S’aimer pour l’éternité (2)

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Janice se rapprocha de lui.

— Dis-moi…. l’endroit où tu te trouves, ça ressemble à quoi ?

— Au-delà de toute compréhension. Je n’aurais jamais imaginé cela dans mes rêves les plus fous. Ils œuvrent depuis le début de notre monde. Ce sont les bâtisseurs, les originaux, ceux qui façonnent ou démantèlent des civilisations au gré du plan de l’Unique, comme ils le nomment eux-mêmes. Ils m’ont pris sous leurs ailes comme ils l’ont fait avec tant d’autres, et m’autorisent même à faire venir ma famille si je le désire. Oh, ma Janice… je suis toujours et bel et bien en vie, mais pas comme tu t’en souviens.

— Pourquoi je ferais-je cela ? Quitter ma vie, notre enfant, Luc ! as-tu pensé à elle ?

— Je n’ai jamais arrêté, répliqua Luc tendrement. C’est une jeune femme à présent, maintenant, mariée à un charmant jeune homme d’après ce qu’on m’a dit. Ne t’inquiète pas, on ne l’abandonnera pas. Tu lui laisseras un message disant que tu es parti te ressourcer quelque part dans un endroit reculé du monde, et ensuite, tu la contacteras dans quelques jours afin de la mener à nous. Je t’apprendrais à faire ce que j’ai réussi avec toi, et elle nous rejoindra bientôt lorsqu’elle saura.

— Ce sont tes seuls arguments ? lança Janice d’un air attristé.

— Non. D’autres raisons plus sérieuses m’ont poussé à te contacter. C’est celles qui ont convaincu les Bâtisseurs de me laisser te joindre. Veux-tu les connaître?

Une légère brise fit voltiger la mèche de cheveux sur le front de Janice pendant qu’elle se tenait à quelques mètres de l’emplacement ou Luc était tombé. Pendant des jours après l’accident, elle s’était mise à étudier les articles qu’il avait consultés dans l’espoir d’y trouver des réponses. Certaines mythologies évoquaient les bâtisseurs comme les premiers humains œuvrant sur cette planète. Elle commençait à saisir ce à quoi Luc faisait allusion.

— Ils érigent ou détruisent des mondes, dit-elle tout bas. Tu veux me sauver, si j’ai bien compris ?

Luc fut soudain soulagé de ne pas avoir à lui dire cette vérité.

— Ils n’ont pas de compte à nous rendre, quoi qu’on en pense. Notre civilisation utilise ses dernières ressources. Nous ne respectons plus rien et notre planète souffre. De grands bouleversements vont arriver. Et je sais que c’est pour bientôt.

Janice ne disait rien.

— Chérie ! murmura Luc en se rapprochant d’elle.

— Que vas-tu m’annoncer encore ? Janice était secouée par ce qu’elle venait d’entendre et sa voix tremblait.

— Aimerais-tu retrouver ta jeunesse ?

Janice s’effondra en larmes sur ses épaules, submergées par trop d’émotions.

— Est-ce que je souffrirais ? lui dit-elle entre deux sanglots.

Luc lui caressait les cheveux. Il n’osait croire que ce moment-là, auquel il espérait tellement, était en train d’arriver. Ces bras se refermèrent un peu plus sur ce bout de femme qui fut sa compagne avant son départ, et qui lui revenait pour l’éternité que les bâtisseurs leur offraient.

— Tu ne sentiras rien. Promis. Ensuite, tu verras à quel point c’est magnifique. En comparaison de ce qui nous attend, ton existence sur terre ne ressemblera plus qu’à un rêve lointain.

— Et Gaëlle ? Janice le regarda, les yeux humides.

— Elle nous rejoindra bientôt, une fois qu’elle aura reçu tes messages en rêve qui la guideront vers l’anneau qui sera visible uniquement par elle. Luc prit sa main contenant le bijou d’un geste calme, et le saisit du bout des doigts. Il détailla un court instant les symboles de l’objet qu’il tendait en direction de l’horizon avant de se tourner vers sa femme.

— Voilà le moment de vérité. Es-tu prête à entrer dans l’inconnu avec moi ?

— Je crois… Je crois que je l’ai toujours été, depuis le jour où je t’ai offert cette bague. Janice pleurait et riait en même temps. Elle se saisit de sa main qui tenait l’anneau et se serra contre lui. Je ne veux plus être seul, maintenant que tu es là… Dis-moi ce qu’il faut que je fasse.

— Regarde l’horizon et répète après moi chaque mot que je prononcerais. Ne t’effraie pas de ce qui apparaîtra devant toi, tout se passera bien, ait confiance en moi. Je t’aime.

— Moi aussi. Elle l’étreignit fortement pendant un long moment, puis leva son visage vers le sien. Vas-y… Je suis prête. Je t’aime »

Quelques minutes plus tard, l’anneau retomba entre les herbes folles pendant qu’une étoile scintillante brillait de mille feux dans les airs avant de disparaître.

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