Prologue – Le Facteur Sparks

18 minutes de lecture

Temps galactique : 2 986

Voie Lactée – Bras de Persée – Système solaire de Myochark-Kershen – 22 700 années-lumière de la Terre.

Eloigné des routes galactiques et protégé par la présence à une douzaine d’années-lumière d’un pulsar occultant sa présence, le système de Myochark-Kershen se composait de onze planètes. Deux ceintures astéroïdales finissaient de constituer ce système solaire. Une première se situait à l’extérieur au-delà de Myo-Ker XI. La deuxième barrière se situait entre la troisième planète et la quatrième.

Ce système planétaire donnait dans des mesures hors normes. Une étoile dont le diamètre atteignait plus de 925 fois le diamètre de l’étoile du système de Sol. Elle arborait une couleur orange de température entre 4 000 et 5 000 °K.

Plusieurs planètes donnaient dans des diamètres supérieurs à Sol V. Et quasiment toutes les planètes comptabilisaient a minima deux lunes. Refuges à secrets et mystères…

Si certaines planètes avaient été visitées dans le système de Myochark-Kershen, seule la quatrième, Myo-Ker IV, avait été colonisée, il y a environ 446 ans. Seul monde à avoir développé une atmosphère respirable. D’un diamètre de 108 000km, elle avait subi une évolution naturelle pour créer une atmosphère à base d’oxygène avec environ 19.8%. La gravité atteignait 1.25g. Un jour durait 29.7 h, temps terrien. Avec une très faible inclinaison sur l’écliptique. Cette planète s’apparentait à Sol IV. Son Paysage ocre se constituait de roches, canyons, vallées et de dunes de sable. La météo sauvage et capricieuse drossait parfois des tempêtes de sable. Si le paysage en surface donnait dans la sècheresse – un seul océan, quelques fleuves et rivières –, des mers souterraines à plusieurs kilomètres sous la surface assuraient une certaine irrigation.

La taille et la proximité de l’étoile favorisaient des températures diurnes d’environ 60°C tandis que la face nocturne oscillait entre 3 et 7°C. Des canyons encaissés développaient des températures inférieures à 0°C. Pour égayer ce paysage sauvage, quelques oasis sourdaient. Rares. Entretenus par les circulations souterraines d’eau.

Cette planète au climat hostile se révélait un terrain idéal pour l’entrainement et la formation. Avec une certaine solitude. Même la nature ne permettait pas de survivre. Ce lieu reculé avait permis de créer un refuge secret pour l’établissement d’un groupe de scientifiques de diverses races humanoïdes dévolu au projet Sparks.

Projet scientifique de défense galactique…

Les créateurs du projet Sparks étaient morts depuis longtemps. Ils avaient instauré la création d’un groupe de scientifiques – issus du Conseil des Sages – restreints : le Quatuor Sparks. Triés sur le volet. Couvrant l’ensemble des domaines utiles à la création des Astro-Sentinelles…

Lors de la disparition de l’un d’entre eux, il était remplacé par un autre scientifique aux compétences similaires pour assurer la pérennité du projet Sparks. Rien ne devait entraver sa continuité et son évolution. Son optimisation. Sa pérénnité.

Outre de créer et former les Astro-Sentinelles, les scientifiques avaient pour mission de modéliser l’expansion galactique et de prévoir le futur…au travers, en autre, des mathématiques quantiques probalistiques. Peu de scientifique s’adonner à cette partie des mathématiques… trop abstraits… trop complexes.

L’humanoïde de sexe féminin, Hostrium Khröstrus, avait réalisé ce choix. Ou ce choix avait été réalisé pour elle, lors de sa plus tendre enfance, après avoir vu ces capacités hors du commun très tôt… par un ancien membre du Quatuor Sparks.

Hostrium Khröstrus appartenait à la race des Allikios. Race particulière de la Voie Lactée et plus particulièrement de la Fédération Galactique. Les Allikios pouvaient à la fois respirer dans une atmosphère à base d’oxygène ou dans l’eau. Leur épiderme recouvert de micro-écailles arborait une couleur gris métal. Les originaires du système Allikione souffraient de la chaleur. Et se déshydrataient rapidement. Sans aucune pilosité, imberbe, ils présentaient sur les côtés de leur crâne, à hauteur de leurs deux yeux aux pupilles obliques, deux orifices fonctionnant comme des ouïes.

Périodiquement, Hostrium reprenait ses calculs. Modifiait certains paramètres initiaux. Et injectait de nouveaux facteurs en fonction du contexte cosmopolitique. D’autres grandeurs s’inséraient dans la mise en équation. Si c’était une simple équation… C’était une matrice à trois dimensions d’équations mathématiques avec de multiples facteurs constants et variables.

Khröstrus avait injecté, il y a quelques heures, de nouveaux paramètres. Certains différents de ceux habituels ; prévus dans le protocole. Cette fois-ci, l’Allikios avait récupéré des valeurs de relevés d’astrophysiques. Avant de les injecter, Hostrium les avait étudiés. Un sombre pressentiment l’envahit. Trop sombre …

Lorsqu’elle avait procédé de la même façon précédemment, jamais un sombre pressentiment ne l’avait envahi. Etreint… Une ombre semblait se répandre…

Les premiers résultats lui parvinrent sur un écran d’une console positronique. Il matérialisait l’émergence de futures menaces latentes…

L’aquaïde n’attendit pas. Elle prit contact avec les trois autres membres du Quatuor Sparks. Le code d’alerte avait été prononcé :

- Equations expansionnistes Sparks.

Les autres scientifiques comprirent immédiatement. Ils laissèrent leur tâche pour rejoindre l’Allikios dans leur salle de réunion. Trois humanoïdes pénètrent dans la salle. Un nainoïde d’origine géminorienne. Un Kiraltonien à la peau cuivrée. Et une géantoïde d’origine halkhöme.

L’humanoïde de petite taille à la peau orange, se tenant sur une canne, prit la parole en s’asseyant, sans ambages, il alla droit au but :

- Vous avez activé le code Equations expansionnistes Sparks ? demanda-t-il.

L’Allikios afficha une mine sombre et hocha la tête.

- Oui, Professeur Klyström, j’ai activé le code Equations expansionnistes Sparks, répondit-elle et expliqua. Comme je fais périodiquement, j’ai étoffé notre matrice quantique de nouveaux paramètres. Comme défini dans nos procédés, j’ai intégré, cette fois-ci, des paramètres d’astrophysiques.

« Déjà avant de les injecter, je les ai analysés pour dégager une première tendance. Ils m’ont déjà alertée. Ils sortaient des constantes ou des variables moyennes. (Elle fit une pause.) Je vais vous faire une projection des résultats. »

La lumière se tamisa et l’écran s’anima avec des projections spatiales et des données mathématiques commentées. Cette projection dura deux bonnes heures. Elle s’interrompait pour laisser place à la discussion. Un discussion sous tension parce que tous savaient ce que cela signifiait.

- Facteur Sparks ? demanda le Kiraltonien, imberbe, et posant ses mains à six doigts à plat sur la table de travail.

Un silence lourd s’installa. Ils se scrutèrent.

- Jusqu’à maintenant tous les résultats des matrices quantiques ne donnaient pas de résultats aussi alarmants. J’ai pris le temps de vérifier certaines données. J’ai vérifié rapidement certains calculs. Nous sommes à l’aube de grandes menaces. Sans commune mesure à celles connues jusqu’à maintenant par la Fédération Galactique… Et la Voie Lactée !

- La Voie Lactée ? répéta Kworgoën, l’Halkhöme, alertée.

- Oui… Nous sommes à l’aube de brasiers galactiques !

- Brasiers ? souligna le nainoïde.

La mathématicienne baissa la tête et murmura :

- Je voudrais me tromper… Mais hélas … non.

Ils se scrutèrent en silence. Ils commençaient à sentir une certaine anxiété se répandre. Comme une chape glacée sur leurs épaules.

- Avez-vous une idée si c’est imminent, demanda le nainoïde. Quand ?

La femme humanoïde garda le silence un instant.

- Non… Impossible à dire, répondit-elle, évasive.

- Vous pensez que nous devons réactiver le Facteur Sparks ?

- Nous devons y penser…

- N’est-ce pas trop tôt ? insista l’humanoïde de petite taille, Klyström.

- L’évolution est en cours… Nous avons très peu de temps pour le rendre opérationnel. Il aura d’énormes responsabilités à porter… Il doit être formaté en conséquence. Préparé au pire !

Ils gardèrent le silence.

- Nous allons devoir nous rendre dans la ceinture astéroïdale intérieure et réactiver le facteur Sparks, murmura Klyström.

Il garda le silence un instant. Ils savaient tous ce que cela voulait dire. Une menace émergeait. Aucun d’entre eux ne pouvait dire l’importance de la menace mais elle devait être importante… très importante.

- Le facteur Sparks a été isolé depuis de nombreuses années, je crois, précisa la géantoïde.

- Oui. Depuis des décennies, intervint le Kiraltonien. Nous avons été laissés à l’écart de toutes les informations pour en divulguer le moins possible. Dans le cas où nous serions … kidnappés ou autre. L’astéroïde Sparks contient toutes ces informations. Ses coordonnées se trouvent dans une positronique séparée de l’ordinateur central de Myo-Ker IV. Et nous avons chacun une séquence de douze symboles pour déverrouiller cette positronique autarcique.

Le silence plana. Ils sentaient qu’ils se trouvaient à l’aube d’une période perturbée dont ils ne pouvaient imaginer l’ampleur.

- Je vais appeler l’astroport pour nous faire préparer un aviso, conclut le Géminorien.

Immédiatement, ils se levèrent. La suite des évènements ne souffrait d’aucun retard.

***

Fédération Galactique – Système de Myochark-Kershen – Ceinture astéroïdale intérieure – Quatuor Sparks : Les professeurs Oratell Klyström, le Géminorien, Khyrondal, le Kiraltonien, Kworgoën Khwarnikhön, la femme Halkhöme et Hostrium Khröstrus, la femme Allikios.

L’aviso pénétra dans la ceinture astéroïdale à vitesse réduite en cassant son erre. Le bruit des bancs-convertisseurs augmenta en intensité. Il devait se faufiler entre les morceaux de roche aux orbites erratiques. Certains astricules atteignaient presque 4 000 km de diamètre ou de plus grande longueur. Certains plus imposant que le satellite naturel de Sol III.

Les quatre humanoïdes gardaient le silence dans le poste central du polyèdre de 50 mètres de diamètre. Le pilote de l’astronef conservait toute son attention pour glisser entre les planétoïdes. La moindre erreur de navigation pouvait s’avérer irrémédiable. La destruction du navire – et la disparition des quatre scientifiques – équivaudrait à un ralentissement dans le projet Sparks. Et un retard dans le processus de réanimation du facteur Sparks. Une catastrophe !

Par moment, l’écran protecteur, à certains endroits, se moirait de couleurs écarlate et orange lorsque de fines particules se désagrégeaient. Dans les profondeurs du navire, le bruit des bancs-convertisseurs changeait de régime comme le changement de rythme d’une chanson.

Sur l’écran panoramique, le réticule de l’astro-navigation montrait un objectif invisible pour le moment. Grâce aux coordonnées reconstituées, la positronique ciblait leur objectif. Le pilote ralentit encore pour laisser sur tribord un astéroïde imposant. Sa masse obscure obstrua le champ de vision un instant. Il aurait pu détruire l’astronef.

- L’astéroïde Sparks est encore loin, Lieutenant D’Ortelme ?

Imperturbable, le Terrien répondit :

- Encore, 50 mille kilomètres, Professeur Klyström, en tournant légèrement la tête pour offrir son profil émacié. La trajectoire se révèle complexe.

Jorensen D’Ortelme possédait un statut particulier. Garde du corps et pilote infra-système du Quatuor Sparks. Il mesurait environ 1m95. Et large d’épaules. Son teint halé cachait ses traits émaciés et ses yeux noirs sous des sourcils bruns. Rien ne semblait l’atteindre. Ancien soldat des forces d’exploration de la Fédération Galactique, il avait l’habitude de vivre en milieux hostiles.

Quinze ans de service fédéré et trois ans de formation au travers du programme Sparks avaient fait de lui un garde du corps à part. Avec l’accord des scientifiques, il aimait, parfois, partir quelques jours seuls affronter les éléments sur Myo-Ker IV ou sur une des planètes du système éponyme. Quelque fois, Jorensen testait des améliorations technologiques. Sans subir de modifications physiologiques… Il n’était pas arrivé à passer le cap…

- Merci, D’Ortelme.

Une partie de ce voyage s’imprégnait de mystère. Et d’obscurité pour le Quatuor Sparks. Ils allaient en apprendre suffisamment… maintenant. Leur curiosité de scientifique les poussait à poursuivre le voyage. Mais, la peur latente d’un avenir incertain les remplissait de terreur. Lors de leur prise de fonction, chacun avait été informé des paramètres de déclenchement du Facteur Sparks. Une catastrophe… Un chaos galactique !

Les quatre humanoïdes ruminaient leurs sombres pensées en connaissant la catalyse d’un tel évènement : l’activation du Facteur Sparks.

- Astéroïde Sparks en visuel ! annonça le Terrien.

Les scientifiques reportèrent leur attention sur l’écran panoramique de la passerelle. Un astricule sombre apparut tavelé de cratères encore plus sinistres.

- Distance 10 mille kilomètres

- Caractéristiques ? demanda, curieuse, Khwarnikhön, la géantoïde.

Jorensen pianota sur son pupitre pour récupérer les informations. Il les restitua immédiatement.

- Longueur 215 km. Largeur la plus petite 72 km. Largeur la plus grande 134 km. Pas d’atmosphère. Pas de gravité. Rotation longitudinale et radiale… Avec une inclinaison sur l’écliptique… Pas facile d’accès, fit-il par murmurer.

- Un problème, D’Ortelme ? s’enquit Khyrondal

- Non, Professeur. Ce ne sera pas un problème. Enfin, j’espeère, rassura-t-il. La positronique me secondera dans notre approche. (Il sourit.) L’astéroïde Sparks semble avoir été choisi à bon escient !

- Expliquez-nous ? demanda la géantoïde.

- L’astéroïde Sparks se révèle difficile d’accès. Sa double rotation donne une trajectoire d’approche délicate. De plus, à proximité, il y a de gros astéroïdes… Je me demande pourquoi … pourquoi l’astéroïde Sparks ne s’est jamais pulvérisé contre des planétoïdes plus gros… l’attraction, pensa-t-il, tout haut.

Ils l’écoutaient en silence. Le Kiraltonien s’approcha de lui et s’assit devant une autre console positronique. Ses deux mains à six doigts effleurèrent les touches avec dextérité.

- Vous avez raison, Jorensen. Les corps célestes aux alentours exercent une certaine attraction gravitationnelle. Les champs magnétiques ne sont pas d’égales valeurs. Mais… tiens quelle coïncidence. Périodiquement, le barycentre de leur valeur nulle se trouve…

- Au centre de l’astéroïde Sparks ! enchaina Hostrium, l’Allikios.

- Exact… Mais … depuis tout ce temps, il aurait dû subir un … sort funeste, conclut Khyrondal.

Le silence plana un instant. Le Terrien fixa l’écran panoramique. Et parfois, les mesures relatives à l’écran protecteur sur son pupitre. Elles dansaient sans jamais atteindre des valeurs critiques. Le Terrien ricana.

- Je crois avoir compris ! s’exclama-t-il.

Surpris qu’eux ne trouvent pas, le Géminorien prit la parole. Il fut surpris de leur jalousie. Le nainoïde en sourit.

- Poursuivez D’Ortelme, l’incita-t-il.

- Vous pouvez voir que l’écran protecteur subit de nombreux petits impacts sans grande gravité. Preuves que de nombreux petits corps célestes le percutent et se désintègrent dessus.

- Continuez, encouragea la géantoïde.

- Regardez ces gros astéroïdes autour… Ils présentent de nombreux cratères ! Et ces cratères ne ressemblent pas à des cratères d’impact…

- Mais d’explosions ! poursuivit l’Allikios.

- Exact ! renchérit le Terrien. L’astéroïde Sparks doit tenter parfois de les repousser ou de s’en écarter. Je présume que la positronique de l’astre doit décider d’employer certains moyens pour se protéger et de protéger par tous les moyens possibles le Facteur Sparks.

Le silence plana un instant. Pour corroborer ces propos, la situation évolua. L’orbite erratique d’un des astéroïdes se modifia pour se rapprocher du planétoïde Sparks. Son aspect mort et sombre se modifia. Un écran secondaire se focalisa sur une zone obscure. Des opercules s’ouvrirent sur des canons pulsors lourds et des silos de missiles. Simultanément, les batteries lourdes ouvrirent le feu et une demi-douzaine de missiles furent éjectés.

- Voilà la réponse en images ! se manifesta le Géminorien. Vous aviez raison, D’Ortelme !

Le gros planétoïde fut percuté par les faisceaux énergétiques et, simultanément, par les projectiles télécommandés. De petits soleils naquirent à sa surface et embrasèrent l’espace. Les conséquences suivirent les causes ; l’éjection de microparticules minérales et de morceaux de roches. Très rapidement, le bouclier énergétique du polyèdre se moira de couleurs écarlates. L’astronef trembla. La positronique se focalisa sur un morceau de rocher imposant se dirigeant vers le navire. Le Terrien pianota sur son pupitre. Une batterie de pulsors ouvrit le feu pour le pulvériser. Des myriades de microparticules percutèrent l’écran. Le bruit des bancs-convertisseurs changea de rythme pour monter dans l’aigu. Et pour redescendre, rapidement.

Le silence plana un instant.

- Je crois que le danger est passé, se permit le Kiraltonien.

- Oui, osa s’avancer le pilote. Nous avons un certain temps avant qu’un autre astéroïde se rapproche du planétoïde Sparks.

- Maintenant, nous devons rentrer à l’intérieur, annonça le Géminorien.

- Nous devons émettre notre code de reconnaissance, proposa Khyrondal. Nous ne devons plus attendre. Sinon l’asté…

Une voix tomba dans le poste Central.

- Ici l’astéroïde Sparks à navire inconnu… Décliner votre identité dans les plus bref délais sinon j’ouvre le feu sans autre sommation ! menaça la voix positronique.

Ils se scrutèrent anxieux. Ils comprenaient ce que cela voulait dire. La destruction du polyèdre et eux dans les minutes qui suivraient sans identification. Et vu la puissance développée de feu montrée lors de des évènements précédents ne souffrait d’aucun doute.

Sans attendre, chacun des scientifiques se précipita, s’assit devant une console et entra son code à quinze symboles dans la positronique. Elle se connecta sur l’hypercom. Le Terrien intervint pour émettre sur ondes courtes. Pour éviter tout repérage et détection intempestives.

La tension monta dans le poste central. Ils savaient tous ce qu’impliquait leur intervention. La survie de la Voie Lactée… a minima…

- Regardez ! s’exclama le pilote, soulagé comme les scientifiques.

Le quatuor leva le regard vers l’écran panoramique. L’astéroïde Sparks s’anima. Sa noirceur fit place à l’ouverture d’un sas hélicoïdal et des rangées de lumières apparurent. Entourant le halo de lumière intérieur.

Le Géminorien s’approcha lentement du pilote.

- Dirigez-vous vers l’ouverture, D’Ortelme, ordonna-t-il, en lui tapotant sur le bras, à sa hauteur.

- A vos ordres, Professeur Klyström. Avec l’aide de la positronique, je dirige l’aviso en conséquence.

Les quatre scientifiques observèrent la délicate manœuvre du pilote. La tension devenait palpable.

- Pourvu qu’un autre système de défense ne nous prend pas pour un élément hostile, murmura Khyrondal. Je ne donne pas cher de notre coque !

- Je ne pense pas, intervint Hostrium. A mon avis, nous venons de passer la première barrière de contrôle. Le Facteur Sparks se révèle un paramètre important dans notre évolution et sécurité galactique. La préservation de son intégrité ne souffre d’aucun écart.

- Je crois que nous allons en apprendre énormément. Tout ce qu’il ne nous était pas permis de savoir sur le Facteur Sparks depuis notre intégration à ce projet, se permit la géantoïde.

- Nous apprendrons parce que le Facteur Sparks doit être … réactivé ! Dans le cas contraire… nous n’aurions rien appris… Croyez-moi, rien, enchaina le nainoïde. Rien… Nous n’aurions pas été informés… Nous aurions été seulement des créateurs d’Astro-Sentinelles… Un maillon dans la suite de scientifiques se succédant dans le Projet Sparks !

L’humanoïde à la peau orange ne put poursuivre son argumentation. Le polyèdre de cinquante mètres de diamètre avait franchi le sas hélicoïdal et se trouvait à l’intérieur de l’astéroïde Sparks. Un léger frémissement avait parcouru la coque lorsque les étançons eurent touché le sol du hangar.

- Nous nous sommes posés, Mesdames et Messieurs, informa le pilote d’origine terrienne. L’atmosphère s’est recomposée automatiquement dans la halle avec la fermeture du sas. (Il garda un instant le silence et observa ses instruments.) Le taux d’oxygène atteint 20,4% et la température, un peu fraîche, 17°C. Pas de paramètre nuisible dans les composants de l’atmosphère. Et …

La géantoïde, Kworgoën, regardait par-dessus la tête du Terrien grâce à sa taille de 3m10. Spécialiste en chimiste, biochimiste et exo-biochimiste, l’humanoïde au pelage orange vérifia rapidement les données de la positronique. Elle hocha son énorme tête. Pour approuver les résultats.

- Toutes ces valeurs me semblent convenables, conclut-elle.

- Nous allons descendre et trouver notre chemin, proposa le nainoïde.

- Où allons-nous nous rendre ? pensa, tout haut, Khyrondal.

Ils n’eurent pas à attendre bien longtemps. Une voix métallique sortit des systèmes de communication.

- Je suis la positronique Sparks… Vous pouvez m’appeler Posi-Sparks. Il n’y aura aucun inconvénient, annonça l’ordinateur principal de l’astéroïde. Vos séquences de paramètres vous identifient comme une génération de Quatuor Sparks. Vous êtes autorisés à vous déplacer dans le complexe Sparks en toute légitimité. Je vous montre le chemin pour vous rendre dans le complexe central.

Ils se regardèrent et sourire.

- Les initiateurs du projet Sparks semblent avoir tout prévu, commenta Klyström. Surtout… L’avenir… Et heureusement… Probablement !

Le nainoïde reporta son attention au Terrien.

- Ici, nous ne craignons rien, D’Ortelme. Vous nous attendez. Nous allons tous les quatre au … complexe central.

- A vos ordres, Professeur Klyström, répondit le pilote.

- Nous y allons, Lieutenant.

- Ok, Professeur. Faites attention à vous.

- Merci. A plus tard, fit le nainoïde.

Sans attendre, les quatre humanoïdes quittèrent la passerelle et disparurent dans le dédale de couloirs. Ils sautèrent dans le puits anti-g central puis se dirigèrent vers un sabord que le Terrien avait ouvert pour leur facilité la sortie.

Le Géminorien, le Kiraltonien, les femmes Halkhöme et Allikios se retrouvèrent dans une halle de petite taille. Dimensionnée pour recevoir exclusivement, au maximum, des navires de type aviso. Comme le polyèdre de 50 m de diamètre. La halle avait été creusée dans la roche. Le sol recouvert de plasto-métal renvoyait la lumière artificielle.

En face d’eux, un chemin lumineux s’anima dans un boyau pour leur montrer la voie à suivre. En frissonnant légèrement, ils s’y engagèrent, en silence. Ils savaient que la conjoncture des évènements les rendaient acteurs d’un évènement inhabituel… hors norme… exceptionnel. La préservation de l’avenir de la Voie Lactée !

Un léger ronronnement sourd envahissait les lieux spartiates. Fonctionnels. Les créateurs des lieux ne s’étaient pas embarrassés de fioritures superfétatoires. Les couloirs se trouvaient creusés dans la roche et le sol recouvert de plasto-métal.

Le silence ambiant s’était empreint de tension. Comme si l’astéroïde savait pourquoi ses fonctions vitales s’étaient modifiées. Comme si il avait retenu son souffle pendant toutes ces années. Les quatre scientifiques arrivèrent devant une double porte. Elle s’ouvrit devant eux.

Ils restèrent figés pendant quelques secondes avant de rentrer. La salle se révélait circulaire. Environ 20 mètres de diamètre. Deux étages d’environ 4 mètres de largeur formaient des rotondes. A chaque étage, un pupitre positronique circulaire surmonté d’écrans. Au centre un puits – de la différence – 12 mètres de diamètre et d’une profondeur de 3 à 4 mètres s’ouvrait sur …

- Une stase cryogénique … Par la galaxie ! s’exclama le Kiraltonien.

L’humanoïde femme allikios sourit.

- Le Facteur Sparks ! conclut la mathématicienne observant avec attention les lieux.

Une lumière fluorescente animait la rotonde plongée dans la pénombre. Cette lueur provenait du fond du puits. En silence, ils s’approchèrent. Et se penchèrent.

- Par la galaxie ! murmura Kworgoën

Trois mètres plus bas, un cylindre d’une dizaine de mètres de long sur un diamètre de trois mètres flottait.

- Module de stase cryogénique dans un champ anti-g, murmura le Géminorien.

- Ce module est beaucoup plus gros que ceux que nous utilisons habituellement, précisa le Kiraltonien.

- Je vois un corps, mumura Khwarnikhön, l’Halkhöme.

- Moi aussi, je le vois, fit le nainoïde appuyé sur une canne.

Le bain liquide émeraude fluorescent palpitait autour du corps. Des tuyaux de différentes tailles pénétraient dans la substance et d’autres dans l’anatomie de la silhouette. Biocapteurs. Bio-sondes.

Le silence vibrait du bruit des consoles positroniques. Ils ne réfléchirent pas longtemps. La même voix positronique se fit entendre.

- Quatuor Sparks vous vous trouvez dans la halle Sparks. En présence du Facteur Sparks, débuta l’ordinateur de l’astéroïde.

La lumière s’intensifia pour montrer la voûte en roche du plafond. Là, aussi, au milieu de poutres, des appareils assuraient diverses fonctions, inconnues pour le moment.

- Vous êtes le Quatuor Sparks de cette ère, an 2986 : Les professeurs Oratell Klyström, d’origine géminorienne, Khyrondal, d’origine kiraltonienne, Kworgoën Khwarnikhön, d’origine Halkhöme et Hostrium Khröstrus, d’origine allikios, débuta la voix atone de la positronique.

« Je connais vos noms parce qu’ils m’ont été communiqués lors de vos nominations grâce à des micro-impulsions émises par la positronique centrale de Myo-Ker IV. J’ai pris connaissance de chacun de vos domaines de compétences. Et je les ai intégrés dans mes banques mémorielles.

« Comme vous le savez le projet Sparks a vu le jour vers 2545. Il y a environ quatre cent quarante-deux ans. Le projet Sparks consiste à créer des soldats évolués grâce à la nanotechnologie et plus précisément la nano-positronique insérée dans le corps des volontaires ou prétendants à devenir des Astro-Sentinelles au travers d’une résille Nano-Tron. Cette partie de l’histoire vous est connue. »

La positronique de l’astéroïde Sparks garda le silence un instant. Ils écoutaient sans rien dire.

- Peu de temps après la mise en place du Projet Sparks, les scientifiques, lui étant dévolu, décidèrent de connaître ou bien de tenter de connaître l’avenir grâce aux systèmes d’Equations quantiques expansionnistes Sparks matricés en trois dimensions.

« Cette partie des mathématiques devaient leur fournir une tendance de l’évolution de la Voie Lactée mais aussi de l’espace stellaire. En ayant une certaine idée de cette évolution, ils pouvaient améliorer ou modifier les paramètres du Projet Sparks et de modeler ou perfectionner les Astro-Sentinelles.

« (Elle fit une brève pause.) En parallèle, un projet interne se développa. Le facteur Sparks. Il consistait à chercher et trouver le candidat idéal – humain ou humanoïde – ayant déjà les aptitudes et les compétences intrinsèques pour diriger les Astro-Sentinelles et, par la suite, grâce à la résille Nano-tron, de commander les Astro-Sentinelles. SI… les systèmes d’Equations quantiques expansionnistes Sparks matricés en trois dimensions donnaient tous les signes d’alarme d’un problème imminent. La proximité du Chaos galactique !

« Ce candidat fut trouvé et … il intégra le Projet Sparks et devint le Facteur Sparks. Mais, il devait être préparé, formé mais seulement utilisable lors de résultats alarmant par les systèmes d’Equations quantiques expansionnistes Sparks matricés en trois dimensions. Ainsi, à l’âge de seize, vers 2875, le sujet fut placé en stase cryogénique, ici dans l’astéroïde Sparks, avec un ralentissement de son évolution physiologique. »

- Par la galaxie ! s’exclama Kworgoën Khwarnikhön, la géantoïde, fasciné par toute l’entreprise. Il est en stase cryogénique depuis environ 110 ans ! Un enfant !

Sans s’émouvoir, la positronique poursuivit.

- Exact. Depuis 110 ans, je surveille tous ses paramètres physiologiques et gère son évolution, poursuivit le cerveau P. Le résultat de vos calculs vous a amenés, ici, pour réveiller le Facteur Sparks et pour lui permettre d’accomplir sa mission : Veiller sur la Voie Lactée !

Derechef, le silence plana. Ils savaient maintenant pourquoi ils étaient ici. Leur délicate mission était de ramener à la vie le chaînon manquant de cette formidable entreprise : un inconnu en cryogénisation depuis plus d’une centaine d’années.

Le Géminorien se redressa et posa une question qui brûlait sa curiosité.

- Qui est le Facteur Sparks, Posi-Sparks ? demanda-t-il.

Le silence pesa un instant. Ils écoutaient tous suspendus à la réponse de l’ordinateur central de l’astéroïde.

- Le Capitaine Riordan Orvak !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Yo@Lionel ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0