Retrouvailles

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Il l'attendait, allongé sur son lit de coussins, et tendit la main pour l'inviter à le rejoindre. Elle s'avança, lascive. Son visage n'affichait nulle émotion, mais son regard de braise la trahissait. Ses pupilles brûlaient d'un feu ardent, expression de son désir trop longtemps refoulé. Dieux que cette comédie lui avait coûté ! Elle était nonce encore quand elle l'avait rencontré, lui n'était qu'un enfant. Ils s'étaient unis à même le sable, sous les étoiles, au clairs des lunes majore et minore. Minore était d'ailleurs pleine cette nuit-là. Il l'avait prise avec la fougue et toute la maladresse de sa jeunesse, mais elle avait alors su, dans son ventre et dans son coeur, qu'elle serait sienne à jamais. Quand elle l'eut appris - par quelle sorcellerie, Saavati n'en sut jamais rien - la Papesse était entrée dans une colère sans nom et l'avait répudiée. Elle fut trainée plus bas que terre, exilée puis vendue dans un bordel. Putain puis esclave, c'est sur les bancs d'une galère qu'on l'avait enchainée à cette farouche guerrière venue d'on ne savait où. Son salut avait pris corps dans cette jeune femme au crâne rasée, plus petite qu'elle encore, mais capable à elle seule de venir à bout de vingt soldats. C'était Yumi qui avait organisé leur évasion. L'océan avait bien failli les dévorer toutes deux, et aujourd'hui encore Saavati peinait à comprendre comment elles s'en étaient sorties. Mais il y avait là-dessous du miracle, elle en était convaincue. On ne traversait pas le temps et les étoiles sans l'aide d'une intervention divine. Elle savait au fond d'elle même que son amant l'y avait aidée. Il parlait aux dieux et les dieux l'écoutaient.

Son coeur se serra à la pensée de son amie. Elle n'aurait pas du lui cacher cette folle idylle. Mais son secret était bien lourd à porter. L'union du plus puissant ennemi de l'empire et d'une nonce apostolique déchue ! Le pire cauchemar de l'empire dominien pouvait potentiellement le conduire à sa fin.

Elle se fit violence pour ne pas se jeter sur son terrible amant. Le feu ravageait son ventre, mais elle voulait prendre toute la mesure de sa présence. Soixante lunes maintenant qu'ils étaient séparés, elle en avait compté chaque jour. Elle vint se blottir contre son torse, il posa sa main au creux de sa hanche. Eut-elle voulu parler qu'aucun son n'aurait franchi la barrière de ses lèvres, une émotion sourde lui serrait la gorge. Ils restèrent un moment silencieux, c'est lui qui le premier le rompit.

— Partout je t'ai cherchée. J'ai cherché les traces de tes pas dans le sable brûlant, j'ai cherché ton odeur dans le vent chaud du désert, j'ai cherché ton reflet dans les eaux du fleuve. J'ai levé des armées, marché sur l'empire, envoyé mes espions aux quatre vents. Je me suis compromis avec la Guilde Souveraine, j'ai promis des montagnes d'or à un Teixo qui n'en avait que faire ... et te voici enfin !

Elle leva la tête, plongea son regard dans les yeux reptiliens, posa ses lèvres sur les siennes. Leurs langues se trouvèrent, s'unirent doucement d'abord. Mais la passion trop longtemps contenue devait sortir, exploser, s'embraser. Elle dévora sa bouche, ce n'était plus un baiser mais un combat fabuleux entre deux langues gourmandes trop longtemps affamées. Elle avait soif de lui et il avait faim d'elle. Et cette soif et cette faim devaient être assouvie, là, maintenant, pour qu'enfin ils puissent à nouveau respirer.

Elle sentit contre sa cuisse son sexe déjà dur comme la pierre, posa sa main sur le gland monstrueux. Elle gloussa de contentement, il était tel que dans son souvenir. Effrayant et doux à la fois. Au toucher, sa peau était aussi soyeuse que celle d'un reptile, d'une douceur extrême.

Elle se pencha pour le caresser. Le membre, long comme son avant-bras, était si épais qu'elle n'avait pas trop de ses deux mains pour l'enserrer, ce dont elle ne se priva pas. Elle s'empara de la base du fier phallus, ressera son étreinte. Ravie, elle sentit le sang pulser sous ses doigts. Quand elle posa ses lèvres sur le frein aussi grand que la paume de sa féminine main, il lui prit doucement la tête et la releva.

— Cesse-donc. Ce soir, je veux que notre plaisir soit partagé.

— Il le sera plus tard mon Saigneur. Laissez-vous donc faire et ne me privez pas de cette petite friandise. A défaut de Caudalia, je veux me repaître de votre liqueur de vie.

Il sourit et se laissa aller. Bien qu'elle ne puisse le prendre tout entier dans sa bouche, ses lèvres et sa langue experte eurent tôt fait de lui arracher quelque râle de contentement.

— Mais qu'est-il donc advenu de la pieuse nonce apostolique ? Tu m'honores mieux que la plus douée de mes concubines. Ta bouche est humide et tiède, tes lèvres ont la douceur du miel. Et ta langue ! Ta langue est douce comme la caresse du vent du désert et vive comme la morsure du scorpion !

Elle lui lança un regard gourmand, sûre d'elle et de sa science. Car s'il l'avait connue chaste et dévôte, ces quelques années dans le plus grand bordel de Domina puis comme esclave de plaisir avaient fait d'elle une amante hors pair. Elle ne doutait point que lui-même n'ait pas été en reste, la grande tente qui abritait la cohorte de ses concubines en témoignait d'ailleurs et les ragots sur sa vitalité animaient les veillées vespérales. Saavati n'en ressentait nulle rancoeur. Car si son promis fécondait la terre de sa semence - il aimait à se caresser et à jouir à même le sable, et à chaque fois le petit miracle avait lieu, une plante ou une fleur y éclosait dans les jours qui suivaient - jamais il n'avait fécondé le ventre d'une de ses amantes. Elles étaient nombreuses pourtant à l'avoir accueilli, mais jamais la royale semence n'avait donné naissance à un petit monstre. La prophétie affirmait que quelque part sur Exo, résidait une femelle bénie des dieux qui un jour enfanterait la semi-divine descendance, et que c'était elle qui viendrait à lui et non lui qui la trouverait. Comme tant de prétendantes, d'amantes, de concubines, de putains ou de mystiques, Saavati était convaincue d'être l'élue. Elle ne savait ni comment ni quand celà arriverait, mais elle l'avait su à l'instant où elle avait plongé son regard dans celui du monstre, des années auparavant. Avant d'en être séparée jusqu'à ce jour.

Samaël grognait maintenant, son appendice caudal frappait les coussins à intervalles irréguliers, signes de l'agitation elle même anonciatrice de l'orgasme. Pourtant, il se leva d'un bond, l'attrapa par les hanches et la souleva avec autant de facilité que s'il se fut agi d'un coussin. Il la jeta sans ménagement, mais sans brutalité aucune, à quatre pattes sur les coussins. Il ne parviendrait pas à contenir la formidable excitation qui l'embrasait et il sentait, il savait que ce même feu consumait son amante. Il l'aimerait plus tard. Là son animal instinct lui dictait qu'il lui fallait d'abord la posséder.

Il repoussa les coussins pour s'agenouiller à même le sol, la maintint fermement par la taille. Ses mains puissantes suffisaient à en faire le tour, les dernières phalanges de ses longs doigts parvenaient d'ailleurs à se croiser, assurant la prise. Elle gémit quand elle sentit son zdargh heurter le creux de ses reins. La liqueur qui perlait sur les lèvres de sa chatte était une invitation et une promesse à la fois. Il cracha toutefois puissament sur le fruit convoité, étala de ses doigts la salive rendue visqueuse par l'excitation. Le phénomène les étonnaient toutes, cadeau de la nature, seul susceptible de compenser la taille démesurée de son chibre. Comme si la Mère nourricière avait voulu l'armer pour lui permettre l'accès aux étroits orifices des femelles humaines.

Elle gémit quand le gland se fraya un passage avec une douceur étudiée. La première fois qu'il l'avait prise, ils avaient du, après un échec initial, recourir à un long bain chaud, à des onguents et à des potions pour qu'elle puisse l'accueillir. Il s'astraignait d'ailleurs encore à un rituel analogue avec ses nouvelles concubines. Cette fois cependant, il fut satisfait de sentir ses chairs s'écarter avec aisance. La pensée lui traversa l'esprit qu'il le devait au fait que tant d'autres s'étaient frayé un chemin dans ce doux tunnel. Mais il n'en ressentait nulle jalousie. Il prônait l'amour libre, tant pour les hommes que pour les femmes, et il rendait grâce pour chaque orgasme, les siens comme ceux des autres, qu'il estimait source de vie.

Il progressait toujours en elle avec une lenteur calculée, jusqu'à y disparaître aux deux tiers. Elle sursauta quand elle sentit la pression de son gland au fond de son sexe puis ondula doucement des hanches. Il la laissa faire un moment, prenant la mesure de son antre. Au sens propre pensa-t-il, car il lui fallait être attentif à ne point la blesser. Plus d'une fois, dans le feu de l'action, il en avait abîmées au point que certaines en devinrent infécondes.
Il ne souffrirait pas que celà fut le cas avec elle.

Et la gourgandine semblait y prendre grand plaisir. Haletante, elle allait et venait mainteanant le long du dard qui la déchirait. Le contact des mains difformes sur sa taille ajoutait à son excitation.

— Serre-moi bien fort, murmura-t-elle.

Il affermit son emprise. Il y avait chez sa promise quelque chose de nouveau, quelque chose d'animal qu'en tous cas il n'avait pas perçu lors de leur première rencontre. Il en ressentit une excitation sans nom, provoquant le claquement sonore de sa queue sur le sol, derrière lui. L'instant d'après, il eu l'impression que sa proie, déjà inondée, coulait comme une rivière. Il frappa à nouveau le sol de son appendice caudal. Saavati gémit et se tordit. Nul doute pensa-t-il, cela excitait la petite garce. Il ramena sa queue entre ses cuisses et la laissa courir sur le dos de la coquine. On eut dit un serpent se frayant un passage par dessus les fesses tendres, ondulant de part et d'autre de la colonne de la jeune femme, caressant le creux entre les graciles omoplates. Elle couinait maintenant comme un petit animal, comme pour répondre à la provocation, tandis que l'appendice continuait son exploration jusque dans sa nuque, se frayant un chemin au travers de la chevelure soyeuse pour venir s'enrouler autour du cou de la belle. Quand, contractant une myriade de muscles, il ressera son emprise autour de la gorge délicate, elle redressa la tête en arrière, s'offrant de son plein gré au contrôle du monstre. Il allait et venait maintenant en elle sans vergogne, elle cria quand par deux fois il vint cogner contre le fond de son doux fourreau. Il explosa dans un long râle, l'inondant à grands jets de son abondante semence tandis qu'elle hurlait à la nuit son plaisir. Il la maintint un instant encore ainsi empalée, à demi inconsciente, pantelante.

Enfin, il se retira, avec toute la douceur dont il put faire preuve, l'étendit délicatement sur la couche, face à lui. Il plongea son regard dans son âme.

— Tu pleures, fit-il, inquiet.

Les larmes coulaient en abondance sur les joues roses, mais les grands yeux sombres rayonnaient de bonheur et d'extase.

— Ce sont des larmes de joie, fit-elle. Je ne me souviens pas d'avoir voyagé si haut. Vous m'avez fait toucher le ciel et caresser les étoiles.

Il chercha sa bouche et leurs langues s'unirent enfin dans un tendre et voluptueux baiser.

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