L'odeur du cuir

Une minute de lecture

Je n'ai pas le souffle court mais j'ai l'impression d'avoir couru un marathon. Non, deux marathons. Mes jambes me font souffrir, mes bras refusent presque de se lever à nouveau. Nous suons tous les deux à grosses gouttes. Elle a ce sourire que je lui connais bien, ma petite blonde.

Notre affrontement, notre plaisir, nous l'arrachons à nos plaintes, à nos douleurs. Nos corps meurtris par le cuir nous rappellent que nous existons. Les marques laissées sont autant de témoins de notre appartenance au monde des vivants. Nous aimons.

Nous aimons l'autre parce qu'il nous rappelle qu'avant d'être faibles, nous sommes présents. Avant d'être vus, nous sommes visibles. Avant que nos corps ne soient déchirés par la souffrance et le désir, ce ne sont que des réceptacles vides. Avant l'ombre, la lumière. Avant la mort, le plaisir.

A ton tour. Frappe, frappe et frappe encore, petite blonde. Tanne ma peau comme on a tanné ton cuir, tandis que mon visage se tord, tandis que tes mains se serrent. Tape, frappe, tanne ! Tout pour repousser nos limites, tout plutôt que rester en l'état. Tout pour nous, tout à toi. Pour cette fois.

Je repense à ce moment, ma tête posée sur mes bras croisés à la fenêtre. La rue se bouscule en-dessous. La boulangerie me renvoie ses effluves de bon pain et de croissants chauds. Le goût de la rosée sur les tuiles, et celui du fer mouillé, tout me ramène à toi ce matin.

Et sur mes mains, l'odeur du cuir.

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