On s’était donné rendez-vous devant le bar à bières musicales de Muriel. J’étais en retard, lui non. Il me reconnait à ma tignasse brune, je le complimente sur sa tenue et Muriel nous installe autours de ce même bidon rouillé que j’avais occupé avec Loïc.

Loïc et moi, nous sommes restés six mois ensemble. Il avait dû déménager à l’autre bout du pays, car il a eu une opportunité professionnelle qu’il ne pouvait refuser. Et je ne pouvais pas quitter ma vie ici comme ça. Et je ne le voulais pas. Une relation longue distance ne nous convenait pas, donc même si l’on s’aimait, du moins comme on peut s’aimer au bout de quelques mois d’une relation très intense, nous avons tous les deux décidé que c’était pour le mieux. Je suis donc de retour ici, à la même place qu’il avait occupée, en face d’Arthur, un jeune physicien brillant.

Dans une nouvelle relation, l’autre est toujours très lumineux au début. Il s’agit ensuite de savoir discerner s’il n’est qu’un feu de paille ou le soleil, une fois que nos yeux se sont habitués à la clarté. Avec le recul, Loïc n’avait jamais vraiment été très lumineux. Il était plus une clarté nocturne : rassurante, douce et agréable, mais qui ne reste qu’un temps. Une comète.

Ma comète.

Je sirote une Indé Pale Ale, mais dans mon esprit il n’y a plus de musique. Il n’y a qu’Arthur qui m’explique le mouvement des planètes, ce qu’est le nuage d’Oort, et tout un tas de choses dont je ne saisis pas forcément le sens. La musique de ses paroles m’enivre. Aimer Loïc m’a changé. Je suis désormais atone et pourtant je n’ai jamais autant écouté.