7. L'anniversaire

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Le chaos m’entoure. Des vêtements recouvrent le sol et les meubles. Une chatte n’y retrouverait pas ses petits. C’est la catastrophe. Il est 19h, je dois être chez mon frère dans moins d’une heure et je ne trouve pas quoi me mettre.

Vêtue seulement de mon peignoir, je tourne en rond comme un lion en cage. Ce n’est qu’une petite soirée pour mes dix-huit ans, mais ça me stresse. J’ai l’impression d’aller à un rendez-vous. J’ai beau ignorer qui il est, il est possible que mon inconnu soit présent. Surtout si c’est Zek, murmure une petite voix dans ma tête. Je la balaie immédiatement. Me faire des idées sur lui ne m’avance à rien pour l’instant.

Je compare encore les sous-vêtements étalés devant moi. Si je mets une robe dos-nu, je ne peux pas mettre de soutien-gorge. Si je mets du blanc, je dois avoir la même couleur en dessous. Mes sous-vêtements blancs sont minables. Non. L’ensemble rouge n’est pas mal. Mais les bretelles sont un peu larges, ça veut dire pas de bretelles fines au-dessus. Le bleu a des doubles bretelles qui seront visibles si je mets un décolleté. J’opte finalement pour un un string noir en dentelle assorti à un soutien-gorge à balconnets. J’imagine la tête de Zorro s’il les découvre.

J’ajoute une petite robe rouge à volants, croisée sur le devant. Elle est décolleté sans être provocante. Je tourne pour faire voler les froufrous de la jupe. J’adore voir danser le tissu léger. J’espère que Zorro craquera en me voyant et qu’il se révèlera. Je me mettrais des gifles. Je ne sais même pas s’il sera présent.

Oriane m’a fait promettre de me faire une queu de cheval basse. Elle prépare quelque chose, mais impossible de lui faire cracher le morceau. J’hésite un instant. Je me sentirais plus à l’aise avec les cheveux relevés, c’est plus élégant. Je soupire, attrape ma brosse, résignée, et accroche ma tignasse en une masse noire. Ce n’est vraiment pas très joli. J’attrape l’élastique et fait passer la queue derrière lui, créant une ravissante torsade. Beaucoup mieux.

Les minutes défilent alors que je me maquille. Mon alarme résonne brusquement dans le silence de ma chambre. Plus le temps pour faire mieux, j’enfile mes bottes et rejoint Anouk et Oriane dans l’entrée. Un sourire entendu étire leurs lèvres. Qu’est-ce qu’elles me préparent ? J’ai bien pensé à quelque chose genre stripteaser pour fêter mes dix-huit ans, mais elles n’oseraient pas faire ça chez Kurt.

— Allez les filles! Dites-moi ce que vous avez préparé!

— Mais rien! affirme Oriane l’air aussi innocent que l’enfant qui vient de naître. Juste des cadeaux et te présenter mon bel Adam.

Ses yeux rêveurs papillonnent.

— On est juste contente que tu rejoigne les personnes majeures, ajoute Anouk.

— Rends-toi compte, reprend Oriane, tu peux voter maintenant. C’est pas génial ça?

— Et boire de l’alcool!

— C’est ça, dis-je en soupirant, comme si je n’en buvais pas déjà.

Elles rient, me tendent ma veste et me poussent hors de notre appartement.

Cinq cents mètres plus loin, dans une rue adjacente, la grande maison de style ancien que louent mon frère et ses amis se dresse fièrement. Du lierre dévore tout un pan de mur. Elle est un peu vieillotte, mais elle cache bien son jeu. L’immense bâtisse compte six chambres, un salon, une cuisine et pas moins de trois salles de bain! Et surtout, contrairement à ce qu’on croirait de l’extérieur, un grand jardin se cache à l’arrière avec une magnifique terrasse, des arbres majestueux et des buissons épais. Un petit coin de nature, bien dissimulé derrière un écrin de pierres épaisses.

J’adore cet endroit. J’ai bien failli occuper la sixième chambre. L’idée d’avoir la bande en permanence sur le dos me mettait en stress. Pourtant, ma mère a essayé de forcer mon frère à accepter jusqu’à ce que je lui fasse réaliser que ça voudrait dire cohabiter avec quatre jolis garçons, plus âgés que moi. Kurt n’avait pas les mêmes craintes. Il sait qu’aucun de ses amis ne me toucherait. Il leur a fait juré il y a des années de ne jamais s’approcher de moi. Il tuerait celui qui prendrait le risque de me séduire, ou au moins, il lui casserait la gueule. Ce qui lui posait problème, c’était plutôt de me savoir au milieu des fêtes alcoolisées qu’ils organisaient.

Anouk, tellement joyeuse qu’elle a sautillé tout le trajet, sonne à la porte et entre sans attendre. Nous posons vestes et sac dans l’entrée avant d’avancer vers la pièce à vivre. Les meubles du salon ont été poussés, le canapé a migré devant la télévision et des tables s’alignent contre les murs à la façon d’un buffet. La bande est là, au grand complet devant une table supplémentaire, en plein milieu de la pièce, où s’entassent des paquets. Autour d’eux, Victoria, Abdel et Romain me font de grands signes. Il y a aussi un grand brun. C’est sûrement Adam. Il me salue timidement d’un signe de la main avant de prendre celle d’Oriane.

— Joyeux anniversaire Mia! crient mes amis avec entrain.

Tous s’approchent pour me féliciter. Comme Kurt, Yanis, Hyas, Liam et Zek me serrent dans leurs bras. J’essaie d’empêcher mon coeur de s’emballer. J’ai cru que Zorro était Zek et que Liam ressentait quelque chose pour moi. Je commence à réaliser que ces garçons qui me connaissent si bien, ceux pour qui je ne suis que “Minimoy”, sont plus attirants que ce que je croyais. Je les vois d’un oeil nouveau. Pas seulement Zek et Liam, mais tous.

Mon esprit vagabonde. Est-ce que Hyas ne m’a pas serré un peu trop fort? Un peu trop longtemps? Yanis a-t-il toujours ce regard qui me couve? Est-ce que je l’imagine? Est-ce celui d’un grand frère? Est-ce que l’un d’entre eux pourrait avoir des sentiments pour moi?

Je me secoue pour chasser ces idées parasites. Je les connais depuis des années. Je dois arrêter de fantasmer!

Mes amis me guident jusqu’à la table envahie de cadeaux.

— Tu as de la chance, Minimoy, lance Kurt avec un sourire en coin et les bras croisés. Tu as droit aux cadeaux dès le début de la soirée.

Je le toise d’un air méfiant. Je le connais trop bien. Il cache quelque chose, quelque chose qui l’amuse beaucoup.

— Pourquoi?

— Ouvre tes cadeaux, ordonne mon frère en me donnant un coup d’épaule.

La curiosité l’emporte sur mes soupçons. J’arrache les papiers cadeaux les uns après les autres. Je découvre un livre “tu es géniale”, quelques mangas et autres romans, un t-shirt avec une licorne écrit “j’peux pas, j’ai 18 ans”, un joli pull, un coffret de maquillage, un jeu top ten (18+). Je ris.

J’ouvre une carte et tique en voyant l’illustration. Elle représente des personnages de DC comics : Batman, Robin, catwoman, poison Ivy, le Joker et Harley Quinn. C’est la carte de Zek, facile à deviner, elle est faite à la main. C’est un super dessinateur. Ce choix est-il vraiment un hasard?

Je lis le message.

« Joyeux anniversaire Minimoy.

Je sais que tu es une femme maintenant. Il faudrait être idiot pour ne pas le voir (comme Kurt par exemple!). Profite bien de tes 18 ans, mais ne fais pas trop de bêtises s’il te plaît.

Comme je te l’ai dit, nous serons toujours là pour veiller sur toi. Je sais que tu n’aimes pas ça, mais comprends nous, tu ne réalises pas quel regard les garçons portent sur toi, depuis longtemps. Certains vont tenter d‘abuser. Je ne veux pas que tu souffres.

Alors je te le demande (désolé, mais à l’écrit c’est plus facile pour moi), s’il te plaît, prends sur toi, et laisse-nous te protéger encore un peu. En échange, je te promets de tout faire pour qu’aucun de nous n’aille trop loin!

Si tu as besoin de moi, je serai toujours là.

Je t’embrasse.

Zek »

Ce n’est pas banal. Je fixe Zek, qui détourne les yeux. Je crois qu’il rougit. Je n’arrive pas déterminer si je suis touchée par son besoin d’expliquer qu’il veut me protéger ou en colère qu’il me demande d’accepter de le laissé se mêler de ma vie privée. Peut-être un peu des deux.

Mieux vaut laisser couler pour l’instant. J’attrape un petit paquet. Une petite carte est glissée sous le ruban qui entoure la boîte. Il est écrit “lis d’abord la carte” dessus. J’obéis. J’écarquille les yeux en lisant “N’ouvre surtout pas ça devant ton frère! Joyeux dix-huitième anniversaire”. J’enlève délicatement le ruban adhésif, retient un gloussement et glisse le paquet à Orian en lui murmurant de le cacher. Ce sont des préservatifs. J’ignore qui m’a offert ça, mais Kurt ne doit effectivement pas le voir! C’est bien le genre d’Anouk en tous cas.

Il ne reste qu’un cadeau. Je déchire le papier et me fige. Je ne comprends pas. Je saisis le tissu et le déplie. Hors de l'emballage, je découvre un déguisement de Harley Quinn.

Oriane m’attrape le bras.

— Surprise! crie-t-elle à mes oreilles.

— Pardon? balbutié-je.

— Tu n’es pas allée à la fête d’Halloween, n’est-ce pas? demande Hyas.

— On a convaincu Kurt d’organiser un nouvel Halloween pour toi, ajoute Zek.

— Ouais, confirme mon frère avec son demi-sourire, mais sans alcool. Désolée ma vieille. Tu as beau avoir dix-huit ans, je ne veux ni nettoyer ton vomi, ni avoir à surveiller toute la soirée qu’aucun mec ne te soule pour t’emmener dans une chambre.

— Arrête, Kurt! lance Yanis avec une moue dégoûtée.

— On va se changer les filles? demande Oriane.

Rayonnante, elle me colle le déguisement dans les bras, passe un bras sous le mien, l’autre sous celui d’Anouk, appelle Victoria et nous entraîne vers l’étage. Elle nous guide dans le couloir en direction de la sixième chambre. Celle-ci est inoccupée, elle sert donc de chambre d’ami et de fourre-tout. Elle est plutôt agréable. Les meubles sont dépareillés, mais la commode est décorée de goodies. Deux stores habillent les murs blanc. Les garçons ont même mis une lampe de chevet sur la table de nuit. Je soupçonne ma mère d’être passée par là quand cette pièce n’était encore qu’un fourbi.

Les filles s’emparent de trois sacs qui attendaient patiemment leurs propriétaires sur le lit.

— C’est parti les filles! lance Anouk. Fiesta!

— Vous m’expliquez? demandé-je. Je ne me plains pas, mais je ne comprends pas vraiment ce qui se passe.

Dos les unes par rapport aux autres, nous nous activons à changer de vêtements. Je défais à regret le nœud qui maintient ma robe et enfile le débardeur avec le corset d’Harley Quinn.

— Hyas était super déçu de ne pas t’avoir vu à la fête d’Halloween, m’explique Oriane. Je me demande vraiment s’il ne s'intéresse pas à toi plus qu’il ne le devrait!

Je lui lance ma robe à la figure.

— Arrête tes conneries!

J’essaie de m’empêcher de me faire des idées et voilà qu’elle en rajoute!

— Je ne plaisante pas! reprend mon amie. Il m’a parlé de la fête dans l’espoir que tu viennes. C’est sur à cent pour cent. Alors je lui ai dit que tu avais eu peur qu’ils te gâchent la soirée. Je lui ai rappelé comment ils faisaient au lycée. J’ai ajouté que tu regrettais de ne pas avoir eu ta fête costumée. Et voilà! Mon cadeau, c’est une chance de revoir Zorro!

— Encore faut-il qu’il soit là, marmonné-je

— Zorro? demande Victoria qui n’est au courant de rien.

Je lui explique rapidement la situation et lui fais jurer le silence. L’avantage d’avoir été témoin de la scène de Liam, c’est qu’elle promet sans poser plus de questions.

— Qu’il soit là ou non, complète Anouk, on va s’amuser et danser toute la nuit!

— Je prends les paris! lancè-je en enfilant le pantalon de mon costume. Est-ce que je vais seulement pouvoir danser avec Romain si la bande sait quel costume je porte?

— Quand même! s’exclame Victoria, sourcils levés. C’est Romain! Tu es toute la semaine avec lui!

— Un contre un, affirme Oriane. Kurt est là, et il ne connait pas Romain.

— Deux contre un! annonce Anouk avec une moue compatissante.

Je soupire.

— Trois contre un. Les jeux sont faits.

Avec un peu de chance, Zek aura-t-il réussi à adoucir un peu mon frère. On peut toujours rêver.

Je comprends mieux pourquoi Oriane voulait que ma coiffure soit basse, c’est plus facile à faire rentrer dans la perruque. Le maquillage prend un certain temps pour chacune de nous. Cette fois, Anouk s’est déguisée en sorcière sexy. Pour Liam? Oriane porte à nouveau son costume de Poison Ivy et Victoria est une vampire.

Lorsque nous redescendons, le salon est rempli d’étudiants costumés qui se déhanchent au son de la musique. Une main gantée se présente devant moi. C’est Romain, en Joker. Il me fait tourner et m’entraine sur la piste de danse. Adam est également en bas de l’escalier, il attrape sa belle et l’attire à lui, un sourire aux lèvres. Anouk me chuchote qu’elle part en chasse et s’éclipse. Je pouffe quand j’aperçois, du coin de l'œil, Abdel qui s’approche nonchalamment de Victoria. S’ils ne sont pas ensembles, ces deux-là auront au moins fait un essai avant la fin de l’année scolaire.

La musique m’emporte, mais impossible de me laisser aller. Je scrute les visages qui m’entourent, je guette la meute qui rôde. Je n’en débusque aucun sur la piste. Dans un coin, je reconnais Kurt avec des vêtements troués et un maquillage blanc qui me surveille les sourcils froncés. Heureusement qu’il ne voulait pas d’alcool pour ne pas me surveiller toute la soirée…

— Détends-toi, me conseille Romain. J’ai parlé un peu avec Zek, il a dit que les garçons étaient d’accord pour te laisser respirer.

— Ca se voit que Kurt est prêt à m’oublier! Regarde sa tête. Si nous ne dansions que tous les deux, il t’aurait déjà renvoyé chez ta mère.

— Mais on n’est pas que tous les deux.

— Et puis, renchérit Oriane, dès qu’il aura un peu picolé, tu seras tranquille.

— Je croyais qu’il n’y avait pas d’alcool? s’interroge Abdel.

— Ca c’est la théorie! Plusieurs élèves de la CCI ont tout prévu pour pimenter la soirée!

Mon amie éclate de rire et se lance dans une chorégraphie endiablée. Je la suis, comme toujours. Nous sommes sœurs de danse. L’une lance, l’autre suit, toujours.

Les minutes s'enchaînent. Je finis par oublier Kurt, triste sire dans ce débordement d'allégresse. Il voulait bouder, grand bien lui fasse! Pendant qu’il gâchait sa soirée, je riait avec mes amis, je dansais avec eux, et même avec quelques étrangers qui se joignaient à nous par moment. Je dansais avec un Ghost face, un zombi masqué ou encore un squelette.

Je me fige tout-à-coup. Damien, un copain de fac déguisé en vampire, danse en face de moi. Il a posé sa main sur ma taille pour m’accompagner dans mes mouvements. Ce geste n’a rien d’intrusif, il m’a demandé l’autorisation avant de le faire. Mais à la seconde où ses doigts se sont posés sur moi, Kurt a bondi, avec sa tête des mauvais jours… Il s’approche à grand pas. Je suis incapable de bouger, mon cerveau refuse de faire fonctionner mes muscles. Je me retrouve comme une petite fille.

Soudain, quelqu’un s’interpose. Je ne vois pas qui c’est, il est de dos et porte une tenue noire. Les yeux de mon frère vont et viennent entre la personne qui lui parle et moi. Kurt croise les bras. L’autre lui tend un verre. Mon frère soupire et retourne s'asseoir sur la chaise de bar qu’il vient de quitter. Je reprends mes esprits et me rends compte que j’avais cessé de respirer.

Je décide de faire une pause et de m’octroyer un verre de punch, arrangé par les élèves de la CCI. J’encourage mes amis à rester sur la piste, mais Oriane ne m’abandonne pas. C’est la meilleure. Je lui explique. Elle me serre dans ses bras. Nous buvons, rions et elle repart vers son Adam. Je prends quelques minutes pour respirer.

J’ai chaud. Les corps qui s’agitent rendent l’endroit étouffant. Anouk s’assoit à côté de moi. Elle rage contre les soirées déguisées et avale d’une traite le contenu du verre qu’elle tient. La chasse ne s’est pas passée comme prévu.

C’est alors que je l'aperçois. Zorro. Au buffet, il se sert à boire. Il est grand. Ma respiration accélère. Mon pouls s’affole. Je jette un coup d'œil à Kurt. Il discute avec quelques personnes. Il avale la boisson d’un trait. Il semble étourdi. Quelque chose me dit qu’il a pioché dans le punch. C’est ma chance.

Je m’avance vers Zorro.

— Salut.

Il regarde autour de nous avant de planter ses prunelles dans les miennes. Dans la pénombre, impossible de dire de quelle couleur elles sont. Il ne me répond pas. Mon coeur a un raté.

— J’espérais que tu serais là.

Il hausse un sourcil.

— Tu es sure? demande-t-il incertain.

Mon excitation retombe d’un cran.

— Oui, je voulais te parler de la soirée d’Halloween.

Il soupire. Ses épaules s’affaissent.

— J’ai été nul. J’avais trop bu.

Fini l’excitation. Ce n’était que ça mon crush masqué? Un mec lambda qui avait trop bu? Où est cette passion qui s’était déchaînée entre nous? Je dois me rendre à l’évidence, ce n’était que l’ambiance du jeu qui avait rendu tout cela si spécial.

— Mais je voudrais vraiment sortir avec toi…

Il s’approche. Pose sa main sur ma joue. Je la trouve froide, dérangeante. Il se penche vers moi. J’ai attendu ça pendant des semaines. Pourtant, je le vois s’approcher, comme au ralenti, et je ne ressens que du dégoût (de la répulsion?). Je ne veux pas qu’il me touche. Je refuse que ses lèvres humides se posent sur les miennes.

D’un geste vif, je le repousse. Il tressaille. J’ai l’impression d’être monstrueuse. Je viens le chercher, puis je le rejette. Le pauvre garçon ne doit plus savoir où il en est.

— Désolée, dis-je. Je ne peux pas sortir avec toi.

— A cause de l’autre brute c’est ça? contre-t-il.

L’autre brute? De qui parle-t-il? Les pièces du puzzle se mettent en place. Je fouille ma mémoire à la recherche du nom de l’étudiant de droit.

— Yann?

— Ben oui. Qui d’autre.

— Pourquoi es-tu déguisé en Zorro?

— Pardon? Ben… C’est mon déguisement de cette année. J’ai pas été très correct à Halloween, mais toi t’es bizarre quand même.

Ce n’était pas lui. Ce n’était pas MON Zorro.

— On s’est vu à Halloween?

— Oui! Sur la piste de danse!

Le Zorro de la piste. Le Zorro trop grand, le Zorro trop ivre.

— Comment As-tu su que c’était moi?

— C’est Anouk. Elle disait que tu cherchais Zorro. Et comme j’avais rencontré une Harley Quinn, elle m’a parlé de toi. Je me suis dit que ça pourrait être sympa. Mais, pour être honnête, je ne sais plus quoi penser de toi.

Je m’esclaffe et pose ma main sur son bras.

— Ne pense rien et va profiter de ta soirée.

Je le pousse vers le bar et me retourne. Je suis face à un homme en costume de Batman. Il est plus petit que Yann et me toise depuis l’intérieur de son masque. Il dégage quelque chose d’hypnotique. Il attrape ma main. Le brasier s’empare de moi. Sans un mot, il me guide sur la piste de danse.

C’est lui.

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