Chapitre 3 : Première bataille

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Quelqu’un frappa à la porte ce qui fit sursauter Cassiopée. Cette dernière alla ouvrir la porte et fut surprise par la personne qui se trouvait face à elle.

« A… Alstar ? Bégaya-t-elle. Que faites-vous là ?

— Vous aviez fait tomber cela à la bibliothèque, répondit-il en lui tendant un pendentif qui représentait une fleur rouge.

— Merce…

Il y eut un silence qui fut interrompu par une voix que la jeune fille reconnaît. Ameedé.

« Alstar ! Votre père a sa sortie annuelle. »

Ce dernier se tourna rapidement et chuchota :

« Je dois y aller.

— Bien… Bonne journée…

— Tenez. »

Il lui tendit un peu plus son bijou et elle l’attrapa. Cassiopée hocha la tête pour le remercier, mais celui-ci avait disparu. À présent, c’était le prince qui se tenait devant elle.

« Qu’est-ce ?

— Mon collier de naissance…

— Pourquoi cette fleur ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.

— C’est… le symbole de ma famille… répondit l’adolescente, perturbée par l’air étonné de son interlocuteur.

— Vraiment ?

— Que se passe-t-il ? »

Le prince ne répondit pas et se contenta de tourner la tête dans la direction dans laquelle le garde s’était enfui.

« Faites attention à vous. Il y a en ces lieux des personnes aux personnalités bien cachées. Alstar est bien mystérieux.

— Il a l’air d’être sympa…

— Il a l’air, comme vous dites… Mais son père a été mis aux cachots alors qu’il était innocent et…

— Vous savez qu’il est innocent ?! » le coupa la jeune fille légèrement offusquée.

Le messager parut surpris devant la soudaine agressivité de la prisonnière, mais ne laissa rien paraître. D’un air indifférent, il répondit :

« Nos pères se connaissent depuis bien des années. Bien avant ma naissance et celle d’Alstar. Ils étaient très amis, mais il a dû se passer quelque chose, mais j’ignore de quoi il s’agit…

— Mais… Pourquoi ne demandez-vous pas à votre père ?

— Je préfère ne pas me frotter à mon père une nouvelle fois. La dernière fois que j’ai demandé quelque chose à ce sujet, il m’a enfermé dans ma chambre sans raison valable, me faisant promettre de ne plus jamais reparler de cela.

— Je ne pensais pas votre père ainsi.

— Il a deux faces, expliqua Ameedé calmement. Il peut se montrer doux, rieur et jovial, mais quand quelque chose le froisse, il devient un démon horripilant. »

Il y eut un silence qu’Ameedé ne tarda pas à briser en questionnant :

« Que faisiez_vous avec Alstar ?

— Je… Il m’a ramenée quelque chose que j’avais fait tomber à la bibliothèque.

— Votre collier de naissance, je suppose.

— Euh… oui… »

Cassiopée eut soudain très envie de s’enfermer dans ses appartements, sans qu’elle n’en sache la raison. Elle se racla la gorge et annonça :

« Je… Je vais me reposer. Puis-je prendre congé de vous ?

— Bien évidemment. »

Le prince laissa échapper un petit rire avant que la jeune fille ne se rue dans ses appartements et s’enferme.

Cassiopée poussa un long soupir avant de se jeter dans le canapé en tenant fermement son pendentif. Comment avait-elle pu le perdre ? Perdre la seule chose qu’il lui restait de ses parents morts l’année précédente. Elle serra son bijou avant de se relever et de le déposer dans une petite boîte posée sur un meuble. La jeune fille entra dans sa chambre et s’assit sur son lit moelleux. Du mois, plus moelleux que celui qu’elle avait chez elle, à la ferme. Elle s’allongea, tendant chacun de ses membres, goûtant le plaisir d’un peu de repos. Elle le méritait. C’est ce qu’elle pensait. Après une journée pareille, tout le monde méritait du repos.

Elle sombra dans un sommeil profond et ne se réveilla que le lendemain matin. Elle était toujours habillée, mais elle devait se changer pour l’entraînement. En entrant dans le salon de ses appartements, elle vit qu’une nouvelle pile de vêtements avait été déposée et que ceux de la veille avaient disparu. Quelqu’un avait dû passer. Elle se changea rapidement et fut prête juste à temps pour ouvrir la porte lorsque quelqu’un y frappa. C’était un garde qui avait un étrange air de famille avec Alstar, à moins que la fatigue, encore présente malgré son somme, lui jouait des tours. Le garde se pencha vers la jeune fille et chuchota :

« Le roi vous demande. »

Cassiopée se contenta d’acquiescer d’un mouvement de tête avant de suivre son interlocuteur dans les couloirs du palais. Elle ne pouvait cesser d’admirer la demeure, et cela pourrait probablement ne jamais s’arrêter. Elle arriva dans la salle du trône et fut surprise par une pomme qui lui a été jetée et qu’elle rattrapa sans difficulté.

« Beau réflexe ! s’exclama la voix du roi. Et dire que vous ne sachiez pas faire cela à votre arrivée. Bons progrès. »

Il laissa échapper un rire avant de reprendre :

« Je vous ai demandé pour avoir ta réponse.

— Ma réponse ? s’étonna l’adolescente en fronçant les sourcils.

— Toi, garde ? répondit simplement le souverain, amusé.

— Euh… Eh bien… Je n’y ai pas réellement réfléchie…

— Je comprendrais si vous souhaitiez rentrer chez vous pour rejoindre votre famille.

— Je… hésita Cassiopée, légèrement mal à l’aise. Je n’ai plus de famille… Mes parents sont morts l’année dernière et je suis fille unique, tout comme mes parents et mes grands-parents, eux-mêmes.

— Je suis navré de l’apprendre… Mais, dans ce cas, cela ajoute une raison pour que vous rejoigniez la nôtre. »

Cassiopée ne comprenait pas. À elle, une simple prisonnière, ils lui proposaient de devenir garde et de rejoindre leur famille ? Même si elle les avait sauvés des griffes des soldats de la forêt Fortiosum, elle trouvait l’idée étrange. C’était comme si, lorsqu’elle reviendra de ma quête, si elle revient, elle passerait une limite séparant la prisonnière de la garde. Une frontière complètement invisible. Ils sont fous ! Pensa-t-elle. Je pourrais très bien les trahir ! Même si elle savait au fond d’elle-même qu’elle ne les trahirait jamais, comment, eux, pouvaient-ils savoir ? Soudain, le visage d’Alstar s’accrocha à ses pensées et, sans qu’elle n’en sache la raison, un sourire se dessina sur ses lèvres.

« Tout va bien ? demanda le roi sur un ton inquiet.

— Je veux bien. Je veux bien devenir garde à mon retour, répondit enfin la prisonnière. Si je reviens… »

Le souverain laissa échapper un sourire avant de se dresser sur son trône et d’ajouter :

« Très bien. Cassiopée De Valenr, tu seras à mes services en tant que garde au retour de votre petite escapade. Tu peux y aller. »

Une petite escapade ? L’adolescente aurait voulu répliquer quelque chose à cette qualification de leur quête, mais s’abstient et salua son supérieur avant de se diriger vers un couloir. Elle ignorait où il mènerait, mais elle devait s’évader. S’aérer l’esprit ? Était-ce vraiment Alstar qui lui avait permis de se décider ? Elle l’ignorait, ce qu’il valut de laisser courir un frisson le long de son échine. Soudain, une voix la fit sursauter. Son ton la rendit mal à l’aise. Il était doux… Elle s’agenouilla et attrapa ses genoux pour les serrer contre sa poitrine. Elle resta ainsi pendant quelques secondes avant qu’une main chaude ne vienne se poser sur son épaule.Cassiopée leva la tête et faillit pousser un cri en voyant de qui il s’agissait. C’était Alstar. Il était là, debout devant elle, dans sa tenue officielle de garde.Ises yeux ambrés la fixaient et il haussait de fins sourcils d’une couleur semblable à celle de ses cheveux de feu. Mais il ne parlait pas. Il n’y arrivait pas. Il en ignorait la raison, mais il était incapable de formuler le moindre mot alors que ses yeux rappelant une mer aussi calme que tumultueuse dans la tempête étaient posés sur lui, remplis de larmes. Pourquoi pleures-tu ? aurait-il voulu demander, mais sa question resta dans ses pensées. Il se sentit à la fois soulagé et déçu lorsque l’adolescente détourna son regard de lui pour se poser sur un tableau représentant la famille royale. Il y avait le roi, fier et heureux, à ses côtés, une magnifique femme qui avait dans ses bras un jeune garçon, au regard de glace et cheveux noirs comme la nuit. Mais ce qui intrigua la prisonnière, fut la petite fille, dans les bras du souverain. Elle avait sans aucun doute le même âge qu’Ameedé sur le tableau et elle ressemblait à ce dernier. Ils étaient comme la lune et le soleil. Deux astres si différents et semblables à la fois. Ils n’étaient pas de simples étoiles que l’on avait dû mal à reconnaître lorsque l’on s’y connaissait peu, mais ils étaient ce qui apportait lumière et réconfort dans le jour et la nuit. Trop concentrée dans la contemplation de la peinture, Cassiopée ne remarqua pas qu’Alstar s’était assis à ses côtés et contemplait l’œuvre tristement. Le silence était pesant et la jeune fille ne le supporta pas. Elle se leva subitement et s’éloigna à pas de loups dans les profondeurs de la forteresse, sans un regard en arrière. Au bout d’un certain temps, elle s’arrêta et constata qu’elle était perdue. Sa lâcheté lui avait fait défaut une fois de plus. Où était-elle ? était la seule question qu’elle se posait en ce moment. Elle se rendit rapidement compte qu’elle n’était pas seulement perdue physiquement, mais aussi émotionnellement. Elle venait probablement de blesser le seul garde qui avait un minimum de considération pour elle et se sentait affreusement mal à cette pensée, mais surtout, elle avait presque refusé l’offre du roi qui n’avait voulu qu’être gentil avec elle. Elle se sentait nulle… Ne pouvant lutter contre ses larmes, elle les laissa dévaler ses joues. Soudainement, alors qu’elle était seule et n’avait pas bougé, elle trébucha, se rattrapant difficilement sur de ses mains. Se relevant avec peine, elle vit qu’une branche d’arbre s’était mystérieusement glissée par la fenêtre ouverte près d’elle et avait fait en sorte qu’elle la repère en la faisant tomber. Elle pesta intérieurement et se demanda quelle étrange magie avait poussé cette branche jusqu’ici. Elle s’avança vers la fenêtre, tandis que la raison de sa chute se glissait dans l’ouverture. Au loin, elle vit trois points suivi d’une grosse masse et, en plissant les yeux elle comprit que ce n’était pas de bonnes augure. Les trois points étaient en fait trois hommes dont celui au centre avait une allure royale et dont ceux aux extrémités tenaient chacun un drapeau que la jeune fille reconnu comme celui du Château d’Autrefois, un royaume décrit comme féroce et sans pitié dans les légendes. Derrière eux, la masse se trouvait être, en fait, une armée lourdement équipée. L’information fusa alors dans son esprit et elle comprit immédiatement : une guerre se préparait. Sans plus réfléchir, elle pivota sur ses talons et se mit à courir, espérant silencieusement croiser quelqu’un. Sa pensée sembla être entendue, car, alors qu’elle empruntait un nouveau couloir, elle percuta quelqu’un. Elle bascula en arrière, mais cette personne lui attrapa la main, lui évitant une nouvelle chute. Le contact fut un choc pour la jeune fille tant il était chaud. Elle avait l’impression d’avoir la main poser sur un fer à repasser. La personne qui l’avait rattrapait la redressa et Cassiopée sentit la gêne la prendre lorsqu’elle reconnu le visage impassible du prince. D’une voix étonnement douce, il demanda :

« Tout va bien ?

— Non ! s’exclama maladroitement Cassiopée en retirant sa main de celle du messager. Ils attaquent ! »

Le visage du prince changea immédiatement et pour la première fois, la prisonnière put voir ce qui ressemblait à de la peur. De derrière lui, Alstar apparut. Il lui lançant un regard encourageant avant de demander à son tour :

« Qui ?

— Le Château d’Autrefois ! »

Les deux jeunes hommes s’échangèrent un regard que l’adolescente ne comprit pas et poussa un cri lorsque le prince lui attrapa le poignet et commença à la tirer, suivant de près le roux. Leurs pas étaient si rapides que s’il ne l’avait pas tenu, la prisonnière n’aurait pas pu les suivre. Le couloir dans lequel ils marchaient déboucha sur la salle du trône. Le roi se leva en les voyant arriver.

« Que se passe-t-il ? questionna-t-il soudainement inquiet.

— On nous attaque ! s’écria Alstar. Cassiopiée nous a prévenu. C’est le Château d’Autrefois. »

Le souverain fixa pendant un instant la jeune fille avant de lui demander :

« Comment l’as-tu vu ?

— Par une fenêtre, se contenta de répondre Cassiopée, évitant de parler de la branche qui l’avait mystérieusement attiré vers la fenêtre.

— D’où venait-elle ? Demanda, cette fois, le roi à l’attention de son fils.

— De la tour nord, répondit-il sans broncher.

— Allez par toutes les fenêtres de la tour nord. Tous les voyeurs ! s’exclama la majesté à l’attention de ses hommes. Les archers, placez-vous sur la muraille. Les écuyers, préparez les armes pendant que les cavaliers se préparent. Les palefreniers, occupez-vous des chevaux. Les capitaines, allez chercher chacun votre armée. Ameedé, rend-toi auprès du prévenneur pour qu’il donne l’alarme et revient vite. Cassiopée… murmura-t-il en se tourna vers la jeune fille alors que le messager l’avait laissée, fais ce que tu as le cœur à faire, mais ne te mets pas en danger pour nous.

— Et si mon cœur veut que je me mette en danger pour vous ?

— Ne l’écoute pas. »

Le roi se leva et alla à la rencontre de trois hommes assis plus loin. Soudain, une alarme retentit, vite suivi du retour du prince dans la pièce. Alors qu’il se dirigeait vers son père, un autre homme entra en disant :

« Nous ne voyons rien. Toutes les fenêtres sont bouchées par la forêt. »

Cassiopée sursauta. Elle ne comprenait pas, car elle les avait vu sans problème. Le souverain eut l’air aussi surpris qu’elle.

« Voilà qui est étrange. Bon… marmonna-t-il en réfléchissant. Montez à la tour centre et transmettez les informations à Mirca qui me les transmettra à son tour tout au long du combat qui je l’espère se terminera rapidement et sans trop de dégats. Sa blessure ne lui permet pas de se battre, mais il a retrouvé sa rapidité. Pendant ce temps, nous serons avec le prévenneur, moi et les stratèges. Alstar ! cria-t-il en se tourna vers le garde. Battez-vous vous aussi. Mon fils…

— Je me battrais auprès de mon peuple pour défendre ce qui nous appartient, vous le savez, père. »

Un éclair de tristesse passa dans les yeux du roi qui murmura quelque chose qui ressemblait à un souhait. Alstar n’avait toujours pas encore bougé et ne semblait pas surpris, ni même inquiet. Cassiopée s’avança vers le maître des lieux et déclara :

« Je veux me battre ! »

Il y eut un silence et de nombreux regards étonnés échangés.

« Si tu le souhaites… Alstar, Ameedé, donnez-lui des armes digne de ce nom et qu’elle ne soit jamais seule. »

Les deux adolescents acquiescèrent d’un mouvement de tête, tandis que la fierté de Cassiopée prit un nouveau coup. Elle savait qu’elle était incapable de se battre, mais lui collait des gardes pour la protéger la révolta. Cependant, elle ne dit rien et se contenta de suivre le prince et le garde dans les profondeurs de la forteresse. Ils descendirent une escalier avant d’arriver dans ce qui devait être l’armurerie. Alstar lui tendit une épée dans son fourreau et explique :

« L’une des épées les plus tranchantes que nous ayons ici. On la surnomme la Sanglante. Qu’elle puisse vous être utile.

— Et cet arv a été fabriqué avec l’arbre le plus souple et résistant qu’il y ait sur nos terres, ainsi que les flèches qui y sont associés. Faites en bon usage. »

Cassiopée attrapa immédiatement les armes ainsi que le carquoi rempli de flèches qu’elle attacha immédiatement dans son dos. Elle était étonnée que l’on lui prête du si bon matériel alors qu’elle ne savait même pas s’en servir. Elle percuta Alstar alors qu’elle avançait inconsciemment et manqua, une fois encore, de tomber.

« On peut dire que vous avez le don de vous prendre les jeunes hommes, rit le garde.

— Désolée… murmura la jeune fille en rougissant, gênée.

— Ce n’est rien. »

Soudain, un bruit d’écorce se fit entendre.

« Qu’est-ce que… » commença le roux.

Le bruit se tut et il y eut un silence que personne n’osa interrompre. Au bout de quelques secondes, une branche brisa la vitre et entra en s’approchant de Cassiopée. Les deux hommes la regardaient, effarés. Une petite pierre de feu se dégagea de quelques feuilles qui étaient restées accrochées à la branche et roula vers la jeune fille. Alstar recula, surpris. À quelques centimètres de la prisonnière, la pierre se mit à voles vers Ameedé qui referma son point sur elle. Une lumière orangée entoura le prince qui semblait à la fois, mal à l’aise, étonné et détendu. Un étrange mélange que peu avait dû ressentir. Le messager mit le drôle d’objet dans l’une de ses poches avant de déclarer, le regard vide :

« Continuons. »

Cassiopée avança d’un pas, mais sentit la branche la percuter violement. La jeune fille la regarda quelques instants avant qu’elle ne se retire complètement, dans un craquement peu encourageant. Elle cligna des yeux pour être sûr qu’elle ne rêvait pas, puis elle leva la tête vers Alstar qui était toujours bouche bée. Sans le vouloir, Cassiopée émit un léger rire.

« Ne vous moquez pas, ronchonna le garde. Vous en savez tout autant que moi sur ce qui vient de se passer.

— En effet, mais votre tête est hilarante. Nous pourrions facilement vous confondre avec un poisson hors de l’eau. »

Alstar la bouscula légèrement et ils rirent tous les deux. Après s’être calmés, ils rejoignirent le prince qui les attendait un peu plus loin, perdu dans ses pensées.

« Que vient-il de se passer ? » ne put s’empêcher de demander la prisonnière.

Ameedé ne répondit pas, se contentant d’hausser les sourcils. Il lui tendit une dague aux dorures à Cassiopée qui hésita avant de la prendre.

« Cela pourrait vous être utile. »

La jeune fille lui sourit nerveusement et s’éloigna légèrement sous les yeux rieurs du messager. Celui-ci se dirigea alors vers une petite table où étaient disposés de nombreuses armures. Il attrapa un casque et le lança à Cassiopée qui l’attrapa difficilement.

« Vous irez avec Alstar sur les tours, auprès des archers, annonça le messager en mettant lui-même un casque. Je vais dans les rangs des cavaliers. »

Tandis que Cassiopée enfilait son armure, le prince s’approcha du garde et lui chuchota :

« Allez auprès de Nawela. Vous serez plus en sécurité. »

Le jeune homme acquiesça tout en mettant à son tour son armure. Il attrapa son arc et s’approcha de Cassiopée :

« Allons-y. »

L’adolescente lui emboîta le pas, se rendant enfin compte de ce qui allait se passer. Elle avait du mal à le suivre dans les nombreux escaliers qu’ils escaladaient et elle commençait à se demander s’il y avait une fin. Haletante, la jeune fille questionna, s’arrêtant en haut d’un énième escalier.

« C’est encore loin ?

— Non. On y est bientôt. Tenez-vous prête.

— Mais je ne sais même pas encocher une flèche et à quoi sert l’épée et la dague si nous sommes avec les archers ?

— Pour ce qu’il est de votre arc, je vous aiderai. Et pour le reste, commença Alstar, imaginez qu’ils arrivent jusqu’à nous et que vous n’avez plus de flèches. C’est peu probable, mais j’ai déjà été confronté à cette situation. »

Cassiopée avala difficilement sa salive et commença à trembler lorsqu’ils eurent fini de monter le dernier escalier qui débouchait sur les tours. Plusieurs archers tiraient déjà sur les hommes qui avaient déjà pu atteindre la demeure. La prisonnière suivait toujours Alstar qui se dirigeait vers une archère aux longs cheveux noirs et qui ne tiraient que très peu, mais semblait toujours atteindre sa cible. Pendant un instant, Cassiopée pensa qu’il s’agissait de la petite fille sur le portrait qu’elle avait vu, tant elle ressemblait à Ameedé, mais elle constata que cela n’était pas possible, car elle semblait bien plus âgée. Elle sortit de ses pensées lorsque le garde se plaça à côté de la jeune femme et lui intima de les rejoindre. La prisonnière se positionna donc entre les deux qui avaient déjà armé leur arc. Elle avait encore du mal à croire qu’elle participait à la guerre, alors qu’encore la veille, elle était une simple serveuse au meilleur restaurant du village de la Fouine. L’archère à ses côtés la sortit de ses songes :

« Tu as besoin d’aide ? »

Voyant qu’elle n’allait pas répondre, elle continua :

« C’est toi la prisonnière ? »

Cassiopée hocha timidement la tête alors que son interlocutrice tira une énième flèche qui arriva exactement dans l’œil de l’un des cavaliers adverses.

« Encoche ta flèche en plaçant d’abord l’arrière et en faisant attention aux plumes. Tiens ton arc de ta main non principale, bras tendu. Ton autre main tient la corde avec trois doigts en dessous de la flèche. Tu peux fermer un œil pour viser. Je te prierai d’éviter les chevaux. Nous avons pour coutume de ne tuer que les hommes et non les animaux. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles nous sommes tous végétariens. À toi de jouer maintenant. »

La prisonnière avala une nouvelle fois difficilement sa salive et essaie de suivre ses conseils, mais une fois son arc armé, elle était incapable de lâcher la corde. Jamais elle n’avait tué. Elle en était incapable. Elle ne pouvait que regarder les hommes qui essayaient de pénétrer dans la forteresse. Soudainement, un cri la sortit de ses pensées. Un archer un peu plus loin avait crié :

« Des archers ! »

Cassiopée tourna la tête vers leurs adversaires et aperçut un peu plus loin une ligne formée d’archers. Alstar se tourna vers la garde aux cheveux noirs qui sortit ses dagues. Quelques autres archers firent de même et tous commencèrent à descendre. Le roux chuchota à Cassiopée :

« Ils sont sous les arbres, nous n’avons plus de portée de tir. »

Lorsqu’il eut fini sa phrase, les arbres, comme commandés par une mystérieuse magie, commencèrent à reculer. Leurs ennemis étaient à présent à découvert. Cassiopée dû cligner des yeux pour vérifier qu’elle ne rêvait pas. Décidément, il se passait des choses bien étranges en ces lieux. Alstar semblait lui aussi perturbé par le drôle d’événement, ce qui ne rassura pas la jeune fille. Encore dans ses pensées, elle ne vit pas revenir la garde à côté d’elle. Le roux se tourna vers elle et demande :

« A-t-on trouvé le dernier Élémenteur ?

— Je l’ignore.

— Nawela, rends-toi près de la rivière et vois ce que tu peux faire. »

La jeune garde acquiesça et s’éloignant en courant, laissant un garde déjà reparti à l’attaque et une prisonnière incrédule. De quoi parlaient-ils ? Qu’est-ce qu’était un Élémenteur ? Cassiopée secoua la tête pour revenir à elle-même. Quelques flèches filaient vers eux, mais n’atteignaient pas le haut de la tour. Les archers étaient trop loin et n’avaient pas assez de force de frappe. La jeune fille regarda autour d’elle. Les gardes qui étaient restés continuaient de tirer faisant tomber leurs ennemis un à un dans un râle assourdissant. Cassiopée ne le supportait pas. Tuer ou voir des personnes tuer ne faisait pas partie d’elle. Elle n’avait jamais imaginé la mort. Tout simplement, car cela lui faisait peur. Peur de ce sommeil éternel qui emporta ses parents l’année précédente. La douleur était encore vive. C’était marqué au fer rouge dans ses esprits…

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