Chapitre 29 : La sphère

14 minutes de lecture

Le spectre de la femme s’est évanoui. Matthew ne distingue plus sa présence. Il est seul, seul avec cette sphère entre les mains. D’ailleurs, quelle sensation étrange. Elle ne pèse rien, aussi légère que l’air. Sa texture ne lui évoque aucune matière. Il la tourne et la retourne devant ses yeux. Ce n’est ni organique, ni métallique. Peut-être un cristal ? Une perle polie ? Une sorte de minéral inconnu ? Quelle étonnante douceur au toucher. Quel genre de phénomène physico-chimique pourrait avoir taillé une œuvre pareille ? L’homme guette les aspérités de sa surface, pas la moindre irrégularité. C’est un globe parfait, aucune faille ni éraflure. Sa blancheur renvoie toute la lumière de la salle. Un degré de clarté qui rivalise avec la neige la plus pure. Est-elle réelle ? Va-t-elle s’évanouir comme une hallucination ? Matthew soupçonne un jeu de ses sens défaillants. Il chavire lentement vers la folie, et ce dernier tour achève de le faire sombrer.

Les évènements se mélangent en lui. Où se cache la vérité derrière toutes ses visions ? La sphère les aurait-elle provoquées ? Comment ? Il dort peut-être encore. Il va se réveiller d’un instant à l’autre. Une minute s’écoule, puis deux. Il est toujours assis dans la soute. C’est bien le monde, le vrai. La sphère ne s’est pas évaporée. Alors, elle existe. Il ne l’invente pas. Qu’est-ce que c’est ? D’où vient-elle ? Comment a-t-elle pu entrer dans le vaisseau ? Lorsqu’il s’approche, son opacité apparente s’estompe. Sa surface se transforme en une sorte de couche translucide. A l’intérieur s’agite une masse brumeuse floue. Un être vivant ? Est-ce un megien ? Une espèce qu’il n’a pas encore répertoriée ? Matthew sursaute.

Si tel est le cas, la tenir à main nue enfreint toutes les règles de sécurité. L’explorateur de la Fédération récupère ses esprits. Il pose l’objet à terre et se relève.

« Litz ! Répond maintenant !

-Affirmatif Matthew, que puis-je pour toi ?

-Par tous les astres, où étais-tu passée ? Je t’ai demandée tout à l’heure, tu ne m’as pas répondu.

-Erreur. Il semble que ma mémoire ait été corrompue.

-Quoi ? Comment ça corrompue ?

-Je ne parviens pas à accéder à ma mémoire de ces huit dernières minutes et vingt-et-une secondes. Mes fonctions d’enregistrement se sont arrêtées momentanément.

-Comment est-ce possible ? Tu es un système permanent. Tu ne peux pas tomber en panne.

-Affirmatif. J’effectue un diagnostic…. Impossible d’identifier la source. Il ne s’agit pas d’une erreur interne. Tous les sous-programmes fonctionnent normalement.

-Enfin voyons Litz, ce genre d’anomalie ne peut pas se produire. Tu ne vas quand même pas me dire que c’est arrivé par magie. C'est cette chose peut-être... »

Matthew regarde la sphère, sagement immobile sur le métal. Ses yeux n’osent plus s’en séparer, de peur à nouveau que l’illusion s’efface.

«-Qu’appelles-tu "chose" ?

-Il vient de m’arriver… hum… Je ne sais pas comment te le décrire. Un objet inconnu a pénétré le module. Je l’ai juste là. Un artefact sphérique. Est-ce que tu le vois sur les caméras ? Juste à côté de moi.

-Affirmatif.»

Tant mieux ! Si elle le voit, c'est que je ne suis pas encore cinglé, se rassure l'homme.

«-Il est peut-être la cause de tout ce qui s’est produit. Il peut briller très fort, je viens de le voir. Enfin, je crois…

-Impossible, la structure du vaisseau est hermétiquement fermée. Toute brèche aurait entraîné des défaillances dans l’atmosphère de l’habitacle. Défaillances qui auraient été détectées immédiatement. Rien de l’extérieur n’a pu entrer.

-Je le sais bien, mais là je ne sais pas trop ce que je peux proposer de logique … Je ne sais pas ce qu’est cette sphère. Je ne crois pas qu’elle fasse partie de la cargaison. Alors d’où est-ce qu’elle peut venir ? »

Matthew marque une pause, désolé de s’avouer vaincu après son expérience surnaturelle.

«-Ton rythme cardiaque est rapide, tu sembles angoissé. Tout va bien, interroge Litz? »

Matthew pèse ses mots. Devrait-il tout raconter à l’ordinateur ? Litz manquera d’imagination. Une fois de plus, elle lui dira que rien n’est arrangé dans son esprit. Elle respecte de nouveau ses responsabilités, elle le croit peut-être guéri. Parler de sa transe, du monde déformé et de cette femme étrange pourrait la convaincre de revenir sur sa décision, ou pire aggraver le cas de l’explorateur. Mieux vaut se cantonner au présent et aux faits. Cette sphère existe, Litz ne pourra pas débattre du contraire. Matthew se concentre sur ce qu’il sait faire de mieux : procéder scientifiquement. Il prend de grandes inspirations afin de ralentir son poult, et pense avec méthode.

«-Tout va bien Litz, mais on ne sait rien sur cette sphère. Je veux m’assurer qu’elle n’est pas dangereuse, et déterminer son origine. Je vais l’analyser en labo, la sécurité avant tout.

-Affirmatif Matthew.

-Consulte ta mémoire et liste tous les objets du vaisseau et de la cargaison qui ont la forme d’une sphère blanche d’en moyenne quinze centimètres de diamètre. Peut-être que l’un d’eux m’a échappé. Tu t’en rappelleras mieux que moi. »

L’homme s’empresse de démarrer les équipements de l’espace laboratoire, d’enfiler blouse et gants. A son retour dans la soute, la sphère l’attend toujours à sa position. Il la saisit et l’emporte dans une coupelle. Sur la paillasse, il la place sous hotte dans une cuve d’isolement.

« Bien, débutons avec le registre. Qu’as-tu trouvé ? »

Litz indique sur les écrans une liste de vingt-sept codes avec des photos d’identification.

« -Voici l’ensemble des éléments recensés parmi les outils, pièces et stocks du Darwin, ayant une correspondance de plus que quatre-vingts pourcents avec une sphère blanche de quinze centimètres de diamètre. »

Matthew décortique les fichiers un par un. La plupart décrivent des composants électroniques, des isolants, ou des parties d’ustensiles divers. Bien que l’apparence de certains coïncident, aucun d’entre eux ne reproduit sa texture. De sa vie, l’explorateur n’a jamais rien connu de pareil entre ses doigts. Un matériau à la fois dur, lisse, mais aussi vibrant, comme si une énergie s’en dégageait. Il doute que la technologie ait pu le créer.

« -Je ne crois pas que cela soit l’un de ces objets. Peut-être que cela vient bien de l’extérieur…

-Matthew, il ne peut s’agir que de l’un de ces objets. Veux-tu que j’étende la sélection ?

-Inutile, on va plutôt récolter ce qu’on peut sur l’artefact. Peut-être qu’avec plus de données on pourra y voir plus clair et préciser la recherche.

-Affirmatif. »

Il commence par peser l’objet. Aucun chiffre ne s’affiche une fois la sphère posée sur la balance.

« - Hein ? »

Il répète son geste trois fois. La mesure indique un zéro constant.

« Qu’est-ce que…. Litz, la balance est-elle calibrée ?

-Affirmatif, tu as effectué sa révision il y a trois jours. »

Il échange la sphère avec un bécher. La masse de ce dernier apparaît correctement. Mais dès qu’il la repose sur le plateau, l’appareil ne détecte plus rien. Matthew ne comprend pas. La tolérance de l’instrument descend jusqu’au dixième de microgramme. Il la soulève et estime son poids à la main. Comme il y a quelques minutes, il perçoit à peine sa présence. Plus aérienne que le coton, mais aussi solide qu’une roche. Maintenant qu’il y prête plus attention, cette sensation le décontenance. Elle ne semble pas creuse, mais impossible de déterminer ce qui la constitue. N’est-elle pourvue d’aucune masse ? L’homme en frissonne.

« Bon, on peut en être certain : cette… chose n’est pas à nous.

-Comment le sais-tu ?

-Sa masse est en-dessous du seuil minimal de notre balance de précision. C’est une première !

-C’est une erreur.

-Apparemment non. C’est étrange… comment peut-elle être si peu dense ? Je ne vois pas ce qui peut posséder ces propriétés. »

Matthew relève son diamètre : seize centimètres et trois millimètres environ. Son volume avoisine deux litres. Il l’a observée tout à l’heure dans un état de lévitation. Avec une masse volumique si faible, peut-être flotte-t-elle dans l’air ? Pourquoi ne vole-t-elle plus dans ce cas ? Il tente de l’immerger dans l’eau. A sa grande surprise, l’objet coule à pic. Invraisemblable ! La sphère serait tout de même plus dense que l’eau ? Il y a pire, bien pire encore ! Le volume total n’a pas varié dans la cuve. Le niveau de liquide n’est pas monté d’un millilitre sur les graduations. La science n’explique pas ce à quoi il assiste. Se trompe-t-il quelque part ? Son visage se crispe, à la fois effaré et fasciné. L’orbe défie les lois de la physique. Il vérifie une nouvelle fois qu’il ne navigue pas dans un cauchemar. Non, à regret.

Matthew hésite à prélever un échantillon pour des analyses de composition. Il craint la puissance des hallucinations. Etant donné son effet sur son cerveau, il ignore ce qu’une tentative de dissection entrainera. Peut-être libèrera-t-elle des vapeurs, un gaz, ou bien une poudre toxique. Peut-être a-t-il déjà subi des lésions ? Ces dernières pourraient s’aggraver. L’homme se sent vulnérable. L’étendue de ses pouvoirs demeurant un mystère, mieux vaut ne pas les chercher. Matthew l’expose à la place à plusieurs rayonnements.

Sous infrarouge, la sphère n’émet pas d’énergie thermique. Elle ne conduit pas l’électricité, ni la chaleur. Elle n’absorbe aucune radiation, ne réagit pas aux champs magnétiques. Sa surface est imperméable à tous les gaz testés et les rayons X ne montrent aucune structure minérale connue.

« Par tous les astres… Qu’est-ce que c’est que cette chose ? Elle est inerte, n’a pas de poids, pas de volume, pas de profil énergétique, pas de composés remarquables… »

Désespéré, Matthew ose l’entailler avec un scalpel. La lame s’abîme comme sur de la pierre au bout de quelques essais sans asséner la moindre égratignure.

« Je ne lui ai même pas fait une marque….

-Tu as raison, cet objet ne correspond pas à un profil d’élément stocké à bord.

-Mais qu’est-ce que c’est alors ?

-Je soupçonne un cristal naturel complexe formé d’éléments très légers. Sa description fondamentale complète nécessiterait des outils qui ne sont pas compris dans les ressources de la mission.

-Comment a-t-elle pénétré le vaisseau ? Tu m’as dit que c’était impossible ! Tu n’as détecté aucune brèche ! Elle n’a pas pu entrer avec moi par le sas, je l’aurais vue ! Et puis elle ne peut pas avoir été ramenée lors d’une collecte d’échantillons. Je vide mon sac à chaque fois, je sais ce qu’il y a dedans… Soit elle peut se rendre invisible, soit elle a traversé les murs…

-Ce ne sont pas des explications rationnelles. Tu l’as ramené avec toi par inattention lors d’une excursion. »

Si seulement Litz pouvait comprendre ce qu’il a vécu cette nuit. Ses émotions se succèdent. En premier, la frustration, celle d’un scientifique devant une énigme qui lui refuse toute explication. Il pressent que peu importe les analyses qu’il s’acharnera à accomplir, la sphère ne lui cèdera aucune information utile. La Fédération ne dispose pas de la bonne clé pour l’ouvrir. L’objet contredit tous les théorèmes. Peut-être que la pensée mathématique le limite à cette conclusion. Ensuite vient la peur de l’inexplicable. Elle dévore l’agent dogmatique, si malmené ces derniers temps. Avec les megiens et ce nouveau mystère, comment peut-il subsister un semblant de santé mentale en lui ? Matthew s’étonne de sa ténacité.

S’il ne peut user de la raison, il s’autorise à divaguer. La sphère lui a fait voir toute sorte de scènes. Mais elles n’étaient pas sans cohérence. Il y avait un déroulement, une suite. Et si la femme qui l’a guidé de son lit jusqu’à la soute n’était pas une construction de son inconscient ? Et si rien ne venait de lui ? On l’aurait extirpé de ses rêves pour le conduire à cette sphère. Cela ressemblerait alors à un plan. Il devait la rencontrer, cette nuit et à cet endroit précis. Ridicule, certes ! Délirant, absolument ! Mais au fond, tout ce qu’il a découvert sur cette planète lui a prouvé qu’il lui fallait embrasser l’incroyable. Les visions n’auraient été qu’une diversion. Cet orbe serait bien vivant. Une matière douée d’intelligence, peut-être d’une forme de conscience. Il aurait essayé de le contacter une première fois lorsqu’il orbitait autours de Meg 15, et aurait récidivé. Ses propriétés interfèreraient avec le cerveau humain à un degré qui lui échapperait encore. Il plierait la mécanique universelle. Et maintenant ? Est-ce qu’il attendrait quelque chose ? Chercherait-il quelque chose ? Aurait-il connaissance que Matthew l’étudie ? L’étudierait-il aussi ? Serait-ce là son but ?

Ses tripes se nouent. Il doit remettre les pieds sur terre, et vite. Vivante ou pas, des organismes megiens résident peut-être à sa surface. Il serait en train de contaminer le laboratoire par inadvertance. Il l’enferme dans sa cuve et visse fermement le couvercle.

« Peu importe comment elle est arrivée ici. Elle représente un risque pour tout le module maison. Elle ne peut pas rester. Il faut respecter le protocole d’isolement. Je vais à la base, elle restera sous mon observation dans un caisson d’isolement du laboratoire biologique. Elle ne doit surtout pas propager le moindre virus dans l’atmosphère du Darwin !

-Affirmatif. Néanmoins les vents soufflent actuellement à plus de quatre-vingt-dix kilomètre heures dehors, il y a de fortes précipitations et Meg Alpha se lève encore dans douze heures. J’interdis tout aller-retour dans ces conditions.

-Je me servirai du sentier balisé entre le vaisseau et la base. Je ferai très attention. Et je ne compte pas revenir pour l’instant.

-Matthew ?

-Je dois aussi me mettre en observation. J’ai touché la sphère avec mes mains. Je ne veux pas contaminer de surface dans notre habitacle. Il est plus prudent que je passe le reste de la nuit dans la base. Je serai aussi à l’abri de la pluie là-bas, il y a tout ce qu’il faut. »

L’homme expose un argument valable pour la logique de son équipière. Mais derrière ce vœu, son instinct lui murmure qu’il n’en a pas fini. Il doit rester avec la sphère. Après un bref débat, les protocoles sanitaires de Litz tranchent. L’ordinateur accepte la proposition.

« -Une légère accalmie est prévue d’ici deux heures, je prépare le sas ventral 1A pour une sortie, et le sas de la base Aloe. »

Matthew emploie ce temps pour nettoyer aux UV les outils, les tables de travail, et tout le sol de la soute. Puis, il plonge ses mains dans un bain d’eau ozonée et les désinfecte à trois reprises. Une vérification de la qualité de l’air dans l’habitacle ne signale aucune bactérie inconnue. Par miracle, la sphère n’a rien introduit d’exotique. Un test sanguin n’indique aucun corps infectieux dans son organisme. Des nouvelles rassurantes, mais il ne compte pas se reposer sur ce bilan. Il n’en sait pas assez pour écarter ses soupçons. Si elle recommence à briller, qui peut deviner les dégâts qu’elle causera, sur lui-même ou aux ordinateurs ? Aucune force dans la galaxie ne peut couper Litz de ses fonctions en temps normal, à l’exception d’une impulsion électro-magnétique de grande ampleur. Si cette sphère a aussi brouillé ses systèmes, elle doit s’éloigner immédiatement du cœur du vaisseau. Enfermée dans la base, les données ne courent plus aucun risque. Au pire elle coupera momentanément le contact.

Les lourds nuages dehors se calment comme prévu. Ce genre de pause entre les orages advient fréquemment sur Meg 15. La pluie faiblit une heure ou deux avant de reprendre de plus belle. Matthew n’aime pas les sorties nocturnes. Mais le devoir surpasse l’envie. Il s’équipe de la combinaison la plus résistante, emporte un sac d’échantillon avec la sphère, et pénètre dans l’un des sas ventraux au fond de la soute. Après les étapes de stérilisation, la porte extérieure s’ouvre sur un terrain en biais. L’inclinaison du vaisseau oblige à se plaquer contre le mur gauche pour se retrouver en position allongée sur le sol de Meg 15. Une fois dehors, les vents de la mer déversent des litres d’eau sur son casque. Le fracas des goûtes l’assourdit. L’obscurité profonde lui rappelle le vide de l’espace. Les nuages empêchent d’apprécier la moindre étoile. Une lumière automatique éclaire une piste aménagée. Un véhicule tout terrain stationne près de rovers, mais il ne compte pas conduire. Pour faciliter ses déplacements à l’aveugle, l’explorateur a conçu un chemin piéton dégagé entre le module-maison et la base. Ce dernier se compose d’un câble reliant des balises lumineuses plantées tous les cinq mètres. Matthew se relève et marche lentement jusqu’à la balise la plus proche. Il saisit le fil de métal et y accroche un mousqueton de survie de sa combinaison. Il progresse ainsi dans les ténèbres vers Aloe.

A son arrivée au sas, Litz illumine toute l’installation. Il quitte sa combinaison pour la blouse du laboratoire de biologie. La pièce est divisée en deux parties. Sur les paillasses les plus proches fleurissent entre les appareils des dizaines de plantes terriennes et des colonies d’éducateurs. Plus au fond, sous enceinte atmosphérique isolée, l’explorateur a récupéré dans des aquariums des végétaux megiens, des sédiments, des brouteurs et autres organismes autochtones pour ses études. Matthew emprisonne la sphère dans une cuve pour éléments hostiles. Rien ne peut défaire ses parois double épaisseur. Il souffle profondément.

« C’est bon Litz, la sphère est sécurisée… Du moins je pense.

-Excellent Matthew, beau travail. Tu devrais te reposer. Nous ferons une évaluation complète de ton organisme demain matin.

-Oui… tu as raison … »

Il ne dormira pas. Cette chose a gâché sa nuit. Le sommeil a précédé leurs deux rencontres. Peut-être qu’il l’active. Il craint de retomber dans les cauchemars. Elle l’ensorcèle, peut-être sciemment. Il ne fermera pas l’œil. Il aurait dû rentrer au Darwin, se réfugier dans sa couchette. Cela aurait-il changé quelque chose ? Une voix au fond de lui ordonne de rester. Sa volonté est sourde, impénétrable, une quête de connaissance maladive. A force de la fixer, ses yeux en pleurent. Son image se grave sur ses rétines lorsqu’il cligne des paupières. Rien ne se passe. Il s’occupe en parcourant ses fichiers du journal scientifique. Il n’a pas la force d’en créer un nouveau pour parler de la sphère. La Fédération va le prendre pour un fou. Il lutte contre l’ennui, s’exerce à faire des pompes, se distrait, joue aux jeux vidéo avec Litz pour se maintenir éveillé. Les heures s’allongent, il se lasse. L’immobilité du décor lui inspire la somnolence.

A bout d’énergie, son corps s’affaisse petit à petit sur un siège. Des poches se creusent sous ses joues. Il perçoit des sons auxquels il ne prêtait pas attention jusqu’à lors. Le vent siffle contre les murs de la base, la pluie tambourine sur le toit. Ses membres s’engourdissent, il ferme de plus en plus les yeux. L’épuisement va bientôt gagner la bataille. Il ne veut pas dormir ! Il ne doit pas dormir ! La sphère va revenir ! Elle va entrer dans sa tête !

Plus de doute.

Tout ceci était un plan. Quelque chose l’a amené vers la sphère. La sphère est vivante !

Trop tard, le sommeil l’emporte.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire OswinSwald ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0