5. "La vie est simple. Seuls les choix que nous faisons sont compliqués."

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Tony

"J'ai une nouvelle proie en vue !"

Voilà le message que j'avais envoyé à mes employeurs après la soirée de vendredi. Il fallait à présent que j'arrive à en vendre à cette Emma. Elle était mignonne, j'étais canon... Je pense avoir trouvé comment l'attirer dans mes filets.

La veille de la rentrée je me suis refait un plein de sachets pour ce premier jour. Après les soirées, les jours de rentrée étaient les plus payants. Les élèves sont tristes que les vacances se terminent, stressés de cette nouvelle année avec différents enjeux à la clé... Tout autant de raisons qui les poussent à consommer un peu de cocaïne pour se remettre d'aplomb.

Pour ma part je rentrais en deuxième année de prépa afin de préparer les concours pour les grandes écoles d'ingénieurs. J'avais épargné tout ce que la vente de drogue m'avait rapporté dans le but de me payer un école prestigieuse. Cela avait beaucoup inquiété mon père lorsque je lui avais exposé mon projet d'étude. Il se demandait comment il allait pouvoir m'offrir une telle école. Je lui avait rapidement expliqué de ne pas s'en faire, qu'un pote m'avait trouvé une place dans l'entreprise de son père. Le mien ne posa pas plus de questions.

Lundi matin, 4 septembre, jour de la rentrée. Debout 8h30 pour un début des cours à 9h00. Je me considérais très à l'aise avec mon organisation horaire. D'ailleurs lorsque j'arrivais au lycée sur les coups de neuf heures moins cinq, il n'y avait qu'une seule personne présente sur les bancs en pierre situés juste devant l'entrée. Je regardais autour de moi. Personne. M'étais-je trompé de jour ? D'heure ?

La personne en question se déhanchait sur une musique qu'elle seule pouvait entendre. J'hésitais entre être attendri ou apeuré qu'au lycée on ose encore bougé ainsi en public, bien que le public ne fût pas présent en ce moment. Lorsque je reconnu ma proie, sa petite chorégraphie m'arracha un sourire. Elle était marrante à bouger ainsi, se croyant seule. Ça en était presque mignon. Je ne la reconnaissais pas par rapport à ce qu'elle m'avait montré de sa personnalité lors de la soirée. Du moins, avant la prise de stupéfiant.

L'effet avait été quasiment immédiat sur elle. De fille timide et limite renfermée, elle était allée se déhanchée au son de la musique, bousculant quiconque se trouvait sur son passage.

Je m'approchais tout doucement, dans son dos, puis enleva un écouteur de son oreille. Elle allait se retourner mais je la coupais dans son élan en lui lançant :

- En effet, je comprends que tu n'osais pas danser vendredi soir...

Je m'écartais d'elle, un grand sourire victorieux sur les lèvres, fière de ma blague. Elle se retourna enfin. En me voyant, elle ouvrit de grands yeux. Décidément, cela devenait une habitude chez cette fille de me reluquer à chaque fois qu'elle me voyait !

- C'est toi ! s'exclama-t-elle.
- Euh... Oui, c'est moi, répondis-je perplexe, un sourcil relevé montrant mon étonnement. Que pouvais-je répondre à cela ?
- Non, je veux dire, c'est à toi que...

Elle s'arrêta net. Je me penchais alors, tout ouïe, soudain très intéressé par ce qu'elle avait à me dire.

- A moi que ... ? repris-je, un grand sourire aux lèvres. Je la taquinais, et j'adorais ça ! Notre petit jeu de séduction avait déjà commencé !
Mais elle ne répondit rien. De peur qu'un malaise ne s'installe entre nous, je poursuivais :

- J'organise une soirée chez moi, vendredi soir.

Puis je me penchais pour lui murmurer à l'oreille : "il y aura tout ce qu'il faut pour passer une bonne soirée." Et, tout en me redressant, je lui fis un clin d'œil. Elle me regarda, d'abord pleine d'envie, puis elle prit un air offusqué.

- Je ne fais pas partie de ce genre de personne, dit-elle très sèchement avant de prendre ses affaires à la hâte et de s'en aller.

Mince ! Il fallait que je sois plus subtile, visiblement cette fille n'était pas si facile à avoir que je ne le pensais. Comment allais-je me rattraper ?

Je lui courrai après. En arrivant à sa hauteur, je posai une main sur son épaule pour l'arrêter. Elle se retourna vers moi, les bras croisés sur la poitrine, les yeux si sombres qu'ils étaient prêts à me lancer des flammes au moindre faux pas de ma part. Je marchais sur des œufs à présent avec cette fille.

- Je suis désolé, Emma, déclarai-je en prenant mon air de repenti. J'étais sincère. Elle semblait être une fille bien, je ne voulais pas la blesser.
Elle sembla se radoucir mais ne décroisa pas les bras. Elle attendait certainement autre chose que ces trois petits mots tout simples.

- Si tu souhaites venir vendredi, en tout bien tout honneur, tes amies et toi êtes les bienvenues.

Je lui fis le plus beau sourire que j'avais en magasin. Ses bras se relâchèrent le long de son corps. Gagné ! Bien caché dans ma tête, petit diablotin effectuait sa danse de la victoire légendaire tandis qu'à l'extérieur, mon visage restait impassible, mon sourire toujours plaqués aux lèvres, attendant une réponse quelconque de la part d'Emma.

- Merci, je verrai, finit-elle par dire simplement avant de tourner les talons pour se diriger vers le bâtiment qui accueillait certainement son premier cours de la journée.

Je me frayais à mon tour un chemin parmi la foule d'élèves qui avait fait son entrée entre temps, me frottant les mains. Si elle venait vendredi, c’était gagné, j’en étais sûr. Avec son air de ne pas y toucher, j’avais vu dans son regard, plus tôt, qu’elle avait envie de retenter l’expérience. Elle s’était sentie tellement libre après sa première ligne. L’expérience était à jamais gravée dans sa mémoire, si ce n’est dans tout son corps. Cette sensation de puissance, de légèreté, d’être enfin spontané, tout ça faisait qu’à tous les coups, on y revenait. C’est comme ça que j’avais sombré…

La sonnerie retentie. L'année commençait.

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