Films d’horreur

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* Oui, je sais... j'ai du retard sur le défi... chuuuuuut ^^ *


Lucile Dessanges. La célèbre Lucile Dessanges. « La Mort à ma porte » ; « Larmes sanglantes » ou encore « Maudite », Lucile était à l’affiche de tous les meilleurs films d’horreur depuis cinq années et il ne faisait nul doute que sa carrière ne faisait que commencer. Son talent, mais également sa douceur et sa gentillesse en avait rapidement fait une célébrité incontournable et très appréciée. Aussi, au fil des ans, une tradition était née dans son cercle d’amis : celui d’essayer de lui faire peur le soir d’Halloween. En effet, la jeune actrice avait grandi en lisant Stephen King, Clive Barker ou encore Sire Cédric et se targuait de n’avoir peur de rien ! Serpent, tarentule, squelette, (faux) bras coupé qui rampe… De nombreuses choses avaient été essayées, en vain. Pire : elle éclatait de rire à chaque tentative ! Mais cette année, elle soupçonnait que les choses allaient être différentes.

Suite à la sortie de son dernier film-succès en juin de cette année, « Terreurs nocturnes », Lucile avait trouvé une lettre sur son palier de porte. La chose n’était pas rare, elle recevait fréquemment des lettres, des bouquets et autres peluches de la part de ses fans. Cependant, en voyant le courrier à ses pieds, elle avait eu un froncement de sourcils et une légère inquiétude : l’enveloppe présentait des tâches dont la couleur n’était pas sans rappeler celle du sang. Avec une moue, elle s’en était saisie et l’avait ouverte pour découvrir une feuille couverte de taches rouges marronâtres, avec écrit en lettres capitales cramoisies :

« PROFITES DE SES BEAU JOUR ! TU VA PAYER POUR CQUE TU MA FAIT ! LE 31 OCTOBRE TU VA KREUVER ! »

En voyant la date citée, elle s’était esclaffée. Cette année, ils mettent le paquet dis donc ! avait-elle pensé en souriant. Ils ont même fait de belles fautes d’orthographe ! Elle avait remis la lettre dans l’enveloppe et l’avait rangée plus tard dans un tiroir. Plus tard dans la soirée, elle avait décidé de narguer ses amis avec un tweet : « Mersi pour la lettre les ami(e)s ! Tellement hâte de voir ce que vous me préparez pour Halloween ! ;) ;) ». Le tweet avait reçu un grand nombre de likes et de réponses de la part de ses fans, qui bien sûr était au courant de ce curieux rituel dans l’entourage de la star. Mais aucun de ses amis habitués à fomenter contre elle n’avait répondu. Elle avait donc décidé de jouer elle aussi le jeu de l’ignorance en n’évoquant plus la lettre.

En août, un autre courrier avait été déposé dans sa loge pendant le tournage d’un nouveau film. En voyant l’enveloppe carminée, son visage couvert de faux sang s’était fendu d’un sourire carnassier. La lettre était aussi charmante que la première.

« TU TE CROI LA PLUS INTELIGENTE AVEC TON TWEET A LA CON ? TU RIRA MOIN EN OCTOBRE »

Elle avait rangé l’enveloppe avec l’autre et ne l’avait évoquée nulle part ni à personne.

En septembre, elle s’était sentie toute excitée en trouvant une nouvelle enveloppe sur son oreiller, chez elle. Ses amis avaient déjà organisé de vaines tentatives chez elle, sa meilleure amie avait un double de ses clefs et ne refusait jamais de prêter main forte pour essayer d’effrayer la douce Lucile. Cette fois, le contenu l’avait interpellée.

« JE T’AIME TOUJOUR. JE VAIS TE FAIRE SOUFRIR »

Depuis le début d’année, elle s’était énormément rapprochée de Tom Hulfo, un acteur particulièrement sexy et inaccessible. Inaccessible pour les autres en tout cas ! Elle savait ledit Tom être un grand fan de la saga Harry Potter et du personnage Severus Rogue. Aussi elle s’était interrogée sur un éventuel message caché dans ces lettres : était-ce une manigance sanglante pour lui faire une déclaration ? Perdue dans ses pensées, elle avait serré l’enveloppe contre son cœur, impatiente de découvrir le dénouement.

Le mois d’octobre était enfin arrivé ! Lucile avait espéré une dernière lettre, mais n’avait rien reçu, elle s’était donc résignée à attendre impatiemment que le mois touche à sa fin.

Enfin le grand soir était là ! Elle quitta sciemment le plateau d’enregistrement en dernière, passa prendre quelques bouteilles de champagne chez un sommelier de renom et elle prit le chemin de la villa qu’elle avait réservée pour l’actuel tournage.

En longeant l’allée qui menait à son logement, la jeune femme remarqua quelques plaques d’immatriculation familières, faisant monter l’excitation en elle : la soirée allait être mortelle ! Les grilles du portail s’ouvrirent à son approche, dévoilant un jardin magnifique et une demeure plongée dans l’obscurité.

Lucile gara sa voiture et vérifia rapidement son maquillage dans le rétroviseur avant de rejoindre l’entrée dont elle remarqua tout de suite la porte entrouverte. Son cœur battait dans sa poitrine, animé par l’excitation. Elle poussa la porte d’une main. Le détecteur de mouvements ne se déclencha pas, elle fit donc quelques pas dans l'obscurité pour atteindre l’interrupteur et l’actionner. Au lieu d’une éblouissante lumière inondant toute la pièce, seul un spot s’alluma, laissant l’immense appartement baigner dans une semi-pénombre. Mais la lumière était suffisante pour que Lucile puisse être témoin de l’horreur dans laquelle étaient plongés les lieux : du sang absolument partout. Sur les murs, les tapis, le canapé et même le plafond. L’excitation retomba quelque peu : sa caution pour la location de la villa allait en prendre un coup, sans parler du temps pour nettoyer tout ça !

Bonne joueuse, elle s’avança néanmoins avec le sourire, curieuse d’en voir plus. Elle découvrit un (magnifique) corps décapité couché sur le canapé, des corps torturés entassés dans les escaliers, condamnant ainsi l’accès. Elle s’approcha finalement de la cuisine et y découvrit une femme allongée, couverte de plaies, un couteau planté dans le dos. Elle était impressionnée par le réalisme de tous ces cadavres et maquillage, pourtant elle était habituée à en voir sur les plateaux. La curiosité la piqua et elle se pencha sur le corps de la femme à ses pieds ; elle toucha son mollet, il était mou et tiède. Elle aventura un doigt dans l’une des plaies et sentit un semblant de chair poisseux. Intriguée, elle porta le doigt à sa bouche, s’attendant au sale goût chimique du faux sang. Une saveur métallique surprit son palais. Pff ! Je ne laisserai pas avoir si facilement ! songea-t-elle avec espièglerie en s’avançant davantage pour retourner le corps et découvrir le visage du mannequin. Son cœur fit un bond quand elle reconnut les vrais traits de sa meilleure amie. Défigurés. Adélaïde ? Alors que l’excitation laissait place à une angoisse froide, Lucile sentit une présence dans son dos. Un frisson la parcourut. Terrifiée, elle fut incapable de se retourner. Elle ne parvint même pas à se débattre lorsqu’elle sentit une piqûre dans son cou. Elle perdit connaissance en ayant les yeux braqués sur ceux de sa défunte amie.

Péniblement, Lucile reprit ses esprits pour se découvrir attachée sur une chaise, la tête penchée en arrière. La nuque endolorie, elle s’efforça de se redresser pour faire face à son agresseur, mais avec l’appréhension également de découvrir l’origine de la sensation poisseuse sur ses genoux. Les deux visions la terrifièrent : sur ces genoux reposait la tête du beau Tom, dont le corps gisait sur le canapé à sa gauche. Quant à l’homme face à elle, elle ne le connaissait que trop bien, même si elle s’était évertuée à l’oublié : son ex-fiancé, Gabriel. Elle avala sa salive avec difficulté. Ils s’étaient rencontrés à leurs 17 ans. Fou amoureu, Gabriel avait sacrifié son temps et son argent pour sa dulcinée, lui payant ses cours d’art dramatique et lui faisant la réplique de ses premiers petits rôles. Lorsqu’enfin Lucile avait réussi à se démarquer et qu’elle fut prise pour un rôle principal d’un gros film, elle le quitta. Lasse de ses regards quémandeurs et soucieuse d’apparaître aux côtés d’un vulgaire serveur de fast food.

« Bonsoir Lulu. Tu te souviens de moi ? » demanda-t-il d’une voix suave.

A le considérer, Lucile regretta presque de l’avoir quitté, il n’avait plus de problèmes de peau, sa posture était droite et sa carrure n’avait rien à envier à celle de Tom. Elle acquiesça, ce qui fit sourire Gabriel. Lucile ne put s’empêcher de remarquer ses dents droites et blanches, mais le regard qu’il porta alors sur elle lui rappela aussi pourquoi elle l’avait quitté. Il y avait dans les yeux de cet homme une lueur malsaine, manifestation physique de l’obsession dérangeante qu’il avait développée pour elle.

« Alors ? Tu penses quoi de ma mise en scène ? J’ai gagné, hein ? J’ai réussi à te faire peur ? »

Lucile était terrorisée, dévastée par la mort de tous ses amis. La gorge nouée, elle ne parvint pas à émettre le moindre son.

« RÉPONDS ! » lui ordonna-t-il, la démence animant ses traits.

« Oui, Gabriel ! Oui ! » lâcha-t-elle.

Un sourire lubrique se dessina sur les lèvres de son bourreau.

« Je t’ai beaucoup aimée dans Larmes sanglantes… » déclara-t-il avec une voix où perçait l’excitation.

Se remémorant le film, Lucile fut saisie d’horreur pure : il avait promis de la faire souffrir, elle n’avait aucun doute sur le fait qu’il allait tenir sa promesse.

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