Jeudi 5 décembre 2013

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Je crois que j'ai jamais eu autant envie de me couper qu'aujourd'hui. Je pense que c'est dû au fait que j'ai parlé à Valentin en sortant du lycée. Il y avait Lucas, Lise, et l'autre Valentin, ils gonflaient une capote. Ca m'a fait incroyablement plaisir de rigoler avec lui, pendant au moins dix minutes ou un quart d'heure. Et je m'en voulais d'être moi, atrocement... Comme d'habitude, je regrettais. Regrettais de pas avoir été à la hauteur de son amour, de pas avoir eu le privilège de le connaître mieux. Regrettais qu'il ne m'aime pas comme il le fait dans mon monde utopique. Si Marine ne m'avait pas dessiné un papillon sur l'avant bras, je crois que je l'aurais déjà scarifié jusqu'à le déchiqueter. Je lui en ai dessiné un aussi. Le principe est que si l'on s'automutile alors que le papillon n'est pas parti naturellement, on le tue. J'ai dû lui donner le nom d'une personne en qui j'ai confiance et qui connaît mes problèmes, alors je l'ai appelé Marine, parce que je sais qu'elle me laissera jamais tomber. Ce soir j'ai compris mon problème réel. Je faisais des recherches sur l'automutilation, parce que j'étais complètement OBSEDEE par ça, et je suis finalement tombéesur une page définissant le "trouble de la personnalité borderline". Il se trouve que j'ai jamais lu quelque chose qui me définissait aussi bien : sentiments chroniques de vide, difficultés à gérer la colère, difficultés à analyser les sentiments, tendances à valoriser puis dévaloriser les autres, instabilité des relations, actes d'automutilations, pensées suicidaires, personnalité difficile à définir... J'ai donc de réels problèmes psychologiques. Ca fait vraiment bizarre d'avoir découvert pourquoi je me sens aussi différente depuis si longtemps. J'ai rien de plus à raconter. Si, Marine m'a permis de me tapper un fou-rire aujourd'hui, pour aucune raison. Ca faisait au moins deux ans que ça n'était pas arrivé. J'ai presque eu l'impression de revivre. Tu peux pas savoir à quel point ça soulage de te savoir comprise pour la première fois. Rien qu'avec un regard, on peut transmettre tant de choses ! Là, on s'est transmis la joie. J'espère qu'un jour, dans dix ans peut-être, j'irai mieux. Vraiment mieux, sans avoir besoin de m'automutiler je veux dire. Je saurai qui je suis, j'aurai confiance en moi, j'aimerais enfin ma vie, je m'amuserai, j'aurai un métier qui me plaira, des amis avec qui rigoler et sur qui compter, une famille pour m'aider, un homme qui me connaîtra et m'aimera quand même, et surtout j'espère que jamais plus je n'aurai à cacher mes émotions, mes sentiments, ou simplement mes ressentis. Surtout ça. Faire croire que tu dis tout à la personne qui a confiance en toi alors qu'elle ne sait rien de ce que tu vis réellement tous les jours... Si je me livrais sur ma vie à d'autres que Marine, et un peu Lucas, eh bien je ne serais pas en train d'écrire dans ce journal. En tous cas, je voudrais juste, plus tard, en tant que femme, être forte, responsable, belle, intéressante, et gentille. Etre heureuse, finalement, et tout simplement. Aimer ma vie. Parce qu'aujourd'hui, chaque goutte de sang contenue dans mes veines vit sous la menace d'une incision cutanée. Good night, je vais au dodo. Peace.

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