TROLL MAGAZINE - Coeur de Dragon -

«Neira ed magnah raaël galh garh tloh.»

Des paroles qui resteront à jamais gravées au cœur de l'Histoire Sacrée du Monde des rêves d'Utopie. Ces quelques mots content la grandeur d'une guerrière qui, durant la Grande Bataille Sanglante menée par Zhayron, à elle seule incarna la «Légion du Jugement Dernier» (cette légendaire Légion, voilà deux siècles maintenant, ne laissait que cendres et chair calcifiée sur son passage).

Neira.

Sa rage de défendre à tout prix l'honneur de l'Empire des Quatre Puissants, portant fièrement le flambeau de la dynastie A'chyadw, celle de son père adoptif, Umdao le Juste. Sur le front du centre continental, Neira tint vaillamment tête à trois déités : Kroor le féroce, Sahirun le puissant et Leym l'austère. Dans un combat acharné de plusieurs tours de Lunes, Neira au cœur de dragon s'abattit telle la foudre, sur l'ennemi divin. La magie des déités n'eut nul effet sur cette «Enfant des Flammes Sacrées» : la pureté de son amour pour son peuple eut raison de tout enchantement, aussi puissant soit-il.

Neira.

Le cœur empli de bravoure, dut quitter le champ de la mort, pour rejoindre son peuple sur le front de l'ouest, contre l'ennemi Helwir Moriarty, prince des "sangs maudits", qui s'abattit sur l'autre flan du Royaume de Wilenmina. Seule, portée par le souffle sacré de sa foi. Seule, telle une armée de 300, portée par la rage de vaincre l'ennemi sournois. Seule. Neira vint à bout de l'ennemi fourbe. Longtemps après cette grande bataille, les générations à venir, conteront les éloges de «L'Enfant au Feu Sacré». La descendance de Chimeron se souviendra et chantera les louanges de Neira, la noble guerrière au cœur sans peur, qui mit à genoux trois déités, lors d'une des batailles les plus féroces de l'Histoire du Monde des rêves d'Utopie.

Magnaa S. pour TROLL MAGAZINE.

Ce journal s'est bien développé, on le trouve même dans une cité comme Jisralmaat.

Chimeron, toujours en guerre, bon sang ! L'empire des quatre s'est effondré. Neira s'est bien battue, mais c'est fini. Les alliés ont formé leur tribu : Odara. Drôle de nom, mais pourquoi pas. Ils possèdent des territoires, ils ont enfin obtenu ce qu'il veulent. Et bien non. Ces cons se mettent sur la gueule, dans les contrées du Sud et du Nord Ouest, incapables de s'entendre. C'est n'importe quoi ! Rêve d'Utopie mon cul ! Comment tu veux faire ton job dans ce merdier ? Vous les avez vos bleds, développez-les ! Non, ça veut le beurre et l'argent du beurre ! Et tous les prétextes sont bons pour s'en prendre à son voisin. Sous l'empire on crevait de faim, maintenant on crève de faim et on risque de se faire shooter dans les rues. Chimeron est toujours en conflit. C'est fatigant.

Jisralmaat, la cité des origines de la déité mortelle. Cette cité jamais ne voit le jour. Comme si Marwolaeth avait avalé Surya et Yonah (notre système est une aberration astro physique : deux étoiles et un trou noir et le truc reste stable ! Mais Chimeron est une planète tout aussi bizarre, par mimétisme sans doute). Jisralmaat, la cité infernale ou poésie et monstruosité vivent en symbiose. Dans les tavernes, les âmes damnées jouent aux cartes avec les gothlans*. Des cirques, des cabarets burlesques, des carnavals constamment en représentation. Les hydres, perchées sur les gratte-ciels, fendent l'atmosphère de leur cris stridents, tels des alarmes vouées à empêcher les habitants de dormir. Les cannibales s'affairent dans les cuisines gastronomiques, à proposer les menus les plus créatifs, mais les roulottes à wok sont aussi friandes de viande humaine. Faites attention en vous promenant dans Jisralmaat, vous pouvez disparaître pour finir dans une assiette et personne ne vous pleurera : il n'y a pas de fonctionnaires de la sécurité civile dans la cité de la nuit éternelle.

Je recherche le criminel qui a incendié le petit squat au 13 de l'allée Medony, à la périphérie de la métropole.

Il y a un mois, le jeune Desmond brûlait vif. Le brasier fut provoqué par un intolérant, à ce qu'on raconte. J'ai, pour ma part, une toute autre théorie sur le sujet, mais je ne m'avancerai pas, tant que je n'en saurai pas d'avantage sur les détails de l'affaire.
Un humain et une originelle. Beaucoup, dans le monde, trouvent ce type de relation contre nature. Personnellement, je m'en fous. Brûler vif un être vivant, ça c'est monstrueux. Il faut avoir le cœur sec. C'est méprisable.

Les originels ne sont pas tous responsables des méfaits dans ce monde. On dit qu'il y a des siècles quelque chose empoisonna le cœur des vivants et tous devinrent fous : déité, originels, humains. Je dirais plutôt que l'humanité est con par nature et ça n'a jamais changé. Concernant les autres vies sur cette planète, la légende dit sûrement vrai.

J'ai reçu un appel au secours dans mon sommeil. Une silhouette de fumée criait mon nom, les bras tendus vers moi, essayant désespérément de s'agripper à n'importe quoi pour ne pas se faire engloutir par le néant. « Connor » ! Sa plainte résonne encore dans ma tête, comme un écho. Certains originels savent communiquer par les rêves. Cette dimension où l'on peut modeler la réalité plus aisément. Sylen. Elle s'appelait Sylen. Créature de Jisralmaat. Créature des ombres de Chimeron, avant que n'émerge la cité, à la naissance de sa déité.

Sylen m'a demandé de devenir sa Nemesis. J'ai accepté.

[ * Gothlan : espèce originelle humanoïde type reptile. ]