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Pendant ce temps, à Lille.

Maurice Montbleu était sur le point d’annoncer une grande nouvelle à sa femme, Mathilde.

Aujourd’hui, mardi matin donc, son patron l’avait convoqué dans son bureau. Maurice se doutait de la raison de ce rendez-vous, il allait être promu. Enfin, après plus de dix années à travailler sans relâche, ses efforts allaient porter leurs fruits.

Il faut dire que Maurice est le genre d’homme gentil… trop gentil… extrêmement arrangeant, doté d’un sens du sacrifice hors norme. Prenons quelques exemples, tous les ans, pendant la période des fêtes, il remplaçait sans se plaindre ses collègues, que ce soit pour Noël ou Nouvel An. Il ne prenait pas ses vacances pendant la saison, pour que la société ne subisse pas les conséquences d’un manque de personnel. Il avait même refusé d’être payé pour ses heures supplémentaires, bien que son patron ne lui ait jamais proposé.

Il faut aussi préciser que ce brave homme, avait d’autres qualités, il était un bon mari et bon père. Mathilde n’avait jamais manqué de rien en seize ans de mariage, elle était heureuse et épanouie bien que très souvent seule, elle ne pouvait en blâmer son bien aimé. Sandy, fille ainée de la famille et Lucas le cadet étaient deux enfants modèles, studieux, créatifs, obéissants… Si on donnait des médailles pour des familles parfaites, les Montbleu gagneraient l’or sans problème, mais ils ne l’accepteraient pas, prétextant que d’autres mériteraient surement plus cet honneur que leur modeste maisonnée.

Maurice était rentré chez lui ce mardi un peu avant midi. Sa femme, surprise lui dit :

— Oh, mais que fais-tu ici si tôt ?

— Monsieur Duboil m’a convoqué ce matin, il avait une nouvelle importante pour moi.

— Oh c’est vrai, il t’a enfin donné cette promotion ! dit-elle toute excitée, comme si on offrait une moquette entière à une seule puce.

— Pas tout à fait, il a donné mon poste au petit ami de sa fille.

— De QUOI ? dit-elle toute ébahie, comme si on reprenait cette belle moquette pour la donner à une autre puce, moins méritante.

— Mais c’est très bien, c’est un jeune garçon charmant. Il ne trouve pas de travail, surement à cause de ses piercings, trente-deux rien que dans le visage et du fait qu’il sent la vodka à dix heure du matin. Donc c’était une chance pour lui.

— Et nous on fait quoi maintenant ?

— Je vais aller acheter un journal et regarder les offres d’emploi, ça va être drôle.

Mathilde regardait Maurice partir en sifflant, puis son regard se posa tout autour d’elle, elle souffla, elle ne comprenait pas d’où lui venait cette envie d’une nouvelle moquette.

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