3.1.1 La force de l'amour

9 minutes de lecture

Pour bien comprendre, il est nécessaire d'avoir lu le tome 1 Apprendre à se connaitre.

Septembre arrive enfin avec son flot d'élèves. Je ne suis plus seul avec un professeur invisible dans cet immense château peuplé de fantômes. Bien qu'heureux de revoir mes amis, je suis complètement déboussolé. J'ai l'impression de ne pas les reconnaître. Je me sens si différent d'eux.

Quelque part, j'ai perdu l'insouciance de la jeunesse qu'ils abordent tous. Je les écoute à peine raconter leurs vacances, je ne commente pas quand Horace explique à Jamie ce qui m'est arrivé et pourquoi je suis restée seul à Poudlard pendant un mois. Je suis spectateur enfermé dans mon corps.

Cette perte de repères prend d'autre proportions. Moi qui maîtrisais les coins et recoins de l'école, le plan des escaliers sur le bout des doigts, voilà que je me perds plusieurs fois dans les couloirs. Comble de l'ironie, je suis obligé de demander mon chemin à des premières années qui me regardent comme si j'étais sous l'emprise de substances alcoolisées ou illicites.

Mes potes m'accompagnent entre les cours pour être sûrs que je trouve bien les toilettes ou la prochaine salle de classe. J'oublie même le mot de passe de notre salle commune. Je me tape la tête sur les murs pour me rappeler les choses.

Mon cousin ne m'approche plus. Il se tient loin de moi. Je n'arrive plus à me rappeler s'il était là lors de mon agression. Sa mère étant impliquée, et mes parents squattant son manoir, il doit forcément savoir des choses. Les propos du professeur Bordial me reviennent en mémoire et je ne sais pas quoi penser.

Quel est le rôle exact de mon cousin dans tout ce merdier et celui de Maeve ? Ma tête me brûle à force de réfléchir. Je voudrais aller les voir tous les deux pour discuter et comprendre, ils me fuient et font en sorte de n'être jamais disponibles.

Les cours reprennent. Je me trompe en cours. Mes réponses sont complétement à côté de la plaque. J'écoute à peine les discussions des professeurs. Je ramène le mauvais livre ou me pointe dans une autre classe. Je ne parviens plus à faire des sorts basiques, que je maîtrisais avant d'entrer à l'école. Pour un peu, on dirait que je suis devenu un cracmol se faisant passer pour un sorcier. Mes notes dégringolent. Je passe mes soirées et mes week-ends en retenue.

Je m'en fous. Je m'isole. Le plus souvent à la bibliothèque, au bord du lac noir ou à la tour d'astronomie. Je fuis la compagnie, ne voulant pas faire la discussion et encore moins expliquer mon comportement. Horace et Jamie me courent après pour me parler, même eux, je ne les supporte plus. Mon caractère est encore pire qu'avant. Si je daigne parler, c'est pour envoyer bouler les gens, y compris les professeurs.

La directrice me convoque. Elle veut me faire réagir. Elle essaye de me réveiller. Peine perdue. Ses paroles bienveillantes me remplissent de colère. Je crie et lui ordonne de convoquer Maeve et Benoît pour les soumettre au Véritasérum afin que cette potion de vérité me permette de comprendre les choses.

Lorsqu'elle refuse, je sens la magie se concentrer dans mes poings et je frappe le mur de son bureau de fureur. À ma grande stupeur, il s'effondre et me permet de m'enfuir en courant le temps que la directrice se remette de la surprise. Voilà que moi aussi, j'ai des pouvoirs inconnus et incontrôlables.

C'est lundi matin. Je m'assois sans un bruit et prends mon petit déj. Maeve est en face de moi et m'observe avec ses yeux et cheveux violets colériques. Mon porridge se transforme en soupe aux yeux puis en spaghettis de vers de terre. Je continue de manger. Le goût passe du piment fort au jus de chaussettes sans parvenir à me perturber. Si je m'intoxique, ce sera sa faute. De toute façon, à quoi bon m'énerver ? Elle est en colère contre moi bien que je n'ai rien fait. J'ai toutes les raisons de lui en vouloir, elle ne se montre pas compréhensive ou repentissante.

J'entends soudain Horace et Charline crier. Je lève les yeux. Maeve a de nouveau les yeux blancs et ses cheveux sont devenus verts. D'un coup, je suis dans la tête de ma mère cet été. J'entends son esprit qui lutte contre l'Impero. Je l'entends hurler son amour envers moi, se débattre mentalement aux ordres qu'on lui impose.

Je ressens la douleur, la tristesse de Maman et son appel à l'aide. Toute la force de son amour de mère. Son amour infini et indestructible. Je sens cette puissance qui brise l'Impero au moment où je subis la deuxième tentative d'incursion dans mon esprit par Carrow.

Maman ne jette pas des sorts contre le serpent, mais des sorts pour me protéger. C'est elle qui a appelé mon balai. Je la vois faire une fumée pour dissimuler ma fuite. À plusieurs reprises après ma fuite, Maman fait semblant d'être sous contrôle pour espionner les discussions. Elle envoie un hibou au professeur Bordial ou à des Aurors. Maman pleure sur ma photo qu'elle porte dans un petit médaillon. Mon cœur se brise comme le sien en ressentant le manque et l'inquiétude.

Je reviens à la réalité, en sentant une douce chaleur me réchauffer, comme une maman qui vous serre dans ses bras. Horace et Charline sont tellement occupés par Maeve qu'ils n'ont pas vu mon état. Maeve revient à elle et reprend son aspect normal aux yeux violets colériques. Elle raconte des sornettes sur une prétendue vision pour se débarrasser des questions.

Le regard, calme et narquois qu'elle me lance alors, me fais comprendre ce qu'elle vient de faire. Maeve vient de me montrer l'amour de ma mère. Les risques que Maman prend pour moi. Mon petit canard vient de me redonner l'envie de me battre, d'apprendre et de devenir le sorcier le plus puissant de sa génération.

Je brûle d'un nouveau feu. Une envie de péter sa sale gueule de con à ce Carrow qui a voulu manipuler ma mère et continue de manipuler mon père. Je vois Maeve sourire, fière d'elle. Elle a dû percevoir mon changement d'humeur avec notre fichu lien télépathique.

Je saisis le ver de terre de mon assiette et lui lance au visage. Maeve le transforme en pétales de roses. Mon esprit combatif est revenu. Je lui lance plusieurs sorts qu'elle contre avec un sourire et un regard espiègle. Nous nous disputons en silence avec pour seuls témoins nos amis pendant toute la journée. Dés le lendemain matin, je redeviens sociable. Du moins, je ré-adresse la parole à Horace, Jamie, Sarah et Charline.

Depuis un mois, je reprends ma place parmi les meilleurs élèves. Ma mère me manque. Je veux qu'elle soit fière de moi. Un jour, je serais assez puissant pour la libérer et la venger. J'ai des nouvelles d'elle grâce au professeur Bordial. Étrangement, aussi par mon cousin, lorsque j'écoute ses discussions avec Louise où il évoque la présence de Maman. J'engrange les connaissances et m'exerce aux sortilèges, au vol sur balai, aux potions.

Dès que j'ai un peu de temps libre, je poursuis mes recherches sur les Basilic, sur Morgane, sur les créatures de l'eau et de l'air, sur les mangemorts et leurs pratiques. Sur Voldemort, cet être abominable que j'aurais voulu ne jamais voir exister. J'étudie alors tous les mangemorts de l'époque. Mis à part Drago et d'autres camarades de sa promo, tous les mangemorts ou partisans de Voldemorts sont morts ou ont été emprisonné à Azkaban sans contact extérieur.

J'essaye de comprendre ce qui se passe, qui pourrait avoir continué à soutenir Voldemort et ses idées. Ce sont forcément des sangs purs. Les Mangemorts étaient des sangs purs. Forcément des Serpentards aussi du coup. Je reprends la liste des élèves de l'époque. Je la compare aux dernières familles de sangs purs actuels.

En fait, les dernières familles de sangs purs sont toutes des Serpentards. Malefoy, Lestrange, Nott, Croupton, Crabe, Goyle, Carrow, Black et Avery. Autant de suspects potentiels. Je me fais une liste des arbres généalogiques de chacun. Je ne peux exclure personne y compris ma propre famille.

Je suis pris d'un énorme doute. À force de chercher un coupable et d'accuser mon cousin, je n'ai pas examiné ma propre famille, les Malefoy. Et si c'était moi, le descendant de Voldemort ? Je me refuse à l'idée. Je préférerais mourir que de faire revenir cette abomination. Je hais la magie noire.

Je veux l'anéantir comme Drago a voulu le faire après la guerre. Je veux préserver le monde des sorciers. Des bons sorciers. Drago n'a jamais tenté de faire perdurer la gloire de Voldemort. Il a même passé le reste de sa vie à se faire pardonner ses erreurs. Non, impossible que ma famille ait soutenu en secret Voldemort. Je le saurais.

Ma piste la plus sérieuse reste la famille Lestrange, avec Rastaban et ses descendants, l'arrière-grand-père de Benoît. J'examine de nouveau les rumeurs à propos d'un enfant entre Voldemort et Bellatrix Lestrange. Je relis toutes les informations sur cette Delphi qui se prétendait fille de Bellatrix. Quelque chose cloche dans les articles parus à l'époque. Les chefs d'inculpation envers Delphi ne correspondent pas à la peine d'emprisonnement qu'elle a eue.

Grâce au père d'Horace qui travaille aux archives du ministère, je récupère les comptes-rendus de l'enquête et des interrogatoires de l'époque. Le ministère a dissimulé des informations au public. Le témoignage de cette Delphi est plus que troublant. Si on en croit ce qu'elle raconte et les propos de Harry Potter, et même de mon ancêtre Drago, Delphi a voyagé dans le temps, presque vaincu Harry en duel et réussi presque à modifier le passé pour que Voldemort gagne et soit en vie.

Delphi était persuadée d'être la fille de Bellatrix et Voldemort. Sa date de naissance, sa connaissance de la famille Lestrange et Malefoy, des informations que lui aurait divulgué Rodolphus Lestrange. C'est troublant. Je comprends pourquoi Drago chercha davantage d'informations sur elle et sur les Lestrange à ce moment-là. Le récit de la jeune fille est trop cohérent pour être entièrement faux.

Un détail attire mon attention. Au cours d'un interrogatoire sous véritasérum, Delphi parla de l'Augurey de sa tutrice. D'après la tutrice de Delphi, l'oiseau n'a cessé de crier durant toute sa vie afin d'annoncer que la jeune fille finirait mage noir. Personne n'avait fait attention à lui. Cependant, la tutrice révéla à Delphi une autre de ses "intuitions" liée au volatile. L'oiseau criait également en présence des membres de la famille Lestrange, plus particulièrement en présence du fils de Rastaban, Séraphin Lestrange.

D'après Delphi, Séraphin, le grand-père de Benoît, était son frère jumeau. Les dates de naissance correspondent, Lui et Delphi sont nés le même jour à une heure d'écart. Si Séraphin est né officiellement en Écosse, sa naissance reste mystérieuse. Drago s'était renseigné sans parvenir à trouver d'incohérences. Très peu d'informations ont filtré, même au sein de nos familles, très proches à l'époque.

Une sorcière de sang pur de nom inconnue, aurait été violée par Rastaban durant la période de son évasion et le retour de Voldemort. Cette femme se serait enfuie en Écosse où elle découvrit qu'elle portait un enfant. Rastaban l'aurait poursuivie pour la torturer et se rendant compte de son état, la séquestra jusqu'à la naissance de l'enfant. Puis, il envoya son fils auprès de ses parents pour l'éduquer, lui étant poursuivi par le ministère en tant que mangemort fugitif. Voici la version officielle.

D'après Delphi, Bellatrix et Voldemort auraient eu des jumeaux durant la seconde guerre des sorciers. Bellatrix aurait accouché dans le secret du manoir des Malefoy. Afin de ne pas se faire prendre par le ministère, Lucius aurait déposé la fille dans un orphelinat et le garçon serait devenu Séraphin, le fils de Rastaban Lestrange.

La preuve la plus importante de la filiation entre Delphi et Voldemort est le fait que la jeune fille parlait fourchelangue. Les Lestrange n'ont jamais eu de lien avec Salazar Serpentard. Ce don n'a jamais été prouvé chez Séraphin, malgré que Delphi soutenait le contraire.

Pourtant, les Lestrange restent ma piste la plus vraisemblable. Tout comme elle était celle de Drago qui surveilla sa vie durant la famille et tout ceux qui la côtoyait.

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