2 - Emilia

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Je me raclais la gorge en tapant du pied sur le sol, le patient reporta enfin son attention vers moi et non vers mon décolleté. Je l'invitai donc à se diriger vers l'un des box afin que je puisse pratiquer les premiers examens. J'étais agacée qu'il me regarde comme il le faisait. Je n'étais pas qu'un simple corps, j'étais une personne aussi, et ça m'énervais vraiment d'avoir l'impression d'être un bout de viande.

— Qu'est-ce qui vous amène monsieur ?

— Heu je viens de me faire rentrer dedans par une voiture, et mon bras me fais souffrir.

— Je vois rien, rien d'autre ? Répondis-je un peu séchement.

— Non le reste va bien, est-ce que ça va être long j'ai une réunion importante ?

Je levais les yeux au ciel exaspéré par se genre de personnage, pour qui je suis sûre l'argent comptait plus que tout le reste. J'étais presque certaine qu'il était un homme d'affaire important vu la qualité de son constume sombre, cependant pas de cravate, peut-être n'est il pas si important que ça ! De toute façon je m'en moquait, je n'étais là que pour le soigner après ça je ne le reverais certainement jamais et c'est tant mieux.

Afin de pouvoir mieux l'osculter, je lui demandais d'enlever sa chemise afin que je puisse examiner son bras. Il exécuta mon ordre, et déboutonna sa chemise blanche habilement d'une main, puis avant de la retitrer complètement. Il grimaça en ôtant son bras bléssé.

Cet homme avait l'air de s'entretenir plutôt bien vu la musculature de son torse... Pendant que je m'occupais de son bras je ne pouvais pas m’empêcher d'admirer le dessin à l'encre noir qui descendait le long de ses côtes, je me demandais jusqu'où il pouvait bien descendre étant donné que le motif était encore visible à limite de son pantalon. Je me sentis rougir à cette pensée. Je pris une petite inspiration afin de me reconcentrer.

— Le choc à était violent ? Lui demandais-je en touchant son bras.

Monsieur Lewis grimaça quand je me mis à lui toucher l'épaule. Je le fis allonger pour continuer mon examen clinique.

— Non, pas spécialement, je suis juste tombé au sol, rien de méchant comme je vous le disais. Quand pourrais-je voir le médecin ?

Je ne répondit pas à sa question immédiatement et il me jeta un regard interrogateur en coin.

— Je pense que vous avez une luxation de l'épaule mais je vais tout de même procéder à une radio, je veux quand même vérifier qu'il n'y aucune fracture. Vous pourrez-voir le médecin après ça.

Après résultat des radios, le docteur Lee était d'accord avec mon diagnostic. Il s'agissait bien d'une luxation de l'épaule.

— Je te te laisse faire la manipulation Emilia, tu la connais, tu l'as faite plus d'une fois, tu m'appelles en cas de problème. Après ce patient tu peux y aller, tu as fais assez d'heure comme ça.

— Merci Shaïn.

Le docteur Lee était mon médecin référent. Il m'aidait beaucoup pour mes révisions afin de passer le concours pour que je puisse intégrer l'internat pour préparer le diplôme de médecine générale. Mon métier d'infirmière m'avais permis de voir beaucoup de service, pour le moment je ne savais pas quelle spécialité je voulais mais j'avais encore le temps, je ne passerais pas le concours avant au moins six mois, ca me laissait le temps de réfléchir un peu.

Je retournais auprès de mon patient et lui confirma le diagnostic de sa blessure.

— Il va falloir que je vous replace l'épaule monsieur Lewis, souhaitez-vous un anti douleurs au préalable, la manipulation est...

Il ne me laissa pas finir ma phrase et lança avec assurance.

— Vous êtes sûres d'y arriver mademoiselle vous avez de toutes petites mains ! Et non pas d'anti-douleur... Je ne suis pas une mauviette ! Allez-y qu'on en finisse...

Non mais pour qui se prenait-il ? J'allais lui faire voir de quoi étaient capable mes petites mains... Je posais mes deux paumes doucement sur l'endroit de la blessure un petit sourire en coin je commençait à le manipuler doucement.

— Soufflez, un, deux, trois !

Clac ! Son épaule était de nouveau en place.

Il poussa un juron, et devint blanc comme ma blouse. Je souriais intérieurement de satisfaction. Pas que j'aimais faire ou voir souffrir mes patients mais lui c'était diffèrent. Avec son air arrogant et sa confiance en lui à toute épreuve et puis je l'avais prévenue que c'était douloureux et qu'un anti douleurs était idéale mais il avait fait sa forte tête. Alors tampis pour lui.

— Je suis sûre que vous aimez faire souffrir vos patients. Raille t'il.

— Je suis une grande sadique. Répliquais-je.

— J'avais remarqué. Dit-il en souriant.

Oh il avait un sourire à se damner, il m'observait de ses beaux yeux vert bordé par de long cil aussi noir que ses cheveux pendant que je mis en place son écharpe pour maintenir son épaule. Il regardait le moindre de mes fais et gestes.

— Voilà c'est terminé, vous devrez la garder pendant trois semaines, vous pouvez bien entendu la retirer pour vous lavez... je vous prescris aussi du paracétamol et de l'anti-inflammatoire en cas de forte douleurs, vous reviendrez me voir dans une dizaine de jours pour une seconde radio. Il acquiesça d'un mouvement de tête mes consignes. Son regard avait changé depuis son arrivé.

— Merci, mademoiselle Johnson.

— Je vous en prie monsieur Lewis, oh et surtout pas de conduite pendant les dix premiers jours.

Il me sourit une seconde fois, et alors que je m'apprêtais à sortir du box il me rappela. Mon nom sortant sa bouche, le timbre suave et sexy de sa voix me fit presque trembler, frémir. Je pris une grande inspiration et me retournais vers mon patient. En essyant de masquer mon trouble.

— Oui monsieur Lewis ?

Il me lançait un regard entendu et un sourire espiègle se dessina sur son visage.

— J'aurais besoin de votre aide...pour remettre ma chemise.

Je m'attelais à la tâche en l'aidant à se revêtir. Je fis attention à son bras pour ne pas lui faire mal. Il me remercia avant que je ne quitte la salle d'examens.

***

C'était essoufflée que j'arrivais devant la garderie. La directrice me jeta un regard noir.

— Vous êtes encore en retard !

— Je suis désolée mais il y avait du monde à l'hôpital.

J'avais hâte que ma petite Mia puise profiter d'une place à la garderie de l'hôpital au moins quand je serais en cours ou de garde elle ne sera pas loin de moi et je n'aurais plus à me soucier du retard que je pourrais avoir. Mais pour le moment, ma petite fille était encore sur liste d'attente, et je n'avais guère d'autre choix que de l’emmener chaque jour à la garderie communale qui se trouvait près de chez moi mais à l'autre bout de la fac et de l'hôpital. C'était vraiment pas facile à gérer tous les jours mais c'était mon quotidien.

— Ca ne se reproduira pas madame Callaway.

— Je l'espère, tu peux y aller Mia. A la semaine prochaine.

Ma petite poupée, leva la main pour dire au revoir à sa nourrice avant que nous repartions toutes les deux. Je l'installais rapidement à l'arrière de la voiture dans son siège auto et nous partions vers la maison. Je louais un petit trois pièces dans le bas de la ville là où tout était moins chère. De toute façon entre la fac et la garderie à payer je n'avais pas les moyens de nous offrir à Mia et moi autre chose, je m'estimais encore heureuse de ne pas être dans le pire des quartiers, car il y en avait un, j'y avais vécu et j'avais réussis à en sortir quand j'avais découvert que j'étais enceinte, je m'étais battus corps et âme pour offrir à mon futur bébé une vie convenable.

Ce n'était pas toujours facile et je préférais me passer d'un repas pour que Mia ne manque de rien, ma fille était ma priorité, mon rayon de soleil. Si j'étudiais dur et travaillais dur c'était pour elle. Une fois à la maison elle s'en alla jouer dans sa chambre, tandis que je profitais de ce petit moment pour m'affaler sur mon canapé. Je sortis de mes pensées quand mon téléphone sonna.

— Salut Marie, comment ça va ?

Mon amie et voisine me proposa une sortie avec nos bambins.

— Oui ça serait super de faire ça avec les petits on dit mercredi midi je ne travaillerais pas...

— A toi aussi ma belle Marie.

Je dis au revoir à mon amie, après qu'elle m’ait raconté comment c'était déroulé le procès pour son divorce. Marie c'était marié avant même d'avoir dix-huit ans. Elle avait le même âge que moi et avait déjà cinq enfants âgés de dix à quatre ans. Son mari, enfin son ex-mari maintenant était un dealer de drogue, il l'avait plusieurs fois battu mais à chaque fois elle ne portait pas plainte croyant qu'il changerait mais il n'en était rien. Il avait accepté le divorce à une condition qu'elle ne raconte rien sur les violences qu'il lui avait fait subir. Il savait qu'il irait en prison si ça se savait et c'était la dernière chose qu'il souhaitait, il voulait continuer à s'occuper de ses enfants.

Un autre appel arriva et je répondis c'était Dan, mon amie d'enfance.

— Salut Dan , je vais bien merci et toi ?

— Oui, je suis sûre que Mia sera folle de joie à tout l'heure.

Je connaissais Dan depuis toujours, nous nous étions perdu de vue pendant le collège car il avait déménagé mais on c'était vite retrouvé quand il était revenu, il avait toujours était là pour Mia et moi, je pouvais lui parler de tout sans qu'il y ai d'arrière pensées, c'était parfait pour moi, je ne sais pas ce que je ferais si il n'était pas là. Dan connaissait toute mon histoire, le fait qu'il soit gai facilité les choses entre-nous... c'était plus simple et plus léger, c'était l'ami dont j'avais besoin.

Je me rapprochais de la chambre de ma fille et pris le temps de le regarder jouer avec ses animaux en peluches. J'admirais ma petite princesse, et ces petits gestes déjà si précis quand il s'agit de les soigner. J'essayais de passer le plus de temps possible avec Mia, depuis sa naissance nous n'étions que toutes les deux. Le père de ma petite fille m'avait abandonné quelques semaines avant sa naissance. Il m'avait dit qu'il ne se sentait pas prêt pour avoir une vie de famille. J'avais été complètement abasourdie et je me demandais comment j'allais y arriver toute seule mais quand j'ai posé les yeux sur mon bébé, je ne me suis plus poser de question, j'allais me battre pour ma fille.

Arthur le père de ma petite fille m'avait envoyé un chèque pour la naissance de Mia. Je ne l'avais évidemment pas encaissé, il m'avait abandonné, je ne voulais rien de lui, absolument rien. J'avais toujours le chèque en ma possession et de temps à autre je le regardais en me disant que les cinquante milles dollars serait utile pour Mia mais l'instant d'après je me disais qu'Arthur avait été une belle ordure et que je ne voulais pas de cet argent sale. Après tout il n'avait jamais cherché à rencontrer Mia...

— Mia ma chérie.

Ma fille se retourna vers moi et me regarda avec ses grands yeux vert. ses petites boucles brunes tombaient autour de ses petites joues rebondit.

— Qu'est-ce-que tu dirais de manger une pizza ?

Elle se mit à courir dans toute sa chambre en hurlant "oui" à tue-tête. Je me mis à rire devant tant d’enthousiasme. J'étais heureuse de pouvoir lui faire plaisir, même si mes finances étaient peu élevé, j'aimais pouvoir lui offrir un petit extra. Quelques minutes plus tard nous étions en fin prête pour notre sorti entre mère et fille accompagné de Dan.

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