TROLL MAGAZINE - Entre deux Mondes

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Une soirée mémorable...

- Un whisky tavernier et du bon, m'sieur !

- On ne sert que le meilleur ici. Qu'est-ce qu'elle vient mettre les pieds dans un pareil endroit, la p'tite poupée ?

- J'vais t'en foutre des poupées, moi ! Je viens de massacrer une bonne centaine de crétins, dans une guerre à la con, besoin de boire pour détendre les muscles !

Le barman a l'air d'avoir du mal avec mon humour, mais la loque déprimée à côté semble se marrer. Ou il se fout de ma gueule ?

J'ouvre mon dossier pour commencer à bosser sur les traductions et autres conneries de recherches bourrées de questions sans réponse. L'autre "zombie" à côté s'anime d'un coup.

- C'est pour moi, le breuvage de la damoiselle.

- Alors là, monseigneur !

- Je vois que vous possédez une perle de Feidh an Tulah.

- Ouais, une espèce de légende. Elle m'emmerde cette langue morte de Chimerite !

- Attention poulette, le Monde des Rêves d’Utopie cache plus de choses qu'on ne peut l'imaginer, ne te fie pas à ce que tu vois, ni entends.

J'ai mon compte, ma soeur et ses longues conversations avec ses hallucinations, quand elle n'est pas endormie à fixer les murs comme une coquille vide. C'est sûr que, dans sa cervelle se cachent bien plus de choses qu'un simple délire de malade mentale.

- T'as l'air de planer là, t'as même pas entamé ton verre ma belle.

- Rien, je pensais à ta théorie de face cachée de Chimeron. J'avoue, ça se creuse.

Je referme le dossier : pas envie de bosser, envie de pécho.

- Une bière pour monseigneur, ça fait une heure qu'il y a marrée basse.

Mais là, le gars se barre dans son mutisme : un merci pour la bière et plus rien. Je n'aurais pas dû rembarrer le barman aussi vite. Pas mal en plus : Un visage sculpté dans la pierre des Déité et cette peau d’ébène au miel ! Et merde. Aller on ne dors pas, faut réveiller le zombie. Ou lui bourrer la gueule.

Dans la soirée j'ai à peine réussi à lui délier la langue, alors je me suis jetée sur mon breuvage doré et à un moment de faiblesse j'ai abandonné l'idée de rentrer accompagnée. Je me lève d'un coup pour partir et oh la la! J'ai eu l'impression de me prendre une pelle en pleine face !

- Oh là, ma belle !

Le mec ressuscite d'un coup et me rattrape au vol, petit rapprochement physique dans les règles. La ruse de la pauvre petite chose en détresse, ça se retient. Sauf que j'ai rusé que dalle et que j'ai surtout failli me vautrer par terre comme un vieux tonneau de pouasse. Beurk !

Quelle réactivité n'empêche.

- T'habites loin? Faut pas te laisser rentrer seule dans cet état.

- Là haut.

- Hein, ou ça? Quoi?

- Là haut.

- Tu viens du Shayar ?

- C'est quoi cette tête qu'est pas dans le ton avec ta face ?

- Suis pas sûr de comprendre.

- T'as juste pas l'air du gars qu'on surprend facilement.

- Je ramasse du gratin par terre, c'est pas rien.

Là je ne sais pas si le lui fous une mendale ou si je lui roule une pelle. Ou les deux. Ou rien, j'ai une de ces nausées !

- Si tu pouvais me monter maintenant... Jusque Shayar. Merci.

Un sourire. Oh Divine ! Adieu barman, hellow l'inconnu. Faut que j'arrête d'avoir envie de vomir.

Il est beau notre vaisseau ! Un palais, c'était trop classique, avec Suok on s'est dit que vivre dans les nuages serait dans l'esprit de la famille. Bon, de là à nous prendre pour de la « royale », Herion c'est juste notre base militaire. C'est un peu comme l'Amiral et son Major, on ne va pas en faire tout un foin. Et le Shayar est toujours en construction, manque la moitié de la poupe.

- Voilà Milady.

- Une visite guidée de... mes miches ! Faut j'arrête.

Un blanc. Bon, j'ai plombé le final. Comment j'ai fait? Le gars me parle, me ramène, me porte même mes trucs et non. Suis pas bandante, ou bien ? Quand bien même "t'es bourré gars!"... Je ne comprends plus rien à ce cirque. J'ai même plus envie tiens. Et merde.

- Je prendrais bien une douche.

Les avances les plus bizarres de toute ma carrière de garce professionnelle du coup d'un soir. Enfin, ça se tente, il faudra bien qu'il finisse à poil pour se laver...

... Une nuit inoubliable.

Une belle introduction, d'entendre la soeurette dans une conversation enflammée avec son hallucination du moment. Un homme grand, bien bâti, blond avec de grandes ailes à la place des omoplates. Il ressemblerait presque à Julaaha, le Radieux. Canon, mais les ailes c'est en trop. Il sort tout droit d'une de ses songes bizarres. Heureusement que la porte de sa chambre était fermée. Quelques fois je l'envie, tout de même : elle trouve toujours des mecs intéressants dans son imaginaire et arrive à les matérialiser à sa façon. Et ses rêves : c'est pas le royaume de l'ennuie ! Je comprends mieux pourquoi elle passe le plus claire de son temps en catatonie.

- Ma soeur est schizophrène.

Oh là ! Cet air qui dit plein de choses : "je ne sais pas comment je dois l'interpréter, je saisie pas toujours quand tu plaisantes et quand tu es réellement sérieuse, la seconde option étant la plus rare."

- Réellement.

- Ah. Elle semble bien le vivre.

- Oui. Très bien.

Il a dû en voir des trucs de dingues, pour réagir de façon aussi détachée. Il commence sérieusement à me plaire. Coup d'un soir ? Je commence à en douter. On va pas penser mariage, non plus ! Ce truc sert plutôt à créer des alliances solides entre peuples, histoire d'arrêter de se mettre sur la gueule pendant un temps.

- C'est quoi ton nom au fait ?

- Connor.

- Magnaa.

C'est sous la douche que tout se complique. Un reflux monstrueux me monte à la gorge et comme la cuve est dans la même pièce, je me jette dessus, dans un fracas identique à l'invasion d'une armée de Butham bourrés.

- Wow ! Tout va bien ?

- Bleuurp ! Le rêve.

C'est pas à ce moment là qu'il quitte sa douche pour me tenir la tête, les cheveux, tout. Ouh. Il est tout nu et moi je vomis. C'est beau. Je vais éviter de lui rouler une pelle avec ma gueule de gerbe. Et c'est pas au moment ou je commence à m'endormir sur la cuve qu'il m'embarque toute habillée sous la douche. On sent le type qui maîtrise le truc, par des années de pratique assidues. Je ne tiens pas du tout l'alcohol.

Tous les deux sous la douche en amoureux. Là, Suok aurait matérialisé des cascades et une île paradisiaque, dont elle seule pourrait profiter. Quel gâchis.

Bon je vais passer sur la romance et tout les tambours, je ne vais pas vous faire un dessin, non plus. Vous avez compris que je suis douée pour les "introductions en matière" relativement rocambolesques et incongrues. Oui j'ai pécho. Mais ce n'est pas le plus intéressant.

OH DIVINE !! COMMENT, PAS LE PLUS INTERESSANT ?

Moi aussi, comme ma soeur, je suis partie dans un échange des plus passionnant - mais pas avec une hallu - sur la vie et toute la fanfare qui va avec, pour découvrir que notre humble serviteur est Chasseur de Singularités. Alors là, je suis tombée des nues : Je ne savais pas que ça existait ce genre de profession. Son job est simple : Il botte le cul des Originels qui traînent en dehors du secteur de leur Déité. Quand un Bumhi vient casser de l’Armide, dans une région dont il n'est pas originaire, Connor Griffiths te ramène fissa ce malandrin au bercail. Et pour arrondir les fins de mois, il joue les détectives privés.

Alors de base, lui et moi ce n'est pas possible. Je ne supporte pas les humains ! Et ne me dites pas que j'en suis.

JE N'EN SAIS RIEN.

Je ne sais pas d'où je viens, ni qui je suis, au final. Je suis peut être un clone. Ou... Un Shayariite ! Si Shayariite est une espèce. Bref, ce n'est pas possible. Mais il me plaît.

Il me plaît vraiment.

Il a toujours une mission, jamais de repos.

J’ai eu de la chance, dites. Il y aura toujours un Originel pour fourrer son nez ou ce n'est pas sa place. Toujours un crétin d'humain pour pactiser, donc se foutre dans la merde et payer pour qu’on l’en sorte. C’est pas comme s’il allait rester les pied sous la table, à quémander sa soupe !

Et polyglotte avec ça. Le garçon va peut-être pouvoir nous aider avec les traductions et ces foutues questions sur notre identité. Il a promis de faire quelques recherches sur Shayarii, voir si quelqu'un à déjà entendu parler de quoique ce soit en rapport.

La bonne excuse pour le revoir.

Je vais laisser un peu de mystère pour la prochaine édition. Sur ce, Chimerionéens cogitez bien. Le mystère Shayarii, reste entier.

Magnaa S. pour TROLL MAGAZINE.

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