9. Abandon

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Des pas résonnent un peu plus loin dans le jardin. Nous sursautons lorsque des voix éméchées s’élèvent en riant.

— Encore un couple! C’est un baisodrome ce jardin!

Immédiatement, Batman rabat sa cape autour de nous pour me dissimuler aux regards indiscrets. Du coin de l’œil, il surveille les intrus.

Invisible, je laisse vagabonder mes mains sur son buste. Son costume semble constitué de deux parties. Je cherche une ouverture. Je la trouve, entre le t-shirt et le pantalon. J’y glisse les doigts et effleure la peau tendre de son ventre. Ses abdominaux tressaillent.

Il délaisse sa surveillance et braque ses yeux sur moi. Maintenir mon camouflage le prive de sa liberté de mouvement (lui interdit de bouger / tout mouvement). Je suis libre d’explorer son corps à ma guise.

Il se penche vers moi et murmure mon nom de sa voix encore plus rauque.

J’ai envie de lui. J’ai envie de le rendre fou. Sa cuisse est toujours calée entre les miennes. Je suis parfaitement dissimulée, il y veille. Je commence à onduler contre sa jambe. De délicieuses décharges électriques me traversent. Prisonnier, il se lèche les lèvres, puis les mords, le souffle court. Je l’embrasse dans le cou.

— Arrête… marmonne-t-il sur un ton suppliant.

Il frissonne à chacun de mes mouvements. Ses yeux ne me quittent pas. J’abandonne son ventre pour frôler le renflement de son entrejambe. Il frémit et ferme les yeux, dur comme une brique sous mes caresses. Mes doigts remontent et plongent sous sa ceinture.

D’un coup, mon inconnu laisse échapper sa cape, saisit mes poignets et les remontent au-dessus de ma tête avant de m’embrasser avec fougue. Nous sommes à nouveau seuls. Trop concentrée sur mes caresses, je n’ai pas entendu les idiots s’éloigner. Dommage, je n’ai même pas eu le temps de te toucher.

— Vilaine fille, articule-t-il la respiration hachée.

L’excitation rend sa voix tellement rocailleuse que je ne suis même pas certaine qu’il la déguise toujours. Immobilisée, je le défie du regard, un sourire mutin aux lèvres.

— Ose me dire que tu n’aimes pas ça.

Pendant un interminable instant, il me fixe de ses pupilles ombrageuses. Enfin, il pousse un soupir, frustré, exaspéré, vaincu. Il abandndonne.

— Je suis mort… murmure-t-il en m’embrassant à nouveau.

A la fois doux et fougueux, il embrasse mon cou et descend vers mes clavicules. Il me relâche et fait glisser sa main le long de mes bras, effleure ma poitrine et descend jusqu’à ma cuisse qu’il empoigne en parlant.

— Pas ici… à peine caché derrière un buisson…

— Tu sais que tu es trop mignon? Je ne pensais pas t’entendre parler autant.

J’enroule la jambe qu’il tient autour de sa hanche. J’enfouis mes doigts sous son t-shirt pour caresser son dos alors que ses baisers descendent sur ma gorge.

— Je ne devrais pas. Tu me fais perdre tout contrôle…

Je pouffe.

— Pas assez!

Enfin, il caresse ma poitrine. Je gémis et bascule la tête en arrière, offerte à son exploration.

— Beaucoup trop, riposte-t-il sombrement. Viens.

Il prend ma main et m’emmène vers la maison. Après la calme fraîcheur du jardin, le salon me paraît étouffant. La musique agresse mes tympans. L’air chargé empeste la sueur. Mon inconnu me demande de l’attendre avant de disparaître dans la foule compacte. Il revient une minute plus tard. Sans un mot, il me guide à l’étage, vers les chambres.

— On va dans ta chambre?

Mon pouls s’affole plus encore que lors de notre corps à corps. Je vais découvrir qui il est. Même s’il refuse de le dire, je connais assez la maison pour savoir qui occupe chaque chambre. Je malmène les ongles de ma main libre. Mes yeux passent d’une porte à l’autre. Je n’arrive pas à savoir s’il y en a une que j’aimerai qu’il pousse. Ou au contraire, qu’il ne pousse pas. Mon cœur tambourine, il semble désireux de s’extraire de ma poitrine pour prendre son envol.

Mon inconnu fait non de la tête. Ma déception est immense quand je réalise qu’il m’entraîne vers la sixième chambre.

Il ouvre la porte, doucement, pour vérifier qu’elle est vide. Satisfait, il me fait entrer, puis s’assure que personne ne nous a vu avant de rabattre le battant. Il sort une petite clé de sa poche qu’il tourne dans la serrure.

Dans le noir total, je cherche l’interrupteur. Mon inconnu me devance en allumant une minuscule lampe qui répand une chiche lumière.

— Viens, m'ordonne-t-il de sa voix rauque.

Rien qu’à le regarder, je me sent humide, impatient de son contact. Pourtant, maintenant qu’on y est, j’ai peur. Oh! Je n’ai pas peur pour moi, je le désire bien plus que mes précédents amants! Je m’inquiète pour lui.

— Tu es sur de ce que tu fais? demandé-je.

L’éclairage ne me permet pas de définir la couleur de ses yeux sombres, mais je parvient à y lire une intense déception. Comme à bout de force, il se laisse tomber sur le lit, la tête basse et soupire.

Sa respiration est trop rapide. Est-ce qu’il panique? Il a sûrement peur que Kurt apprenne ce qu’il fait. Je m’approche, pose mes mains sur ses larges épaules et le serre contre moi. Sa tête sur ma poitrine, son souffle redevient régulier. Je reprends.

— J’ai envie de toi, mais tu es un ami de mon frère. Il ne te pardonnera pas… Je ne veux pas que tu le regrettes…

Je sens sa chaleur contre mes seins. Il glisse ses mains le long de mes jambes, des genoux, jusqu’au haut de mes cuisses. Mon cœur rate un battement. A la seule idée de ce qui pourrait se passer, je recommence à perdre le contrôle. Mais j’ai assez peté les plombs dans le jardin. Je me force à garder la tête froide.

— Je veux seulement que tu sois sur.

Il caresse mes fesses. Ma respiration s’affole aussitôt.

— Je ne le suis pas… répond-il.

Je déglutis avec difficulté. Malgré ce qu’il dit, il ne me repousse pas.

— … mais…

Au contraire. Il glisse un doigt entre mes cuisses. Je gémis, incapable de me retenir alors qu’un délicieux frisson parcours mon corps.

— … j’entends ton cœur qui s’emballe à chaque fois que je t’effleure.

Je me cambre, à la recherche de davantage de contact.

— Putain, tu me rends dingue! souffle-t-il.

Il écarte délicatement l’écrin de tissu qui recouvre mon sein. Mon téton durcit immédiatement sous ses doigts. Batman grogne et le lèche avec avidité. Je frémis et serre les lèvres. Quand il me relâche, je suis à bout de souffle.

— On va faire un jeu, murmure mon inconnu. J’ai des questions. Tu y réponds, tu as une récompense. Ok?

— Quelle récompense? demandé-je curieuse.

— Ok? répète-t-il.

Il s’éloigne. Le froid remplace la chaleur de ses mains. Je cède.

— Ok.

Un sourire satisfait illumine son visage.

— Tu aimes ce que tu ressens avec moi?

— Oui.

Bonne réponse. Avec une lenteur délibérée, il fait glisser la fermeture éclaire qui retient mon corset. Il m’observe avec attention alors qu’il dévoile ma peau nue. Il écarte les balconnets de mon soutien-gorge, caresse sensuellement ma poitrine, la masse, la lèche. Je passe ma propre langue sur mes lèvres, tachant de contrôler ma respiration.

Quand il s’écarte à nouveau, j’ai envie de hurler de frustration.

— Tu as déjà fait ça? me demande-t-il.

— Quoi?

Ses yeux sombres braqués sur moi, il patiente en silence.

— Ok, cédé-je. Coucher, oui. Ne t’inquiète pas, je ne suis pas vierge. Coucher avec un ami de mon frère? Non. Coucher avec un homme dont je ne connais pas le nom et encore moins le visage? Non.

Sans un mot, il délace mes bottes, les retire, l’une après l’autre et les lance sur le côté. Puis, il baisse mon pantalon rouge et noir. Il tique en découvrant mon string en dentelle noire que j’ai mis tant de temps à choisir. Incapable de détourner les yeux, il a du mal à déglutir et s’humecte les lèvres. Il semblerait que j’ai fait le bon choix. Je voudrais caresser ses cheveux, mais ce fichu masque m’en empêche.

Après quelques instants, il termine d’enlever mon pantalon qui file rejoindre mes bottes. Des picotements suivent ses gestes lorsqu’il frôle ma peau nue avant de glisser sa main entre mes jambes. Ses frottements délicieux, même au travers du tissu, entraînent des spasmes si puissants que je m’agrippe à ses épaules. Sans ça, je vais m’écrouler.

Il étouffe mes gémissements dans un baiser et accélère ses gestes. Mon coeur est au bord de l’explosion. J’étouffe contre ses lèvres. Pourtant, je suis incapable de les lâcher, jusqu’à ce que l’orgasme me submerge. Je me cambre, contractée jusqu’aux orteils, puis m’affaisse. Hors d’haleine, je m’appuie sur ses épaules.

Au moment où je relève la tête, je réalise qu’il sourit d’une oreille à l’autre. Il paraît très fier de lui. Je donne un petit coup sur l’oreille de chauve-souris de son masque ridicule.

— Ne sois pas si content de toi!

Il retient un éclat de rire.

— Oh! Mais je peux faire bien mieux, affirme-t-il de sa voix rauque (faussement rocailleuse). Je te le garantis.

Quel prétentieux.

— Ah oui? Alors, prouve-le.

— Si tu réponds. As-tu déjà…

Il hesite. J’attends et remarque ses poings serrés. Est-ce si difficile?

— … fait un fellation a quelqu’un?

Surprise, j’écarquille les yeux. Je ne m’attendais pas à ça… Souhaite-il que je lui en fasse une? Je me sens rougir. Quoi que j’ai pu raconter, je n’ai aucune expérience dans ce domaine. Va-t-il être déçu? Ou contrarié? Sans oser le regarder, je fais non de la tête.

Il bondit comme un diable hors de sa boite et m’enlace. Il me serre contre son torse et s’empare de mes lèvres. Son baiser est passionné et possessif. Sans me libérer, il tourne

De façon à ce que le lit se retrouve dans mon dos. Sa bouche virevolte alors vers la mâchoire, mon cou, mes seins, mon ventre… Quand ses lèvres effleurent mon string, je cesse de respirer. Il le saisit entre ses dents et, avec un extrême lenteur, il le descend jusqu’à mes chevilles. Il se redresse ensuite en laissant ses doigts suivre mes courbes, m’embrasse et me pousse.

Je me retrouve assise sur le lit, offerte à son regard fiévreux. Malgré le faible éclairage, je sens qu’il n’en perd pas une miette. Il se penche pour embrasser mon genoux avant de s’agenouiller et de se déporter vers l’intérieur de ma cuisse. Mon cœur bat la chamade. Chaque baiser augmente ma tension alors qu’il remonte, centimètre par centimètre. Je me contracte en gémissant quand il frôle ma toison… pour faire courir ses baisers sur mon autre jambe. C’est une véritable torture!

Tout à coup, sa langue se presse sur les replis secrets de la chair. Surprise, je ne peux retenir un cri de plaisir. Je me cambre, parcourue par des vagues de volupté. Je m’appuie sur mes bras, incapable de me tenir droite sans aide. Il cadenasse mes jambes avec ses bras, et je m’écroule, impuissante. Je ne contrôle plus rien. Je ne peux retenir mes gémissements alors qu’il explore mon intimité, plus vite. Des convulsions parcourent mes muscles à chaque déferlement de plaisir, plus puissant que le précédent.

Je me sens au bord du gouffre. Un « oh! Oui! » m’échappe. A ces deux mots, mon amant relâche une de mes cuisses et glisse un doigt en moi, sans cesser de me titiller du bout de sa langue. La respiration irrégulière, je n’arrive plus à reprendre mon souffle tellement mes muscles se contractent. Un second doigt s’insinue en moi. Je hoquète et me mords violemment les lèvres pour ne pas hurler.

Je me crispe toute entière puis m’écroule, à bout de souffle. Je n’arrive même plus à me redresser. Il me donne un coup de langue supplémentaire qui me fait sursauter. Après ça, je suis encore beaucoup trop sensible! Il m’en donne un autre. Il trouve ça drôle de me voir sauter en l’air!

— Stop, le supplié-je, incapable d’en supporter davantage.

Il rit, se libère et va s’essuyer.

— Tu vois, je n’ai pas menti.

— Non… Tu n’a pas menti, articulé-je faiblement d’une voix éraillée que je ne me connais pas.

— Repose-toi, me dit-il.

Je me redresse avec difficulté avant de répondre.

— Ça va, on peut continuer.

Il braque ses prunelles sombres et secoue la tête.

— Pour l’instant, nous avons joué, mais tu peux encore dire que nous n’avons pas couché ensemble. Tu as juste pris du plaisir, et ça me va.

Il se détourne. Abasourdie, je fixe son dos. Certes, je suis plus que satisfaite. M’arrêter là ne serait pas frustrant, physiquement parlant. Mais… j’ai envie de le sentir, complètement. Je désire lui donner autant de plaisir qu’il m’en a donné.

Encore tremblante, je me lève, inconsciente de ma nudité, et m’approche de lui. Je lève la tête pour embrasser son cou puis la pose sur son dos. Je passe mes mains sur son ventre, puis plus bas. Il tressaille. Je caresse doucement le renflement de son pantalon, prêt à exploser sous la pression. La respiration de mon inconnu s’affole. J’entends son cœur qui tambourine.

Je monte sur demi-pointe pour murmurer à son oreille.

— Ose me dire que tu n’es pas excité.

Je glisse ma main sous sa ceinture. Il me retient.

— Non… marmonna-t-il, la voix rauque. Après, tu ne pourras plus revenir en arrière…

— C’est à moi de décider ce que je veux. Et je te veux.

Je l’oblige à lâcher prise et m’empare de son membre dressé. Il part en avant et s’agrippe à la commode alors que ma main glisse. Lentement d’abord. Puis de plus en plus vite.

— T’es un vrai démon… gémit-il.

Sans cesser mes caresses, j’utilise mon autre main pour le libérer de son carcan de tissu. Je le sens frémir. Lui procurer du plaisir est incroyablement excitant. Je me sens puissante, maîtresse de la situation. C’est à son tour de subir et de perdre le contrôle. Enivrée, je passe face à lui et fait une chose dont je ne me serais jamais crue capable. Je m’agenouille et le prends dans ma bouche.

— Putain! Mia! s’exclame-t-il, au comble du plaisir.

Je vais et viens, attentive au moindre de ses tremblements. Il exulte, mais je suis ignorante dans ce domaine. Je ne m’attendais pas à aller aussi loin. Je ressens une nausée et le relâche rapidement, confuse.

— Désolée, je ne dois pas être très douée…

Pourtant, quand il plante ses yeux dans les miens, ils étaient affamés.

— Tu veux rire? gronde-t-il. Tu me rends complètement dingue!

D’un geste, il ouvre un tiroir et en sort un préservatif qu’il enfile sans attendre. Je lui retire son pantalon. Il enlève lui-même son t-shirt. Il me soulève avec une facilité déconcertante et j’enroule mes jambes autour de sa taille. Je sens son pénis venir me titiller à chaque pas qui nous rapproche du lit. Je colle mes lèvres aux siennes et ne le lâche plus jusqu’à ce qu’il me bascule sur le matelas.

Il retire ce qui reste de mon soutien-gorge et j’en profite pour le faire basculer sur le dos.

— Que…

Je lui pose un doigt sur les lèvres.

— A mon tour de jouer, dis-je mutine.

Je passe une jambe au-dessus de lui pour le chevaucher. Il humecte ses lèvres, brûlant d’excitation. Je m’appuie sur son torse et tente de retirer son masque. Il agrippe ma main, aussi vif que l’éclair.

— Non, murmure-t-il. Pas si tu veux continuer.

Je fais la moue et évalue sa détermination. Difficile avec ce masque qui dissimule en partie ses émotions… Il ne scille pas. Sa chaleur entre mes cuisses me décide. Je me dégage de l’étau de ses doigts et le fait pénétrer en moi, lentement, les yeux plantés dans les siens. Un soupir lascif s’échappe de ses lèvres entrouvertes. Il pose ses mains sur mes hanches pour m’accompagner.

— Tu vas me tuer, Mia…

Je remonte avant de l’accueillir à nouveau en moi. J’accélère le rythme et me penche vers lui.

— Je te préviens, haleté-je, je saurais qui se cache sous ce masque.

Il attrape mes cheveux et m’attire à lui.

— On verra, grogne-t-il en m'embrassant.

Je me redresse, offerte à son regard, et ondule sensuellement. Quand il joint ses mouvements aux miens, je me contracte dans un spasme de plaisir.

— A mon tour, lance mon amant en me retournant pour passer sur le dessus.

Il place ses bras sous mes jambes et le relève. Au premier coup de boutoir, je me mords violemment les lèvres. Je suis obligée de bloquer ma respiration pour ne pas crier. A chaque expiration, des gémissements m’échappent. Je ne suis même plus capable de bouger, je m’abandonne aux sensations intenses qu’il me procure.

Je me crois incapable d’en supporter davantage, pourtant, à chaque mouvement, il me pousse encore plus loin. Mes muscles me font mal à force de se crisper, orgasme après orgasme. L’explosion finale se profile, plus délicieuse que tout ce que j’ai connu jusque-là. Je n’arrive plus à respirer. Je le supplie de continuer. Il le fait.

Submergée, je m’accroche à lui, les ongles plantés dans son dos. Contractée à l’extrême, je le sens palpiter en moi. Après une seconde, il s’effondre, aussi essoufflé et satisfait que moi. Il me serre dans ses bras et m’embrasse avec tendresse. « Wouah… » C’est tout ce que je parviens à articuler. « Ouais » est sa seule réponse.

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