2.

3 minutes de lecture

Ce lundi matin avait été marqué par deux évènements pour Christina. Premièrement, elle avait vu le mortel se diriger en sifflant vers l’église, où l’équipe de garde s’était réunie. Elle redoutait le pire. Dans le passé, lors des différentes traques aux monstres, ça commençait toujours de la même façon, une visite à l’église. S’en suivait, la coupe de bois pour le bûcher, l’affûtage d’objets contondants, le regroupement de tous les sadiques désireux de voir brûler une personne encore vivante et de plus, ce personnage en question, ne leur avait rien fait.

Elle se souvenait avec peine de l’histoire de la veuve Mc Donogon, la vieille aux chats comme on l’appelait dans sa Belgique du XIX (1837 pour être exact). La pauvre femme n’était pas une sorcière, mais comme elle avait plus de trois chats et un très joli potager, pour le voisinage, il n’y avait pas tableau (la photographie fut créée deux ans plus tard) et paf, tout le monde sur la place avec des belles bûches. Un feu de joie, peut-être, mais pas pour Mc Donogon.

Deuxièmement, peu de temps après le passage du mortel, elle avait reçu la visite de Maggie. Rien d’extraordinaire jusqu’à présent, car la femme d’Albert venait la voir tous les matins pour la saluer et repartir chez elle avec un panier rempli de croissants signés « Tatie Christi ». Il faut aussi savoir que la sorcière du village était plus connue pour sa cuisine de haute qualité que pour ses pouvoirs de grande calamité. Reprenons, la louve-garou était sur le point, sans même s’en rendre compte, de bouleverser l’existence de son amie.

Maggie était toute excitée, presque autant que les nuits de pleine lune, elle prit tatie par les mains et dit :

— J’ai une idée fabuleuse.

— Tu as trouvé comment faire partir ces gens ?

— Les faire partir ? Bien sûr que non.

— Alors c’est quoi ton idée ? demanda Christina curieuse.

— Toi et moi, on va se présenter à la dame.

— Et on va la menacer !

— Pourquoi et comment veux-tu qu’on la menace ? Non, on prend le panier de croissants et on va leur donner.

— Bonne idée, attends je vais les empoisonner.

— Mais pas du tout, un cadeau de bienvenue que ça s’appelle, enfin je crois.

Tatie Christina regardait son amie faire les cent pas entre la fenêtre et elle. Elle était choquée, et en même temps terrifiée, pourquoi devait-elle se rendre là-bas, dans cette maison. Elle n’y avait jamais mis les pieds à l’époque où un mage y vivait, et le fait que des mortels y soient installés, ne lui donnait pas plus envie de visiter les lieux.

— Sans moi Maggie !

— Mais aller vient avec moi, je n’ai pas envie d’y aller seule.

— Et moi je n’ai pas envie d’y aller tout court !

— Pourquoi ? Ils ne t’ont rien fait après tout.

— Turlututu, je dirais plutôt qu’ils ne m’ont « encore » rien fait, et c’est très bien comme ça, répondit la sorcière.

— Tu sais que plus personne ne dit « turlututu chapeaux pointus » !

— Eh bien moi je le dis encore, et je n’aime pas les chapeaux, alors surveille ton langage chez moi ! Les chapeaux, c’est pour les mages, non mais franchement.

— Bien, bien, dans ce cas j’irais seule, ça te dérange pas si je prends les croissants quand même ?

— Tu es sûr que tu ne veux pas que je les empoisonne avant ?

— Pas la peine mais merci de proposer.

Sur ces mots Maggie avait pris le panier et s’en était allée, bien décidée à se rendre chez les mortels.

Christina avait jeté un œil (au figuré) par la fenêtre et après dix secondes sortit à son tour.

— Attends-moi Maggie !

Annotations

Vous aimez lire Benjamin-Arthur-Silver ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0