La nuit de l'épouvante

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C'était des vers.. des vers de terres bien vivants, ceux que les pêcheurs utilisent pour leurs proies. Et cette fois-ci nous étions les proies. Je levai les yeux. Il y avait des seaux renversés. C'était un piège immonde et Sophie étions tombés dedans.. comme des sottes. Je m'en voulais énormément. En quelques secondes, j'étais passée d'heureuse à catastrophée, souillée. Je les haïssais et clairement, siffler leur essence ne suffirait pas, j'avais des envies de meurtres. Sophie elle était restée très calme, elle n'avait pas crié mais en tournant les yeux, je vis qu'elle était en larmes.

-Bah quoi ! lança une des Alexandrinettes. Les zombies ont des vers, non ? On vous a juste rappelé votre place.. 

-Plus bas que terre ! hurla de rire une de ses copines.

Je saisis la main de Sophie pour la soustraire à cette barbarie. Elle n'avait jamais été attaquée elle. Je devais la protéger. Je me retournai et je vis Paul. Il était d'une pâleur et je vis dans ses yeux qu'il n'était pas au courant. Moi je le vis mais pas Sophie. Quand la main de Sophie s'abattit sur Paul, un silence se fit entendre derrière moi. Ma meilleure amie s'enfuit en courant et je la suivis. Je n'avais pas le temps de m'y attarder. Je retirai mes talons pour courir plus vite. Je devais lâcher des vers un peu partout. En tout cas, c'est comme ça que je suivais Sophie. Elle s'était réfugiée dans les vestiaires et j'entendais la douche. J'y allais moi aussi et je vis ma copine trempée entrain de pleurer toutes les larmes de son corps. On pouvait me toucher moi mais on ne touchait pas à ma meilleure amie. Les vers coulaient sur son corps pour se noyer au sol. Son maquillage aussi coulait un peu mais pas tellement. Je passais mes mains sur elle pour la débarrasser le plus vite possible. Ensuite, je le fis sur moi.

-On rentre chez moi ok ? 

-Oui, répondit d'une voix fluette Sophie.

-J'ai mon permis dans mon sac. Viens, je te ramène.

Je la relevai, elle semblait un peu dévastée.. J'imaginais que j'étais comme ça moi aussi au moment de l'affaire du Troll Snot. Vu de l'intérieur ce n'était pas pareil. Nous passâmes par une porte secondaire pour rejoindre le parking. J'étais trempée mais je m'en moquais. Je ne regrettais pas les crasses faites à Alexandra. Pas du tout.

-Attends.. tu peux t'arrêter ? 

Je m'arrêtai sur le côté. Sophie descendit de la voiture et elle vomit. Elle pleura et elle se mit à hurler. Je descendis à mon tour pour la prendre dans mes bras. Elle avait été secouée.

-Tu sais quoi ? On est presque à côté de chez toi Sophie. On fait le chemin jusque chez moi à pieds après avoir déposé ta voiture dans ton garage.

-Oui, pleura ma meilleure amie.

Je me sentais vraiment mal pour elle. Moi j'avais l'habitude mais pas elle. De toute évidence, elle était plus fragile que moi. Je me garai dans sa maison et nous marchâmes jusqu'à chez moi.

-Tu sais quoi ? Je comprends ce qu'a ressenti Carrie quand on lui a lancé du sang de porc dessus. J'ai eu des envies de meurtres. 

-Pas moi. J'ai juste été horrifiée. Et le pire c'est que cette photo va faire le tour du lycée. C'est plus qu'évident.

-Tu sais quoi ? So' ? On s'en fout. Leur montrer qu'on a été horrifiée, cela va juste leur donner du pouvoir. C'est ce que m'avait dit Marc et je crois qu'il avait raison. On ne va pas laisser ses connards gâcher notre Halloween. Je m'y refuse. Alors on va aller chez moi. On va se faire chauffer nos popcorns et on va réfléchir à un plan pour nous venger.

-Vengeance ? 

-Vengeance. J'ai soif de sang. Alors à défaut de les tuer, on va leur faire des crasses. On fera tomber une à une chaque Alexandrinette et on attaquera la reine au cœur.

-Brian ? marmonna Sophie. Tu veux l'utiliser ? 

-Il m'a dit que la guerre reprenait entre nous demain soir. Tous les coups seront permis et contrairement à Alexandra, je vis avec Brian. Je sais comment il est. Ce sera très facile d'atteindre cette pouffiasse au cœur.

Nous étions presque arrivées à la maison, sèches. Il y avait encore des enfants dans les rues qui frappaient aux portes. Je sonnais à la mienne et je vis mon père habillé en sorcier.

-Je ne sais pas si je dois laisser entrer des zombies dans ma maison.. vous êtes effrayantes les filles, ajouta-t-il en nous laissant passer. Alors ce bal ? 

-Atroce, lâcha Sophie. Du coup on est rentrée plus tôt.. par contre John, faudra me raccompagner chez moi demain. On a laissé ma voiture à la maison.

-Elle avait presque plus d'essence et on n'avait pas assez pour faire le plein.

Sophie sourit et acquiesça. Elle repensait au jerricane dans sa voiture c'était certain. Mary apparut dans sa robe Vera Wang, maquillée à la perfection. Elle était magnifique. Mon père s'arrêta un instant pour la regarder descendre les escaliers. Je savais qu'il avait le cœur battant. Il y avait tellement d'amour dans ses yeux que j'en étais heureuse pour lui.

-Alors les filles, commença Mary. J'en ai parlé avec John et il était d'accord avec moi.

-Sur ? demandais-je.

-Sur le fait que vous êtes probablement les jeunes femmes les plus sympathiques de la planète, aussi, on vous a fait de la bieraubeurre, ne reprenez pas le volant après. 

-Sérieusement ? Vous nous autorisez à boire de l'alcool, sans vous ? Vous êtes des parents ou bien ? hallucinai-je.

Ma belle-mère éclata de rire.

-Des parents irresponsables probablement. 

-Vous êtes des filles sérieuses et vous avez accepté de rester ici au lieu d'aller vous amusez.. autant que l'amusement vienne à vous, non ? Pas d'abus. On vous a racheté du popcorn et il y a des bonbons dans..

-Papa, on sait où sont les bonbons pour les enfants.. Vous devriez y aller. Il est où Tom ? 

-Il regarde la télévision, répondit sa mère. Mais dans une heure, il devra être couché. 

-Vous avez déjà mangé ? 

-Oui, d'ailleurs, il y a de la Pumpkin pie, des cupcakes au chocolat et au caramel, des cookies et comme à mon âge avancé, je refuse de me nourrir que de sucre, contrairement à certains..

Elle regarda mon père avec un regard appuyé qui le fit rire.

-J'ai fait des lasagnes à la citrouille aussi, si vous avez envie de salé. 

-Tu as fait tout ça pendant qu'on était au bal ? Tu as une baguette magique en fait ? 

-J'ai fait la Pumpkin Pie ce midi. Les cupcakes avec Tom cet après-midi et ton père a dit que ..

-Halloween sans Cookies et Popcorn, continua mon père, ce n'était pas Halloween, alors je vous ai préparé une fournée rien que pour vous et une autre pour nous.

Je regardai mon père. Lui et moi étions fâchés en début de semaine. J'avais l'impression que cela faisait une éternité. Il y avait tellement de choses qui s'étaient passées entre temps ! 

-Merci Papa. Passez une bonne soirée.

-Vous aussi les filles.

-Elle ne peut pas être pire que le bal de toute façon.

Mon père sourit et je ne tardai pas à entendre la voiture sortir de l'allée. Tom était entrain de regarder la télévision, c'était les épisodes spéciaux des Simpson. Sophie était montée dans ma chambre pour enfiler des habits propres. J'aurais pu parier qu'elle allait brûler les autres habits arrivée chez elle. Elle redescendit quelques minutes plus tard. Elle allait mieux. J'avais préparé le popcorn.

-Vous voulez un bonbon ? demanda Tom, la bouche pleine, en nous tendant sa citrouille en plastique qui débordait.

-Pas pour moi Tom, répondit Sophie. D'ailleurs, tu ne vas pas tarder à aller te coucher sweetheart. Il faudra penser à te laver les dents.

-Pourquoi ? 

-Pourquoi tu dois te laver les dents ? Sinon tu vas avoir des caries, répondit patiemment ma meilleure amie.

-Non. Pourquoi je dois aller me coucher ? J'ai pas envie de dormir, moi ! 

-Si tu vas au lit sans embrouilles, tu auras le droit de lire une histoire d'Halloween.

Où trouvait-elle la force de lui parler gentiment ? Clairement moi je lui aurais déjà volé dans les plumes. Tom avait l'air très intéressé.

-Une histoire d'Halloween ? 

-Sarah et moi quand on était petite on lisait les Chair de Poule de mon frère et de mes cousins. Je les ai trouvé sur ebook. Je te passe mon iPad si tu veux et tu pourras les lire.

-C'est vrai ? 

-Je te le promets. 

Tom se leva précipitamment et je l'entendis courir dans les escaliers.

-Comment tu fais ? Pour ne pas avoir envie de le taper ? 

-Il est super mignon et c'est un gosse, c'est tout. C'est pas difficile de faire plaisir à un enfant. Tu n'as pas pu oublier comment on était à cet âge là quand même ! 

-On était vachement moins bruyante..

-On se faisait des batailles de polochon en plein milieu de la nuit et ta mère venait nous faire comprendre qu'on était bien gentille mais qu'on devait se taire.

Elle n'avait pas tort et cela me fit sourire. Tom revint, il était en pyjama avec une brosse à dents dans la bouche.

-C'est vrai ce que m'a dit Brian ? 

-Sur quoi sweetheart ? demanda gentiment Sophie.

-Il m'a dit que les zombies sortaient de leurs tombes à Halloween et qu'ils mangeaient les enfants qui ne priaient pas avant de s'endormir, parce qu'ils étaient attirés par les mauvais enfants.

-Brian t'a dit ça ? 

-Oui. 

-Les zombies, ça n'existe pas Tom. Il a dit juste pour t'embêter parce que ton frère est un..

J'allais dire con mais je ne le fis pas finalement.

-Rigolo. Il se moque de toi et de tout le monde d'ailleurs. Allez monte te rincer les dents.

-J'arrive, je vais chercher mon papad et je te le passe.

Le petit Tom sauta presque dans les bras de Sophie et monta dans sa chambre.

-Voilà pourquoi je hais Brian. Tu as vu ce qu'il a raconté à son petit frère ? C'était loin d'être cool.

-C'est clair, mais bon, si tu savais tout ce que mon frère a pu me faire avaler.. Tom va m'attendre.. tu mets le premier film d'horreur ? J'arrive ! 

-Je fais réchauffer les lasagnes de Mary.

J'allai chercher le pop-corn, le saladier rempli de Bieraubeurre et je réchauffai les lasagnes dans le four. Sophie ne tarda pas à redescendre. 

-C'est hyper bon, fit Sophie en avalant une bouchée de lasagne. Mary est quand même génial. Si elle n'avait pas Brian, elle serait presque parfaite. 

-Elle est cool, approuvais-je. Je me demande ce que je vais faire pendant le stage avec elle. Tu sais que j'ai interdiction de mettre des Converse et je vais devoir mettre des talons ? 

-Hum.. tu ne portes jamais de talon. Sauf ce soir. Tu vas avoir les pieds en compote, commença à rire ma meilleure amie.

Je la tapai pour la forme mais elle avait raison. Je ne portais pas de talons. Ce n'était pas pratique et comme les filles comme Alexandra en portaient tout le temps, je ne voulais absolument pas leur ressembler. Nous débutâmes notre nuit de l'épouvante Psychose, d'Alfred Hitchcock. On débutait chaque année par un film plus ancien, comme une sorte de chronologie de l'horreur. Nous connaissions tellement le film par cœur que s'en était presque amusant. Et puis comme il y avait encore des enfants qui venaient chercher des bonbons, on ne perdait pas grand chose. À la fin du film, Sophie riait tellement que je finis par la faire taire pour ne pas qu'elle réveille Tom. Alors que j'allais dans la cuisine pour chercher les cupcakes, les cookies et la Pumpkin pie, Sophie était entrain de mettre le film Esther.. Nous étions rendues à la moitié du film quand je décidai d'aller aux toilettes. En revenant, je trouvais Sophie entrain de se resservir de Bieraubeurre.

-N'empêche, mon père et ma belle-mère sont totalement pétés de la caisse et le pire c'est que c'est hyper bon comme cocktail. Tu m'en remets ? 

Sophie me resservit et je me réinstallai confortablement en prenant un cookie. Soudain je sentis Sophie sursauter comme une folle. 

-Quoi ? 

-Tu as pas entendu ? 

-Entendu quoi ? 

J'entendis un grand bruit à l'étage et je regardai Sophie qui avait les yeux écarquillés. Je lui fis signe de se lever avec moi. J'allai en bas des escaliers.

-Tom ? C'est toi ? 

Personne ne répondit.

-On devrait aller voir, non ? demanda Sophie d'une petite voix.

-Oui. 

Je montai les escaliers doucement.

-Brian a une batte de baseball dans sa chambre. On va la prendre au cas où. 

-Tu crois que quelqu'un est rentré dans la maison ? 

Ma meilleure amie était un peu angoissée. Je le sentais dans sa voix et moi non plus je ne me sentais pas spécialement rassurée. Je fis signe à Sophie d'aller dans la chambre de Brian et elle en ressortit avec la batte. Je lui pris des mains. Je passai un coup d'œil dans la chambre de Tom. Il dormait profondément, j'entendais sa respiration. C'est alors que j'entendis encore un bruit. Il venait de ma chambre. Je n'avais plus du tout envie de rire. Je fis signe à Sophie d'ouvrir la porte et je m'y élançais en agitant la batte. Il n'y avait rien du tout. La fenêtre était juste ouverte et elle avait cogné dans une de mes bougies à cause du vent. J'entendis Sophie rire un peu en blâmant notre imagination fertile. J'allai à ma fenêtre pour la refermer quand je vis quelqu'un dans notre allée.

-So'. Il y a quelqu'un dehors.

-Comment ça il y a quelqu'un dehors ?

La personne portait une capuche, un imperméable et elle releva la tête. Je me reculais pour ne pas qu'il me voit.

-Y'a quelqu'un dans l'allée de la maison. C'est ce que je suis entrain de te dire. 

Sophie s'avança et regarda.

-Il n'y a personne Sarah.

Je rejetai un coup d'œil et il n'y avait personne. Je sentais des frissons dans ma colonne vertébrale. Je n'avais pas rêvé, ou alors j'avais trop abusé du cocktail préparé par mon père. Je pris néanmoins la batte de baseball de Brian avec moi. Je me sentais plus en sécurité. Je descendis les escaliers avec Sophie. Il n'y avait pas de lumière, on voyait juste celle de la télé depuis le couloir. Nous nous réinstallâmes dans le canapé et je repris mon verre. Nous nous regardâmes et nous éclatâmes de rire jusqu'à ce que la télé s'arrête 10 minutes après la reprise. Sophie avait son téléphone avec elle. J'allais enclencher l'interrupteur mais il ne marchait pas.

-Il doit y avoir un problème avec les fusibles. Tu viens, c'est dans le garage et j'ai besoin de quelqu'un pour m'éclairer.

-Tu sais changer des fusibles ? Sérieusement ?

Cela me faisait bizarre de parler à ma copine dans le noir.

-Oui oui. Tu viens, te prends pas les pieds dans le tapis.

Nous allâmes dans le garage et je coupai complètement le courant, je ne voulais pas m'électrocuter en me trompant. C'était bien le fusible du salon qui était défectueux. 

-Tu peux m'éclairer ? J'ai une lampe de poche quelque part. Je vais retirer le fusible.

Je demandais à ma meilleure amie de chercher un fusible dans le tiroir à bricolage de mon père tout en essayant d'enlever le défectueux d'une seule main..

-Je ne trouve pas de boites de fusible.

-Va voir à l'étage, dans l'entrée. 

J'entendis Sophie partir et je calais la lampe entre ma tête et mon épaule et j'usai des deux mains. C'était une partie assez délicate. J'entendis Sophie revenir. Je tendis la main vers elle tout en finissant de l'enlever et elle le déposa dans ma main. Il ne fallait pas que je me trompe de sens en le remettant. Une fois fait, je regardais mon travail satisfaite. Mon père aurait été fier de moi. 

-Dans l'entrée ? Tu es certaine ? J'ai rien trouvé.

-Comment ça tu n'as rien trouvé ? Tu viens de me le..

Je me retournai brusquement le fusible à la main et j'hurlai. Ce n'était pas Sophie mais un zombie. Je le poussai en lâchant ma lampe et j'entendis un éclat de rire. Un rire que je ne connaissais que trop bien.

-Ray ?!

Sophie alluma la lumière et je vis Ray McClunsky dans mon garage plié en deux de dire.

-Tu aurais dû voir ta tête ! glapit-il les larmes aux yeux.

Je me tournai vers Sophie, elle était aussi étonnée que moi. Elle était encore dans les escaliers et elle sursauta comme une folle tout à coup en poussant un petit cri aigü. Elle sauta dans le garage et je vis Clive derrière elle. Du moins, je l'entendis et ensuite je le vis, il était habillé en vampire. Je me tournai vers mon zombie d'ami. Il était à peine reconnaissable.

-Mais qu'est-ce que vous faites là ? Et comment vous êtes rentrés ? 

-Par ta chambre. Enfin j'imagine que c'est ta chambre. Je suis monté sur la gouttière et je dois t'avouer que tu as une très jolie salle de bain. 

-Tu étais caché dans ma salle de bain ? 

Ray me lança un sourire hilare et je devins rouge en me demandant la dernière chose que j'avais fait dans la salle de bain. Est-ce qu'il y avait des sous-vêtements à trainer ? Je les ramenai dans le salon tous les deux, mais je tapai Ray gentiment pour la forme. C'est alors que je vis Tom, il avait l'air endormi.

-Hey, qu'est-ce que tu fais debout ? lui demandai-je en m'accroupissant à son niveau

-J'ai cru entendre quelqu'un crier.

-Désolée. Viens je te ramène dans ton lit.

Je le soulevai tant bien que mal et je montai les escaliers. Je lui embrassai le front, repris l'iPad de Sophie et redescendis. Ils étaient encore debouts dans le salon et Ray avait une tête un peu penaude alors que je le fusillais du regard.

-Tu es rentré par ma chambre et toi ? 

-Il m'a ouvert la porte, répondit Clive en esquissant un petit sourire et en finissant par baisser les yeux. Et il m'a dit que vous étiez en bas.. désolé, on ne.. en fait on voulait clairement vous faire peur ! Alors c'est plutôt réussi.. finit-il un sourire sur les lèvres et dans les yeux.

-Je reviens à ma première question qu'est-ce que vous faites là ? Vous ne deviez pas être chez Gaga ? 

-Si, on y a fait un tour et puis.. Chuck était crevé, il est parti dormir à l'hôtel, les autres se sont dispersés... Et vous deviez faire une nuit de l'épouvante ? On voulait juste s'incruster.

-Vous..

Je me tapai la tête avec la main et j'allai dans la cuisine. Je n'arrivais pas à y croire. Ray McClunsky était dans mon salon. Pas celui d'une autre, le mien. Je me retournai en entendant du bruit. C'était Ray. Il avait enlevé son manteau et il avait un costume troué, très.. zombie. 

-Tu es fâchée ? 

-Non pas du tout, je vous apportais des verres.

Ray était soulagé. Je lui tendis les verres en souriant. 

-Est-ce que vous voulez boire le cocktail alcoolisé ou un soda ? J'en ai au frais. Clive ?? l'appelai-je. Soda ou alcool ?

-Soda pour moi, merci ! 

Je me tournai vers Ray et il me demanda aussi du soda. Je pris deux bouteilles en verre de Coca du réfrigérateur. Mon père et moi étions fans des bouteilles en verre, nous trouvions que le goût était plus authentique. 

-Bouteille en verre ? apprécia Ray. Quand j'allais chez mes grands parents avant qu'ils ne divorcent, mon grand-père me disait que ça avait un goût plus authentique et je suis d'accord. 

Nous retournâmes dans le salon où j'entendais Clive faire le pitre et je me réinstallais à ma place. 

-Je vais vous prendre en photo tous les trois, fit Clive. C'est pas tous les jours qu'on voit des zombies.

Ray se plaça entre nous deux sur le canapé et plaça son bras en travers de mes épaules et m'attira à lui d'un geste. Il venait de faire la même chose avec Sophie. Je mourrais d'envie de faire un aparté avec elle mais ce n'était pas possible. Clive, une fois la photo prise se balança à côté de Sophie et nous pûmes enfin terminer notre film et nous enchaînames avec le Rocky Horror Picture Show. Ray avait toujours son bras autour de mes épaules même s'il avait lâché Sophie. À un moment donné, il tourna les yeux vers moi et me regarda tellement gentiment que j'aurais pu en rougir. J'étais bien contente d'être pleine de maquillage et dans le noir. Vers 5h du matin, je commençais à être vraiment fatiguée et je pouvais voir dans les yeux de mes amis que c'était aussi le cas.

-On a une chambre d'amis si vous voulez dormir un peu avant de repartir.

-Non, on va prendre un taxi comme à l'aller. On va l'appeler là. Merci de nous avoir invité dans le confort de ta maison. 

-Enfin.. vous avez squatté le confort de ma maison.

-C'était super agréable, répondit Ray. On a presque l'impression d'être chez nous, merci. 

-De rien. Vous voulez un thé ou une tisane ? 

-Si j'avale quoi que ce soit personnellement, je vais exploser, rit Sophie. 

Elle bailla ouvertement et devint un peu rose en ramenant sa main devant sa bouche. J'observai la réaction de Clive. Il la regardait d'un air un peu attendri tout en appelant l'agence de taxi. 

-Pardon ! Je suis désolée. 

-Tu es toute pardonnée ma belle, répondit Clive. Oui. Bonsoir madame.. est-ce que je pourrais avoir un taxi au..

Il s'éloigna dans le couloir pour finir sa conversation, ce que je trouvais très prévenant et quand il revint, il souriait, totalement crevé.

-Moi qui pensais que notre prochain marathon, ce serait le Hobbit Sarah.. je me suis planté ! 

-C'est clair. Par contre, on se fait le Hobbit, c'est clair et net. Vous partez quand.. mardi, c'est ça ? Bon, on aura pas le temps, mais on se le fera un jour. Tu me l'as promis.

-Je tiens toujours mes promesses. On n'aura qu'à se faire ça quand tu auras un peu de temps. Le taxi arrive dans 5 minutes Ray. Je lui ai demandé de ne pas sonner, y'a bien un des fils de ta belle-mère en haut, si j'ai bien compris ? 

-C'est très prévenant de ta part, approuvai-je. Merci.

Clive me fit un grand sourire, dévoilant ses dents blanches et parfaitement alignées. Malgré ma fatigue, il me fit un peu rougir et je louai pour la seconde fois de la soirée le bonheur d'être couverte de maquillage vert. Le taxi ne tarda pas à arriver et les garçons se retirèrent.

-À tout à l'heure ! nous lança Ray. Quand vous serez arrivée, passez en loge ! Je t'ai envoyé les pass sur ta boîte mail en plus, ajouta-t-il en posant ses lèvres sur ma joue pour un bisou rapide. Bonne nuit ! Prenez des forces, demain soir à la même heure, on sera entrain danser sur les tables du Dragon Fly !!

Je lui fis un signe de la tête et je refermai la porte. Sophie en était toute retournée.

-Ils ont abandonné une fête chez Lady Gaga pour venir te voir..

-Pour venir nous voir. 

-Tu vois très bien ce que je veux dire. J'adore ces gars là et là, je meurs d'envie d'aller me coucher, tu penses qu'on peut dormir dans la chambre d'amis du bas ? j'ai royalement la flemme de monter les escaliers.

-Mouais.

Je me laissai tomber dans la chambre d'amis au côté de Sophie et je ne tardai pas à m'endormir. J'avais commencé par l'horreur pour dériver lentement vers une soirée de folie, complètement dingue. J'étais un peu ivre, et surtout j'étais remplie de bonheur. C'était probablement l'un des meilleurs Halloween que j'avais passé.


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