5.

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Armaneüs, dans l’église reprit peu à peu conscience, il se rappelait d’avoir été « agressé », mot qu’il n’avait jamais entendu de sa longue vie. Le pire dans cette histoire, c’est que, avec le coup reçu derrière le crâne, et le cerveau dans de la compote de pommes, Armaneüs avait la certitude qu’il était lui-même son propre agresseur. Retrouvait-il ses instincts de prédateur liés à sa race vampirique ?

En temps normal, il aurait été s’allonger sur le canapé du mage du village pour que ce dernier lui apprenne comment canaliser ses ardeurs, mais ce dernier avait foutu le camp six jours plus tôt, à dire que personne n’était sorti du village en cent-sept ans, la fuite du mage avait vraiment un mauvais « timing » autre mot n’ayant jamais été entendu par le vieux vampire.

Il ne lui restait qu’une solution, une personne pourrait le remettre sur le droit chemin, ou alors, connaissant l’énergumène, le pousser à plus de violence. Il n’avait aucune envie de la voir, mais son seul espoir était de demander l’aide de tatie Christina, la sorcière mal-aimée.

Il prit les plus grands soins de défroisser et de dépoussiérer sa cape avant de sortir, puis il avait pris le chemin vers la maison de tatie.

Il avait toqué.

Ça faisait « ding dong », c’était étrange ce bruit de porte en bois. Mais bon, c’est une maison de sorcière, on ne devait pas s’étonner de quelque excentricité.

— Ce n’est pas bientôt fini cette popularité, tout le monde a décidé de venir m’enquiquiner ce soir ma parole ! la voix de la sorcière s’entendait parfaitement de dehors.

La porte s’ouvrit toute seule.

— Je suis dans le salon et essuyez-vous les pieds sur le torchon sinon vous aurez le mien imprimé sur les fesses, reprit la même voix.

— Désolé de venir si tard tatie, c’est moi monsieur le maire, j’ai un problème d’auto-agression vous comprenez et j’ai peur de m’en prendre de nouveau à moi-même.

Le vampire parlait en avançant dans le couloir qui menait au salon, il n’avait pas encore conscience que tatie Christina était en compagnie du mage clairvoyant. Puis le vampire avait passé la porte de la pièce de détente, et pris conscience de ce qu’il ignorait au début de ce paragraphe.

— Oh Thomas, vous ici, vous tombez bien. C’est bon tatie, je n’ai plus besoin de vous, dit le maire.

— Ça fait plaisir à entendre !

Le vampire était devenu encore plus pâle que d’habitude, chose étonnante, proche du transparent. Il venait de se rendre compte qu’il avait parlé de la sorte à la sorcière.

— Excusez-moi… je ne voulais pas…. Ne me faites pas de mal… ne me transformez pas en quelque chose de pas naturel.

— Pourquoi ferai-je cela, je vous l’ai dit, je suis contente de ne pas avoir à vous aider, répondit tatie.

Le vampire se sentait soulagé, et par la même occasion, l’image d’égoïste de la sorcière pris de l’ampleur.

Thomas s’était levé pour serrer la main de son vieil ami suceur d’orange et dit :

— Vous parliez d’auto-agression, monsieur le maire.

— Oui en effet je me suis attaqué à mon insu, je ne sais pas ce qu’il m’a pris.

— Laissez-moi voir cela.

Le mage capta le regard du vampire et visionna la mémoire cachée, les fichiers temporaires, les cookies, les … heu… non rien de tout ça en fait, seulement les souvenirs de la soirée.

— J’ai une bonne nouvelle pour vous, vous ne vous êtes pas auto-attaqué, par contre Georgerus oui.

— Mon frère s’est auto-agressé ? Le pauvre.

— Non je voulais dire que c’est votre frère et non vous qui vous a attaqué.

La sorcière, silencieuse, se demandait quand ces deux zinzins allaient partir de chez elle. Et puis d’ailleurs, pourquoi ils faisaient leurs trucs thérapeutiques dans son salon ? Elle allait prendre la parole quand tout à coup… elle s’était rendu compte… qu’elle ne voulait pas avoir d’interactions avec eux. Donc elle était restée silencieuse.

— Pourquoi m’avoir attaqué, je ne comprends pas ! Je vais avoir une discussion avec lui de ce pas, dit le vampire avec humeur.

— Faudra attendre qu’il revienne de l’arène, répondit tatie en se resservant un verre de whisky.

— L’arène ? Quelle arène ? Pourquoi mon frère est dans une arène ? Vous n’auriez pas un jus d’orange ?

— Alors dans l’ordre. L’arène que Thomas a vue en vision. On ne sait pas ce qu’il va y faire, tout ce qu’on sait, c’est qu’il y est parti avec les Montbleu. Non, pas de jus d’orange, mais je dois avoir un fond de sauce tomate.

— Il est à température ambiante ? QUOI ? Mon frère, les Montbleu, une arène… Georgerus va vendre les mortels comme gladiateur ! C’est une pratique courante là d’où nous venons (Rome 61 av J.C), quand quelqu’un nous dérange, on le vend à l’arène pour le voir disparaître dans un combat sanglant … du sang, du …

— On se calme toute suite sinon je vous fourre le pantalon de gousse d’ail, rétorqua la sorcière, je vais sortir les écharpes c’est plus prudent.

Le mage suivait la conversation et sa vision prenait de plus en plus sens, il avait pris le bras de tatie qui passait à côté de lui, cette dernière lui lança un regard meurtrier, il avait donc lâché le bras aussitôt, puis dit, avec assurance, enfin presque.

— Nous devons sauver les Montbleu !

— Il manquait plus que ça, dit la sorcière qui avait eu la même idée quelques instants plus tôt.

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