MONOLOGUE N°6

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Hé toi, tu te souviens de quand t'écrasais les autres pour te sentir moins au ras du sol, mon visage écrasé par tes baskets Addidas contre le goudron brûlant des autoroutes interdites de la vie ? Traîné sur des kilomètres et des kilomètres, écorché, déchiré, c'était trop, trop violent et trop jeune, mon esprit n'a pas supporté. Devenu l'ombre de la silhouette d'un Homme, à ne plus savoir pleurer que des larmes de sang, t'inquiète pas moi je me souviens de chaque acte, de chaque réplique aussi cinglante qu'un claquement de ceinture, chaque seconde de tortures mentales et physiques. Cette douleur lancinante ne cessera-t-elle donc jamais, comme un mauvais film qui se répète à l'infini sans aucune pause pour me laisser respirer, je m'asphyxie dans mes propres souvenirs et les cauchemars qui me réveillent la nuit tels des chocs électriques me traversant brutalement, sans anesthésie. Je brûle vif, et ça fait tellement mal ! Tu pensais peut-être sauver ton âme en tuant la mienne, au final tu m'as bien détruit mais je doute que ça t'aie aidé, en fait ça ne m'étonnerait pas que tu aies fini par ramper six pieds sous terre, toi aussi. Et ne compte pas sur moi pour te tendre la main, sauf si c'est pour me servir de l'autre pour te coller mon poing là où tu sais, pardon pour les âmes sensibles mais tes coups bas dans mes parties c'était plus dur que toute la merde que tu as pu me dire. Et regarde ce que tu as fait de moi, des chaînes trempées dans de l'acide qui rongent tous les jours ma chair. Quand la haine se déchaîne et que tout s'effondre, il n'y a plus que la folie ou la mort, j'ai plongé dans les deux, à peine 10 ans et déjà suicidaire, je me demande encore maintenant comment je fais pour rester en vie. Faut croire que la mort me fuit, même quand agonisant dans mon lit je prie pour qu'un dieu m'accorde l'euthanasie. Et je ne souhaite même pas la tienne, parce qu'au fond pour en arriver là tu devais être un gosse à problèmes, j'espère même pas que tu aies compris que c'est pas en reproduisant la violence qu'on l'abolit. Hanté jusqu'à la moelle, mon squelette mental détruit, c'est sur le modèle de monstres que je me suis construit. On dirait pas comme ça, y'en a même qui me pensent Bisounours, oui mais il y a des limites quand même et tu les as largement dépassées, tes bisous et tes nounours tu sais où tu peux te les coller. Le pire c'est que tu n'agissais jamais seul, toujours au moins quatre ou cinq contre un seul gosse, quel courage, j'en tremble encore et si seulement les adultes ne s'en étaient pas mêlés, pas comme ça, je m'arrête là car j'ai même plus les mots pour décrire mon combat...

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