Le photocall

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Lorsque je me réveillai sur ma chaise longue, je remarquai tout de suite que j'avais une couverture sur moi. J'étais toujours dans le jardin et j'entendis les rires de ma famille. Je me redressai et me frottai les yeux. Je me sentais bien. Il était dans les 17h. Le concert commençait à 20h30. J'avais dit à Bob que Sophie et moi, nous y serions vers 19h45. Ça me laissait pile poil le temps de me préparer.  

Nous avions décidé que Mary nous conduirait au concert, qu'elle en profiterait pour prendre nos robes de soirée qu'elle déposerait à son travail. Après le concert, Sophie et moi devions la rejoindre pour nous préparer et nous irions toutes les trois au Dragon fly puisque Mary devait y faire un tour pour représenter son journal. Pour la suite, j'en avais aucune idée.

Je me levai de ma chaise et sourit à mes oncles. Brian avait disparu, il était probablement entrain de dormir. Je filai dans ma chambre pour me laver. Je chantonnai et je remis une petite dose de parfum, celui que mon père m'avait offert l'an dernier à Noël. C'était Amor Amor de Cacharel. Une pure merveille. Il l'avait fait venir de France par l'un de ses collègues tout spécialement pour moi. Je m'enroulais dans une serviette bien chaude et bien moelleuse. Je vis alors un paquet sur mon lit. C'était une boite bleue claire avec un nœud dessus. Quelqu'un était venu dans ma chambre pendant que je me douchais ? J'ouvris la boîte et je vis du papier de soie. Dedans, un ensemble de lingerie noir. Il y avait un soutien-gorge bustier sans bretelle en dentelle et la culotte assortie. Je souris. Ma belle-mère était adorable. Elle avait pensé, à raison, que je n'avais pas la lingerie pour aller avec ma robe pour le Dragon Fly. J'enfilais l'ensemble et il m'allait à la perfection. Je me trouvais presque... sexy dedans. 

-Mary ? l'appelai-je en ouvrant légèrement ma porte. Mary ?  Est-ce que tu peux venir deux secondes ? J'ai besoin de toi ! 

-Tu peux pas la fermer deux secondes ? Y'en a qui essayent de dormir ! 

Brian était décoiffé, en caleçon et en T-shirt et il me regardait d'un air hostile. 

-Tu peux pas aller la chercher Brian, stoplait ? 

-Je suis pas ta bonne. Une trêve, ça veut juste dire : chacun dans son coin et Dieu pour tous. Pourquoi tu te caches en fait ? 

-Je ne me cache pas. Mary ??

-Bah ouvre ta porte en entier alors. C'est ridicule de ne passer que sa tête.

Je savais ce qu'il allait faire avant même qu'il ne le fasse. Il se précipita contre ma porte pour essayer de l'ouvrir. Je me mis derrière pour essayer de la bloquer.. en vain. 

-Qu'est-ce que tu as à.. cacher ? 

Sa voix mourut alors qu'il me regardait de la tête aux pieds. Moi j'étais rouge et je plaçai mes bras autour de moi pour ne pas qu'il me regarde. Brian fronça les sourcils, et pencha la tête sur le côté. Il allait dire un truc mais il se ravisa.. Il eut à la place un sourire narquois et il planta son regard dans le mien.

-C'est pas parce que tu joues les femmes, en mettant de la lingerie hot que tu en es une Petit Bateau. Mais.. je suis sûr qu'à ton concert pour pré-pubère tu trouveras un boutonneux prêt à te dépuceler. 

Je le giflai. Il ne l'avait pas vu venir celle-là. Il ouvrit grand les yeux.

-Je sais pas pour qui tu te prends mais on est pas de la même famille. Alors trêve ou pas,  recommence à débarquer dans ma chambre alors que je suis à moitié nue et je préviens mon père. C'est assez clair pour toi ?

Je le poussai des deux mains et je claquai ma porte avant de sentir des larmes couler de mes joues. Je me regardai de nouveau dans ma psyché. Et je ne me sentais plus aussi jolie. En vingts secondes, il avait détruit l'image positive que j'avais de moi. Et pourtant, je ne pensais pas qu'il dirait ça. J'avais eu pendant une demi-seconde l'impression qu'il était surpris. Je pensais qu'il refermerait la porte mais là, je me sentais mal à cause de lui. Je n'allais pas laisser passer ça. J'enfilai mon peignoir et j'allais devant la porte de Brian. J'ouvris sans frapper et je me plantai devant lui, les bras croisés.

-Je t'ai dit de ne pas rentrer dans ma chambre sans y être invité.

-Tu n'es qu'un connard et tu sais quoi ? Ce que tu penses n'a pas d'importance, je me sens très bien comme je suis et je t'em..Pourquoi tu te marres ? 

-Si mon avis avait aussi peu d'importance, pourquoi tu ressens le besoin de venir te justifier auprès de moi ? 

Brian était assis sur son lit avec son ordinateur sur les genoux, il le ferma et le posa à côté de lui. Il se leva. J'étais hyper en colère, je ne bougeai pas d'un millimètre. Il s'approcha de moi et s'arrêta à environ 1m.

-Et pourquoi tu as pleuré si mon avis importait peu ? N'essaye pas de faire croire que le regard des autres t'importe pas, parce que c'est faux et je crois que le mien compte particulièrement. Alors voilà mon unique question Sarah, pourquoi tu es dans ma chambre ? Tu veux que je t'aide à retirer ta lingerie de chaudasse ? 

-Ma lingerie de chaudasse que ta mère a choisi spécialement pour moi te dit : fuck.  Moi aussi j'ai une question pour toi Brian, si tu considères que  ta mère choisit de la lingerie de chaudassse, est-ce que ça veut dire que tu trouves que ta mère est une pute ? 

Je vis clairement son regard meurtrier. J'avais été trop loin. Je le savais. 

-Si tu t'avises encore une fois de sous-entendre que ma mère est une pute, je te briserai les côtes. Je ne plaisante pas, je ne frappe jamais les filles, mais si tu me pousses à bout, je le ferai sans aucun remords. 

-Je n'ai pas dit ça, balbutiai-je J'adore ta mère et je ne le pense pas non plus. C'est toi qu..

-Sors d'ici tout de suite, m'aboya-t-il dessus. 

Sa porte s'ouvrit avant que j'ai pu faire le moindre geste. C'était Mary. Elle nous regarda l'un après l'autre et elle fronça les sourcils. L'air furieux de Brian n'avait pas pu échapper à sa mère. J'en profitai pour me faufiler dehors, loin de cet atmosphère pesant.

-Sarah ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? 

-Rien de particulier. C'est juste.. Brian. En fait, je te cherchais pour deux trucs. Merci pour la lingerie, c'est vraiment gentil. Et je voulais savoir si tu pouvais maquiller en fait. J'aurais voulu un vrai smoky eyes mais je ne sais pas comment le faire. 

Mary sourit de toutes ses dents. 

-Prends toutes tes affaires, on déménage dans ma salle de bain.

Ma belle-mère mit tellement de maquillage sur moi que j'avais l'impression d'être un mannequin qu'on allait envoyer défiler. Elle avait entièrement remanié mon teint selon la technique du contouring, effaçant toutes mes imperfections d'un geste. Elle me fit le smoky que je voulais. C'était juste.. Wow. Elle savait faire tellement de trucs. 

-Mary, j'aimerais que tu m'apprennes tous tes trucs de filles un jour. 

-Quand tu veux ma chérie. Comme je te l'ai dit, tu es un peu la fille que j'aurais jamais. Tu as encore besoin de moi ? J'ai promis à John de..

-Merci beaucoup Mary de.. pour tout en fait. Pour m'avoir présentée Ray, pour m'avoir emmenée faire du shopping, m'aider à me préparer et me permettre de sortir ce soir. Mon père ne l'aurait pas fait s'il ne t'avait pas connue. 

-Tu es une fille bien et très bien élevée. Je ne connaissais pas ta mère mais je pense qu'elle serait fière de la fille que tu es Sarah. Alors te permettre de sortir avec tes amis de temps en temps ce n'est pas une grande digression tu sais.. Et puis, je sais où tu vas. D'ailleurs, je pense que vous devriez prendre un taxi pour revenir. Ou rester à l'hôtel. Vous allez partir du Dragon Fly très tard et je ne préfèrerai pas que vous preniez la voiture. Okay ?

J'acquiesçai et embrassai sur la joue ma belle-mère. Elle me parut tellement surprise que je faillis en rire. J'allai m'habiller. J'enfilai le jean gris anthracite, les bottes motardes, le blouson en cuir noir légèrement patiné et le T-shirt blanc Mickey is my Dealer que j'avais achetés avec Mary. Je pris le chèche et le mis autour de mon cou avant de descendre les escaliers. Je tombai nez à nez avec Brian. Il était en short et en débardeur. Il allait sûrement faire un footing.

-En fait tu me cherches c'est pas possible. Je tombe sur toi à chaque fois que je sors de ma chambre. 

-C'est normal McAllister, ma chambre est en face de la tienne. 

Je descendis les escaliers. J'allai dans ma cuisine pour aller me faire couler un cappuccino.

-Sarah ? Tu peux me passer une petite cuiller s'il te plaît ? 

-C'est à moi que tu parles si gentiment, tu t'es ramolli Brian Miller ? 

-Tu préfères que je te dise que t'es chiante, grosse et moche pour que tu me passes une cuiller ? Parce que ça peut se faire. 

Je pris une cuiller et la lançai sur le plan de travail sans le regarder. Quel connard quand il s'y mettait lui ! J'avais la main qui tremblait quand je fis ma mousse de lait. J'entendis distinctement un soupir. 

-Excuse-moi.

J'en lâchai le coulis de caramel que j'avais en main et je me retournai brusquement. Il était entrain d'essayer d'ouvrir un bocal. 

-Quoi ? 

-Tu as entendu. Je n'aurais pas dû forcer la porte de ta chambre. Tu aurais pu me balancer auprès de ma mère mais tu as rien fait, je ne sais pas si c'est de la gentillesse, de la stupidité ou de la pure manipulation mais je suis désolé de t'avoir rendu mal à l'aise si malaise il y a eu. Je fais des trucs cons parfois quand je suis crevé. Je préfèrerai que les parents ne sachent pas que je t'ai vu en sous-vêtements, ils pourraient se faire des idées.

-C'est toi qui te fait des idées. Mais j'accepte tes excuses. Et pour ta gouverne, je ne suis pas grosse. Je ne suis pas anorexique comme ta copine, ça ne fait pas de moi une grosse.

-Je sais.. mais si tu avales ce cappuccino, tes artères vont faire la gueule. En fait, il est cool ton T-shirt. Et tu devrais te maquiller plus souvent. Ça te met en valeur. 

-Tu te prends pour qui pour me dire ce qui me met en valeur ou pas ?

-Pour qui ? Pour un homme. Et si un jour, tu veux un mec, c'est clair que tu y arriveras pas au naturel, faudra user d'artifice, comme toutes les autres filles. Alors penses-y. 

-Pourquoi à chaque fois que tu me dis un truc à peu près sympa tu gâches tout en m'insultant ? 

Brian eut un sourire en coin mais il ne répondit pas. Son frère arriva et il ouvrit le pot de confiture, il le confia à Tom qui repartit. 

-Ce serait beaucoup moins amusant sinon.. voilà pourquoi. 

Il repartit tout aussi vite. Il était insupportable. Je pris mon cappuccino et je me rendis dans le jardin. Mary était assise sur mon père. Ils étaient entrain de jouer au Scrabble.

-Sérieusement ? Vous jouez sans moi ? 

-Jouer sans les enfants c'est bien, pas besoin de les laisser gagner, rétorqua Éric en me faisant un clin d'œil puis en perdant son sourire. Tu es splendide.

-Et encore tu ne m'as pas vu dans ma robe pour le Dragon Fly, minaudai-je en m'asseyant. 

-Parce que tu laisses ta fille aller au Dragon Fly ? Je dois vraiment te rappeler que la dernière fois qu'une jeune femme de notre famille s'est rendue là-bas, elle est ressortie avec une bague au doigt ? plaisanta Elijah en plaçant son mot sur le plateau.

Mon père releva la tête et fusilla mon oncle du regard. Apparemment, le fait que j'aille en boîte de nuit ne lui plaisait pas tant que ça. Mary lui donna un coup de coude.

-Sarah fait un stage à mon magazine et je lui ai demandé de m'accompagner pour lui montrer les réalités du métier. Et je ne pense pas qu'elle reviendra fiancée.. à moins que..

-Non. Pas de souci à te faire là-dessus. Ça ne risque pas. Je finis mon cappu et on y va Mary ? 

-J'allais te le dire. 

J'avalai le liquide chaud légèrement caramélisé tout en aidant Elijah à faire des mots. Au moment de partir je serrai mes oncles contre moi. Pendant que Mary allait chercher sa veste,  mon père me prit à part.

-Quand tu seras au Dragon Fly, je veux que tu montes à l'étage et que tu ailles t'assoir dans la l'alcôve tout à droite.

-C'est.. l'endroit ? 

-Oui. C'est l'endroit où tu es devenue une possibilité chérie. Écoute Sweetie, j'aimerais que tu fasses quelque chose pour moi, amuse-toi. Laisse-toi aller un peu.

-Okay. Je ferai ça. Bonne soirée.

Je lui claquai la bise et je filai dans la voiture. Quand nous arrivâmes devant chez Sophie, elle était toute surexcitée. Elle avait mis sa robe sous vide. 

-J'adore ton T-shirt Sarah. Merci Mme McAllister de nous emmener, c'est vraiment gentil. 

-C'est normal. On se rejoint à Fairchild Tower, okay ? Vous avez-vu la circulation ? C'est un truc de fou.

Je regardai Sophie. Nous étions toutes les deux à l'arrière. Ma belle-mère se mettait à parler comme nous. Sophie aussi commençait à rire. À deux pâtés de maisons de la salle, la circulation se fit plus dense.

-Tu sais quoi Mary, on va finir la route à pieds, comme ça tu prends la prochaine à gauche pour rentrer à la maison. 

-Ça ne vous dérange pas ? Après j'imagine que ça fera beaucoup plus cool que d'arriver avec sa belle-mère.

-Tu es très cool Mary, lâchai-je en ouvrant la portière. À tout à l'heure, on te tient au jus.

Je refermai la portière une fois Sophie dehors et je pris ma meilleure amie par le coude.

-Tu sais quoi So' ? On va passer une super soirée et je suis toute excitée, c'est un truc de fou, j'ai une pêche d'enfer.

Nous arrivâmes devant une marée humaine 40 minutes avant le début du concert. C'était impressionnant. Je sortis mon téléphone pour bipper Bob.

-Vous êtes où ? fut la première chose que j'entendis.

-Au milieu du tsunami d'hormones en délire. 

-Okay. Je vais me mettre à l'entrée, dès que tu me vois tu viens vers moi. Je suis dehors.

Je me mis sur la pointe des pieds et je vis Bob ouvrir une porte.

-C'est bon je te vois. On arrive.

Je pris la main de Sophie et je commençai à bousculer les gens pour rejoindre Bob. Ce dernier me fit un grand sourire et il me prit dans ses bras.

-Salut moi c'est Bob, je pense pas qu'on ait été officiellement présenté..

-Ah oui, désolée. C'est Sophie ma best friend. 

Il lui serra la main et poussa la porte devant laquelle il était pour nous faire rentrer. Il fit un signe à un gars de l'entrée et il ouvrit une porte latérale avec son badge. On était dans un couloir. Le téléphone de Bob sonna. 

-Il faut que je réponde, vous continuez au bout du couloir et vous ouvrez la porte du fond, okay. Oui ? demanda-t-il au téléphone.

Je regardai Sophie en souriant et je l'entrainai à ma suite. Je frappai à la porte et je vis un torse nu. Un torse ultra musclé. Quand Clive souriait de toutes ses dents.

-Ça c'est une putain de belle surprise !! 

Il me serra dans ses bras et fit de même avec Sophie tout en nous laissant entrer. C'était une loge, salon avec des canapés. Il y avait plusieurs portes en face de nous. Je tournais la tête et je vis Owen entrain de faire le poirier contre un mur, les yeux fermés. Keito était entrain de bécoter sa petite amie sur le canapé mais il nous salua quand même. Ray était entrain de boire un cappuccino, les yeux fermés avec ses écouteurs sur les oreilles, dos à nous.

-Vous allez bien ? me demanda Clive.

-Ouais et vous ? 

Je voulais le regarder dans les yeux mais mon regard fut irrésistiblement attiré vers son torse. 

-Tu peux mettre un T-shirt ou n'importe quoi stopl ? Tu me perturbes un peu là.

-Je suis ravi de l'entendre, je vais finir de me préparer.

Il me fit un clin d'œil et en passant à côté de Ray, il lui arracha un écouteur.

-Tain ! Tu sais très bien que je détestes quand on me fait ça.

-Tu pourrais être poli à défaut d'être aimable, lâcha froidement Clive à son meilleur ami. Et éviter les gros mots devant ces demoiselles, tu vas les faire fuir. Faites pas gaffe les filles, Ray est hyper chiant avant les concerts, en général, on ne lui parle pas, c'est sa façon de gérer le stress.

-Gnagnagna.. répondit Ray en se retournant. Salut ! Vous avez pu venir alors !

Il me lança un sourire 100% Ray McClunsky et bondit sur ses pieds. Il avait l'air d'être super heureux de nous voir. Il me prit directement dans ses bras et finit par me tenir à bout de bras.

-Je kiffe ton T-shirt. Tu crois que Mickey aurait un rail de Disneycoke pour moi ? 

Je sentais sa main qui tremblait. Il était vraiment stressé le pauvre. Il embrassa Sophie sur la joue et nous fit signe de venir nous assoir, alors que Keito se levait suivit de sa copine et qu'il rentrèrent dans une micro-loge. 

-Vous voulez un cappucino ? 

-Pas pour moi merci. Tu vas bien Ray ? Tu as l'air un peu pâle je trouve.

-C'est toujours comme ça avant la première chanson. On a chacun notre manière de gérer le stress. On penserait pas vu de l'extérieur mais.. ça me fait toujours bizarre. La seule chose que je peux avaler avant les concerts, c'est un cappucino, ou un latte. Owen, lui fait du yoga. Keito.. je pense que vous avez compris. Clive en général lit un livre et Chuck lui..

Il n'eut pas le temps de finir. Ce dernier arriva totalement paniqué.

-Bordel, je l'ai pas.

-Sérieux ?

Ray se redressa, il n'avait pas l'air de plaisanter du tout. Il prit un coussin du canapé et le lança vers Owen qui retomba sur le sol.

-Quoi ?! grogna Owen en retirant ses écouteurs. Hey, salut les filles ! Pourquoi vous faites cette tête là ?

-Chuck l'a pas.

-Bah.. où il peut être. 

-Je sais pas, j'ai dû le laisser à l'hôtel. Où est Bob ? Il faut qu'il aille me le chercher sinon c'est pas possible.

-Qu'est-ce que vous chercher au juste ? demanda Sophie. 

Les trois garçons la regardèrent et Sophie se mit à rougir furieusement. Ce devait être une réaction normale quand trois canons de beauté vous regardaient d'un air surpris.

-Mon porte-bonheur. C'est un mouchoir brodé par ma mère.J'ai pas fait un concert sans depuis qu'elle me l'a prêté l'an dernier.

-Il te faut aussi quelque chose d'ancien, quelque chose de neuf, quelque chose de bleue et un sou dans ton soulier ? ironisai-je. Et une tiare de mariée ?

Chuck leva un sourcil et j'avais vraiment l'impression qu'il allait me frapper. J'avais été trop loin. On ne se moque pas d'un porte-bonheur. Mais il se mit à rire et cela me fit plaisir. 

-Non pas de tiare, faut pas déconner. C'est une tradition depuis qu'on a fait notre premier concert. Ma copine de l'époque m'avait passé un truc que je devais porter sur moi. Et depuis, avoir un objet prêté, ça me détend. Je focalise mon stress dessus et je n'y pense plus. Et là..non c'est mort, il me le faut. Vous pouvez m'aider à le chercher ? 

Vingt minutes plus tard, toute la loge était sans dessus dessous et pas de mouchoir brodé à l'horizon. Chuck se renfrognait de plus en plus. 

-Vous devriez aller à vos places les filles, ce sera chaud après de vous y rendre, ça commence dans 10 minutes lança Ray manifestement gêné parce que Chuck venait de filer un coup de pied dans le canapé en hurlant une insanité. On se voit après...

Je sus alors ce que je devais faire. Je posai ma main sur Chuck qui venait de s'assoir sur le canapé en mode désespéré et résigné. Je retirai mon chèche et l'enroulai autour de son cou.

-Il s'appelle Reviens sans trou, sans brûlure et s'il manque un seul fil je te tords le cou. C'est ma belle-mère qui me l'a offert. Il est neuf, il y a du bleu et il est prêté. Triple porte-bonheur. Je suis ni ta petite amie, ni ta mère mais.. ça peut le faire, non ? 

Chuck se releva, il était plus grand que moi et à ma grande surprise il me serra contre lui en me soulevant à moitié. Il avait son nez dans mes cheveux. Il planta un gros bisou sur le front. 

-Merci. Je te revaudrais ça Sarah McAllister. Demande-moi n'importe quoi et je le ferai. Filez maintenant.

J'allai vers la porte et je vis le grand sourire de Ray à mon encontre. J'avais bien fait, je m'en doutais. Il en avait plus besoin que moi. Avec Sophie nous rentrâmes dans la salle de concert. Mon cœur commençait à battre plus fort. Je regardais ma meilleure amie, elle ressentait la même chose que moi. Je le savais. La salle s'éteignit tout à coup et la voix de Ray retentit. Des cris hystériques s'élevèrent tout autour de moi.

-Vas-y, on fait les groupies, personne ne leur dira, hein ? fit la voix de Sophie à mon oreille.

Je souris et je me mis à hurler comme toutes les personnes autour de moi. La performance musicale à laquelle j'assistai était juste fabuleuse. Les garçons étaient tellement dans leur élément ! Ils mettaient une ambiance de folie. C'était juste dingue. Sophie et moi étions juste devant la scène. À un moment j'étais certaine que Ray me regarda droit dans les yeux. Les lumières s'éteignirent à un moment donné. Et elles se rallumèrent et Ray salua.

-Vous pouvez rallumer les lumières dans la salle ? Okay. Merci. Wow. Vous êtes pleins... 

Des cris retentirent dans la salle. Ray sourit et il se retourna vers Clive. 

-Alors voilà, j'ai un truc à vous demander. J'ai parié que nos fans faisaient plus de bruit que ceux des Jonas Brothers alors..si vous êtes okay, j'aimerais qu'on fasse une vidéo en direct sur Meerkat. Du coup si on faisait une ola, ce serait d'enfer. On va leur montrer ce que c'est de faire du bruit, Okay ? 

Il agita son téléphone sous les hurlements hystériques des fans. 

-Bon je vais vous demander une minute de silence et quand Chuck vous fait signe vous faites la ola et plein de bruit !

Il regarda son téléphone et le tendit à bout de bras. Sur l'écran géant derrière lui, l'intégralité de la salle s'afficha. J'avais le cœur qui battait, je mourrais d'envie de hurler. J'étais presque fébrile. 

-Salut tout le monde et bienvenue en direct du concert de LA ! Pour répondre à la provocation de  mon cher ami Joe Jonas, voilà notre réponse. 

Une ola géante dans une salle de concert, des cris, des bras en l'air, rien de mieux pour se défouler à mort. Sophie et moi étions mortes de rire. Ray marcha sur toute la longueur de sa scène et il finit par ramener son téléphone vers lui.

-On a les meilleurs fans du monde, on te l'avait bien dit Joe !!  On en profite pour vous faire des gros bisous et vous rappeler qu'il en faut vraiment peu pour être...

Il retourna son téléphone vers nous et toute la foule hurla Heureux !! Il lança son téléphone à Clive et son visage apparut sur l'écran géant.
-Et aussi on en profite pour souhaiter un super anniversaire à un être très cher à notre cœur. À notre mascotte en couche culotte. Deb, on t'aime.. Happy Birthday, commença à chanter Clive, to you Debbie..
Toute la salle se mit à chanter a cappella avec lui et il replanta le téléphone pour nous filmer. Il y avait une ambiance d'enfer. 

-Oncle Clive revient bientôt !  Love you guys !! Il envoya un bisou et il ferma l'application, relança le téléphone à Ray alors que les autres membres du groupe recommencèrent la musique.. Sunshine in Wonderland. J'avais pas envie de partir. Si j'avais pu je serais restée là tout le temps. Mais après voir été rappelé sur scène 3 fois, le concert se termina.. Ils nous avaient tenu presque 2h45. J'attrapais Sophie par la main pour que nous puissions sortir rapidement. Je vis Bob au téléphone dans un coin. Je m'avançai vers lui. Il raccrocha et il sourit.

-Impressionnant, hein ? 

-Carrément. C'est un truc de dingue. On va y aller, tu peux le dire aux garçons ? On se rejoint là-bas, ajoutai-je rapidement pour ne pas qu'il pense qu'on les abandonnait. 

-Okay, pas de souci. À tout à l'heure ! 

Sophie m'entraina dehors. L'air frais me fit du bien. Je sautillai dans la rue. Je me sentais merveilleusement bien. Sophie était hilare et elle commença à chanter : It might seem crazy what I'm about to say... Sunshine she's here, you can take a break..Pharrel Williams.. oui, c'était exactement comme ça que je me sentais.. heureuse. Nous arrivâmes à Fairchild Tower et nous montâmes dans les étages avec le badge visiteur. J'avais appelé Mary avant d'entrer dans la tour et elle nous attendait devant la porte de l'ascenseur. Elle était à tomber dans sa robe de soirée verte émeraude bustier et avec sa queue de cheval, elle paraissait tellement plus jeune. Le quart d'heure qui suivit fut extrêmement drôle. Elle avait demandé à certains membres de son équipe de rester pour nous coiffer, faire des retouches maquillages et nous aider à nous préparer. Sophie était magnifique. Elle portait une robe de soirée one shoulder, sauf qu'elle n'avait pas de manche comme la mienne. Elle était grise léopard, tout en volute. Elle ouvrit grand les yeux en me voyant.

-Sarah.. tu es juste époustouflante. 

Son compliment me fit plaisir. Sophie était comme ma sœur et elle était suffisamment honnête pour me dire si quelque chose me rendait ridicule. Mary nous emmena dans sa voiture. C'était son assistante qui conduisait. Je sus que nous étions arrivées en voyant le monde de fou à l'entrée. C'était impressionnant. Un portier arriva pour nous ouvrir la portière. C'est alors que je les vis. Le Photocall, la tripotée de photographes, et les flashes. Soudain, j'étais refroidie. Je me retournai vers Mary. Elle saluait deux trois personnes sur le côté. Je regardai Sophie. Elle avait l'air terrorisée. Je tournai la tête et je vis la dernière personne au monde que j'avais envie de voir. Alexandra et l'une de ses copines.

-Y'a la pouffiasse de Brian là-bas. 

Sophie se tourna et elle eut un sourire machiavélique. Mary arriva dernière nous. 

-On y va ? Si vous voulez j'y vais en premier et vous faites comme moi, d'accord ? 

J'opinai du chef et je regardai Mary s'avancer vers le photocall prendre la pose et nous faire signe de venir la rejoindre. Les flash me brûlèrent la rétine. Par ici ! Par ici ! je sentis la main de Mary dans mon dos. J'avais l'impression d'être prise au piège mais je souris tout de même. Mary me tira légèrement par le bras. Alors que je quittais le photocall avec Sophie, j'entendis du brouhaha derrière moi et  des cris de fans. Les garçons arrivaient. Ils signèrent des autographes, prirent des selfies et avancèrent vers le photocall. 

-On les attend dedans ? demandai-je à Sophie. Ils ne sont pas prêt d'arriver et on va finir par avoir froid je pense.

Je me retournai, allai entrer à la suite de Mary qui nous avait abandonné quand je sentis une main chaude sur moi qui me tira en arrière. En quelques secondes, je me retrouvais encore sous le feu des photographes avec un bras au dessus de mes épaules. Je me retournai et je vis mon chèche. Je baissai les yeux et je vis que Sophie aussi me regardait morte de rire. 

-Chuck Grass n'est jamais mieux que quand il est accompagné de deux créatures magnifiques du beau sexe, lança Chuck aux photographes en riant comme un fou.

Cet idiot réussit à me faire rire en plus. Il nous ramena vers la boîte de nuit. Ray allait me parler mais il s'arrêta. Il regarda par dessus mon épaule. Il avait l'air très surpris et le pire c'est que Clive qui était juste derrière lui, faisait la même tête. Je n'eus pas le temps de regarder par dessus mon épaule parce que Chuck me poussa dans la boîte de nuit. J'avais la désagréable impression qu'il avait fait exprès pour me soustraire à la vision de la personne qui avait fait perdre quelques couleurs à mes deux amis. Le pire ? Je mourais d'envie de savoir qui c'était. 

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