Chapitre XXVII

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« Je comprends que des gens eussent pu rire de mon émotion. Rien de ce qui c'était passé n'aurait frappé un autre que moi. Je suis trop sensible. Voilà tout. »

Emmanuel Bove - Mes amis

J’ai passé la journée à farfouiller dans le code d’une application sur laquelle je travaille depuis peu dans le cadre de mes nouvelles fonctions. Nous avons décroché un beau contrat et il nous faut l’honorer. En attendant qu’un autre vienne me remplacer dans cet insipide milieu d’employés et de cadres arrosés par l’engrais de l’illusion universitaire, je me force à sourire, parler, commenter, répondre, conseiller.

Rien de plus semblable à une grande entreprise qu’une autre grande entreprise. Même ambiance morne et ennuyante. Mon esprit s’engourdit parfois et il me faut faire une pause de temps à autre et, bien sûr, je hante déjà la salle de repos à intervalles réguliers, tentant de fuir les conversations rasoir de ceux qui m’entourent. Dix heures le matin environ. En tout début d’après-midi aussi, après le déjeuner toujours, et plus rarement en milieu d’après-midi.

C’est en groupe que quatre ou cinq jeunes femmes viennent s’asseoir autour des tables hautes mises à la disposition des fatigues passagères d’un fastidieux travail de bureau. L’une d’entre elles est particulièrement séduisante. De taille moyenne, fine et élancée, ses cheveux noirs tombent sur ses épaules en une cascade pleine de promesses. Ses yeux foncés et expressifs croisent parfois mon regard. Elle esquisse un sourire imperceptible. Moi aussi.

Elle porte souvent de longues jupes sombres qui l’enveloppent de la taille au genou. Une échancrure discrètement sexy laisse apparaître la douceur brillante de ses bas nylon, noirs le plus souvent, dévoilant un genou plein et lisse. Quelquefois, de solides bottes de cuirs aux talons hauts s’entrecroisent sous le haut guéridon. Mais le plus souvent, ses mollets dénudés et délicieusement galbés se prolongent dans la douce rondeur d’escarpins simples et élégants. Un sous-pull enserre son cou long et élancé, trahissant la couleur mate, presque sombre, d’une peau jeune et souple.

Souvent, le matin, il ne me reste que peu de choix pour garer ma voiture. Je dois m’éloigner et marcher vers le bureau. Une ou deux fois pourtant je l’ai aperçu descendant de son véhicule. Heureusement, elle ne m’a pas vu.

Je ne poserai jamais de fleurs sur le pare-brise d’une voiture. Trop dangereux  !

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