Je passai la fin de ma journée auprès de mon oncle jusqu'à ce que mon père arrive de sa garde. Il avait l'air décalqué mais quand il me vit, son regard s'illumina et sa fatigue s'envola de ses traits. Il posa son cartable et ouvrit les bras pour que je file m'y réfugier. Comment mon père arrivait à me faire sentir si petite quand il me serrait dans ses bras ? J'avais l'impression qu'il n'y avait que lui et moi, que j'avais de nouveau 5 ans et qu'il allait me porter dans ses bras et ne jamais me lâcher. Il se détacha tout de même pour s'assoir sur un des tabourets hauts de la cuisine.

-Papa. Tu devrais rentrer à la maison et allez avec Mary. Demain je reviens à la maison, promis. 
-Mais..
-Papa. Je vais bien, je suis guérie. Je suis détendue et j'ai envie de passer une soirée toute seule avec Eli et Eric..
-Ah.
-C'est pas contre toi Papa. Je crois que tu manques à Mary. Je veux dire.. ça fait deux jours que tu l'as pas vu et.. c'est pas bien ça. Je veux dire.. tu veux que ça marche avec elle n'est-ce pas ? 
-Qu'est-ce que.. attends, je suis vraiment d'avoir cette discussion avec toi ? 
-Papa. Je suis sérieuse, tu ne peux pas rester là, elle a besoin de toi elle aussi. C'est ta femme quoi. Tu peux pas la laisser toute seule dès que j'ai un coup de fatigue. Je ramène le petit déjeuner demain matin.
-Okay. Elijah. S'il arrive quoi que ce soit à ma fille pendant mon absence.. je te tue.
-Cela va s'en dire. Tu veux prendre un apéritif, genre un verre de Sancerre ou un truc ? 
-J'évite de boire avant de conduire, je ne veux pas avoir un accident de voiture Eli, mais c'est gentil. Demain matin sans faute. Je crois que Mary a pris sa journée de demain, elle m'a envoyé un message dans ce sens. 
-Tu peux ramener mes affaires dans la voiture ? 
Mon père me sourit d'un air tellement heureux que mon cœur se gonfla. Je gardais seulement des sous-vêtements propres et une robe et je ramenais mon sac dans la salle à manger. Mon père et mon oncle s'arrêtèrent de parler quand ils me virent.
-Tu es sûre que tu ne veux pas revenir avec moi ? 
-J'ai à peine eu le temps de profiter d'Eric pendant mon séjour ici. Alors.. je vais rester. 
Je le raccompagnai jusqu'à sa voiture et il me prit dans ses bras. Il monta dans la voiture et  je frappai à la vitre. 
-Apporte un bouquet de jonquilles à Mary. Elle va adorer. 
-Des jonquilles, sourit mon père.. tu connais leurs significations ?
-Je te désire et je me languis de ton amour. Papa, je suis plus un bébé. Va rejoindre ta femme, tu m'envoies un SMS quand tu es arrivé. Embrasse Mary pour moi.

Je rentrai dans la maison et je m'affalai sur le canapé. Mon oncle m'apporta un coca frais et lui-même se prit un verre de vin.
-On mange quoi ? 
-J'ai préparé un curry végétarien. Enfin, je vais le préparer, si je ne suis pas trop saoul pour le faire.

Je souris et je me suis mis à aider mon oncle à couper les légumes et quand Eric arriva, il nous trouva entrain de rire dans la cuisine.
-En fait Elijah, à la fois je me dis que je dois jamais te laisser partir parce que manger des plats maisons et se mettre les pieds sous la table, c'est top, mais en même temps.. j'hésite à te foutre dehors parce que je vais prendre 15 kg pendant ton séjour chez moi.
Son frère éclata de rire et lui servit un verre de vin blanc. Je passai une soirée super tranquille avec mes deux oncles, à pleurer de rire et à faire la guignol. 
-Giulia sera avec nous pour Thanksgiving cette année ? lui demandai-je soudainement.
-Non. Parce que je la récupère à Noël, répondit mon oncle avec une pointe de tristesse. Maintenant, peut-être que sa mère sera partie en voyage et qu'elle nous la laissera, mais je n'y crois pas trop.
Je n'avais jamais entendu dans la bouche de mon oncle une telle rancœur envers la mère de sa fille alors qu'ils s'étaient séparés peu avant le décès de ma mère, 6 ans auparavant. Je levai le sourcil et je sentis Elijah se raidir.
-C'est quoi cette histoire de voyage ? 
-Sa mère la laisse régulièrement à sa famille et à ses amis parce qu'elle part souvent en voyage avec son nouveau mec.
-Pourquoi tu ne demandes pas la garde exclusive ? Tu as une situation plus que stable et je sais que c'est horrible de séparer un enfant jeune de sa mère mais.. tu ne crois pas qu'elle serait mieux avec toi qu'avec des inconnus ? 
-Si tout à fait mais j'essaye de savoir si c'est la vérité ou si c'est juste l'impression de Giulia. Je mène mon enquête. Bon, il est 2h du matin. Va te coucher, tu tombes de fatigue.
-Non, c'est pas vrai. 
J'étais allongée sur le canapé, enroulée dans une couverture polaire, la tête posée sur Elijah. On était bien tous les trois. On était bien en famille.
-Bon, si un peu, mais je n'accepterai d'aller me coucher que si tu me joues un morceau de piano mais pas Clair de lune de Debussy. 
Mon oncle se leva et s'installa à son piano, dès qu'il posa ses doigts sur les touches, je fermai les yeux. Ma mère vantait toujours les qualités de pianiste de son frère aîné. Il joua la Mélodie Hongroise de Schubert. J'adorais ce morceau mais mon oncle avait raison. Je sentais mon esprit s'envoler et je ne tardai pas à m'endormir. Je me réveillas le lendemain matin sur le canapé. J'avais un oreiller sur moi et une couette en plus. Je m'étirai et tombai du canapé en lâchant un juron. J'entendis quelqu'un grommeler. C'était mon oncle Elijah. Il était dans le fauteuil et il bâilla à s'en décrocher la mâchoire et il se leva et s'étira, dévoilant une partie de son torse sous son T-shirt. Il m'embrassa sur le front et se retira directement dans la cuisine. Il n'était pas du matin apparemment. Je le suivis et le vis entrain de mettre des fruits dans le blender. Il se servit d'un verre de smoothie et m'en donna un. Je n'étais pas la seule à ne pas être vraiment du matin dans ma famille et ça me rassurait quelque part.
-Et bien, vous tirez une de ses têtes vous deux, lança en riant mon oncle Eric en m'embrassant sur le dessus de la tête. J'ai une gueule de bois à cause de toi Elijah et pourtant j'ai pas l'air d'un zombie.
-Dors sur un fauteuil comme quand tu avais 5 ans et on en reparlera, grommela son frère. Tu veux un smoothie ? J'en ai préparé.
-Oui je veux bien merci, tu prends quoi comme petit déjeuner Sarah ? 
-Je vais le prendre à la maison en rentrant. Je dois emmener des trucs en plus.
-Il est 7h, personne ne travaille chez toi, je ne suis pas certain qu'ils soient réveillés tu vois. Prends au moins un fruit, si tu as perdu ne serait-ce que 100g durant ton séjour chez moi, John me tue.
Je pris la grappe de raisins que me proposait Eric et en avalait quelques grains avant d'aller me laver. J'enfilais ma robe et fourrais mes affaires sales dans mon sac de cours. Cela me fit penser à cet imbécile de Brian avec mes affaires dans mon casier et cela me mit un peu en colère. De quoi il se mêlait cet imbécile, est-ce que moi je lui avais dit que sa chambre était une vraie poubelle ? 
-Eriiiic ? Tu peux me déposer à la maison ? Ou alors je te prends une de tes voitures ? 
-Chérie, si tu me prends une de mes voitures, tu ne me la rendras jamais, sourit mon oncle.
-S'il-te-plaît ? minaudai-je.
-Vas-y. Mais tu ne roules pas comme une foldingue et tu respectes les limitations de vitesse.
-Merci, merci, merci. Eli, je passe te prendre tout à l'heure, comme ça, tu pourras reprendre la voiture d'Eric.

J'embrassai mes deux oncles et allai dans le garage en prenant au hasard l'une des clefs pendues. C'était celle de la Ferrari 458 Speciale d'une couleur beige. Je ne devais surtout pas la rayer ou quoi que ce soit de ce genre. Je m'installai dedans et démarrai. Le moteur se mit à vrombir. Je profitai de chaque moment de cette conduite. Je conduisais rarement et encore moins souvent toute seule, sans personne pour me chaperonner. J'étais tranquillement sur la route. J'allais m'arrêter dans un Starbucks et chercher des viennoiseries. Il fallait que je regarde combien il me restait dans mon porte-feuille. J'avais hâte d'être une adulte responsable et d'avoir ma propre carte de crédit. C'est alors que je remarquais dans mon sac de cours une enveloppe. Je l'ouvris et restai.. bouche bée. Il devait bien y avoir 200$ dedans. Il y avait un message dedans. Pour tes viennoiseries, tu seras toujours la bienvenue à la maison. N'avais-je pas l'oncle le plus cool de la planète ? J'entrai dans le Starbucks pour me prendre un bon vieux Caramel Macchiato et je filais à la boulangerie pour faire une razzia. Je déposai les sachets dans la voiture et j'allai chez le primeur juste à côté de chez moi pour faire le plein de fruits frais. Je me garai devant la porte du garage et j'entrai chez moi sans un bruit. Il était encore tôt. Les volets n'étaient même pas ouverts.J'allais dans la cuisine pour poser les viennoiseries. Je les mis dans un petit panier et j'allais préparer la table.
-Sarah !!
Je sentis un boulet de canon se précipiter sur moi à m'en couper le souffle. C'était Tom. Il avait encore perdu une dent. Était-ce dans une bagarre ou naturellement ? Je ne pouvais pas le savoir. Il  me serrait contre lui très fort.
-Tu es enfin revenue ! J'ai cru que tu n'allais jamais revenir mais Brian, lui il savait que tu allais revenir.
-Ah bon ? 
-Oui. Il a dit que tu étais trop bête pour te conformer à ton plan initial et que tu reviendrais forcément faire ta petite fille modèle bien sous tout rapport. C'est ce qu'il a dit à Paul.
Pourquoi cela ne m'étonnait pas de la part de Brian ? Je souris néanmoins à Tom. 
-Tu veux bien aller chercher des verres pour m'aider à mettre la table, je veux faire une surprise à Papa et Mary. Tu veux bien poussin ? 
-Je ne suis pas un poussin mais je veux bien t'aider. Je vais aller cueillir des fleurs pour Maman après dans le jardin. 
C'était dans des situations comme celles-ci que je confirmais mes pensées : Brian était le raté de la portée de Mary parce que Tom pouvait être vraiment mais vraiment adorable. Je profitai du fait que Tom soit dans le jardin pour monter dans ma chambre. J'ouvris les volets dans ma chambre. Mon lit était fait et je pouvais voir qu'une de mes bougies parfumées avaient été allumée. Tom arriva dans ma chambre, hilare et je lui demandai d'aller se laver. Il fila et moi j'en profitai pour aller réveiller mon père et Mary. Tout était prêt en bas. Il ne manquait plus qu'eux. J'allais vers leur chambre et je frappai. Il n'y avait aucune réponse. Je poussai légèrement la porte.
-Papa ? C'est moi ? Je peux entrer ?
Aucune réponse. Je poussai en grand la porte et je remarquai le vide du lit nuptial. Je fronçai les sourcils. Où est-ce qu'ils étaient ? C'est à ce moment que je remarquais de la lumière qui passait sous la porte de la salle de bain. Ils étaient là et ils ne me répondaient pas ? Je trouvais cela vraiment.. abusé. La porte n'était pas vraiment bien fermée. C'est à ce moment là que j'entendis Mary glousser
-John ! C'est pas raisonnable, ta fille vient de rentrer, on devrait aller la voir.
-Une douche à deux, c'est pas la mer à boire mon amour. 
Je me penchais et je vis le bras de mon père saisir Mary, encore en serviette et l'entrainer sous la douche avec lui en riant et je devins rouge tomate. Je venais d'assister à ce que tout enfant redoutait d'assister un jour dans sa vie. Je filai dans le couloir et je tombai nez à nez avec Brian en caleçon, complètement décoiffé
-Qu'est-ce tu fous là toi ? 
-Je suis chez moi ici, je te signale. 
-Brian chéri ? 
Est-ce que c'était la voix de.. Alexandra que je venais d'entendre ? 
-J'arrive.
-Attends tu as ramené cette pouffiasse chez moi ? 
-J'ai ramené ma petite amie chez nous, oui. Ça te pose un problème ? Non attends, je n'en ai cure de ce que tu penses. J'arrive ma chérie.
-Autant te le dire Brian, je veux pas prendre le petit-déjeuner avec elle. C'est hors de question.

Brian me regarda d'un air méprisant et retourna dans sa chambre. Je n'arrivais pas à le croire. Il avait ramené sa copine ici et mon père n'avait rien dit du tout ? Je descendis dans le salon et j'allumai la télévision, trop abasourdie parce que je venais de voir. Il y avait deux couples à l'étage. Les parents qui faisaient des cochonneries sous la douche et Brian et sa copine dans sa chambre. Je me demandai comment réagirait mon père si je ramenais mon petit ami à la maison.. Enfin, si j'avais un petit ami.. Il fallait dire que la question ne se posait pas. Je pris mon téléphone et j'appelai Sophie.
-Hummmmm
-Brian a ramené Alexandra à la maison, ils ont passé la nuit ensemble.
-QQQQUUUUUOOOOI ? hurla presque Sophie dans le combiné.
-J'ai besoin de toi, tout de suite, je ne veux pas être seule au petit déjeuner face à eux deux, me méprisant de toute leur hauteur.
-Je suis là dans 10 minutes, top chrono.
-Tu as ton temps, mon père et Mary sont entrain de.. enfin.. bref. Dépêche.
Dix minutes plus tard, Sophie garait sa voiture dans l'allée. Elle avait l'air un peu paniquée.
-Ne me dis pas que la Ferrari est à elle, pitié.
-Non, c'est un prêt de mon oncle Eric. Entre.. 
Elle avait ses cheveux lâchés, une robe moulante violette et à la voir comme ça, je n'étais même pas sûre qu'elle avait mis de soutien-gorge. J'en eus la confirmation quelques secondes plus tard.
-Attends, tu as besoin d'un soutien-gorge peut-être, j'ai encore celui que tu m'avais passé pour la fête de Paul.
-Non, c'est bon, j'ai fait exprès pour le petit-déjeuner.
-Ah ? Et pourquoi ? 
-Parce que Brian sera immanquablement attiré par mon décolleté et qu'Alexandra ne pourra rien dire du tout devant ton père.
-Tu as chopé le virus de la pétasse pendant que j'étais malade ? 
-Toi tu ne peux pas faire semblant de draguer Brian, c'est presque ton frère. Et je fais ça pour faire chier cette connasse. Salut John ! Je m'incruste pour le petit déjeuner, c'est pas grave, hein ? 
-Sophie, tu es ma seconde fille, tu es toujours la bienvenue à la maison, à toute heure du jour et de la nuit. 
Mon père embrassa Sophie sur le front et passa son bras en travers de mes épaules.
-Alors choupette ? Cette soirée avec Eli et Eric  ? me demanda-t-il en nous entrainant dans la salle à manger. Wow. Merci Sarah, tu as fait ça toute seule ? J'ai tellement bien élevé ma fille, mon cœur s'emplit de fierté.
Il tira une chaise pour Sophie et pour moi. Mary ne tarda pas à arriver et je ne pouvais m'empêcher de penser à leur séance tripotage sous la douche, d'autant plus qu'ils se regardaient d'un air tellement complice.

-En fait, Brian a ramené sa copine à la maison ? 
-C'est plus compliqué que ça en réalité, m'apprit Mary. Elle est venue dîner hier soir et quand elle a voulu repartir vers 2h30 du matin, il y a eu un problème avec son moteur de voiture, alors je lui ai donné l'autorisation de rester, elle a dormi dans la chambre d'ami.
Je donnai un coup à Sophie qui commençait à rire. Mary était vraiment crédule quand elle voulait. Le couple descendit les escaliers en même temps et en rigolant. Alexandra eut une moue de petite fille modèle mais quand son regard se posa sur nous, je vis qu'elle nous méprisait toujours et qu'elle se demandait ce que nous faisions là.
-Salut Brian ! lança Sophie en se levant pour lui faire la bise ce que je trouvais vraiment, mais vraiment hallucinant avant de me rappeler que ça faisait parti du plan pour ennuyer Alexandra. 
Il parut surpris mais il posa même sa main sur la hanche de ma copine et il eut un sourire sympathique que je ne lui connaissais pas. Il s'assit juste en face de ma meilleure amie et je le vis glisser ses yeux vers le décolleté de Sophie. Sa main trembla légèrement. 
-Tu étais malade Sarah ? J'ai cru comprendre ça ? demanda la péronnelle en souriant.
-Un petit virus de rien du tout, je suis parfaitement opérationnelle.
-Ça veut dire que tu viens nous aider comme tu l'as fait toute la semaine dernière pendant ta  semaine de colle ? 
Oh la saloppppe. Je lui lançai un grand sourire alors que je voyais mon père dans son coin commencer à lever un sourcil. 
-Non. Je profite de mes quelques heures sans être obligée de trainer au lycée pour faire du shopping avec la mère de Brian cet après-midi. D'ailleurs Brian, en parlant de colle, merci d'avoir pris ma défense. C'était vraiment gentil de ta part d'avoir fait en sorte qu'elle cesse. Et d'avoir ramené mes affaires aussi sans que je ne te demande rien. C'était a-do-ra-ble.

Brian qui était, étrangement, obnubilé par son thé, releva les yeux, l'air de dire qu'est-ce que tu racontes, bouffonne ?  Il leva un sourcil et une mèche de cheveux tomba devant ses yeux.
-Tu m'as déjà remercié par mail, répondit-il froidement. Et au lieu de polluer mon espace auditif avec tes remerciements hypocrites, tu pourrais me passer la théière stopl ? 
-Mes remerciements n'avaient rien d'hypocrite en fait, j'aime bien remercier les gens de vive voix, c'est un gage de politesse je trouve...Brianichou, ajoutai-je avec une pointe de rire dans la voix.
Brian sursauta, s'étouffa et se mit à tousser tout en devenant rose, tout en faisant signe à mon père qu'il n'avait pas besoin d'aide.
-Ne m'appelle pas comme ça, et passe moi le thé.

Sophie se leva et prit la théière pour le servir de thé comme elle l'aurait fait avec n'importe qui.  Moi je le savais, mais pas cet abruti de Brian. Ce dernier devint rose et je vis Alexandra se crisper juste à côté.
-Merci, Sophie. 
-Je t'en prie. Vous allez faire du shopping ? Ma mère aussi profite de cette journée pour me trainer dans les magasins.. vous pourriez venir à la maison pour prendre le thé vers 18h si vous avez terminé. Mon frère m'en a ramené de Londres, il est absolument divin. D'ailleurs Alexandra, si vous avez encore besoin de choses dans la pièce de théâtre, j'ai demandé au concierge de vous ouvrir la porte. Et Brian.. j'ai ramené ton ballon de basket, rappelle moi de te le rendre avant que je parte.
-Tu comptes pas partir tout de suite de toute façon ? supposa-t-il en portant la tasse à ses lèvres.
-Je ne suis invitée que pour le petit déjeuner.
Brian leva les yeux au ciel et rejeta la tête en arrière avant de se dégager légèrement de la table et d'avoir un petit sourire en coin. Mary leva les yeux au ciel et mon père se mordit l'intérieur de ses joues pour ne pas rire.
-Tu es chez toi ici et tu es toujours la bienvenue, on le sait tous les deux.
Heu.. je regardai ma meilleure amie et Brian qui flirtaient ouvertement au dessus des croissants et je trouvais qu'ils abusaient quand même un peu. Je savais que Sophie jouait totalement la comédie, mais vis à vis de Brian ? C'était insultant envers Alexandra et si ça n'avait pas été une pouffiasse de première, j'en aurais été triste pour elle. Sophie plaça une de ses mèches de cheveux derrière son oreille et c'est à ce moment là que je remarquais qu'elle ne portait pas ses lunettes. Elle avait dû les oublier chez elle en se précipitant chez moi. Moi j'avais l'habitude de la voir comme ça parce qu'elle ne les portait que pour sortir ou au lycée, mais pas Brian. 
-Oui c'est vrai.. Votre famille est si.. accueillante avec moi.

Je me levai de table brusquement pour aller dans la cuisine pour refaire du thé et quelques minutes plus tard, Mary me rejoignit.
-Je voulais savoir quand tu voulais que nous partions juste après le déjeuner. On peut commencer ce matin, manger ensemble et rejoindre ton oncle plus tard, j'aurais bien aimé qu'on passe un moment juste toutes les deux. 
-Ça me va j'aimerais bien aller m'acheter de la lingerie et je peux pas y aller avec mon oncle, j'ai appris qu'il était bisexuel en début de semaine. Je pensais qu'il était gay, ajoutai-je. Alors, ça change tout maintenant.
-Enfin.. c'est un homme quand même, ils ont des goûts particuliers en matière de lingerie, sourit Mary. Est-ce que tu peux me donner une cuiller s'il-te-plaît ? 
Je lui en tendis une et je retournai dans la sable à manger auprès de la table du petit déjeuner où Sophie, mon quasi-frère et sa copine démoniaque pleuraient de rire à cause de mon père. Je fis signe à Sophie qu'on devait y aller et elle me suivit après avoir remercié mon père de son hospitalité. 
-Tu as vu la tête de la pouffiasse ? rit Sophie une fois dans ma chambre.
-J'ai cru qu'elle allait faire une crise cardiaque. C'était brillant de ne pas mettre de soutien-gorge.
-Sauf que je ne suis pas habituée, tu peux me rendre le mien s'il-te-plait ? 

-Je crois que Brian ne s'en remettra jamais. Et l'autre connasse va le larguer fissa.
Sophie commença à se déshabiller et je regardai dans mes affaires mais je ne le trouvais pas. Je me reculai en réfléchissant.
-Il doit être dans la buanderie, je reviens. Fais comme chez toi.
Je filai à la buanderie et en remontant, j'entendis une voiture sortir de l'allée. Je regardai par le  judas. C'était celle de Alexandra. Je remontai et je vis Brian sortir de ma chambre rouge. Il croisa mon regard et s'enferma dans la sienne. Je rentrai dans la mienne et je vis les pieds de Sophie dépasser de mon lit au sol. Elle était rose et entrain de se cacher.
-Qu'est-ce.. il a encore débarqué sans crier gare ?  fulminai-je.
Je me retournais et filai dans la chambre de Brian. Je l'ouvris sans frapper. 
-Tu vas arrêter de débarquer dans ma chambre sans prévenir, tu as encore dérangé Sophie, c'est juste pas possible, tu es un pervers sexuel ! Je ne veux plus que tu..mais qu'est-ce que tu fais ? 
Brian était allongé sur son lit et il était entrain de mettre son casque pour écouter de la musique.
-Je ne t'écoute pas. Tu es vraie mégère quand tu t'y mets.

Je m'approchai de lui et j'arrachai la prise jack de son casque et il me lança un regard meurtrier.
-Pour qui tu te prends au juste ? Tu aurais pu bousiller mon casque, espèce de folle ! 
-Tu vas m'écouter très attentivement, ne rentre plus jamais dans ma chambre.
-Sinon quoi ? Je te rappelle que j'ai déjà dormi avec Sophie. Nous nous sommes probablement tripotés pendant notre sommeil, alors tu sais..
Je le giflai pour qu'il arrête. Il se redressa et me domina de toute sa hauteur d'un air furieux.
-J'en ai plus qu'assez que tu me gifles, je ne sais pas vraiment pour qui tu te prends Sarah McAllister. Tu es pas ma mère et  elle n'oserait pas me gifler elle-même. Alors maintenant tu..
Je lui en collai une autre.
-Tant que tu auras pas compris que tu n'as pas à débarquer dans ma chambre comme si c'était un moulin, ou un McDonalds, je continuerai à te coller des..
Il me saisit le poignet et me le tordit en arrière, tout en me plaquant contre son armoire
-Tu arrêtes ça tout de suite. Je suis sérieux. 
-Tu me lâches ou je hurle et tu crois que mon père mettra combien de temps à te foutre dehors si tu me touches, avorton ? 
Il blêmit et me lâcha. Il recula d'un pas. Sa mâchoire se contracta et il me regarda durement. 
-C'est la guerre que tu veux McAllister ? Je pensais qu'on avait fait une trêve samedi dernier pendant que les parents n'étaient pas là mais c'est fini, on va passer aux choses sérieuses. Tu es persona non grata dans ma chambre McAllister, si je t'y vois encore, je te ferai vraiment mal. 

Il me tira par le poignet et me jeta en dehors de sa chambre avant de la claquer. Qu'est-ce qui venait de se passer ? J'avais vu un vrai feu brûler dans les yeux de Brian, j'avais l'impression que je venais de déclencher la fin de ma vie de manière irrémédiable. La hache de guerre qui aurait pu être enterrée venait d'être exhumée. J'allais souffrir, je le savais.