L'écharpe dorée

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 Mayuko passait tous les jours devant la maison où vivait dame Hino. Elle vivait seule, sans mari, ni enfant. Elle avait perdu son unique fils il y a quelques années et son époux était décédé il y a peu. La vieille femme tissait chaque jour. Elle maitrisait l'art de l'orimono, l'art du tissage japonais traditionnel.

Mayuko avait pour habitude de rendre visite régulièrement à dame Hino pour lui rendre des services. En échange, celle-ci lui ouvrait les portes de son atelier et elles passaient du temps, toutes les deux à travailler la laine. Elle voyait la jeune femme comme sa fille et c'est ainsi que leur relation se construisit petit à petit.

"Dame Hino voici les courses que vous m'aviez demandé de rapporter. Je suis désolé pour le retard. L'hiver commence à arriver et j'ai dû faire plusieurs marchés pour tout trouver.

Ce n'est rien ma petite, tu es vraiment adorable d'aider une vieille femme comme moi. Mais je t'en prie, entre, il fait froid. J'ai mis du thé à chauffer.

Merci Madame, répondis-je poliment."

Les deux femmes prenaient le thé en se réchauffant près du foyer situé au centre de la pièce principale de la maison. C'était le début de l'hiver et la neige commençaient à tomber timitement sur le paisible village d'Izawa. Tout en sirotant son thé, dame Hino commençait à tisser une étoffe. Mayuko observait la vieille dame en silence. Quand l'étoffe fût terminée, elle aida dame Hino pour la teinture. Il ne fallait utiliser que des matières naturelles : plantes, fruits ou encore insectes...

Nos deux tisseuses prenaient parfois plus d'une journée pour obtenir un nuancier susceptible de satisfaire leurs esprits créatifs.

"Mayuko je suis vraiment fière de toi, tu as vraiment progressé depuis toutes ces années. Mais je dois te dire une chose. Nous avons reçu une commande très spéciale. Il va falloir tisser une écharpe en or pour la femme du seigneur Nao. Sa servante est venue me voir hier. Elle a entendu parler de cet atelier et elle souhaite absolument obtenir une écharpe provenant de notre village. Elle passera chercher la commande dans deux semaines.

Dans deux semaines ? mais c'est impossible ! Nous n'avons jamais réussi à tisser une écharpe aussi rapidement et avec des produits aussi raffinés. Et puis le seigneur Nao, comment ça ? je croyais qu'il était mort et sa femme est très âgée je crois...

Calme toi, Mayuko et ne raconte pas de sottises veux-tu ? Je sais cela semble un peu fou comme demande. Mais nous n'avons pas le choix. Le seigneur Nao est un homme puissant dans notre région. C'est un honneur pour nous de servir sa femme. Et puis, ce que je ne t'ai pas dit, c'est que j'aimerais que ça soit toi, Mayuko et toi seule, qui tisse cette écharpe.

Moi, toute seule ? mais dame Hino je...

Cesse de me couper la parole veux-tu ? j'ai confiance en toi, je sais que tu y arriveras. Si tu suis à la lettre les instructions que je te donnerais, tout ira bien. Nous commençerons demain après ta journée de travail dans les champs. Viens me rejoindre à l'atelier un peu avant le coucher du soleil."

Le lendemain, fatiguée et éreintée par sa journée de travail dans les champs de riz, Mayuko fit un petit détour par le sanctuaire située au fond du village d'Izawa. La jeune femme avait pour habitude de se rendre dans ce lieu sacré pour y trouver un peu de paix et d'énergie qui lui permettrait d'affrontrer les épreuves de la vie. Il y fit une prière et demanda aux dieux de l'aider dans sa nouvelle tâche, puis elle quitta le sanctuaire en s'inclina une dernière fois devant l'autel.

En arrivant chez dame Hino, la vieille femme l'attendait sur la pas de la porte.

"Entre Mayuko, j'ai préparé du thé comme d'habitude, ton préféré.

Merci beaucoup. Je tremble de froid, répondit Mayuko en claquant des dents.

Je t'ai préparé les différents éléments pour commençer à tisser l'écharpe. Mais attention Mayuko, ce que je m'apprête à te dire va te sembler complètement fou mais écoute-moi bien. Tu t'apprêtes à tisser un objet unique, un objet où nul autre endroit tu pourras trouver.

Oui je sais bien dame Hino, chaque tissu est réalisé avec soin et par conséquent, le rend unique. C'est la magie de l'artisanat. C'est ce que vous m'avez toujours enseigné.

Non écoute-moi. C'est plus profond que cela. Tu comprendras plus tard. Je ne peux pas tout te révéler tout de suite...tu ne comprendrais pas et surtout tu me prendrais pour une folle...

Vous me faites peur dame Hino...

Mais non ne t'inquiète pas. Allez mettons-nous au travail."

Les jours passèrent et les deux femmes travaillaient de nombreuses soirées pour tisser l'écharpe. Au bout de deux semaines de travail intensif, l'écharpe était prête.

Mayuko, fatiguée par ses nombreux jours de travail était vraiment heureuse à l'idée de pouvoir enfin remettre son écharpe à la plus puissante femme de la région : la femme du seigneur Nao. Une cérémonie était organisée dans le village pour l'occasion. La neige tombait à grand flocon. Mais ce qui l'inquiétait, c'est que ce jour-là, elle ne vit pas dame Hino comme à son habitude sur le pas de la porte de sa maison familiale. Où était-elle passée ? Elle devait pourtant être aussi ravie et pressée de donner l'écharpe à la noble dame du seigneur Nao...

A contrecoeur, Mayuko entra donc dans la maison sans toquer, prit l'écharpe dorée et se rendit sur le lieu de rencontre.

Un palanquin approchait du village : c'était elle. A ses côtés un vieux chevalier marchait pour protéger la noble dame. Mayuko sentait son coeur battre la chamade. Mais à l'instant même où elle vit la femme mettre pied à terre, ses yeux s'écarquillèrent d'étonnement. Une vieille femme se tenait devant elle, un rouleau à la main. Machinalement, elle lui tendit l'écharpe en s'inclinant.

Un palanquin approchait du village : c'était elle. À ses côtés un vieux chevalier marchait pour protéger la noble dame. Mayuko sentait son cœur battre la chamade. Mais à l'instant même où elle vit la femme mettre pied à terre, ses yeux s'écarquillèrent d'étonnement. Une vieille femme se tenait devant elle, un rouleau à la main. Machinalement, elle lui tendit l'écharpe en s'inclinant.as de la porte de sa maison familiale. Où était-elle passée ? Elle devait pourtant être aussi ravie et pressée de donner l'écharpe à la noble dame du seigneur Nao...

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