TEMPÊTE DE NEIGE.....

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Xavier contemplait profondément Naël alors qu'il terminait d'habiller chaudement Lita. Il serra brièvement les poings puis s'enquit :

— Et vous êtes obligé de descendre au village alors que la neige recommence à tomber ?

— Chaque année, à cette date, je me rends à l'Office du temple. Il marque le début des fêtes de fin d'année. Jamais je n'ai manqué ce service et ne pas y aller paraîtrait suspect !

L'homme s'approcha, il objecta :

— Tout de même, vous pourriez prévenir quelqu'un au village et avertir que cette fois...

Naël le coupa net :

— Je tiens à assister à cet office ; ce sont également mes convictions religieuses qui sont en jeu !

Xavier s'en trouva muet. L'être double s'approcha de lui :

— Allons, ne vous inquiétez pas ! Je serai rentré avant le déjeuner et, si par hasard, je suis coincé, j'appellerais Obi qui vous avertira.

Il fit une pause et reprit :

— Mais au pire, je demanderai à quelqu'un de m'accompagner jusqu'ici. À l'Office, devraient se trouver tous les exploitants de la région et, certains ont des traîneaux plus sophistiqués que le mien qui, même par temps de neige, parviennent à se frayer un chemin.

— Je croyais qu'aucun véhicule ne pouvait circuler ?

— Sur de longues distances, c'est exact, mais pour de courts trajets, cela reste possible !

Une fois encore, Xavier ne sut que dire. Naël endossa son manteau, enfila ses gants et conclut :

— Je reviendrai avec du saumon fumé. L'épicière m'a promis de m'en garder pour aujourd'hui. Nous le partagerons ce soir, et Obi nous fera une tarte sucrée traditionnelle, pâtisserie sans laquelle les célébrations d'hiver n'en seraient pas.

Sur ces mots, il prit sa fille sur la hanche et gagna le garage.

Xavier l'accompagna, il l'aida à installer le bébé et à étendre une couverture isotherme sur lui. Enfin, il ouvrit la porte du garage. Naël monta dans le traîneau puis sortit. Le véhicule s'éloigna de la propriété.

L'homme suivit l'équipage des yeux jusqu'à ce qu'il ne soit plus visible. Il n'eut pas d'autre choix que de retourner dans la maison et attendre... Attendre le retour de l'hermaphrodite.

Plus tard, au village

À la sortie de l'Office, quelques flocons commencèrent à virevolter. Naël, pris dans sa conversation avec le prêtre ne le remarqua pas. C'est lorsque les flocons se firent plus nombreux que l'être double fronça les sourcils puis déclara :

— Je vais devoir écourter notre discussion et repartir au plus vite !

À cet instant, la voix du fameux Sunny intervint :

— Sans vouloir te contrarier, Naël, crois-tu que cela soit bien prudent ? Je crois qu'une tempête se prépare et tu risques de ne pas arriver assez tôt ! Tu devrais rester ici pour la journée et la nuit, et reporter ton retour à demain !

— Demain, le problème sera le même ; je vais me hâter !

— Naël, je t'assure que cela ne posera pas de problème à mes parents de t'accueillir et...

L'hermaphrodite l'arrêta :

— Je rentre, ma décision est prise !

Les averses de neige augmentèrent, à cet instant. Le prêtre se permit de dire :

— Sunny n'a pas tort, mon enfant ! Votre traîneau peut ne pas avoir la possibilité de vous ramener à bon port !

Il fixa le jeune homme et ajouta :

— Au moins, laissez-le vous raccompagner ! Le sien est plus performant !

Naël faillit encore refuser puis il pensa à Lita qu'il portait sur la hanche. Le bébé commençait d'ailleurs à s'agiter. Sunny, tout sourire déclara :

— Dépêchons-nous Naël ! Je peux faire l'aller-retour en moins d'une heure !

L'être-double abdiqua :

— Bien, mais je dois récupérer ma commande chez Edoni et tu devras remorquer mon traîneau !

— Sans problème. Assura Sunny.

Ainsi tous deux quittèrent le parvis du temple, Naël, un peu contrarié et Sunny, ravi qui comptait bien profiter de l'occasion pour faire quelques avances à l'être double.

Derrière la fenêtre, non sans inquiétude, Xavier observait l'extérieur. principalement la petite route emprunter par le traîneau de Naël, bien plus tôt dans la matinée.

L'homme remarqua que les flocons tombaient de plus en plus serrés. Sans compter qu'une bise glaciale soufflait sur le domaine. Il se dit avec angoisse : "Ils devraient déjà être rentrés !"

Ce sentiment, nouveau pour lui le déstabilisait. Avant, il ne connaissait pas ses affres intérieures. Seul lui importait son devoir envers l'Empire. Oui, tout était plus simple avant qu'il ne rencontre Naël. Ses grands yeux noirs, emplit d'éclat, son sourire merveilleux et sa gentillesse. Il pensa brusquement : "S'il lui arrive quelque chose, ce sera horrible !"

L'angoisse gagnait du terrain et son regard continuait à scruter un blizzard de plus en plus épais. La neige réduisait considérablement la visibilité. Soudain, l'homme aperçut la silhouette indécise d'un traîneau et le bruit caractéristique d'un moteur.

Il regarda mieux puis réalisa que c'étaient deux traîneaux qui approchaient. Il s'écarta vivement de la fenêtre et pensa : "Quelqu'un a dû l'accompagner."

Il traversa le salon pour pouvoir se poster devant la fenêtre donnant sur la petite cour, et sans se faire voir, il assista à l'arrivée des véhicules devant la porte.

Sunny descendit le premier aida Naël à faire de même, ensuite, l'être double se saisit du bébé. Le jeune homme décrocha le traîneau du jeune être, puis proposa :

— Veux-tu que je le range dans ton garage ?

— Non, je vais me débrouiller ; tu ne devrais pas t'attarder et rentrer rapidement, sinon tu seras coincé ici.

Sunny répliqua :

— Cela ne serait pas si mal, je suis certain que tu m'offrirais l'hospitalité.

— Je te suis sincèrement reconnaissant de m'avoir raccompagné, Sunny. Il va falloir que tu comprennes que...

Le jeune homme le coupa :

— Je ne risque rien à essayer. Même si tu es décourageant, l'espoir est permis à tous. Bien, je m'en vais.

Il sortit le carton de son traîneau et, le posant dans le second véhicule déclara :

— N'oublie pas ceci.

Ensuite, il revint auprès de Naël, le contempla, puis impulsivement embrassa sa joue en disant :

— Prends bien soin de toi.

Naël eut un mouvement de recul.

— J'enverrai à tes parents dès que possible un cageot de fruits et légumes frais, je te dois bien ça pour m'avoir ramené.

— Ce n'est pas utile, cela m'a fait plaisir.

— J'y tiens, je ne veux pas être redevable.

Sunny haussa les épaules.

— Comme tu voudras.

Puis, après être remonté dans son traîneau, il dit :

— À bientôt,

Enfin, il démarra puis s'éloigna.

Naël, soulagé de ce départ, rentra vite à l'intérieur. Xavier l'attendait. L'être double ne remarqua pas sa contrariété et il aurait été bien en peine de la comprendre puisqu'il ignorait que l'homme avait assisté à toute la scène et, notamment au baiser rapide de Sunny.

Cependant, l'homme se maîtrisa et proposa :

— Voulez-vous que je rentre le traîneau ?

— Oui, si vous pouvez ramener le carton également.

L'homme acquiesça et sortit. L'hermaphrodite gagna la chambre du bébé. Lita était fatiguée, il comptait la changer au plus vite, lui faire prendre son repas et la coucher.

Dans le garage, le soldat rebelle ruminait sa fureur qui grimpait en flêche....


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