Le DAB

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Messieurs,

Je fais suite à votre courrier du 13 courant, lui-même consécutif à ma réclamation, et vous prie de bien vouloir trouver ci‑dessous, comme demandé, le « descriptif détaillé de la situation » :

Le 27 février 2018 au matin, je suis passée à l’agence du centre ville de C., dont je dépends, prendre les deux nouvelles cartes bancaires qui m’y attendaient : l’une pour mon compte professionnel, ce qui ne présente aucun intérêt dans le cadre de la présente affaire, et l’autre pour mon compte personnel, la carte 4XXX XXXX XXXX XXX8 objet de la réclamation en cours.

Mes cartes m’ont été remises par Monsieur F., qui était mon conseiller jusqu’au début de cette année, avant que je ne passe sous la houlette de la conseillère « professions libérales », ce qui, d’ailleurs, ne présente toujours aucun intérêt dans le cadre de la présente affaire. Ce faisant, Monsieur F., qui a derrière lui une longue carrière au sein de votre établissement, n’a pas manqué, en professionnel averti, de me rappeler la nécessité d’effectuer un retrait afin d’activer mes cartes. Ce que j’ai fait immédiatement.

J’ai introduit la carte 4XXX XXXX XXXX XXX8 dans l’un des DABs de l’agence. Très précisément dans le distributeur placé au milieu du bloc de trois appareils qui font face, à l’intérieur de l’agence, à la grosse machine verte dans laquelle on dépose les chèques.

L’opération s’est déroulée très normalement sur les phases d’indication du code secret, de choix du montant à retirer, d’accord sur ce montant, d’édition du ticket, et enfin de restitution de la carte. Puis, alors que l’écran affichait un truc du genre « Opération acceptée, prenez vos billets », les choses se sont inexplicablement gâtées.

Au moment d’éjecter le billet, la machine a émis un drôle de bruit, une sorte de « flop-flop-flop », assez rigolo, du reste, qui venait de l’orifice d’où, en temps normal, sortent les billets. En regardant attentivement j’ai compris que ce bruit était produit par le billet qui s’y trouvait, sous l’effet d’un mouvement continu des dents en métal qui le tenaient, mouvement qui, selon toute vraisemblance, avait pour objet de pousser ledit billet en dehors de l’appareil pour le rendre préhensible. Malgré des efforts intenses du DAB, le billet, quoique bien visible, est resté prisonnier de la mâchoire d’acier (ndla : notez l’expression typique du thriller). J’avoue que je n’ai pas tenté de le récupérer en mettant mes doigts entre les dents du DAB, ayant à la fois la fâcheuse faiblesse d’y tenir et besoin qu’ils soient intacts pour travailler.

Au bout d’un certain temps, comme pour le fût du canon, le distributeur a ravalé le billet, (circulez, y a rien à voir), avant d’afficher « J’ai conservé vos billets », ce dont, entre nous, je m’étais tout de même déjà bien rendu compte par moi-même. Bref.

L’édition d’un ticket m’indiquant que l’opération avait été annulée m’aurait semblé la moindre des choses, mais le distributeur, imperturbable, a rapidement affiché à nouveau son écran d’accueil, et j’ai compris qu’il n’en serait rien. Un peu dépitée, j’ai appelé à la rescousse Monsieur F. qui était toujours dans les parages, et qui m’a recommandé de faire une nouvelle tentative. Je me suis exécutée avec une certaine appréhension mais celle-ci, en effet, a fonctionné sans accroc.

Bien qu’il s’agisse d’une petite somme, j’ai posé la question. « Normalement, vous ne serez pas être débitée deux fois ». Mais j’ai bien vu que sur ce coup-là, il avait l’air sacrément hésitant tout de même Monsieur F., malgré (ou du fait de) toutes ses années au sein de la Banque… J’ai quitté l’agence avec le pressentiment que je constaterai sur mon relevé de compte de février la mention de deux débits de dix euros pour ce jour-là, un à 9h32 et un à 9h34.

Et ça n’a pas raté…

J’espère que cette narration vous aura apporté un peu de bonne humeur en même temps que les éléments nécessaires pour conclure votre enquête. Et si en plus elle me permettait de récupérer mes dix euros, je pourrais enfin dire que j’ai été payée pour écrire!

Dans cette attente, veuillez agréer, Messieurs, bla bla bla…

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