Chapitre 8

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Il se trouva que l'elfe n'avait ni peur du noir, ni des espaces clos, ce qui fut une bonne nouvelle. Sandre s'attendait au pire car il s'était montré passablement inapte à tout un tas de choses, à un niveau dangereux parfois, depuis le début de leur petite association. Avec quelques bonnes surprises cependant. Il l'avait soulevée et transportée sur le dernier bout, sans manifester le moindre effort, et avait réussi à la neutraliser quand elle avait commencé à s'énerver avec le talus. Bon, elle n'était pas en très bon état et il l'avait attaquée par derrière, mais elle avait noté un certain savoir-faire en corps-à-corps. Peut-être qu'il valait quelque chose en combat, quand il ne faisait pas des crises de nerfs, ce qui était plutôt une bonne nouvelle pour la suite. Elle avait également apprécié son toucher délicat, cette façon de la tenir comme si elle était la chose la plus précieuse de l'univers. Et de se demander à quoi ça pourrait ressembler dans un contexte moins habillé.

Sandre rampa péniblement quelques mètres dans le boyau souterrain et arriva enfin dans sa cachette. Elle avait mal partout, mais surtout à sa cheville, qui pulsait de douleur et rendait son déplacement très difficile. Il faisait entièrement noir dans la petite grotte et elle sentit l'air frais caractéristique des souterrains. Elle tendit l'oreille pour repérer d'éventuels occupants sauvages, mais la zone semblait vide. Lorsque l'elfe arriva à sa suite, demandant inutilement où est-ce qu'ils se trouvaient, elle lui dit de l'aider à se lever, afin de pouvoir atteindre les affaires qu'elle avait suspendues à des crochets installés au plafond.

Elle alluma une petite bougie. Ils se trouvaient dans une minuscule grotte naturelle, de forme à peu près ovale, où il n'était pas possible de se tenir debout. A deux ils y seraient à l'étroit, mais à l'abri du vent, de la pluie et des regards. Le sol était horizontal et plus ou moins plat au milieu, et de fins boyaux dans la roche permettaient une aération suffisante, ainsi que la possibilité d'allumer un petit feu sans se faire enfumer ni remarquer. évidemment, s'ils étaient repérés, ils n'avaient absolument aucune chance car il n'y avait qu'un seul accès. Mais en dehors de ça l'endroit était idéal. Elle aimait bien parfois s'y retirer quelques jours pour être seule et disparaître aux yeux du monde. Elle gardait aussi l'endroit comme une cachette de secours en cas de problème, exactement comme ce qu'elle était en train de vivre. C'était une sorte d'habitude, presque de tradition, chez les Laurussis, d'avoir quelques endroits épars dans les montagnes où se retirer en cas de menace. Ça rendait leur peuple particulièrement inexpugnable pour les rares ennemis qu'ils avaient pu avoir par le passé. Sandre avait encore deux ou trois autres cachettes réparties dans différentes zones des montagnes, une pour chaque saison presque, au gré des migrations de sa bande. Celle-là était la plus petite, mais aussi la mieux cachée. Elle n'y était plus passée depuis presque une année, mais tout semblait encore bien en place. Elle avait dans cette cachette un petit stock d'eau et de nourriture, quelques fourrures, une ou deux armes et outils, de quoi rafistoler des blessures, de quoi s'éclairer et faire un peu de feu. Ce n'était pas énorme, mais ça leur permettrait de tenir quelques jours à deux, le temps qu'elle se remette de ses blessures et réfléchisse à la suite. En espérant qu'elle s'en remette rapidement. Et qu'ils n'aient pas laissé de traces trop faciles à remonter pour d'éventuels poursuivants.

Elle se sentait terriblement soulagée d'avoir survécu et atteint cet endroit. En contre-coup, une énorme fatigue l'assaillit, de même que la douleur de ses différentes blessures qui montait de plus en plus. Mais elle se sentit tellement épuisée que son seul objectif était de dormir. Elle se mit à déballer très méthodiquement et surtout très efficacement des affaires et allumer un petit feu. Elle jeta un coup d'oeil au jeune elfe. Celui-ci essayait de l'aider en restant dans ses pattes, puis laissa tomber et resta planté tout raide contre une paroi en essayant de prendre le moins de place possible. Sandre était vaguement consciente qu'il lui posait des questions et lui proposait son aide au moindre mouvement, mais elle était désormais trop fatiguée pour y prêter attention. Elle était vaguement consciente aussi que si elle commençait à discuter avec lui et répondre à ses questions, elle aurait de la peine à rester agréable. Son seul objectif était de pouvoir s'allonger dans les fourrures le plus rapidement possible et sombrer dans le sommeil, pour oublier un instant la douleur. L'elfe semblait s'être enfui de son palanquin avec rien de plus que des habits de voyage, heureusement adaptés à l'environnement semblait-il. Ni nourriture, ni couchage, juste des habits trempés comme les siens. Elle faillit s'en agacer lorsqu'elle se rappela qu'elle non plus n'avait presque rien avec elle. Dans ce genre de voyage en groupe, elle laissait ses affaires les plus encombrantes à des porteurs lorsque elle partait en éclaireuse. C'était plus confortable, mais la laissait démunie si elle était coupée des autres.

Elle sortit un peu d'eau et de nourriture pour l'elfe, et de quoi alimenter le feu. Elle lui donna à regret l'une des deux fourrures qu'elle avait pour dormir. Elles étaient normalement prévues pour une seule personne : l'une pour s'allonger dessus, l'autre pour se couvrir. Mais ils devraient se contenter d'une seule chacun pour s'y enrouler, ce qui voulait dire qu'ils auraient froid pour dormir. Elle tendit une ficelle aux crochets au plafond, se déshabilla, étendit ses habits trempés, se roula en boule dans une fourrure et s'endormit en un temps record.

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