Chapitre 16- Un second miracle ?

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— Mon père, mon père !, s’inquiéta un moine en courant dans le couloir.

Le père Philémon qui était plongé dans sa lecture, à la salle du scriptorium, pencha délicatement ses lunettes et regarda le moine, à bout de souffle.

— Que se passe-t-il frère Guillaume ?

— C’est le frère Jean-Baptiste, il, il est tombé d’une échelle… J’ai, j’ai bien peur qu’il se soit cassé le dos…

Le frère Philémon jeta le petit livret sur son bureau, et dit à son frère « allons-y » et coururent dans le cloître, pour se rendre à l’endroit où il y avait eu l’accident. Le frère Jean-Baptiste se trouvait, allongé, sur des sacs de grains, complètement paralysé. Le frère Judicaël et Élie, un nouveau observant, étaient inquiets au sujet de Jean-Baptiste. Le frère Félicien était venu apporter de l’eau et le lui en donna, dans un petit bol d’argile. Il en but quelques gouttes, en se pliant de douleur. Il n’arrivait plus à se relever. Philémon arriva à temps dans la grange et se précipita vers lui, en soulevant sa tête.

— Jean, vous m’entendez ?

Demi-conscient, il hocha la tête.

— Comment est-il tombé ?

— Il montait sur l’échelle pour nous faire passer les sacs, lorsqu’il a glissé, à peu près, sur la quarantième marches et est atterrit sur les sacs de farines… Son dos a heurté en premier… J’ai bien peur d'appeler les secours…

— Tu crois qu’il s’est cassé le dos ?, demanda le frère Guillaume au frère Félicien.

— J’ai bien peur que oui… S’il n’arrive plus à bouger, à mon avis, il est paralysé à vie…

Jean-Baptiste qui n’écouta pas ses frères, se releva en disant que tout allait bien, mais il retomba en arrière. Philémon l’avait retenu lors de sa chute et lui demanda de rester tranquille.

— Que devons-nous faire mon père ?

— On va d’abord le déplacer pour répondre à ta question, Antoine.

— Nous pourrions le mettre dans la charrette, ça sera plus simple pour le déplacer ?, suggéra le frère Alexandre.

— Non, mauvaise idée, la charrette est recouverte de bosse… Nous n’avons pas d’autres choix que de le déplacer jusqu’à sa cellule. Vous-êtes prêts ? À trois on soulève.

Les six frères exécutèrent l’ordre de Philémon, le prirent à chaque membre de son corps, et le soulevèrent en délicatesse. Philémon, qui était devant, disait de faire attention à certains obstacles, y compris la porte. Arrivés dehors, les moines commencèrent à ne plus avoir de force, mais il insista pour ne pas faire tomber Jean-Baptiste. Ils étaient au milieu du chemin, lorsque le frère Alexandre, lâcha en cours de route, suivi du frère Bernard. Ils n’étaient plus que quatre à porter, jusqu’à ce que ce fit autour du frère Félicien. Ils n’étaient plus que trois, à se torturer le dos et les muscles. Jean-Baptiste s’en voulait terriblement d’être tombé, mais Philémon garda la tête haute. Les autres frères qui les avaient lâchés, ouvrirent la porte de la chapelle. Les trois qui le tenaient, étaient à bout de force. Ils commencèrent à lâcher lorsqu’une main soutenue Jean-Baptiste. Incompréhensifs, ils continuèrent le chemin, comme si le poids de Jean-Baptiste, était maintenu par quelqu’un d’autre. Ils continuèrent, sans soucis, jusqu’à arriver à la chambre du petit moine, qui était déjà lavé. Le père Philémon qui était étonné de la propreté, alors qu’il était son devoir de nettoyer sa cellule, le déposa avec ses trois autres frères, sur son lit. Puis, il leurs demanda de les laisser quelques instants. Ils acceptèrent en refermant la porte derrière eux. Le frère Philémon soutenu sa main, en disant que tout allait bien se passer et que les secours allaient venir. Jean-Baptiste se mit à tousser, à cause de son vieil âge et se mit à rire, quand il sentit que Philémon lui posa un gant de toilette, humide, sur le front.

— Vous aussi vous l’avez senti ?

— Quoi donc mon ami ?

— Cette main qui est venue à notre aide.

Étonné d’entendre cela, il le confirma aussi à son tour, en tamponnant son visage.

— Je me sens beaucoup mieux, confirma-t-il.

Le frère Philémon, heureux de l’apprendre, sentit à nouveau la main, se poser sur la sienne, pour indiquer qu’il devait enlever le haut du moine. Surpris, il demanda en bégayant au moine, de se retournait et d'ôter son aube. Philémon trembla, lorsqu’il vit apparaître deux mains, sur les siennes, qui lui indiquèrent de les poser sur le dos du moine. Il le fit et soudainement, il ne sentit plus la bosse, mais qu’au contraire, elle était en train de se rétrécir. Le dos se reforma. Jean-Baptise le sentit soudainement, en craquant plusieurs fois son bassin. Il se retourna vers Philémon, et s’exclama en tapant des mains.

— Comment ? Comment avez-vous fait ?!

Philémon tourna à sa gauche, et vit une personne, le saluait et disparut soudainement. Il n’en croyait pas ses yeux, c’était bien lui, le père Théophane qui venait d’apparaître subitement dans la cellule. Perturbé, il se réjouit à la fois pour son frère et à la fois, stupéfait par ce qu’il venait de se passer.

— Vous n’allez pas me croire mon frère, mais c’est le père Théophane qui vous a guérit, comme avec moi au lac…

— Ah ! Je n’arrive pas à l’y croire !

Philémon sourit, en lui racontant qu’au début, il avait du mal à accepter que sa jambe fût guérie brutalement, mais qu’avec le temps, il se sentit mieux.

— Vraiment, le père Théophane est un saint.

* * *

Pour terminer cette belle journée que tous les moines avaient passé, ils se réjouirent pour leur frère, qui venait miraculeusement d’être guéri. Il l’avait raconté aux autres pendant toute la journée, en arrivant toujours pas à croire, que leur ancien prieur venait à leurs secours. Philémon avait pris la décision, pour leurs faire plaisir, de nettoyer leurs cellules pendant qu’ils dînaient tous ensemble. Quand ce fut le tour de la petite cellule de Soeur Humbeline, il vit accidentellement, une lettre, qui tomba au sol. Surpris, il l’a ramassa et continua son nettoyage, quand il vit au dos qu’elle s’était adressée au Seigneur. Trop curieux pour le savoir, il se pencha pour la ramasser et se mit sur son lit, pour lire très attentivement.

Soupire, je ne sais pas pourquoi, Seigneur, vous m’avez demandé de l’écrire, alors que vous savez mieux que moi que je hais raconter ma vie… Surtout quand il s’agit de raconter sa vie en commettant des péchés, de gros péchés… Je m’en veux terriblement et vous le saviez mieux que moi…

C’était il y a quoi, quelques années en arrière ? Ma mère m’avait un jour présenté une amie à elle, quand j’avais douze ans. La mère qui tenait son fils par les épaules, nous avait dit qu'il s'appelait Raphaël. Ma mère était persuadée que nous allions bien nous entendre, au point, de nous marier. Elle n’avait pas totalement tort, car je l’aimais beaucoup… J’aimerais rajouter un petit « mais », même si je sais que vous ne l’aimiez pas beaucoup, mon petit Jésus. Pourtant, après nos fiançailles, il c’était passé beaucoup de chose entre nous… Je vais vous dire un exemple. Le soir, je prévoyais toujours de nous retrouver pour lui préparer des bon plats, mais la plupart du temps, il me disait qu’il allait rentrer plus tard que prévue. Quand ? Je l’ignorais tout le temps… Mais qu’importe.. Qui s’en préoccupe ? Je ne sais pas pourquoi mais cette scène m’avait marqué, lorsque je l’avais longtemps attendu au point, qu’il n’était même pas venu dîner… Et cela se répétait beaucoup de fois… Mais bon, je n’en lui en voulais pas, il devait sans doute être fatigué… Mais cette scène, mon bel Agneau, cette scène m’avait profondément marquée lorsqu’un jour, il me montra à ses nouveaux amis et qu’il avait dit à tout le monde « je vous présente mon amie, Emma », ce fut un gros choque dans mon cœur, car nous étions fiancés… Il disait à tout le monde que j’étais son amie, et cela m’avait déchiré le cœur… Ou bien, de cette fameuse soirée lorsqu'il parlait, avec élégance, avec une fille, qui s’appelait Juliette. Je n’ai jamais eu de problème qu’il puisse parler avec des filles, jamais, mais je ne sais pas pourquoi, cela m’avait profondément marqué, lorsqu’ils parlaient côte à côte, alors que moi, j’étais complètement mise à l’écart… Bref, ce ne sont pas des choses qui vous intéresse mon bel amour, je vais continuer ce qu’il s’est passé… Souvent, quand il me serrait dans ses bras, je ne me sentais pas du tout en sécurité… J’avais eu de gros doutes sur notre relation, quand un jour, il m’avait dit « mais pourquoi tu ne veux pas que je dorme avec toi ? » et je lui avais repris en disant que c’était un péché de dormir avec son fiancé. Il fallait qu’on soit mariés pour qu’on demeure enfin chez nous. Je lui avais raconté que les fiançailles servaient à nous préparer à notre mariage, qu’il fallait prendre le temps avant de s’engager sérieusement. Jusqu’au jour, où j’ai commencé à avoir des doutes. Je m’étais donc confiée à ma petite maman en lui disant ceci, je m’en souviendrais comme si c’était hier :

Maman, je… Je crois que j’ai des doutes…

À propos de quoi ma fille ?

C’était aussi à ce moment là, que j’envisageais de devenir sœur… Mon cœur était très départagé entre le fait d’avoir des enfants ou bien, d'être célibataire à vie.

Je… Je ne sais pas si je veux épouser Raphaël…

Ma mère avait commencé à jeter les casseroles dans le levier en m’ayant dit « Emma, cela fait deux ans que vous êtes fiancés, pourquoi tu me dis tout ça maintenant ? Autant vous mariez tout de suite si tu ne veux plus avoir de doute. »

J’avais riposté délicatement, en lui disant que ça servait à ça, justement, les fiançailles, le temps de discerner… mais elle m’avait répondu d’un ton agacé :

Je ne vois pas le problème, Raphaël est un très gentil garçon.

Je, je ne sais pas maman… Je l’aime bien, mais je commence, parfois, à douter de lui…

Emma Emma, allons, tu te fais de fausses idées.

Tu crois que c’est normal qu’il me présente à tous ses copains en disant que je suis son amie ?

Peut-être qu’il s’était trompé ce jour là, sa langue a dû fourcher…

Tu ne trouves pas ça louche qui rentre tous les soirs tard ?

Emma, stop ! Tu délires ! Tu es en train de te créer de fausses images, moi, ce que j’ai retenu de ce jeune homme est qu’il est parfaitement brillant et ingénieux ! Contente toi de l’avoir en futur mari.

Et si ma voie était plutôt ailleurs ?

Ma mère m’avait lancé un regard noir. Elle avait enlevé le tablier et elle avait posé ses coudes sur le plan de travail.

Emma, pour la deuxième fois, tu es en train de te créer de faux scénarios. Tu crois faire les bonnes choses en te fiançant pour ensuite attendre, mais pourquoi est-ce que tu ne te maries pas maintenant ? Tout est prêt ! Nous avons tout organisé avec ton père et ta grande-sœur ! La famille de Raphaël n’attend qu’une seule chose, c’est de vous marier ! Toi, tu ne fais que de ralentir ! Qu’attends-tu pour te marier ? Hein ? Au lieu de chouiner au près de moi et de rentrer tous les week-end à la maison pour m’aider ! Je suis grande Emma, je peux parfaitement me débrouiller. Alors vas-y, fonce ! Un mariage t’attend !

Son discours m’avait complètement retourné le cerveau. J’avais regardé ma bague de fiançaille et avais levé la tête, en voyant ma mère qui essayait de garder sa colère. Elle n’avait pas totalement tort, cela faisait deux ans que mon fiancé me disait qu’il était impatient de nous voir tous les deux, qu’il désirait fonder une famille avec moi. Il insistait beaucoup sur le fait, qu’il voulait avoir des enfants. C’est à ce moment là, que mon cœur avait battu à plusieurs reprises et qu’il avait dit « tu n’es pas fait pour ça Emma ». Il est vrai que je n’étais pas prête à devenir mère au foyer. Pourquoi ? Me diriez-vous, parce que j’avais peur de m’y prendre mal avec mes futurs enfants… Vous avez frappé dans mon cœur, le jour où je vous ai contemplé sur une croix, et que j’ai lu sur votre visage qui était si attristé de ce monde… J’avais compris à ce moment là, que j’étais comme vous… Une pauvre fille qui méritait d’être condamnée contre sa propre famille, au restant de ces jours… C’est à ce moment là, que je voulais prendre la fuite, car je savais que ma mère n’allait jamais accepter le fait, que je sois religieuse. Elle voulait me forcer à me marier, avec un jeune garçon qu’elle connaissait depuis plus longtemps que moi. Jamais je n’avais désiré cette vie, mais au moment de préparer mes affaires, ma mère fit irruption dans ma chambre en me disant que le mariage était dans deux semaines. J’ignorais totalement que ma mère était capable de me faire un coup pareil, j’en ai eu les larmes aux yeux quand j’ai regardé votre croix, dans ma chambre. Je vous ai dit « je n’aurais jamais dû jouer avec les sentiments d’un jeune homme, à cause de moi, il ne sera jamais que je n'ai plus de sentiment pour lui… »

En désirant lire la suite, quelqu’un frappa doucement à la porte du moine, pour lui dire qu’il avait une chose urgente à régler. Le père Philémon cacha la lettre dans ses longues manches et demanda au moine Paul-André, de le poursuivre, jusqu’à son bureau.

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