La première revolution - Partie une -

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Le jeune et héroïque Tiberio courait sur un câble tendu entre deux tours. Il courait dans le vide, dix étages au-dessus du sol. D'ordinaire, le Circacien, funambule au cirque des Astres Argentés, exécutait cet exercice avec une aisance sans précédent. Mais, ce jour-là, sa vie ne tenait réellement qu'à un fil. En bas, les soldats tiraient en direction du guérillero, dans l'espoir d'abattre l'ennemi de l'Empire de l'Ogre. Les balles sifflaient entre ses oreilles, mais le jeune homme restait concentré sur sa course, quand il finit par atteindre l'immeuble et disparut par la fenêtre la plus proche. Par chance, l'un des tires manqués, lui évita d'utiliser sa tête comme bélier pour ouvrir cet accès fortuit vers la liberté.

Tiberio. Ennemi public numéro un. Tiberio fomente la revolution contre l'ogre de Chimeron. Le peuple a faim. Le peuple gronde. Le peuple finira par se soulever mais l'ogre se prend pour une déité, l'ogre a dévoré le coeur de Yonah. L'ogre se sent invincible et cette conviction le vaincra, pensait Tiberio.

Au palais de l'ogre, dans la cité de Shaharoni, le personnel s'agitait. Les cuisinier préparait le fastueux repas quotidien de l'empereur de Chimeron. L'orquestre jouait sans interruption. Il fallait combler l'ogre ou vous finissier dans son assiette. Le dictateur savait pourtant qu'il n'était pas éternel, il avait seulement prolongé son existence de quelques siècles après avoir arraché le cœur de la déité de lumière. Il lui fallait un héritier sur mesure. Le jeune Lupo fut enlevé à une femme du peuple et élevé au palais. Le jeune Lupo fut élevé dans le mépris et la haine des petites gens. Il avait pour seule compagnie son précepteur et sa poupée mécanique. Non la poupée n'était pas un androïde, la poupée était une merveille de mécanique pure. Elle fonctionnait sur le model de l'horlogerie des temps anciens.

Un jour Lupo la remonta, comme il le faisait chaque semaine, mais elle resta inanimée.

- MA POUPÉE !! Cria le môme de treize ans, hystérique. MA POUPÉE ! MA POUPÉE EST MORTE !!

Tout le palais était en panique. L'ogre était en panique. L'héritier devait être satisfait. L'héritier devait être servi. Le moindre désir de l'héritier devait être comblé !

- Convoquez vite l'agent spécial, qu'il se presente immédiatement ! Hurla l'empereur de Chimeron.

L'agent apparu à l'instant où l'ogre finissait sa phrase.

- Vite ! Amenez la poupée de l'héritier Lupo à l'alchimiste, qu'il la répare pour demain ou il tatera de mon couteau !

L'agent s'exécuta sans mot dire.

Pendant ce temps le peuple avait faim, le peuple grondait. Tiberio se cachait. Tiberio se cachait chez l'alchimiste. Le vieux savant l'avait camouflé, il l'avait métamorphosé en fidèle de Kroor, déité du nord ouest de Chimeron. Les fidèles de Kroor sont des humains tombés des étoiles a l'ère des brumes, mille ans apres la première vague humaine sur la planète des illusions. Tiberio est un fils de Yonah, originaire des dunes d'or du sud est continental. Les enfants de Yonah furent créés par la déité à l'image de sa beauté a la peau d'ébène. Personne n'allait soupçonner un fidèle de Kroor, la déité était un allié de l'ogre.

L'ogre, on l'appelait ainsi a cause de sa nature vorace et cruelle. L'ogre n'était qu'un humain cupide et corrompu.

Pendant ce temps le peuple avait faim, le peuple grondait. Les chefs de l'opposition, dernier espoir de la révolution, avaient été capturés et attendait leur execusion dans les geôles de Shaharoni. Mais Tiberio gardait la foi. Il avait échappé à la garde.

L'interface du laboratoire s'activa soudain :

- Professeur Yun, l'agent spécial est a votre porte.

- Laisse le entrer Yuna, on ne va pas provoquer les foudres de l'ogre.

- Professeur.

La porte glissa dans la cloison murale. L'agent spécial tendit la poupée et assena sèchement :

- Qu'elle soit réparée pour demain sans faute.

- Mais c'est une mécanique ancestrale...

Le professeur n'eut pas le temps de finir sa phrase, le bonhomme avait disparu.

- J'ai cru qu'il venait pour m'arrêter !

S'exclama Tiberio sortant d'un coffre vide, que l'alichimiste avait hérité de son grand-père.

- Je dois vous quitter, je vous mets en danger. Au fait votre coffre est aussi grand qu'un hall de gare, c'est quoi cette science ?

- Une extention dimentionnelle par intracation. Rien de bien folichon. Tu peux rester mon garçon, ici tu ne crains rien, puis tu oublie que tu n'es plus toi.

- Merci professeur, mais je dois continuer mon chemin, la liberté est a notre portée ! Le peuple a faim, le peuple gronde, la revolution est en marche. Les leaders sont au cachot, je dois les délivrer. La révolution est en marche ! Merci pour tout professeur !

Le jeune homme se faufila par la fenêtre et disparu dans la nuit. L'alchimiste regarda la poupée et s'attela à l'ouvrage sans prononcer un mot.

L'estomac de l'ogre grondait. Tout ce stresse provoqué par la détresse de l'héritier le sortait de ses gongs. Il prit un fusil dans la salle des arme et sortit sur la terrasse. Un coup de feu retentit dans le palais.

- Cuisinier ! Hurla le maître du monde.

- Empereur ?

- Je veux un tartare, immédiatement ! Fit l'ogre en montrant du doigt le cadavre gisant plus bas. Le pauvre bougre, blanc comme un linge, fila aussitôt en cuisine.

Tôt dans la matinée, la lumière du jour pointait à peine ses premiers rayons, l'alchimiste se rendait au palais. La poupée était réparée. Il lui avait fallu toute la nuit mais la poupée était réparée. Au volant de sa navette conduite par Yuna, l'interface de son laboratoire, le vieillard se sentait fébrile : il allait vivre ! Arrivée aux portes de la monstrueuse bâtisse de l'empereur de Chimeron, son enthousiasme fut stoppé par un champ de force. Un garde à la carrure impressionnante se tenait de l'autre côté :

- Ou vas tu comme ça vieillard ?

- Je suis l'alchimiste, je rapporte la poupée de l'héritier, laissez moi entrer !

- L'alchimiste, qu'est ce qu'il ne faut pas entendre ! Rentre chez toi vieillard.

Le professeur Yun sorti de la navette et se dirigea vers l'arrière. Yun constata avec horreur que le coffre était ouvert et la poupée avait disparue.

- C'est fini ! Je suis fini !

Aucune trace du mannequin animé. Il entendit soudain une voix familiere l'interpeler.

- Professeur Yun ?

Il se retourna. Devant une boutique de chocolat, un vieille homme aux cheveux argentés et aux yeux noirs, lui lançait du regard le défit de le reconnaître.

- Père Kinnan ?

- Ça fait bien dix ans déjà ! Venez j'ai préparé du chocolat chaud.

Le vieux Yun entra dans le petit commerce.

- Sylen, sors de ta bulle, viens voir qui nous rend visite ! Cria Kinnan en direction de l'arrière boutique.

- Qu'y a-t-il grand père ? La jeune fille apparue comme par magie. Oh divine ! Professeur Yun !

Tout ceci ne rajeunissait pas le pauvre homme. Ils étaient tous les trois de vielles connaissances. Comment avait il pu passer a côté de ce détail extraordinaire ? Sylen ressemblait trait pour trait à la poupée de l'héritier, hormis sa peau bleu, qui la différenciait des humains. Un chocolat chaud dans les main, le vieux Yun raconta sa mésaventure à ses amis.

- Je pourrais me faire passer pour elle ! Lança Sylen.

- C'est trop risqué.

- Pas plus que de provoquer la colère de l'ogre professeur. Sylen avait raison. Elle sursauta brusquement. Elle leva les mains, des flammes dansaient au bout de ses doigts. Les deux hommes se retournèrent. Un grand blond se tenait sur le seuil de la porte.

- Attends bleuet ! Il enleva l'amulette autour de son cou.

- Oh divine ! Tiberio! Mais tu es fou de nous faire de telles frayeurs, j'aurais pu t'incinérer !

Sylen se jeta sur lui, il la serra fort dans ses bras.

Au palais de l'ogre, dans la cité de Shaharoni, le personnel s'agitait. Les cuisiniers préparaient le fastueux repas quotidien de l'empereur de Chimeron. L'orquestre jouait sans interruption. L'héritier avait retrouvé sa poupée, l'ogre était comblé.

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