Chapitre 137

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Je suis rentrée chez moi, et je suis vraiment reconnaissante qu'Hoani n'est pas insisté pour rester. Je dois m'assumer.

Je pénètre dans la propriété de mes parents après de longues années d'absence. L'aspect majestueux de la maison me frappe. Le soleil couchant projette des ombres dorées sur la façade, mettant en valeur l'architecture élégante de cet endroit.

Le jardin est un véritable havre de paix, luxuriant et parfaitement entretenu, témoignant de l'amour et du soin apportés par les amis de mon père au fil des ans.

Mais, dès que je franchis le seuil de la maison, un contraste frappant m'accueille. L'intérieur est plongé dans l'obscurité, et une légère poussière flotte dans les faisceaux de lumière qui pénètrent par les fenêtres. Les couleurs passées des meubles et des tapisseries évoquent un temps révolu. Je sens le poids des souvenirs planer dans l'air, emplissant mon cœur de nostalgie et de tristesse.

Je me remémore les jours heureux où je jouais dans le jardin avec eux, riant aux éclats sous un soleil estival. La piscine scintillante, témoin de nos joie partagée, est maintenant silencieuse, attendant patiemment que ses eaux cristallines soient de nouveau agitées par des éclats de rire.

La décrépitude de certains coins de la maison ajoute à l'atmosphère mélancolique qui règne en maître. Quelques fissures dans les murs, une toile d'araignée par-ci par-là, semblent figés dans le temps. Cependant, plutôt que d'être effrayante, cette ambiance est remplie de douceur et de souvenirs heureux.

Je marche lentement à travers les pièces, touchant doucement chaque meuble qui m’avaient été autrefois si familiers. Mes souvenirs affluent, faisant renaître des émotions longuement enfouies.

Je me revois écouter mes parents dans le salon racontait les légendes locales sur les esprits errants et les âmes des pêches perdues en mer, les chants corses qu'ils me chantaient, des frissons que j'avais quand, il interprétait le “Cantu in paghjella”, véritable hymne national. Ils avaient tous les deux une très belle voix. Ils m'emmenaient toujours avec eux lorsqu'ils allaient à la Chorale polyphonique. C'était super agréable d'entendre ces chants de chez nous, des repas partagés dans la salle à manger, et des moments de complicité dans la chambre de mon enfance.

Malgré l'émotion qui m'envahit, je me sens également apaisée, comme si la présence des souvenirs me rassurait. Je sais que cette maison est un lien vivant avec mon passé et mes racines familiales. Même si ma mère n'est plus là pour me soutenir, je me sens connectée avec elle à travers chaque pièce et chaque objet de cette demeure.

Alors, dans l'obscurité douce et réconfortante de cette maison remplie de souvenirs, je me sens étrangement en paix. La présence de ma mère semble flotter dans l'air, m'enveloppant de son amour éternel. Le cœur lourd, mais aussi empli d'espoir pour l'avenir. Et peut-être que dans cette nuit empreinte de magie, je trouverai la force de guérir et de m'épanouir, tout en perpétuant le lien intemporel avec ma mère disparue.

Alors que la nuit enveloppe la maison dans un voile sombre, seule, confrontée à mes pensées les plus profondes et à mes peurs les plus intimes. Chaque bruit paraît amplifié, et mon cœur bat au rythme de l'obscurité.

Chaque bruitage du plancher, chaque souffle du vent contre les fenêtres me rappelle que la maison est bien vivante malgré son apparence endormie.

Les souvenirs heureux qui m'avaient réconfortée auparavant paraissent maintenant flous, remplacés par des images plus sombres et des événements du passé que j'aurais préféré oublier.

La perte de ma mère est toujours fraîche dans mon esprit, les regrets et les « si seulement j'avais su ! » tournoient dans ma tête.

Le silence oppressant est interrompu par des bruits étranges, des craquements inexpliqués et des chuchotements indistincts, ou du moins c'est ce que je crois. Chaque fibre de mon être me crie de partir, de me réfugier chez ma copine Hoani. Pourtant, je m'accroche à ma détermination de passer la nuit ici, de faire face à mes peurs, de trouver la force de pouvoir enfin apporter des réponses à toutes ses questions qui sont restées sans réponse.

Alors, je me mets à me parler à voix basse, pour me rassurer moi-même, pour donner une voix à mes angoisses.

Ce ne sont que des bruits de la vieille maison, rien de plus. "Respire. Tout ira bien. Tu es forte… Ma fille… Maman est là ! Et sera toujours là près de toi." Me dit cette voix en résonnant dans ma tête. Je le sais, je la sens, je perçois sa présence.

Cependant, malgré mes paroles réconfortantes, la présence persistante de l'inconnu semble devenir de plus en plus réelle. J'ai l'impression d'être observée, scrutée par des yeux invisibles. Mon imagination se met en marche, et chaque ombre danse, prenant des formes étranges et prennent vie dans mon esprit. Je me demande si ces bruits mystérieux ne pourraient pas être autre chose que des esprits en quête d'aventure. Cependant, je sais que céder à la peur ne fera que me de piéger davantage.

Je me lève et allume les lumières dans chaque pièce, chassant les ombres et l'inconnu qui me tourmentaient. Cette simple action me redonne un semblant de contrôle sur la situation.

Puis, je me souviens de ce que m'avait dit mon père concernant les amis qui veillaient sur la maison. Peut-être ne sont-ils que des personnes bien intentionnées, venues vérifier si tout va bien en son absence. Cette pensée m'apporte un certain réconfort, même si une part de mystère demeure.

Finalement, je réalise que mes angoisses font partie intégrante du processus de deuil et d'acceptation. Je dois apprendre à laisser aller les peurs qui m'entravent, à honorer la mémoire de ma mère.

Je sens un sourire revenir sur mes lèvres des matins ensoleillés passés dans la cuisine, où ma mère préparait des petits déjeuners délicieux tandis que mon père la taquinait gentiment. Leur rire résonnait dans toute la maison, créant une atmosphère de bonheur contagieux.

Je m'arrête devant la bibliothèque familiale, remplie de livres que mon père aimait tant. Chaque livre est une passerelle vers un moment partagé. Mon père m'avait transmis cette passion pour la littérature.

En pénétrant dans la chambre de mes parents, je me souviens des douces confidences partagées entre eux. Mon père la sublimant, tandis que ma mère l'écoutait avec un sourire aimant.

Leur amour et leur présence bienveillante enveloppent la pièce. Pourtant, cette nostalgie est aussi accompagnée d'une profonde tristesse de savoir que je ne pourrai plus jamais embrasser ma mère ni sentir son étreinte réconfortante.

Ce manque ne pourra jamais être comblé. Ces souvenirs contradictoires se bousculent dans mon esprit, mêlant ma joie et le chagrin. Je crains que le poids des souvenirs ne soit trop lourd à porter, que je ne puisse pas supporter de me retrouver seule dans cette maison remplie d'émotions contradictoires.

Je réalise que cette maison est à la fois un sanctuaire de moments heureux et le témoin silencieux de leurs absences.

Je suis partagée entre la volonté de faire face à mon passé et la peur de revivre les émotions qui me submergent. Chaque objet que je vois déclenche en moi une myriade d'émotions complexes et profondes. Je me retrouve face à un dilemme poignant :

Dormir seule dans cette grande maison, chargée de souvenirs émotionnels, ou retourner chez mon amie Hoani pour me réfugier dans ses bras.

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