Devant l’église.

— Ce serait plus pratique si vous me laissiez entrer, non ?

Monsieur Montbleu attendait toujours devant la porte, de l’autre côté, les quatre villageois et la pizza ne savaient quoi faire. Devaient-ils prendre le risque d’ouvrir cette porte ?

— Qu’est-ce qu’ont fait ? murmura le vampire.

— Je ne sais pas, demande-lui s’il a des armes sur lui, répondit le loup-garou avec le même volume sonore.

— Vous avez des armes ?

— Non, pourquoi aurais-je une arme ?

Armaneüs regardait ses camarades, et reprit ses messes basses.

— Il n’a pas d’armes !

— On sait, on l’entend aussi ! répondit Frank, un morceau de croûte aux fromages en bouche.

— Demande-lui si c’est Anubis qui l’envoie, cette histoire d’eaux éternelles, c’est exactement le genre d’Anubis ! Hemotip n’arrêtait pas de dérouler et ré-enrouler les bandages de ses doigts.

— C’est Anubis qui vous envoie ?

— Anu… Qui ? Non, non, c’est mon fils Lucas, ses jeux-vidéos lui manque. Je peux entrer s’il vous plaît ?

L’homme reconstitué, avait ouvert de grand yeux et une grande bouche, laissant tomber une partie de sa nourriture.

— Des jeux de vies et os ! Ils sont de mèche avec la doctoresse qui m’a fait… la doctoresse Marie Chellie.

— OHHH, firent les trois autres.

Maurice Montbleu, entendait plusieurs voix murmurer à l’intérieur de l’édifice. Après avoir regardé ses lacets, son poignet sans montre, se dire que ce serait chouette une montre. Il s’était retourné pour examiner le village vu de l’église, il avait remarqué deux femmes (les premiers habitants qu’il ait vus à l’extérieur depuis son arrivé). Donc, deux femmes qui se déplaçaient vers son domicile.

Puis des voix provenant de l’intérieur :

— On va vous ouvrir ! dit l’une d’elle.

— On vous prévient, on sait se défendre et en plus on a une pizza ! rétorqua une autre.

— Et du vin aussi ! enchéri une voix caverneuse.

— Mais arrêtez, on n’est pas en train de l’inviter à manger ! reprit la première.

— Oui c’est vrai ça, il y a pas de pizza ! corrigea la voix numéro deux.

— Seulement du vin !

— Mais non !

— Non ? D’accord, pas de vin non plus !

Maurice ne comprenait pas tout à fait pourquoi on lui parlait de pizza et de vin à huit heure du matin, mais il était tellement heureux de savoir qu’on allait lui ouvrir la porte qu’il ne voulait pas risquer de retarder l’ouverture en posant une question sur ce sujet.

— C’est très aimable à vous.

La porte s’était entrouverte et monsieur Montbleu était passé à l’intérieur. Il y avait dans l’église un grand homme fin au teint pâle, un dentier dansait la gigue entre ses mâchoires. Un autre, plus petit, la coiffure en pétard et les joues poilues, Maurice avait l’impression de l’avoir déjà vu et en effet, puisque c’était la personne remarquée par la fenêtre en arrivant. Un individu couvert de bandages de la tête aux pieds, le pauvre homme avait dû être la victime d’un terrible accident, et enfin, un grand type aux larges épaules tentait de cacher une pizza et un tonneau de vin dans son dos.

L’homme blafard dit alors :

— En quoi pouvons-nous vous aidez, monsieur… ?

— Montbleu, Maurice Montbleu. Eh bien, c’est à propos de la connexion internet.

— Ah, la connexion internet, Les quatre villageois acquiescèrent de la tête bien qu’ils n’aient aucune idée de ce qu’était une connexion, ni même internet.

— Oui c’est pour les jeux vidéo de mon fils et …

— Oui oui oui… les jeux vidéo…

Toutes les têtes allaient d’avant en arrière, les regards remplient d’interrogations imploraient à ce monsieur des explications sur tout ce qu’il avait dit depuis son entrée dans le bâtiment. Sauf son nom et prénom, cela avait été compris du premier coup.

Monsieur Montbleu compris qu’il devait agir et dit :

— Attendez, je vais tout vous expliquer.

L’homme à la grande carrure, Frank pour les intimes, avait sorti sur ces mots son plus beau sourire, s’écartant pour laisser à monsieur Montbleu le chemin libre vers la pizza et le tonneau.