle et regarda à nouveau dans le carton. Son regard fut attiré par un objet brillant bloqué derrière un calepin. Elle le dégagea et la beauté de sa trouvaille l’époustoufla. Lové contre sa paume se trouvait un médaillon orné d’un symbole bien plus complexe que celui des boutons. Pas de doute possible. Il s’agissait bien du collier qu’elle avait trouvé dans le grenier. Sans hésiter, elle l’enfila et le cacha sous son t-shirt. Qu’allait-elle découvrir à présent ? Curieuse, elle s’empara fébrilement du carnet. C’était un cahier simple mais élégant. Doté d’une épaisse couverture en cuir noir, il était relativement petit. Ses pages en parchemins jaunis semblaient avoir souffert de l’humidité. Craquelés par endroits, il s’en dégageait une forte odeur de poudre à canon. Mélina éternua. Elle n’aurait jamais pu penser qu’un livre puisse sentir aussi mauvais. Elle le retourna pour vérifier qu’il n’avait pas été brûlé. Non, hormis les parties froissées ou déchirées, il semblait intact. Étonnée, Mélina se pencha au-dessus du carton. Maintenant qu’elle en avait enlevé la veste et le médaillon, la douce senteur de fleurs avait complètement disparue. Remplacée par l’effroyable émanation de cendres humides, Mélina s’en écarta en toussant. Qu’est-ce qui avait provoqué cette puanteur soudaine ? Lorna aurait-elle eu l’idée saugrenue de rouler chaque objet dans la cheminée ? Impossible ! Celle-ci n’avait plus été utilisée depuis le début du printemps et avait été complètement nettoyée en prévision de la prochaine grande vague de froid. À moins qu’elle ne l’ait fait des années auparavant. Alors qu’elle s’imaginait toute une série d’hypothèses fantaisistes, Mélina réalisa que les effluves désagréables auraient dû se propager sur la veste. En effet, si le parfum fleuri provenait bien du médaillon, il n’avait pas pu se répandre sur le blazer sans se diffuser sur le cahier et sur les autres objets inexplorés. Pour en avoir le cœur net, Mélina attrapa l’étoffe soyeuse et commença à la renifler. Incroyable ! Le textile avait complètement changé d’odeur ! Pour une raison indéterminée, il s’en échappait désormais un arôme de jus d’orange accompagné du goût particulièrement exquis d’un croissant chaud.

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