Guitar Hero

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-Bonjour madame, nous sommes attendues dans la suite numéro 305, vous pouvez nous annoncer ? 
La standardiste nous regarda de haut et moi je me sentais vraiment pas bien pour le coup. J'avais la bouche sèche, comme si j'étais fautive. C'était très étrange comme situation. Je n'avais rien à me reprocher. Mais rien du tout. Et pourtant..
-De toute façon, Ray t'a dit de monter directement, non ? Alors on y va, elle n'a pas besoin de nous pour faire son travail. 
Sophie avait parlé avec arrogance, je ne savais pas d'où ça lui venait. Peut-être d'une journée avec sa mère à faire du shopping. Je souris à la standardiste et nous prîmes l'ascenseur avant qu'elle ne dise quoi que ce soit. Nous arrivâmes à l'étage et je repérai le numéro de la suite. Je frappai et ce n'était pas Ray qui nous ouvrit mais Clive. Torse nu, en serviette et fumant. Ses muscles saillants ressortaient de manière impressionnante et il avait encore les cheveux mouillés. Je sentis Sophie à côté de moi se raidir légèrement.

-Et sinon, mettre un T-shirt ? 
-Et sinon, frapper à la bonne porte ? Bonjour. Moi c'est Clive, dit-il d'une vois sensuelle alors que je regardais le numéro et que je fronçais les sourcils.
-Elle c'est Sophie, non mais attends. C'est la chambre de Ray.
-Je blaguais. Il est là. Ma douche a un souci. Elle n'a plus d'eau chaude. Raaaaaaaay, tu as de la visite absolument charmante à la porte, bouge tes fesses avant que je les ramène dans MA chambre. On trouvera forcément de quoi s'amuser.
Je devins rouge tomate encore une fois et Clive éclata de rire. 
-Je reviens, gardez moi des cookies, rit-il en passant dans la chambre juste en face. 

Je rentrai dans la suite au moment où Ray apparut. Il me fit un sourire tellement chaleureux que je me sentais tout de suite à l'aise. 
-Re Sarah. Bonjour.. Sophie, c'est ça, sourit-il. Moi c'est Ray. J'ai beaucoup entendu parler de toi, je suis content de te rencontrer.
Il s'avança vers Sophie et lui tendit la main. Je ne savais pas comment ma meilleure amie allait réagir, la seule chose que je ne voulais pas c'est qu'elle agisse comme une groupie.
-Moi aussi, et puis, si j'ai bien compris, on va passer une soirée ensemble dimanche, c'est mieux de se connaitre un minimum, non ? 
Elle lui sourit gentiment en saisissant sa main. Il m'embrassa sur la tempe et il nous entraina dans le salon de sa suite. 
-Désolé pour le bordel, par contre, j'étais entrain de travailler un peu.
-Sur une chanson ? 
-Non, sur une dissertation en histoire, je te rappelle que je suis lycéen. J'ai une semaine de vacances après le concert et je reprends le lundi d'après.
-Ça doit être calme, non ? De reprendre les cours normalement.
-Oui et non. J'ai un nombre incalculable de groupies dans mon lycée, c'est passablement.. bruyant. Vous voulez boire quelque chose, j'avais pris une tisane pour moi mais après je peux téléphoner au Room Service. 
-Te plie pas en quatre pour nous. De la tisane ce sera parfait.

Il débarrassa la table de ses feuilles et livres de cours et il sourit encore une fois avant de se lever pour prendre sa guitare.
-Vous faites quoi demain pour Halloween ? À part ce.. comment tu disais Sarah ? Ce minable bal lycéen où ma seule satisfaction est la statue que j'ai peinte ?
-On a pas encore déterminé en fait, répondit Sophie.
-On connait des gens qui font une fête mais y'aura tous les gens du lycée que je ne peux pas voir, alors pourquoi sous prétexte d'aller à une fête, j'irai avec des gens que je déteste ? 
-C'est un point de vue, approuva néanmoins Ray d'un hochement de tête.
-On va sûrement s'installer sur le canapé de Sarah comme tous les ans et regarder des films d'horreur. Pour notre nuit de l'épouvante.
-Je faisais ça aussi avant de devenir célèbre, répondit Ray tout en accordant sa guitare. Avec Clive. 
-On parle de moi ? 
Clive arriva avec un jean et un T-shirt qui moulait ses muscles. Il s'assit juste à côté de Sophie, comme par hasard et ma copine me jeta un regard. Elle était fan de Clive. Bien plus que de Ray. 
-Tu te souviens de nos nuits de l'épouvante ? 
-Carrément. Le pied intégral. Je me souviens qu'une année on avait regardé l'Exorciste. N'empêche je préfèrerai largement faire ça plutôt que d'aller à la fête de Gaga. 
-Gaga.. Lady Gaga ? hoquetais-je. 
Ils hochèrent tous les deux la tête.
-Surtout qu'on est obligé de rentrer tôt. Parce qu'avec le concert le lendemain, on ne peut pas se permettre d'arriver totalement déchiré ou crevé. 
-Vous allez révéler au monde que vous êtes à L.A. en avance ? 
-Absolument. De toute façon, il faut faire le tirage au sort de la meilleure vidéo/photo du TrollSnotStyle.
-Enlève celle de Sophie de la sélection, c'est la meilleure, mais elle ne peut pas remporter le concours, elle vient déjà. 
-J'ai pas vu cette photo moi, bouda Clive. En même temps, pas étonnant que ce soit la meilleure photo, quand on voit le modèle. 
-Tu es entrain de me draguer ou c'est moi ?
-Clive 0-Sophie 15, lâcha Ray en éclatant de rire. Mais je vais enlever ta photo, ne m'en veux pas surtout. 
-Ça m'arrange, ça ne m'intéresse pas le feu des projecteurs.

Ray s'arrêta et leva un sourcil.
-En fait, je pensais que c'était un truc de Sarah, mais vous êtes toutes les deux bizarres en réalité. Je trouve ça cool, personnellement. Tu joues d'un instrument ? 
-Piano, comme Sar'. On a pris nos cours ensemble. Tu te souviens Sarah ? 
-Ouais. Comment ne pas s'en souvenir ? Notre prof était diabolique et franchement.. tout ça parce que je voulais faire de la musique comme mon père.. Quand on entend mon père jouer, tu as juste envie de te coller une balle et de te dire, ça c'est un artiste.
-C'est clair... soupira Sophie. Ton père et son piano quoi. Il joue tellement bien.
-C'est vrai ? demanda Clive. Ton père joue du piano ?

-Il joue rarement maintenant, il n'a plus de temps. Avec l'hôpital, sa nouvelle famille.. enfin bref, tu nous joues un morceau ou tu comptes juste astiquer ta guitare jusqu'à ce que mort s'en suive ? 
-Tu as un problème avec le fait que j'astique ma guitare ? 
-Pourquoi ai-je l'impression qu'il y a un sous-entendu pervers sous cette phrase McClunsky ?  sourit Clive de toutes ses dents.
Je me tournai vers lui et je vis Sophie se mordre la lèvre pour ne pas rire.
-Parce que tu es un pervers ? Tu vois du sexe partout, c'est juste pas possible. Même dans des phrases insignifiantes. Bon, ça vous dit de faire une partie de Guitare Hero ? 
Je regardai Sophie et je vis ma meilleure amie sourire à Ray. 
-Tu vas te faire éclater, Sophie est une professionnelle à Guitar Hero. Personne ne l'a jamais battue.

C'est comme ça que Clive et moi, nous nous retrouvâmes entrain de supporter nos meilleurs amis respectifs, très sérieux entrain de jouer à Guitar Hero sur l'écran géant de la suite de Ray. 
-J'ai envie de manger des pancakes, lâcha Clive tout à coup. Attends bouge pas ? 
Il était désormais assis à côté de moi sur le canapé et il se pencha sur moi. Il me frôla en prenant le téléphone pour appeler le Room Service.
-Tu veux quelque chose ? 
-Une tablette de chocolat blanc noix de coco. 
Clive leva un sourcil et répéta mot pour mot ce que je venais de dire. Il raccrocha et me fixa avec attention. Je me sentis devenir rose.
-En fait, tu es vachement belle comme fille.Tu as aucune tare ou quoi que ce soit ? Comment ça se fait que tu aies toujours pas de mec ? 
On entendit une fausse note et Sophie cria de joie. Ray était un peu pâle, il venait de rater la dernière mesure. 
-Je veux ma revanche, lâcha-t-il mécontent.

-Alors ? me demanda Clive.
-Je ne suis pas une fille cool en fait. Je suis tout le contraire. J'aime lire des livres, écrire parfois, j'aime regarder des vieux films et partir en week-end dans des hôtels avec mon père pendant qu'il opère à Seattle. J'aime aussi m'enrouler dans des couvertures et boire du chocolat chaud avec des chamallows dedans et de la chantilly. Je ne suis pas assez cool pour aller dans les bonnes fêtes au lycée et Sophie et moi on se suffit toutes les deux. Tu peux m'aider Sophie ? J'ai l'impression que je dis n'importe quoi.
-On a des tempéraments plutôt casaniers. On reste entre nous. Genre, tu vois, dans notre lycée, passer une soirée entière à jouer à la Kinect, c'est juste pas possible quand on est des filles. On est bizarre par rapport à la normalité des lycéennes je crois. Ou alors, on est justement normale ce qui fait qu'on est différente et stigmatisée pour ça.
-Stigmatisée ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ? 
-Je me fais régulièrement harcelée par la copine du fils de ma belle-mère au lycée. Elle me balance du soda dans les yeux, de l'eau dessus, elle m'humilie, mais franchement, je n'en ai absolument rien à faire. Elle peut faire ce qu'elle veut, ça ne détermine pas qui je suis, ça détermine juste que c'est une garce. 
-Ton quasi-frère.. Brian, c'est ça ? Il ne fait rien pour t'aider ? 
-Je ne suis même pas sûre qu'il s'en rende compte. Mais franchement, je ne veux pas de son aide. Parce que je lui serai redevable après. Et clairement je ne veux pas être redevable d'un connard pareil. Pourquoi tu me regardes comme ça ? 
-Je comprends en fait ce que tu veux dire. Ma sœur aînée.. il lui est arrivée la même chose, dit Clive. Elle s'est faite harcelée au lycée par une fille ultra-populaire.
-Et alors, comment elle s'en est sortie ?
-Elle a morflé au lycée, lors de sa dernière. Ensuite elle a été à la fac, et elle a été beaucoup mieux. Et quand on est devenu célèbre, j'ai recroisé cette fille et je l'ai pourrie. Elle a essayé de faire amie amie avec moi pour profiter de ma soudaine notoriété. Elle doit encore le regretter je pense. La famille avant tout. 
-La famille avant tout, répéta Ray en buvant un peu de tisane tout en se remettant sur Guitar Hero. N'empêche quand on pense à tous les connards qu'on a ramené dans notre sillage quand on a commencé nos tournées. Un truc de fou. Au moins, les gens qui nous détestaient ne faisaient pas semblant avant. Et baaaaaaaaam ! hurla Ray en faisant une danse de la joie.
-On est exæquo. On fait la belle après une courte pause, si tu veux bien.
-Je suis un gentleman.

On frappa à la porte de la suite et Ray, après un sourire se rendit dans le couloir. Sophie se laissa tomber sur le canapé et j'observai en coin la réaction de Clive. Elle avait retiré ses lunettes et elle se frottait les yeux. Le regard de Clive glissa sur elle et remonta sur son visage. il devait sûrement la trouver sexy. Bien plus que moi en tout cas. Il se retourna vers moi.
-Donc tu es une fille qui aime rester dans son petit confort de vie, mais ça n'explique pas pourquoi tu es passée de petit copain potentiel, à pas de mec du tout.
-On s'est fâché. Il ne voulait pas de moi comme j'étais alors. Voilà. Enfin je vais pas en faire tout un plat. Si j'avais eu un petit ami, j'aurais été obligé d'aller avec lui dimanche pour le Dragon Fly et ça aurait été beaucoup moins drôle.
-C'est pas au Dragon Fly que tes parents.. ?
-Si. C'est là-bas que mon père a demandé à ma mère de sortir avec lui entre autres. J'ai toujours voulu aller là-bas. Il parait que c'est super beau. 
-C'est plus que beau. C'est un endroit magnifique, me confia Ray en cherchant son porte feuille et en sortant un billet de 100$ pour le donner au groom. Tu me dois 100$ Clive, reprit-il. 
-75$, tu peux bien offrir la tablette de chocolat de la demoiselle, non ? Tu es radin à ce point-là ? 
-Jamais pour demoiselle Sarah. Vous avez une heure pour repartir au juste ? 
-Non pas vraiment. Mais on ne va pas tarder non plus, sinon, les parents vont criser.

Ray semblait différent. Je pensais qu'il allait me montrer l'avancement de sa chanson. Mais peut-être qu'il ne voulait pas le faire devant Sophie. Clive finit par en avoir assez de regarder les autres jouer et il me prit par le bras pour me lever doucement.

-J'ai un truc à te montrer, sur le balcon.
Je le suivis et il me regarda sérieusement.
-Tu as besoin de mon aide pour la fille qui t'emmerde au lycée ? Je sais qu'on ne se connait pas depuis longtemps mais je pense qu'on peut dire qu'on est.. des potes tous les deux. Tu es plus jeune que moi et ça me met mal à l'aise de.. enfin. Que tu te fasses martyriser sans protection aucune. Alors, je veux que tu m'écoutes attentivement. Tu n'es pas sans savoir qu'on part mardi matin de LA, mais je veux que tu saches que le jour où ça deviendra insupportable pour toi, tu m'appelles et je viens t'aider.

-Pourquoi tu ferai ça pour moi ? 
-Parce que ma sœur a fait une tentative de suicide au lycée. Et que je ne veux pas que ça t'arrive à toi aussi. Elle aussi elle se croyait forte mais les lycéens peuvent être cruels. Maintenant, elle va super bien et elle a même donné naissance à une petite fille adorable. Mais sur le coup de la colère, de la honte ou du désespoir, on peut faire des choses qu'on peut regretter par la suite. Alors fais moi la promesse que si ça ne va pas du tout, tu en parleras à quelqu'un. À moi, ou à n'importe qui.
Clive était extrêmement sérieux. Vraiment. Je n'avais jamais lu nulle part l'histoire de sa sœur et je voyais dans ses yeux que c'était la pure vérité. 
-Je te le promets. Mais honnêtement, le jour où je n'arriverai plus à encaisser, je lui casserai le nez. Je garde mon sang-froid pour l'heure. Et puis.. il y a Sophie. C'est une warrior. Elle ne laisse pas les gens me toucher sans réagir. Tant qu'elle est là, je ne crains rien.
-Elle a l'air d'être une fille bien. 
-Elle l'est. En fait, Clive, je voulais savoir est-ce que tu peux me rendre un service ? Je sais que c'est un peu abusé en fait, mais tu pourrais éloigner un peu Sophie ? Ray m'avait promis de me montrer les améliorations sur Sarah she's all that mais je crois qu'il n'ose pas devant ma copine, alors.. juste 10 minutes.
-Je pense qu'il y a pire que de trainer avec ta copine, tu vois. Est-ce qu'elle..
-Elle n'a pas de petit-ami, si c'est ce que tu veux savoir. Du moins, pas que je sache, on a été un peu en froid, mais deux jours en gros, je crois pas qu'elle se soit trouvée un petit ami entre temps.
Clive sourit et quand il entendit Ray hurler : Noooooon ! il rentra dans la suite me laissant seule sur le balcon. Je regardai la ville et la circulation qu'il y avait. J'entendis bientôt des accords de guitare derrière moi. Je reconnaissais cette chanson. Normal, c'était ma chanson. Sarah she's all that. Il avait changé les accords du début il me semblait. Et cela me plaisait. Il joua la chanson sans chanter et il s'arrêta.
-Alors ? 
-J'adore, Tu as fini les paroles du coup ? 
-J'ai pas eu le temps d'y retoucher en fait. Pas vraiment. J'ai amélioré celle que j'avais mais tu sais parfois, l'inspiration me vient quand je joue.
-Tu as les paroles ? Sur une partition ? 
Ray me lança un de ses sourires 3000 Volts qui aurait pu faire craquer n'importe quelle fille et il me laissa sa guitare. J'avais la guitare de Ray McClunsky en main. Si je la faisais tomber au sol, j'étais morte, c'était sûr et certain. il arriva et reprit son bébé. Il me tendit les partitions, les yeux un peu brillants.
-Tu sais lire une partition ? Tu veux chanter avec moi ? 
Je penchai la tête sur le côté.
-J'adorerai chanter avec toi Ray. On a déjà chanté ensemble en plus si j'ai bonne mémoire, tu m'as dit que j'avais un ton de voix pas mal.
-J'ai même dit qu'avec de l'entrainement, tu aurais une voix magnifique. Tiens.

Les vieux souvenirs de solfège me remontèrent pendant que je déchiffrais la partition, je relevai les yeux et je vis quelqu'un dans l'embrasure de la porte fenêtre. Je la reconnus toute suite. C'était son agent. Ray me fit un sourire et me laissa seule avec sa guitare et ses lunettes de soleil qu'il avait mise pour aller dehors. Je les enfilai. Je n'avais pas les miennes, je les avais laissées dans la voiture de mon oncle. J'espérais d'ailleurs que ma belle-mère me les récupèrerait. J'allai sur Youtube, ma vidéo de Ray venait de faire un carton plein. J'étais super contente. Je l'avais posté quand déjà ? La semaine dernière ? Il y avait déjà 6 millions de vues. Mon téléphone sonna et je vis le visage de Clive s'afficher. Je ne savais pas que j'avais une photo de lui pour son contact.
-Ouuuui ? 
-Tu peux me passer Ray, il ne me répond pas. 
-Il est avec votre agent en fait, je suis toute seule. 
-Ah. Tu nous rejoins ? La porte est ouverte. On fait un Twister avec les gars.. heu.. Chuck, arrête de la tripoter, sale pervers. 
-J'arrive. 
Je raccrochai, me levai et j'entendis des éclats de voix dans la suite. Je me fis toute petite et je sortis rapidement, Ray avait l'air vraiment énervé. Ils ne m'avaient même pas vu sortir. La porte de Clive était ouverte et j'entendis des éclats de rire. Ils étaient affalés les uns sur les autres et Sophie pleurait de rire à coté. Est-ce que j'aimais jouer au Twister normalement ? Non, pas tant que ça, mais avec les membres du groupe de Ray, c'était autre chose. C'était drôle, c'était même hilarant. D'autant plus qu'ils essayaient de faire des vocalises en même temps. Quand je me retrouvai à devoir faire le pont avec en dessous de moi Owen Bridges, je pensai que si je m'écroulais, j'allais écraser un gars qui pesait quelques millions de dollars. Mais clairement, je pensais cela avant de me retrouver à quelques centimètres du torse de Chuck Grass. Pourquoi ce gars ne boutonnait pas sa chemise en entier ? Il sentait bon en plus. J'allais m'effondrer.

-Un chouia plus bas Chuck et tu pourrais presque te faire mordiller les tétons, rit Clive.
Cette phrase me déstabilisa totalement et je fus amortie par Owen. 
-Désolée.
-J'adore avoir des filles sur moi t'inquiète. 
Quelques secondes plus tard, Chuck me releva et me disant qu'il ne fallait pas avoir peur du grand méchant Chuck
-J'ai pas peur, marmonnai-je en devenant un peu rose sous son regard de braise. 
Je tournai les yeux et je vis Ray. Il avait l'air un peu consterné et fâché. Je me dégageai des bras de son ami doucement en souriant et me rapprochai de Sophie. 

-À qui le tour ? lançai-je. Ray, tu veux tenter.
-Non merci, je ne suis pas d'humeur. Je peux te parler Clive deux secondes ? Keito est pas là ? 
-Non, il est parti chercher sa copine en mode incognito à l'aéroport, répondit Clive. On revient. 
Quelque chose avait été un peu cassé dans l'ambiance après l'arrivée de Ray. Aussi Chuck se mit au piano. Je n'avais même pas vu le piano qui était là. 
-Tu joues du piano ? s'étonna Sophie.
Le jeune homme se retourna et regarda avec un brin d'ironie ma copine. Mais voyant qu'elle était sérieuse, il se contenta d'hocher la tête.
-Depuis mes 4 ans. Ma mère est une pianiste professionnelle.
-Vraiment ? C'est quoi son nom ?
-Nora Stington.
Je tombai des nues et le regardai avec de grands yeux.
-Tu es le fils de Nora Stington ? Sérieusement ? J'arrive pas à y croire.
Ma mère avait ses CDs. Cette femme était un génie de la musique classique. Le garçon sourit et continua de jouer. Il y avait un billard dans la suite. Owen était entrain de jouer avec Sophie. Moi j'écoutais le jeune pianiste. Où était Ray ? et Clive ? Je regardai dehors. On allait pas tarder à devoir partir et c'était lui que j'étais venue voir. Pas ses amis. Je sentis une main sur moi. C'était Chuck. Ses grands yeux noirs me fixaient, comme s'ils essayaient de sonder mon âme. Il me prit la main et me demanda de venir avec lui. Mon Dieu Chuck Grass venait de prendre ma main. Il m'installa près de lui sur le piano et il me demanda si je connaissais A Thousand Miles de Vanessa Carlton. J'hochai la tête tout à coup un peu intimidée.. non en fait, complètement intimidée. Il le remarqua et sourit d'un air.. que je ne pouvais qualifier que de sexy. À mon grand désespoir d'ailleurs. Je baissai les yeux. Mais pourquoi cet idiot ne fermait pas sa chemise noire en entier ?? Il portait une croix égyptienne. Ankh. Je déglutis.
-N'aie pas peur comme ça.
-Je n'ai pas peur, affirmai-je.
J'aurais aimé que ma voix soit plus forte, plus assurée mais elle sortit fluette. 

Il posa ses mains sur le piano et moi aussi. Il me regarda bizarrement et me lança un sourire colgate, 300V d'un coup. J'étais électrisée. Est-ce que je rêvais ? J'aurais pu certifier que j'étais sur un petit nuage et que je volais ce moment. Qu'est-ce que j'étais sur le point de faire ?


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