Chapitre 29. La bouffée d'air frais

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Cela allait bientôt faire six mois que Luiz et moi étions enfermés dans notre prison dorée de la capitale uruguayenne. Nourris, logés et blanchis par la France, aux frais du contribuable. Mais pour combien de temps encore ? La campagne présidentielle avait commencé, de l’autre côté de l’Atlantique, et Lepage était en chute libre dans les sondages. Devancé par l’extrême-droite et les écologistes. Il était en mal d’une victoire sur la scène internationale, que Luiz aurait pu lui offrir en demandant l’asile politique à Paris. Le Quai d’Orsay commençait donc à s’impatienter, et à trouver le temps long... Pourtant, malgré la générosité de l’offre de la France – qui ne se contentait pas de proposer l’asile, mais aussi une pension confortable et un logement dans le quatrième arrondissement de Paris – Luiz n’avait jamais semblé aussi loin d’accepter.

Bien au contraire, le brésilien semblait se complaire dans l’exil à Montevideo, qui lui permettait de continuer à exister sur la scène politique latino-américaine. Et, à l’occasion, de parader avec les quelques leaders du continent qui osaient s’offusquer du coup d’Etat au Brésil. Pas Hernández, le président argentin, évidemment... Mais d’autres. Un entretien croisé avec la présidente chilienne dans le quotidien espagnol El País. Une poignée de main avec les ministres des affaires étrangères du Mexique, de la Colombie et de l’Equateur. Il y avait même eu un timide message de soutien du Vénézuéla, qui sortait doucement de la crise après avoir organisée les premières élections libres depuis quasiment une décennie. Quitter l’Uruguay pour la France aurait sonné le glas de sa notoriété continentale. Et, vu la tournure que prenait notre relation, le brésilien n’avait pas vraiment de raison de sacrifier sa carrière et ses chances de retrouver son poste à Brasilia pour émigrer en France avec moi.

En effet, les choses n’allaient pas fort, entre nous... Passé le choc de notre exfiltration par les services secrets, qui nous avait rapproché lors des semaines qui avaient suivi, Luiz avait de nouveau pris ses distances. Et pour cause : il nourrissait des sentiments plus forts, car plus récents, pour un autre que moi. Emerson. Son ancien conseiller politique – devenu amant, quelque part entre la fin de la campagne présidentielle et les premiers mois de son mandat – pour lequel il éprouvait un attachement sincère. Emerson était resté au Brésil. Ecarté du pouvoir par la junte, il était retourné dans sa ville natale de Natal (sic !), et avait désormais tout le temps d’envoyer de longs messages enflammés à Luiz, qui semblait particulièrement réceptif. Nous n’en parlions pas, Luiz et moi, mais je pouvais le deviner : Emerson lui manquait terriblement. Sombre et distant les trois-quarts du temps, il n’y avait que les messages d’Emerson pour lui mettre un peu de baume au cœur.

Je dois avouer que tout cela était affreusement douloureux pour moi. De ne pas être capable de procurer le soutien et le bonheur nécessaire à celui que j’aimais, et le voir le trouver auprès d’un autre... Je n’avais jamais éprouvé une douleur aussi cruelle. Petit à petit, nous nous éloignions. Inéluctablement. Nous passions l’essentiel de nos journées à nous éviter l’un l’autre. Pour ne se retrouver que le soir venu, dans le grand lit froid que nous partagions sans jamais nous toucher. En silence. Ou échangeant quelques banalités dénuées de profondeur et d’importance. Refusant d’admettre notre souffrance. Moi, de voir notre couple s’effondrer, impuissant. Et lui, de vivre avec le manque de celui qui occupait désormais la très convoitée place dans son cœur.

J’aurais pu tenter de trouver un peu de réconfort dans les bras d’Alvaro. Je le voyais régulièrement, désormais. Plusieurs fois par semaine, je m’échappais de la villa pour aller le retrouver en ville. Pour prendre un maté ou dîner dans un restaurant du front de mer. Mais nos relations étaient redevenues purement platoniques. Et, pour la première fois depuis notre rencontre, je n’avais pas envie de plus. J’étais trop affecté par la situation avec Luiz, la douleur drainait toute mon énergie, et réduisait ma libido à néant. Le beau brun au regard de braise aurait pu se mettre torse nu et s’asperger la poitrine et le visage de lait tiède en adoptant des poses aguicheuses sur un fond musical suggestif, je serais resté de marbre. Enfin, je crois... Toujours est-il que nos rapports avaient pris un tournant plus amical, ce qui n’était pas plus mal. J’avais plus besoin d’un ami que d’un amant, alors que la rupture d’avec Luiz semblait de plus en plus inévitable.

Les choses se sont précipitées le jour où Emerson a annoncé à Luiz qu’il nourrissait l’intention de venir le rejoindre en Uruguay. Ce qu’il fit quelques jours plus tard. Prenant ses quartiers dans un hôtel tranquille de la périphérie de Montevideo, dans lequel Luiz finit par passer le plus clair de son temps. Me laissant seul dans l’immense villa payée par l’ambassade de France, dont je pense avoir utilisé la moindre chambre, la moindre pièce pour pleurer tout mon soûl. Une atroce sensation de vide dans le ventre. Et l’esprit plongé dans un état de déprime permanent, entrecoupé de courtes périodes de panique, où j’avais l’impression d’étouffer, privé de l’oxygène qu’était pour moi l’amour que nous avions partagé. Ça ne pouvait plus durer comme ça. Les choses devaient impérativement changer, et vite...

L’offre de la fondation McKenzie-Laurier était donc tombée à pic. Un poste de directeur de recherches au sein du prestigieux think-tank canadien de relations internationales, impliquant quelques heures d’enseignement à l’Université McGill, le Harvard canadien. Changer d’air, de routine. Remettre le pied à l’étrier dans la vie professionnelle. Repartir à zéro dans une nouvelle ville, un nouveau décor, un nouveau climat, un autre exotisme. C’était une aubaine... J’ai accepté l’offre en moins d’un heure. Et ai annoncé mon départ à Luiz quelques jours plus tard, une fois mon billet d’avion pour le Canada réservé.

Il était complètement sonné. Il n’avait pas cru que je pourrais partir avant que lui ne le fasse... Nous nous sommes expliqués et disputés. Il y a eu des larmes et des baisers, des insultes et des « je t’aime », des « n’y va pas » et des « je respecte ta décision ». Pas franchement cohérent. Pas toujours dans le bon ordre. Mais pas vraiment étonnant non plus : on ne met pas un terme à une relation passionnelle de six ans avec une froideur méthodique et dénuée effusions. Au final, nous nous sommes dit « au revoir », prenant soin de ne pas dire « adieu ». Trouvant un peu de réconfort dans cette ambiguïté qui semblait laisser la porte entrouverte à toute éventualité. Et j’ai quitté l’Uruguay le lundi suivant. Troquant l’hiver austral pour l’été canadien, et la côte Atlantique pour les rives du Saint-Laurent.

*

Montréal, un an plus tard.

Le grand open space de la fondation McKenzie-Laurier est encore calme, à cette heure de la journée. La plupart de mes collègues donnent un cours ou une conférence dans l’une des nombreuses universités de la ville. L’Université de Montréal. L’Université Concordia. L’Université du Québec à Montréal. HEC Montréal. Il y a de quoi faire, ici... Pourtant, que l’on m’attribue le poste à l’université McGill, la plus prestigieuse du Canada, n’a pas manqué de faire grincer des dents. Mais, même si j’ai encore du mal à assumer ce statut, il faut bien dire que je suis le « chercheur star » de la fondation... Non pas par mon pedigree académique, modeste comparé à celui des prolifiques employés du think tank, tous auteurs de plusieurs livres sur les relations internationales. Mais par mon expérience. Les Nations Unies, l’Union européenne, et puis, quelque part, la diplomatie sud-américaine, que j’ai sinon pratiquée, du moins vécue – et survécu – lors du mandat de Luiz. Peu de collègues peuvent se targuer d’une telle connaissance du terrain, la plupart n’ayant jamais quitté le confort des bancs de l’université. Il est donc tout naturel que le plus visible et le plus exposé des postes d’enseignement me revienne. Ne répétez à personne ce que je viens de vous dire, je tiens au diamètre de mes chevilles...

D’ailleurs, en parlant de McGill, je dois me dépêcher de terminer mon papier, car j’ai une séance de tutorat avec une poignée d’élèves qui m’attend ! Mes travaux portent sur un sujet d’actualité : la disparition des Nations Unies. Car en effet, depuis trois mois, le monde est orphelin de son organisation internationale. Privée de ses membres fondateurs et de ses principaux financiers, l’ONU aura à peine résisté cinq ans avant de s’effondrer sur elle-même, incapable de donner un nouveau sens à son existence. Le déménagement à Montevideo aura dont été le dernier projet de l’organisation, dont la dissolution définitive a été annoncée avec émotion par son dernier secrétaire-général lors d’une conférence de presse retransmise en mondovision sur les écrans de la planète entière. Mais dans l’indifférence générale.

En effet, la diplomatie internationale a horreur du vite, et les esprits de nos contemporains étaient désormais accaparés par la création du successeur des Nations Unies : le Fonds mondial pour le développement, l’environnement et le climat. Une sorte d’hybride entre la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International, un méga-fonds censé soutenir la croissance des pays pauvres tout en protégeant la planète de la catastrophe climatique annoncée. Sorte de version sous stéroïdes du méga-fonds européen que j’avais contribué à créer, lors de mon passage au ministère européen des affaires étrangères.

Mon papier vise à étudier les conséquences de ce revirement de doctrine, où la finance globalisée prend le relais du droit international pour s’attaquer aux nouveaux défis de l’humanité. En un sens, une défaite de l’idée de l’universalisme des droits de l’homme et de la démocratie. L’occident abandonne pour de bon sa mission évangélisatrice et laisse chaque continent adopter un modèle politique spécifique, plus ou moins libéral. Comme en témoignent le triomphe des organisations régionales, comme l’Union européenne, l’Union africaine et l’Association des nations de l’Asie du sud-est , chacune revendiquant la défense d’une ensemble de normes et de valeurs propres à son continent. Et, en parallèle, la financiarisation des relations internationales, l’humanité ne semblant plus être capable de coopérer que sur des « projets », des « modèles de développement économique durable », des « business plans pour l’énergie verte » au financement mutualisé au sein du Fonds mondial. Bref, un sacré programme de réjouissances, qui a au moins le mérite de faire couler beaucoup d’encre et de renouveler un peu l’enseignement des relations internationales, jusque-là enkysté dans des représentations du siècle précédent.

Une heure et demie plus tard, je suis sur le départ. La fondation McKenzie-Laurier est située à proximité du campus de l’université McGill, je n’ai donc pas besoin de prendre le métro ou le vélo pour m’y rendre. Toutefois, je souhaite dédier une partie de mon trajet à vérifier mes notifications OneFeed, notamment sur le groupe « Mariage » créé il y a quelques mois par Maria, après avoir annoncé l’officialisation de son union avec Javier. Elle y partage les informations essentielles sur la cérémonie à l’ensemble de ses invités – et quelques instructions plus précises à l’attention des témoins. Je suis le sien. Rien qu’à le dire, mon cœur déborde de fierté ! Teintée d’un soupçon de mélancolie, aussi : ce rôle lui était également réservé dans le cas où Luiz et moi avions décidé de nous marier... Le destin en a décidé autrement. Soit. Je consulte donc le groupe OneFeed. Pas d’information supplémentaire, aujourd’hui. Il faudra encore attendre pour que Maria m’indique quelle tenue choisir pour ne pas jurer avec sa robe.

*

Après avoir flâné un instant sur le campus arboré de l’université McGill, particulièrement agréable en ce début d’été, je pénètre enfin dans l’imposante bâtisse néogothique dans lequel se trouve mon bureau de professeur. La style est austère, la façade taillée dans une pierre grise donnant le caractère proprement canadien à cet édifice qui, autrement, ne dénoterait pas sur une campus de Nouvelle-Angleterre. Depuis un an déjà, je donne un cours de relations internationales aux étudiants en première année de maîtrise – l’équivalent d’un master sur le vieux continent. Et, une fois par semaine, je propose une séance de tutorat où les élèves peuvent venir me parler de leurs difficultés et projets personnels. Dans la droite tradition universitaire nord-américaine, où le professeur est plus un coach qu’un simple maître de conférence. Ça ne me déplait pas, d’autant plus que certains sont plus agréables à tutorer que d’autres...

Quand j’arrive devant la porte de mon bureau, quelques minutes en retard par rapport à l’horaire annoncé, deux étudiants attendent déjà. Michaëlle, une brillante afro-canadienne d’origine haïtienne, fermement décidée à intégrer la fonction publique internationale, qui me fait un peut penser à une jeune Catherine en devenir. Depuis le début de l’année, elle se présente à chacune de mes séances de tutorat pour me soutirer le plus d’information possible sur les différents moyens d’entrer dans le monde quasi-hermétique de la diplomatie multilatérale. La dissolution de l’ONU n’aura pas suffi à doucher ses ambitions, et elle vise désormais un stage au Fonds mondial. A ses côtés, un autre habitué du tutorat : Kajetan, un étudiant polonais plutôt mignon qui, et il le sait déjà, bénéficiera d’une séance un peu plus longue que les autres. Comme toujours.

Je salue les deux enthousiastes des relations internationales avec chaleur et, avant de franchir la porte de mon bureau, leur propose la chose suivante :

- Je vous prends dans l’ordre, tous les deux. D’abord Michaëlle, ensuite Kajetan. Ça vous va ?

Pas d’objection. Michaëlle me suit dans le bureau, visiblement satisfaite d’avoir été choisie la première. Laissant Kajetan seul dans le couloir, avec pour compagnie sa seule imagination. Et Dieu sait que le jeune polonais en a à en revendre !

*

Quand Michaëlle quitte enfin mon bureau, après vingt minutes d’entretien, je pousse un soupir de soulagement. L’intelligence de la jeune femme, qui aligne les « A+ » sur son bulletin de notes, va de pair avec un excès de confiance en soi qui m’est insupportable. Les dérives de l’empowerment à l’américaine, qu’il est difficile d’encaisser pour un français comme moi, élevé dans la culture du « très bien, 14/20 ». Je suis donc ravi à plus d’un titre de voir Kajetan lui succéder. En effet, le charmant jeune homme ne pêche pas par son arrogance. Bien au contraire.

Le visage souriant et affable, il s’installe face à moi, vêtu d’un jeans moulant et un d’un simple t-shirt kaki au col un peu lâche, qui laisse entrevoir son cors fin et élancé. Le polonais à de nombreux atouts. Un regard vert de gris à tomber par terre. De jolies lèvres roses, plutôt fines, souvent légèrement entrouvertes, qui confèrent à son visage juvénile une air ingénu particulièrement troublant. Des sourcils droits et fournis, un ou deux tons plus sombre que les mèches dorées en bataille au sommet de son crâne. En encore, tout n’est pas visible, de là où je me tiens. Du moins, pas encore... Mais n’allons pas trop vite en besogne, et laissons d’abord au jeune Kajetan une chance de s’exprimer :

- Tu as fait des progrès sur ton mémoire, Kajetan ?

- Un peu...

Ah oui, j’oubliais un détail, et pas des moindres : malgré un anglais très correct, il conserve un accent slave prononcé, ce qui ne manque pas d’ajouter à son charme, du moins, en ce qui me concerne.

- Tu es toujours bloqué sur la structure générale ? poursuis-je, comme si de rien n’était.

- Oui, je n’arrive pas à trouver une articulation satisfaisante entre les deux dernières parties.

- Fais-voir ce que tu as !

Kajetan fouille dans son sac, et en sort un brouillon, qu’il me tend avec un regard de chien battu. Certes, un peu surjoué, mais terriblement efficace. Je fais mine de regarder le papier pendant quelques instants. Mais mon esprit est ailleurs, déjà, anticipant la tournure que s’apprête à prendre cette séance de tutorat, comme toutes celles qui ont précédé, avec Kajetan. Soudain, je me lève d’un trait, et fais le tour du bureau. Je m’approche du jeune polonais. M’appuie contre le rebord de la table, son devoir à la main. D’un ton théâtral, je tonne :

- Il y a encore du progrès à faire, Kajetan...

- Je sais... J’ai encore beaucoup à apprendre...

- Je suis là pour ça !

Kajetan efface alors un sourire facétieux, né au fil de notre conversation sur ses lèvres roses, qu’il entrouvre un peu plus encore. Le regard fixé sur mon entrejambe, qui enfle lentement, à quelque centimètres seulement de son beau visage. Son souffle s’accélère. Certes, je pourrais faire durer le suspense quelques minutes encore. Mais à quoi bon ? Notre petit jeu a assez duré. D’un geste précipité, je défais le bouton et la braguette de mon pantalon, puis ôte de mon boxer ma queue à demi bandée. Sous les yeux ébahis de Kajetan, qui se mord la lèvre inférieure pour me communiquer son accord. L’université McGill a une charte très stricte en matière de consentement...

A partir de ce moment, notre séance bascule dans un autre type de tutorat. Des travaux pratiques. Son regard vert de gris plongé dans le mien, les lèvres retroussées et légèrement tremblantes, Kajetan s’approche lentement de mon membre, qui continue de durcir à mesure que le visage du jeune polonais s’en approche. La parade nuptiale du jeune homme est impeccablement exécutée. Le souffle chaud sa respiration qui enveloppe mon sexe bouillant d’impatience. Le bout de son nez qui frôle ma tige brûlante. Une goutte de liquide pré-séminal qui s’écrase à la commissure de ses lèvres roses. Mon gland qu’il cale au coin de sa bouche. Sans se résoudre à l’avaler, du moins, pas encore. Petit insolent... Ses yeux pales brillent de défi. Un sourire maléfique enhardit son visage d’ange. L’attente insoutenable. Je suis à deux doigts de craquer, et de lui enfoncer ma queue de force jusqu’au fond de la gorge. Mais je retiens de justesse. Pour le moment, en tout cas.

Et enfin, un miracle. Une inspiration. Un bruit de succion. Une montée de plaisir inouïe. Sa langue qu’il déroule pour accompagner mon sexe dans la tiédeur accueillante de sa bouche. Ses lèvres qui se referment sur ma verge turgescente. Je ferme les yeux, l’espace d’une seconde, pour savourer l’instant. D’instinct, ma main se pose sur le crâne doré de Kajetan, pour l’inciter à commencer ses va-et-vient. Ce qu’il fait sans se faire prier plus longtemps, et de surcroît avec un indéniable talent. En dépit de son jeune âge, mon élève est rodé à l’exercice. Par un mouvement de balancier remarquablement régulier, le beau polonais fait osciller son visage entre l’extrémité de ma queue et mon pubis, dans lequel son joli petit nez vient s’écraser avec force, sous la pression de ma main. Impitoyable. Mon gland au fond de sa gorge étroite. Quand je sens qu’il peine à déglutir, je donne un petit coup de rein pour l’accabler un peu plus encore. Puis le relâche, gracieusement. Je sais que c’est comme ça qu’il me préfère. Directif. Exigent. Sévère, mais juste. Toujours.

En élève dévoué, Kajetan encaisse les assauts de ma queue contre sa bouche. Le regard brûlant de désir. Et le menton recouvert de salive. Ma main ne relâche sa nuque que pour le laisser reprendre son souffle, de temps en temps. Entre deux à-coups un peu plus secs que la moyenne. Quand Kajetan ose enfin contester mon autorité, et délaisser mon membre dur comme le fer, ce n’est que pour mieux revenir, quelques centimètres plus bas, le visage collé contre mes couilles. Il en respire le parfum. Les caresse de la pointe de sa langue. Avant d’essayer tant bien que mal de les prendre en bouche, l’une et l’autre. Il y parvient. Le visage triomphant. Pas peu fier d’avoir renversé la situation, et, ne serait-ce qu’un instant, de me tenir, moi, à sa merci la plus totale.

Puis, en ayant sans doute assez de ma virilité, le jeune polonais décide de me libérer l’entrejambe, pour m’offrir ce que j’attends avec tant de hâte. D’un geste souple, il se lève, et retire son t-shirt ample. Il dévoile son corps blanc et fin, dont on devine à la fois les muscles et les côtes. Ensuite, il dégrafe son jeans, qui tombe à ses chevilles, très vite rejoint par le petit slip en coton qui ne laissait de toute manière que très peu de mystère quant à l’anatomie du jeune polonais. Le visage espiègle, il se tourne pour me faire dos. J’ai enfin alors devant moi ce que j’attendais depuis le moment où je l’ai vu patienter dans le couloir de la faculté. Son petit derrière, pale et rebondi. Dont je meurs d’envie de retrouver la sensation sur ma queue qui se tend encore un peu plus, si tant est que ce soit possible. Incapable de tenir une seconde de plus, j’agrippe Kajetan par le bras et le place contre le bureau. Sans ménagement, je le plie en deux. La face contre le bois sombre de la table. Et les fesses tendues vers mon sexe, qui vient se placer tout naturellement contre la rondelle imberbe de mon élève.

Je le badigeonne d’une quantité généreuse de salive, et en fait de même avec ma queue. Puis, conformément à ses instructions, je prends le soin de plaquer ma main contre la bouche de Kajetan, pour en étouffer le cri qu’il ne saura retenir quand je le pénètrerai. C’est lui qui m’a montré comment faire, lors de notre première fois.

« N’attends pas trop longtemps »

« N’aie pas peur de me faire mal, c’est comme ça que j’aime qu’on me prenne »

Soit. Il ne faut pas me le dire deux fois... Je place mon gland contre le trou de Kajetan, qui palpite de désir, et se desserre un peu, sous l’effet de l’excitation. Et, une fois que je le sens prêt à me recevoir, d’un geste que je suis bien obligé de qualifier de brusque, je m’insère en lui, retrouvant avec bonheur la chaleur de son derrière. Le bougre bronche à peine. Un léger gémissement, qui vient s’évanouir contre la paume de ma main. Qu’il répète alors que je commence à imprimer quelques rapides saillies sur son corps frêle. Je suis aux anges. La queue emprisonnée dans son intimité délicieuse.

Commencent alors de longues minutes de plaisir intense, où Kajetan et moi enchaînons plusieurs position sans vraiment changer la recette gagnante. Je le prends d’abord contre le bureau. Puis le retourne face à moi, alonge son corps fin et blanc sur la table en ébène, et pénètre de nouveau le jeune polonais, dont les jambes se balancent sur mes épaules. Enfin, voyant dans son regard suppliant qu’il m’implorait d’innover une dernière fois avant de jouir, je l’ai soulevé, et porté jusqu’au mur, contre lequel je l’ai plaqué, le visage directement contre la paroi. C’est ici que j’ai terminé ma besogne, exultant de toutes mes forces en Kajetan, dont le corps tremblait comme une feuille morte. Quand je me suis retiré, j’ai constaté qu’il avait joui, lui aussi, contre le mur de mon bureau. Intolérable. Je lui ai demandé de nettoyer sa bêtise, ce qu’il a fait d’un coup de langue enthousiaste. Avant que la session de tutorat ne se termine, j’ai apposé quelques notes à la va-vitre sur le plan de mémoire que Kajetan m’avait soumis, lui demandant de revenir une dernière fois avant la fin du semestre, pour que puisse lui donner un ultime retour. Le jeune homme n’a pas l’air trop inquiet pour sa note, sûr de pouvoir bénéficier d’un traitement de faveur.

*

« Ecoute, je viens tout juste de monter dans le bus, donc je devrais arriver dans vingt minutes... Je pense que d’ici là, tu auras le temps de finir ton jogging ! »

« Euh... C’est adorable, mais tu es sûr que tu ne préfères pas prendre une douche avant ? »

« Bon, dans ce cas, je te retrouve à l’arrêt de bus ! »

« Moi aussi j’ai hâte de te voir, Andre... A tout de suite, je t’embrasse ! »

Je raccroche le téléphone avec un large sourire aux lèvres. Andre, c’est l’homme que je vois le plus régulièrement, depuis déjà quelques mois. Un canadien de Toronto, fraîchement débarqué à Montréal, et pas franchement bilingue, ce qui explique que nous échangions exclusivement en anglais. Nous avons matché sur Forever, l’application de rencontres conseillée par Maria. Son profil m’a immédiatement tapé dans l’œil. Le sourire franc et avenant, le regard d’une bonté sans égale, le bel homme avait plusieurs qualités indispensables dans ma quête d’un nouveau partenaire. D’abord, il avait le mérite d’avoir mon âge, contrairement à mes étudiants, aussi dévoués soient-ils. Ensuite, spécialiste de médecine interne au CHU de Montréal, il n’avait aucune idée de qui j’étais, ne s’étant jamais intéressé à la politique internationale. Il ne m’avait donc pas identifié comme l’ancien « first gentleman » du Brésil, ce qui génère souvent un intérêt mal placé de la part des utilisateurs de Forever, à la recherche de détails croustillants sur mon passé de personne publique. Enfin, Andre me permettait également d’élargir quelque peu mon horizon social, limité jusque-là à un cercle restreint d’académiques et d’ex-diplomates. Et je pense avoir assez donné dans l’endogamie pour le restant de mes jours !

Face à moi, un homme d’un certain âge, ventru et chauve, ne me quitte plus des yeux depuis que j’ai raccroché. De son regard clair, il me dévisage d’un air insistant, avec un sourire qui avait dû être charmant il y a une ou deux décennie. Le temps qui passe est cruel... Il a l’air de vouloir engager la conversation. Je lui fais un bonjour poli de la tête, espérant satisfaire sa soif d’interaction sociale sans l’encourager à entamer une discussion. C’est peine perdue. Quelques secondes plus tard, le vieil homme s’adresse à moi avec un épais accent québécois :

- Excuse-moi d’te déranger, là. J’ai pas pu m’empêcher d’écouter ta conversation... T’étais-tu au téléphone avec ton ami ?

Je reste interdit, pas complètement sûr de vouloir répondre à sa question.

- Ton chum, j’veux dire, poursuit-il alors, bien décidé à m’arracher les vers du nez.

- Euh... On peut dire ça, oui.

- C’est bin c’que j’ai cru comprendre... Vous avez l’air d’être un couple bin cute, t’sais.

- Euh... merci, réponds-je, un peu gêné.

- J’peux-tu t’tutoyer ? Comment c’est qu’tu t’appelles ?

- Oui, bien sûr, je vous en prie. Je m’appelle Loïc.

- Pis moi c’est Lucien... En fait, j’dois bin t’avouer c’t’un peu stupide d’ma part, mais chu toujours émerveillé que d’voir à quel point les choses ont changé astheure, pour nous aut’. D’mon temps, des gens comme toué et moé, on avait pas l’courage d’montrer d’l’affection en public, comme ça, t’sais. C’est tellement beau, d’se dire des choses du fond du cœur sans avoir de stress, là...

Je peine parfois à comprendre les paroles du vieil homme, dont l’accent est plus fort que la moyenne. C’est souvent le cas des personnes âgées. Je vois malgré tout où il veut en venir. Attendri par sa remarque, j’essaye de donner dans l’empathie sans le forcer à trop en révéler, avant de comprendre qu’il n’attend que ça.

- J’imagine, oui... Vous êtes... ?

- Bin oui, chu gai, itou. C’est vrai qu’ça s’voit moins, à mon âge... J’ai pu si honte de l’dire, présentement, mais ça m’a pris un bail... Ç’t’à peine croyab’, pour un jeune chum comme toi, mais à soixante-cinq ans, ça m’fait toujou’ quèqu’chose de l’dire à voix haute dans un bus achalandé... J’ai tout d’suite besoin de j’ter un coup d’œil autour de moé pour voir si y a pas un type bin cave avec le goût d’niaiser...

Encore un fois, j’ai du mal à suivre. Mais je note malgré tout qu’il me considère comme un « jeune chum », ce qui me fait plutôt plaisir, moi qui suis désormais habitué à passer mes journées avec des étudiants de quinze ans de moins que moi...

- Vous pouvez être tranquille, lui réponds-je d’un ton rassurant, à Montréal on peut le crier sur tous les toits et personne ne trouve rien à redire. C’est une ville tolérante, en tout cas je trouve...

- Ça a pas toujou’ été comme ça, t’sais. Dans ma jeunesse, les gens comme nous aut’, on les envoyait dans les camps !

Je tique à l’entendre parler des camps. Un rapide calcul dans ma tête : s’il a soixante-cinq ans, c’est qu’il est né au début des années soixante. Il n’évoque donc pas des camps de la mort de la seconde guerre mondiale... Ouf ! Peut-être veut-il plutôt parler des camps de conversion, des « Jesus camps » anti-gay nord-américains, qui existaient toujours, soit dit en passant... Je devrais bientôt le savoir, car le fameux Lucien continuait sa longue tirade passionnée :

- Si t’avais l’audace de prend’ ton chum par la main dans la rue, la police te tombais d’sus, pour t’envoyer passer la nuit à l’omb’... Pis tu r’sortais le lendemain avec un œil tout noir, une dent foquée et une amende pour attentat à la pudeur et troub’ à l’ord’ public. Si ta famille était au courant, c’tait ‘core bin pire... Y te j’tait à la rue sans coup d’semonce, et fallait qu’tu disparaisses pour toujou’. Pis, s’y t’aimaient un peu trop pour ça, y t’payaient la thérapie d’conversion à dix-milles piastres, avec l’idée de faire les choses comme y faut, t’sais. D’êt’ des bon parents... C’te crisse de thérapie, c’tait d’la torture ! Y’a pas d’aut’ mot, là ! Ceux-là qui en r’sortaient vivants, y-s’en avaient les neurones tout’ grillés par les électrochocs...

Il parlait donc bien des camps de conversion. Quelle horreur, en effet... Rien qu’à l’écouter, mon sang se glace dans mes veines et une sensation de gêne s’installe dans mon ventre. Me broie les entrailles. J’adopte une mine résolument désolée, pour lui témoigner ma sympathie du mieux que je peux. Pendant ce temps, Lucien poursuit son monologue. La voix chevrotante, de plus en plus ému :

- Fait que moé, j’en ai connu un paquet qu’ont pas résisté, et qui s’sont pendus ou j’tés d’un pont en plein hiver... Tellement d’souffrance, là, c’est pas correc’... Pis, pas d’répit, penses-tu, tout d’suite après, c’tait déjà l’temps du sida. Si t’étais arrivé jusque-là, y’avait-y encore bin d’la chance pour que tu t’l’attrape, c’t’osti d’cancer. Pis alors, c’tait l’hécatombe, au Village*. J’ai dû perd’ deux-trois memb’ de ma gang par an pendant dix ans. C’tait l’enfer... Même mon chum de l’époque, y y’a pas échappé... Franchement, chai pas comment j’m’en suis sorti vivant, là. Je r’gard’ tout ça, et je m’dis, Lucien, à ce niveau-là c’est même pu d’l’a chance... C’t’un fucking miracle ! Mais l’pire, dans c’t’affaire, c’tait le regard des aut’. Où qu’on aille, on était r’çus comme des lépreux. Pendant un temps, y’a même eu une rumeur comme quoi l’patient zéro, c’tait un gars d’icitte, un steward d’Air Canada, qu’on disait... Les gens y n’avaient que d’la haine pour nous aut’, aucune compassion...

Mon arrêt approche dangereusement. Je n’ai pourtant pas le cœur d’interrompre le dénommé Lucien, qui a les larmes aux yeux à force de ressasser le passé. Je n’avais jamais entendu cette histoire de steward québécois ayant répandu le sida à travers le monde. Il va falloir que je vérifie en ligne une fois que je serais sorti du bus... Profitant d’une pause dans la longue complainte de vieil homme, je m’excuse et me lève de mon siège en appuyant sur le bon « arrêt » pour informer le chauffeur de mon intention de descendre.

- Je... Ecoutez, monsieur... Lucien... C’est vraiment terrible, ce que vous me racontez... et je suis vraiment désolé de couper court à notre conversation de la sorte, mais c’est ici que je descends...

- Oh, pardon, s’exclame le vieil homme, j’te cause sans raison, là ! Et bin bonne chance à toué, en tout cas ! Par cont’, fais-tu attention à l’arrêt d’bus. Embrasse pas ton chum trop vite, y a d’la crisse de racaille qui traîne...

Je jette un œil dehors. Il doit faire référence au beau métis plutôt costaud, en tenue de sport, qui patiente sur le banc de l’abribus en écoutant de la musique, un casque sur les oreilles, l’air nonchalant. Je ne vois personne d’autre. Et ça tombe bien, « c’te crisse de racaille », c’est Andre. Qui est, je vous le rappelle, médecin interne au CHU de Montréal, et doux comme un agneau. Je n’ai pas grand-chose à craindre, donc... Comme quoi, subir autant d’atrocités et de discriminations tout au long de son existence, ça ne vaccine pas contre le racisme !

*

La porte de l’appartement d’Andre se referme à peine que déjà le beau canadien ne tient plus en place. D’un geste assuré, il me saisit par la taille et me presse contre son corps sculpté par la pratique régulière du jogging et de la musculation. Ses lèvres pleines et sombres viennent me quémander un baiser, un peu moins chaste que celui que nous avons échangé à l’abribus, sous le regard médusé du dénommé Lucien. Je le lui donne avec joie. Jouant de ma langue contre la sienne, brûlante. Le sensation est divine. Quand je m’écarte pour admirer son visage, je redécouvre son regard qui scintille dans la pénombre du salon, comme deux quartz noirs aux reflets d’argent. Il me décroche un timide sourire, qui ne manque pas de me faire chavirer un peu plus.

Andre est tout bonnement sublime. La peau foncée, la bouche sensuelle et finement dessinée, les cheveux coupés court et crépus, une jeune barbe brune qui grignote ses joues rebondies. Le magnifique tableau de son visage qui respire la bonté et l’intelligence est complété par de ravissantes petites oreilles rondes, légèrement décollées, qui renforce un côté nounours largement assumé par le beau métis. Mais toute comparaison avec un ours en peluche s’arrête ici. Pour le reste, le canadien est large d’épaule et étroit de hanches, impeccablement taillé en « V », et affublé d’une paire de jambes aux mollets superbement musclées, mis en valeur par le short de sport qu’il porte au-dessus du genou. Il en va de même pour ces biceps, qui emplissent parfaitement la courte manche de son t-shirt gris clair. Bref, il est difficile de lui résister, ce que je n’ai de toute manière aucune intention de faire.

Ma main glisse sous le tissu éponge de son t-shirt, et s’enquière de la douceur de sa peau. Dans une lente caresse. Depuis son ventre ferme à sa poitrine imberbe, où elle se repose sur l’arrondi. Le plus naturellement du monde. La sienne s’égare entre mes hanches et mes fesses, qu’elle pétrie avec énergie, me provoquant quelques gloussements pas franchement glorieux, mais qui ont au moins le mérite de faire monter l’excitation chez mon magnifique partenaire de jeu. D’ailleurs, il ne tarde pas à me prendre par la main pour me conduire jusqu’au canapé du salon. Il s’y affale en premier, ne me laissant d’autre choix que m’installer à califourchon sur ses cuisses épaisses, et de l’embrasser avec passion, mon visage entre ses mains. Mes lèvres ne lassent pas de retrouver les siennes. Et moi de sentir sa queue prendre une dimension inquiétante dans son short de jogging, plaquée contre mon derrière qui n’en demande pas moins.

Entre deux baisers, Andre retire son t-shirt, et m’offre la vision enchanteresse de son torse taillé dans l’ébène le plus lisse et le plus appétissant. Je cède plus vite que je ne l’aurais cru. Délaissant le miel de sa bouche pour le sel de sa peau couverte d’une fine couche de transpiration séchée, lui qui revient d’une séance de course à pied. J’y passe ma langue, prenant soin de dessiner les contours de ses pectoraux jusqu’à tomber sur un téton brun et dur, que j’emprisonne entre mes lèvres affamées. Je le tête tant qu’il gémit, et, quand il cesse enfin de geindre, je bifurque vers le pli de son aisselle, qu’il m’ouvre avec un sourire plus grand que le monde. Et alors, je m’en donne à cœur joie. Léchant avec appétit la sueur âcre qui s’y est accumulée. J’ai presque la tête qui tourne, à force de me saouler de ses phéromones du beau mâle qui mettent tous mes sens en éveil. Il est temps de passer aux choses sérieuses...

Je troque alors mes coups de langues contre de doux baisers, et, sans me presser, descends lentement vers son bas-ventre, me mouvant avec sensualité vers le graal. La terre promise. Quand j’arrive à la lisière de son short, Andre ne perd pas une seconde, et se déculotte avec impatience, le visage illuminé par l’envie. Et la fierté, aussi. Et comment ne pas être fier ? Devant moi, se dresse le plus beau membre viril que je n’ai jamais eu la chance de pratiquer. Plutôt large, tendu droit vers le plafond, d’une longueur impressionnante pour les non-avertis. La base noire vire au rose sur le gland, rond et mat, un contraste magnifique. Cerise sur le gâteau, il est orné d’une incroyable paire de couilles à la peau lisse et sombre, qui pend lourdement entre ses cuisses d’acier. J’en salive d’avance. Ce qui tombe bien, car il en faut généralement pas mal pour satisfaire le beau métis.

Ne tenant pas à faire mariner Andre plus longtemps, j’approche ma bouche de son gland rose que j’avale sans plus tarder. Puis, mes lèvres se referment avec force sur l’épaisse tige de son sexe, et commencent à coulisser en direction de son pubis. Sans jamais ne l’atteindre, évidemment. Je ne suis pas un surhomme ! J’y met pourtant toute ma meilleure volonté, m’efforçant de remonter le plus loin possible le long du membre surdimensionné de mon amant, au point que son gland gorgé de plaisir entre bientôt dans l’orée de ma gorge. Je toussote. Déglutis avec peine. Et reprends ma besogne avec application.

Un peu plus haut, Andre a l’air de prendre son pied. Le mains derrière la tête, le regard dans le vague, et la bouche entrouverte, de laquelle s’échappent de petits grognements chaque fois que ma langue tourbillonne autour de son gland. Je dois me méfier. J’ai appris à mes dépends qu’Andre n’est pas très démonstratifs. Et qu’il peut jouir d’une minute à l’autre, sans vraiment prévenir ni donner de signes avant-coureurs. Je poursuis donc ma pipe avec un mélange d’excitation et d’appréhension, guettant le rythme de la respiration d’Andre, qui, à mon plus grand désespoir, ne laisse rien transparaître. Et, comme d’habitude, je me fais avoir comme un bleu. Alors que je m’apprête à infliger une nouvelle salve de va-et-vient au sexe du beau canadien, ce dernier déverse une quantité incroyable de sa semence au fond de ma bouche, sans crier gare. Ni quoi que ce soit, d’ailleurs. Je suis pris de court, et bien obligé d’avaler le fruit de sa jouissance, qui coule lentement dans ma gorge, où se répand une tiédeur aigre-douce ma foi plutôt agréable. Quelle journée...

Après de si heureuses retrouvailles, Andre et moi avons filé à la douche, où il m’a terminé à la force du poignet. Puis, nous avons dîné dans une atmosphère détendue et chaleureuse que je n’avais pas connu depuis un sacré bout de temps. Ça m’a fait un bien fou ! Comme chacun de mes passages chez le beau canadien. La journée s’est achevée en beauté, avec un verre de vin dégusté sur le toit terrasse de l’appartement. Le ciel était haut, et le fond de l’air encore chaud, malgré la nuit qui approchait. Une certitude s’est alors installé, dans un recoin de mon cœur qui n’avait plus servi depuis un certain temps déjà : « c’est un bel été qui s’annonce ».

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