Chapitre 6 - Parker

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Base secrète du gouvernement, au même moment :

Bordel de merde. Ça fait maintenant un moment que Silver et moi, faisons les cents pas dans ce putain de couloir blanc. Et bien sûr, aucune des personnes croisées jusqu’à maintenant, ne veut nous dire quoi que ce soit. Fais chier ! Merde ! On a risqué notre peau pour sauver cette nana. On a tous été blessés, mais Night s'est fait salement amoché. Mais personne n’en a rien à foutre. En clair, nous devons être de bon chien. Obéir. Exécuter les ordres, quels qu'ils soient. Se soumettre. Et ça me rend dingue. On est juste des pions. Que l'un crève, ils en ont rien à foutre. Alors, s'ils pensent que je vais bouger d'ici, dégager mon cul de là, sans savoir comment va mon supérieur, mon binôme et mon meilleur pote, ils peuvent tous aller se faire foutre.

-Parker, arrête de tourner en rond. On dirait un putain de fauve à qui on n'a pas filé à bouffer depuis des jours.

-Ta gueule Silver !

-Toi, la ferme putain ! Passe ta mauvaise humeur sur quelqu’un d’autre. Nous aussi on a les boules pour Night ! Et puis tu sais quoi, vas te faire foutre !

Elle se tourne et va jusqu'au bout du couloir, où elle se poste devant une fenêtre. Merde. Je soupire, las de cette attente interminable et le prince l'arête du nez. Ce geste m'arrache un faible sourire. Il me fait penser à mon pote, qui quand il me voit le faire dit toujours : "putain, c'est la merde, c'est ça !" Ouais, c'est exactement ça ! Aujourd'hui, c'est la merde !

Je suis à cran. Malgré les soins reçus depuis quinze jours, la douleur est toujours présente, et quelque chose me dit que c'est pas normal. Je suis sur les dents. La preuve, je viens de me prendre la tête avec Silver, alors que ça n'arrive jamais. Maintenant, je vais devoir ramer pour m'excuser et qu’elle passe l'éponge. Foutue gonzesse.

Je continue de faire les cents pas, à faire des hypothèses toutes aussi hallucinantes les unes que les autres, afin d'expliquer ces foutues douleurs et mon comportement agressif. Puis, l'absence d'infos concernant l'état de Night ou de la fille, quand tout à coup, sort de nulle part le Commandant Miller.

-Dans mon bureau Parker. Immédiatement.

-Bien mon Commandant.

Je vais peut-être enfin avoir des réponses. Silver me regarde, je lui adresse un signe de tête discret, avant d'emboîter le pas du Commandant jusqu'à son bureau. Une fois installé à son bureau et moi en face, il attaque en plantant son regard dans le mien :

-

Sous-lieutenant Parker.

-Mon commandant.

-Etes-vous idiot?

Putain. Quoi? Il déconne là ? Je suis expert tactique, avec un QI bien supérieur à la moyenne. J'aurais aussi bien pu être astronaute, physicien ou chercheur. Bref, bien loin d'être con, sans vouloir me vanter.

-Je vous demande pardon mon Commandant? 

-Comment expliquez-vous avoir désobéi à un ordre direct?

-Je...

Quoi? Mais de quoi il parle ? On a jamais reçu d'ordre direct.

-Je vous ai formellement interdit de prendre contact avec le service dans lequel se trouve MacGregor. J'ai été informé du harcèlement dont votre équipe fait preuve envers le personnel. Vous ne me laissez pas le choix Parker. La Team Six est confinée sur la base pour un temps indéterminé. 

Je serre la mâchoire à m’en péter les dents, mais ne prononce pas un mot. Sinon c’est ma place au sein de l’équipe que je risque de perdre. Mais putain de merde, j'en crève d'envie. Lui faire ravaler son p'tit sourire d'enfoiré.

-Vous pouvez disposer.

-Mon Commandant.

Connard. Poussant un profond soupir, je retourne auprès de Silver, qui se tient debout près de la porte du bureau. Elle me lance un regard qui veut clairement dire « Bon, bah alors, accouche. »

-On est confiné sur la base, parce qu'on aurait désobéit à un ordre direct. Il nous aurait interdit de prendre contact avec le service où se trouve Night. Et je le cite, aurait « été informé du harcèlement dont votre équipe fait preuve envers le personnel. Vous ne me laissez pas le choix. »

-Tu déconnes ?!!

-J'ai l'air? Réponds-je un peu trop agressivement.

-C’est une putain de grosse blague !! Bordel !! Les mecs vont péter un plomb !

-Je sais, dis-je dépité et en rogne.

-Bon ok, on a peut-être un peu abusé. Mais on a aucune nouvelle putain. De là, à parler de harcèlement, faut pas déconner !

-On a rien à se reprocher Silver. On a récupéré notre leader dans un état plus que critique, après une mission qui schlinguait du départ. On rentrait de plusieurs mois de déploiement. C'était clairement du suicide de nous envoyer nous, alors que d'autres team étaient disponibles. On voulait que ce soit nous et quelqu'un, mais j'ignore encore qui, savait parfaitement ce à quoi nous allions nous mesurer. Et ce que je sais, c'est qu'au vu de la réaction de Miller, ce dernier est à sa botte, terminé-je tout en réfléchissant. On a reçu aucun ordre direct, ajouté-je et on a le droit de savoir.

-Silas?

-Il ne m’a rien dit le concernant, mais si tu veux mon avis, ça pue. Autant pour lui, que pour la nana qu'on a récupéré, assuré-je. Elle est ici, comme Silas et personne n'est venu la voir putain. Je ne sais ce qu’ils préparent. Je ne sais pas qui est mouillée jusqu'où, mais ça craint.

-Qu'est-ce que tu crois qu'ils lui font?

-J'en sais rien. Mais faut qu’on trouve un moyen de les sortir de cette merde et vite fait, avant qu’ils ne finissent en putain de rats de labo. 

-Les enfoirés ! Tu penses que la morsure y est pour quelque chose?

-Putain Silver ! Pour une meuf, qui se dit intelligente, j’ai l’impression que finalement, tu es un peu conne sur les bords.

Et là, ni une, ni deux, elle me colle une droite magistrale. Bordel de merde ! C'est vrai qu'elle a une sacrée droite ! Putain, ça fait un mal de chien. Elle m'a démonté la mâchoire. Bon ok, là, j’exagère. Mais mon ego de mâle dominant, vient d'en prendre un sacré coup. 

-Dit encore une seule fois que je suis conne et la prochaine, je te coupe les couilles, et te les sers sur un joli plateau d’argent. Est-ce que c’est clair?

-Très clair, grogné-je.

Je tiens à mes couilles, bordel. Et elle est une menace sérieuse. Elle serait clairement capable de s'en prendre à elle. Alors, comme tout mec raisonnable, qui tient à ses bijoux de famille, je préfère faire profil bas. Cette nana est dangereuse. Un jour, elle a failli broyer celle de Travis, parce qu'il lui a dit qu'elle ne trouverait jamais de mec assez suicidaire, pour se taper une gonzesse plus virile que lui.

-S'ils refusent qu'on voit Night, qu'on est ne serait-ce que des nouvelles, c'est qu'ils ça cachent un truc. La morsure a dû l'affecter plus qu'on ne le pensait. Et ça, j’en mettrais ma main à couper.

-Laquelle des deux? Plutôt la gauche, vu que t'es droitier. Pour t’astiquer le manche, t'as pas besoin des deux de toute façon.

Je lève les yeux au ciel. Elle en perd pas une quand même.

-Silver, putain, sérieux. 

Elle hausse les épaules et me fait un p'tit sourire narquois.

-Et tu crois que la morsure lui a fait quoi?

-Je sais pas trop. Mais, faut qu’on le découvre, et vite, si tu veux mon avis.

-Tu crois que comme toi et moi, ça a accéléré la guéri….

Je plaque ma main sur sa bouche et lui intime le silence d'un regard noir. En effet, moi non plus, je ne suis pas sorti indemne de cette mission. Comme presque toute l'unité. Si ce n'est qu'une fois les premiers soins prodigués, on a fermé nos gueules et fait profil bas, pour éviter d'éveiller les soupçons.

J’ai été griffé à l’abdomen, mais à peine de retour à la base quelques heures plus tard, plus rien. Donc clairement, j’ai eu beaucoup plus de chance que Silas. Mais si jamais quelqu’un d’autre en dehors des membres de l’équipe vient à l’apprendre, on sera dans une belle merde. Et m'est d'avis que ceux avec qui bosse Miller et qui veulent garder Silas sous leur coupe, seraient ravis d'avoir une team complète sous la main.

-Pas un mot là-dessus. Les murs ont des oreilles, ordonné-je en chuchotant.

Silver hoche simplement la tête et je retire ma main, que je passe sur mon visage et me pince l'arête du nez, las de tout ce merdier qui s'annonce si j'ai vu juste. Je jette un œil alentour. Visiblement personne. Mais ici, nous ne sommes jamais vraiment seuls. Mieux vaut être trop prudent que pas assez.

-Tu sais ce que dirait Night, s'il te voyait faire ça dit-elle un sourire aux lèvres.

-Ouais. Je sais. Et il aurait raison. On est dans une belle merde, souris-je à mon tour.

-Ouais, mais les emmerdes, ça nous connaît, dit-elle. On sait gérer.

Je hoche la tête, moins sûr qu'elle sur la suite. Et lui fais signe de me suivre. On entre dans notre baraquement et intime aux gars de prendre des affaires et de me suivre. Tous s'exécutent en silence en prenant des affaires. Un seul endroit est sûr dans cette base et c'est là qu'on se rend. Les douches. Chacun fait le tour est ouvre tous les robinets. Le bruit de l'eau permet de couvrir notre échange. J'explique aux gars l'entrevue avec Miller. Tous grondent à l'annonce de la sanction. Mais, on a tous aussi conscience que Night est en danger. Et que la priorité est de le sortir de là. Sans compter que nous pourrions tous être à sa place.

-Si Night avait réagi comme nous, il serait déjà sur pied  et ils auraient eu du mal à le garder enfermé, à moins de le sédater. Mais ils ignorent quelles conséquences ça pourrait avoir sur son métabolisme. Non, il y a autre chose. J’en suis sûr.

-Tu crois qu’il s’est totalement métamorphosé, c'est ça? me lance Silver. Et que c’est pour ça qu’ils le gardent sous surveillance?

-Peut-être pas à ce point. Mais, on ne peut pas l'exclure. Ils ne le garderaient pas sous bonne garde et ne passeraient pas sous silence son état ou encorecelui de la fille. Personne n'est venue la voir. Aucune nouvelle la concernant non plus. Alors que son sauvetage était une priorité et qu'on nous a bien fait comprendre que son père avait le bras long.

-Peut-être qu'il a des nouvelles? tente Silver, peu convaincue.

-Ou qu'il est dans le coup, asséné-je. Il faut qu'on le détermine rapidement.

Une fois le plan au point, les gars passent à la douche, pendant que Silver et moi, activons la première phase.

On contacte le père de la fille, l'ambassadeur Winter. Curieusement, nous n'avons pas longtemps à attendre avant de l'avoir en ligne et ses premiers mots, comme le ton employé plein d'inquiétude et de colère mêlées, nous confirme rapidement qu'il n'est pas impliqué et qu'il sera, en revanche, un allié de poids.

Nous lui expliquons brièvement la situation. Il nous affirme qu'il prendra le premier avion et qu'en attendant, il sait à qui s'adresser. Nous nous convenons d'un autre entretien téléphonique à son arrivée.

Bien. Phase une, enclenchée.

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