Chapitre 9- Sœur Humbeline partie 2

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Le père Théophane s’arrêta pour prendre l’air et regarda les mouettes se diriger vers une vieille grotte. La sœur vit que les oiseaux étaient mal en point et ils les fixèrent d'un regard menaçant. Le moine regarda l’horrible vue qui était devant eux. Des vieilles croix étaient plantées dans l’eau, des bateaux abandonnés s’étaient échoués à leur droite et de la fumée surgit au loin de l’Océan, les nuages étaient sombres et le ciel représentait la couleur de la douleur, des épées étaient enfoncées dans le sable avec amures et boucliers. La sœur attendit sa réponse, avec impatience.

J'ai écrit des lettres.

Où-sont-elles mon père ?

Il prit une grande respiration avant de parler.

Allez voir Coline et dites lui que vous devez vous rendre chez elle.

Vous-voulez qu’on parte en Allemagne ?

C’est exact, vous-trouverez les lettres dans son grenier.

Comment-sont-elles parvenues jusque là-bas ?

Le père Théophane croisa les bras et piétina au bord de l’eau glaciale. Sœur Humbeline venait à peine de remarquer qu’il portait les stigmates du Christ sur ses deux mains ainsi que sur ses deux pieds. En étant horripilée de voir tout ça, elle fit un petit sursaut et s’excusa de son geste.

Vous le découvrirez en lisant les lettres. Il faut impérativement les donner au cardinal Maximilien.

Les moines auront le droit de les lire aussi ?

Non, pas encore, je veux attendre le bon moment. En parlant d’eux, ils vont bientôt élire un nouveau prieur... Demain matin, vous trouverez dans votre cellule, sur votre bureau, une lettre que j'ai écrite pour eux.

Mais mon père ! Ils, ils vont me prendre pour une folle en pensant que j’ai recopié votre testament !

Ce n’est pas pour rien que je vous ai choisi.

Le père Théophane, en savant que la sœur Humbeline avait une âme pure et une foi profonde, jeta un cailloux dans les vagues et fit des ricocher.

Vous avez autre chose à me dire mon père ?

Oui, je voulais aussi vous dire que les autres ne devront pas s’inquiéter quand je leur rendrais visite. Ils ne doivent pas croire que je suis un fantôme mais que je fais cela pour accomplir les devoirs que Dieu m’exigent.

Vous croyez qu’on va réussi à vous béatifier ?

C’est aux cœurs des Cardinaux de choisir et non le mien… Autres questions ?

Pourriez-vous dire au Seigneur, puisque je suis au ciel, que je m’excuse pour tous les péchés que j’ai commis contre lui… Et que je m’en veux horriblement pour Raphaël de lui avoir commis tant de mal…

Le moine donna un coup de pied dans un cailloux et se mit à rassurer la sœur en posant ses deux mains sur ses épaules.

La personne a qui vous vous êtes adressée, ce n’est pas en mon nom, mais en celui du Seigneur, dit-il en s’écartant.

Elle revit le capitaine, tout au bout de l’autre plage en inclinant son chapeau vers le bas et partit loin d’elle. Elle voulut le poursuivre pour lui dire à quel point elle était pécheresse et qu’elle désirait le voir pour être guérie de tous ses démons mais le moine lui en empêcha en prenant sa main.

Laissez-moi le voir, je vous en conjure…

Vous le verrez, au royaume des Cieux ma sœur, je vous le promets.

Elle se mordilla les lèvres très fortement et abandonna son idée en tournant le dos au capitaine, qui n’était plus présent. Elle se massa le bras et leva la tête, en remarquant que le père Théophane avait disparu.

Elle se réveilla brusquement en poussant la couverture au sol. Elle descendit très rapidement de son lit et se dirigea vers son bureau en voyant une lettre qui était bien signée par le père Théophane.

Non, c’est impossible, je ne peux pas leur dire que je suis allée au royaume des Cieux ! Je suis désolée mon père, mais je serais obligée de mentir… Je vais leurs dire que j’ai trouvé la lettre dans cette cellule.

Bouleversée par cette aventure épique qu’elle venait de vivre, elle ouvrit le robinet pour se rinçer le visage. En jetant brièvement un coup d’œil au miroir, elle revit le même personnage qui lui fit comprendre qu’il avait confiance en elle. Elle se retourna et vit que la pièce était vide.

Je vais finir pas être folle en le voyant partout…

Elle finit de se préparer et prit le petit bout de papier qui traînait au coin de son bureau.

* * *

Elle s’excusa de passer entre les moines qui se dirigèrent au réfectoire. Elle disait à ses frères que c’était urgent et qu’elle désirait voir Philémon. Quand il entendit son nom, il se retourna et enleva sa capuche en quittant son rang. Il se mit à l’écart et prit la sœur par le bras gauche pour se diriger vers la salle de classe. Il referma la porte derrière eux et aperçut la jeune sœur, déposer un papier sur la table. Son cœur lui disait soudainement « tu peux lui dire toute la vérité, il te croira ». Elle passa un coup de langue sur ses belles lèvres rosées et posa ses mains sur ses deux côtes.

— Je sais que vous allez me prendre pour une folle mon frère, mais sachez que le père Théophane m’a rendu visite cette nuit pour vous donner cette lettre.

Touché par le discours de la sœur, le moine la crut sans aucun doute et lut la feuille, en voyant qu’il s’était adressé à toute sa communauté. Arrivé en bas de la page, une larme d’émotion surgit sur sa joue droite.

— Tout va bien mon frère ?

Il baisa la lettre et la serra très fortement contre sa poitrine.

— Merci ma sœur ! Mille merci ! Nous avons enfin notre nouveau prieur !

Soulagée d’entendre qu’elle n’était pas folle, elle s’essuya le front, dégoulinant de sueur, et sourit pour cette belle nouvelle.

— Comment-allait-il ? Est-ce qu’il était avec le Seigneur ?!

— Heu… Je… je dirais oui.

— Racontez-moi tout ma sœur, qu’avez vous vu ?

Surpris qu’il ne traitait pas la sœur de folle, ils s’installèrent pour discuter du rêve qu’elle avait fait. En comprenant qu’il s’agissait d’un message, il lui raconta qu’il les enverra avec Coline en Allemagne pour récupérer les lettres.

— Pourvu que ça soit vrai…

— Mais ma sœur, tout est vrai ! Ne doutez pas de ce que vous avez vu !

— Mais mon père, et si il s’agissait du diable ?

— Mon enfant, croyez-vous que le diable se serait amusé à inventer toute cette histoire pour vous faire penser que vous êtes vaniteuse ? Absolument pas, s’il y avait d’autres saints avec vous, c’était justement pour vous protéger du mal. Le père Théophane ne se serait pas déplacé pour un rien. La prochaine fois que vous le voyez, vous me raconterez tout !

— Mais si le diable me tendait un piège ? Que ferais-je la prochaine fois pour les comparer ?

— Vous les bénirez, s’ils partent c’est que c’est le fruit du diable, mais s’ils ne partent pas, c’est que ceux sont bien eux. Je n’arrive pas à croire ma sœur, il vous a choisi !

Perplexe, elle se massa le visage d’un air fatiguée.

— Mon père, moi ? M’avoir choisi ? Alors que je ne suis qu’une horrible créature ?

— Ma sœur, il serait tant de cesser de voir le mauvais côté des choses, Dieu vous a façonné à son image et il ne veut que votre bonheur. Si vous voulez vraiment avoir confiance, il faudrait d’abord arrêter de douter de vos péchés et de vous contenter d’avancer sur votre chemin, celui d’accepter que vous êtes aussi une bonne sœur, bienveillante, calme, douce, gentille, aimant en ret…

Avant de terminer sa phrase, elle se leva d’un bond en ne désirant pas écouter la fin.

— Non mon père, vous avez tort… Je… Je n’ai pas réussi à aimer en retour… Je.. J’ai…

Perdue dans ses propres mots, elle reprit son calme en se pinçant le bras et se retourna, en reprenant un grand sourire.

— Qui sera le prochain prieur ?, changea-t-elle de discutions.

Le père Philémon qui resta sur ses gardes, se leva pour prendre la feuille et ouvrit la porte.

— Moi ma sœur, il m'a choisi.

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