La leçon d'algèbre

18 minutes de lecture

-C'est lui Brian ? me demanda Bob alors qu'il démarrait de mon allée.
-Oui, c'est lui...Qu'est-ce qu'il t'a dit ? 
-Il a l'air très.. protecteur pour un gars qui n'est pas ton frère et qui n'a pas de lien de parenté avec toi. J'aurais eu ton âge, ça m'aurait refroidi direct. Ma toute première copine avait un frère comme ça, j'ai vraiment dû m'accrocher pour être avec elle.
-Je ne comprends pas pourquoi il réagit comme ça, je pense que ça l'amuse de me contrarier. On a toujours une sorte de compétition tous les deux. C'est lassant à la longue. 
-Tu m'étonnes..
Il arriva une dizaine de minutes plus tard devant l'un des plus vieux studios de LA, le Royal Rehearsal. Il avait mis de la musique dans la voiture. Il avait de bons goûts musicaux, en tout cas assez semblables aux miens. Il m'ouvrit la porte et m'aida à sortir. Je saisis le blouson de Clive qu'il m'avait prêté. Je n'avais pas encore lavé les vêtements de Ray, non pas à dessein, je n'avais juste pas eu le temps. J'entrai dans le studio et je vis un homme s'avancer vers moi mais Bob le stoppa à quelques mètres de moi. Il lui marmonna quelque chose dans son oreille et l'homme hocha la tête.
-Je peux attendre là si ça pose un problème tu sais. Je ne veux pas causer de problème.
-C'est hors de question. Suis-moi. 

J'obéis et le suivis de près. Je ne voulais pas me perdre. Bob ouvrit une porte et nous étions dans le studio de répétition. J'entendis un bruit de chute et des rires. Ray était tombé par terre et il pleurait de rire. Clive se cachait la tête entre les mains et il y avait les trois autres membres : Owen Bridges un garçon roux flamboyant avec de grands yeux verts, Chuck Grass, qui avait des cheveux noirs corbeaux et un regard tout aussi sombre et Keito Newman, un beau métisse japonais américain. 

-Sarah ! 
Ray se releva et vint me prendre dans ses bras. Il posa son bras en travers de mes épaules pour me présenter aux autres membres de son groupe. J'étais juste hyper impressionnée. Surtout par Chuck Grass. Je ne comptais plus le nombre de fois où avec Sophie, on s'était tapé des délires sur lui. J'étais super gênée et un peu soulagée. Ils avaient tous l'air normaux en fait.
-Tiens Clive, ton blouson, merci encore de me l'avoir passé. Ou d'avoir accepté que l'autre grand dadet te le pique. 
-Tu pouvais le garder, il était entre de bonnes mains.
-Pas forcément, je suis hyper maladroite. 
Il me le prit des mains et posa un bisou sur ma joue après m'avoir jeté un regard ultra sexy, je devins rose. Je me demandais s'il faisait cet effet à tout le monde.
-Je peux savoir pourquoi quand moi je te fais un bisou sur la joue, tu restes stoïque mais pas quand Clive t'en fait un ?
-Parce que je suis beaucoup plus sexy que toi, Ray, faut te faire une idée. N'est-ce pas Sarah ?
-Je rougis très facilement en fait, mais oui c'est vrai, tu es très sexy quand tu veux Clive.

Je lui lançai un regard en coin et je le vis perdre ses moyens avant d'éclater d'un grand rire. C'était avec une bande de mecs rieurs que je me rendis chez l'ami de mon père, le meilleur mexicain de toute la ville. Je l'avais appelé avant pour le prévenir de la situation et il avait ouvert la porte d'accès de la ruelle. J'adorais Antonio. Il connaissait mon père depuis tellement de temps, que j'avais l'impression qu'il était presque de la famille. Il me serra dans ses bras et me parla en espagnol très rapidement. J'avais la chance de plutôt bien comprendre l'espagnol parce que mon oncle avait épousé une mexicaine. Quand j'étais petite, ils habitaient juste à côté de chez nous, et elle me parlait souvent dans sa langue. Elle venait d'une famille très riche et n'avait pas besoin de travailler pour vivre. Aussi elle me servait de baby-sitter et c'est vrai que je l'adorais. Mais quand ils avaient déménagé à l'autre bout du pays quand j'avais 6 ans, je n'avais pas vraiment continué à apprendre la langue. Aussi je comprenais pas mal de choses mais pour le parler.. ce n'était pas ça du tout. 
-Tu n'as pas compris ce que je t'ai dit, sourit Antonio en me lâchant.
-Heu.. pas tout non. 
-Il faut vraiment que tu viennes au Mexique avec moi, tu sais que tu apprendrais l'espagnol très rapidement.
-Je viens avec toi quand tu veux Antonio. 
Il me fit un clin d'œil et nous laissa dans la salle cosy. Je dois avouer que manger des tacos avec les garçons étaient une expérience incroyable. Ils étaient vraiment tous adorables et de vrais morphales. Je ne comprenais pas comment ils arrivaient à manger autant.
-Tu as petit ami ? me demanda soudainement Chuck Grass

-Non, pas vraiment. En tout cas, il ne m'a pas demandé de sortir avec lui alors, c'est pas.. officiel disons.
-Hum. Et il ne va pas criser quand il va voir la magnifique photo de Bob et toi ? 
-Vous l'avez vue ? demandai-je d'une petite voix en rosissant sous le regard de braise des 6 garçons.
-On ne pouvait pas la louper en fait, il y a eu un déferlement de commentaires depuis qu'il l'a mise.
-Ah bon ? Je n'ai pas remarqué, je ne suis pas restée sur Facebook.
-Non, sur Instagram, continua Chuck Grass
-J'ai pas regardé du tout, tu m'as identifiée dessus ? 
-Comment tu as pu louper ça ? s'étouffa Clive.
-Heu.. j'avais des devoirs à faire ce matin en fait, du coup j'ai balancé dans un coin tout ce qui ressemblait de près ou de loin à de la technologie et j'ai bossé. 
-Ah les lycéens ! soupira Owen Bridges.
-Ouais comme tu dis. D'ailleurs j'ai eu envie de te tuer quand tu m'as envoyé la photo de Ray entrain de dormir, j'étais en plein milieu d'un cours de maths et j'étais cla-quée. C'était du grand n'importe quoi. Pour le Hobbit, on se casera ça un soir où je ne commence pas aussi tôt. Du coup déferlante de commentaires sur Instagram ? 
-Ouais carrément, on dirait pas comme ça, mais Bob est un séducteur né. Je pense qu'il y a une dizaine de ses futures ex qui ont commencé une discussion en dessous, sourit Ray en s'attirant les foudres de son ami garde du corps.

-En fait Ray, tu as fini d'écrire ta chanson ? Elle devient quoi Sarah ? 
-Je n'ai pas eu le temps de m'y remettre encore, on prépare le concert de la Toussaint. Mais tu seras la première au courant quand elle sera terminée. Tu es ma muse ne l'oublions pas. 
-C'est pas le genre de phrase qu'on entend tous les jours. Mais ça fait plaisir. Merci.
Ce fut un déjeuner vraiment haut en couleur et c'est vrai que Ray était très attentionné avec moi. 
-Attends tu es une fan des Kings de LA ? On va avoir un problème, je suis pour les Rangers de New York. 
Je le regardai avec de grands yeux. Comment était-ce possible ? Je commençai une argumentation pour lui prouver de A à Z pourquoi il avait tort. Je savais que c'était une discussion qui ne mènerait à rien. Ray venait de la côte est, il ne pouvait pas comprendre. Bob me remercia d'avoir conseillé l'endroit une fois que nos estomacs étaient bien remplis. Ray me demanda si je voulais assister à une répétition mais je déclinais l'offre. Il parut un brin dépité. 
-J'ai un cours particulier d'algèbre cet après-midi et j'aimerais avoir la surprise au concert. Sinon je ne vais pas profiter comme il se doit. 
Il acquiesça gentiment et Bob me raccompagna à la porte de chez moi. À 15h précise, il ralentit devant la maison. Nous étions entrain de rire et quand je tournais la tête, je vis Marc qui sonnait à la porte. 
-C'est lui ton rendez-vous ? Le mec avec qui tu aimerais sortir mais qui ne le fait pas officiellement ? me demanda Bob. Il te donne des cours d'Algèbre ? 
-Oui c'est ça.. mais comment ?
-J'ai appris à écouter les femmes c'est tout, répondit-il en se garant.

Il défit sa ceinture et je le regardai bizarrement. Il sortit de la voiture pour m'ouvrir la porte, c'était vraiment adorable de sa part. Et ce n'est qu'une fois en dehors que je compris la raison pour laquelle il avait fait ça. Il me prit dans ses bras et me murmura.
-Si me voir avec toi ne lui fait pas un électrochoc, ça ne vaut pas le coup et oublie-le. Je connais un tas de gars qui adorerait avoir une fille comme toi, si tu as besoin d'aide. 
J'étais serrée contre son torse musclé, il releva mon menton et me lança un sourire ultra sexy qui me fit rougir. Je voyais ce qu'il voulait dire. Il posa ses lèvres sur ma joue et me laissa partir. 
-Fais comme si tu ne l'avais pas vu, surtout, continua-t-il à voix basse. Bon, tu m'appelles quand tu veux, si tu as envie d'aller faire un tour, ajouta-t-il plus fort. 
J'étais sûre que Marc l'avait entendu et je lui lançai un regard reconnaissant. Je lui obéis et je rosis en voyant Marc. Il fallait dire que je n'avais pas à me forcer. Il regardait la voiture qui s'éloignait petit à petit de ma rue.

-Marc ! Salut, tu es en avance !
-Non pas vraiment, je viens juste d'arriver, tu étais avec un ami ?
-Ah oui. En effet, on va peut-être rentrer qu'est-ce que tu en penses ? 
J'introduisis ma clef dans la porte et elle refusa de s'ouvrir. Je soupirai et je sonnai. Brian vint m'ouvrir.
-Désolé. Salut Marc.
Les deux garçons se serrèrent la main et j'entrai.
-On va en haut. Tom n'est pas là ? 
-Il est parti faire un foot avec son copain, il revient à 17h par là. Pourquoi ?
-Parce que les parents nous ont chargés tous les deux de le surveiller je te signale. Et il va chez son copain à 18h pour dormir, j'ai le numéro de sa mère. Je vais te débarrasser Marc, si tu veux. Tu veux manger ou boire quelque chose. Du thé ?
-On a de la vodka dans un placard, rétorqua Brian, tu vas en avoir besoin si tu l'aides vraiment à faire de l'algèbre. 
-Très drôle Miller, je suis morte de rire. Je vais faire du thé. 
Je le contournai pour aller dans la cuisine. Je vis Paul pencher dans le réfrigérateur et ressortir avec deux canettes de soda. 
-Ton frère est là, tu crois qu'un thé il va apprécier ? 
-Du thé ? Hum. oui je pense. Il est plus café et cappuccino mais ça devrait faire l'affaire. Tu as passé un bon moment avec ton ami ? Par contre, il est vieux non ? 
-Non pas du tout, Bob a 25 ans. C'est pas vieux. Excuse-moi tu peux m'attraper la boîte qui est juste là ? Celle qui est un peu enfoncée. J'aurais pas besoin de grimper sur la cuisine.
Cela le fit sourire et il attrapa la boîte de thé en vrac. Pendant que la bouilloire chauffait l'eau, je retournai auprès de Marc qui parlait avec Brian. Je ne voulais pas les interrompre parce que j'avais l'impression qu'ils parlaient de moi.
-Sérieusement, faut que tu arrêtes Brian. Tu la mets mal à l'aise.
-Sarah (j'avais raison, ils parlaient bien de moi), est une petite fille à Papa pourrie gâtée. Elle pense qu'elle peut avoir le monde à ses pieds sauf que c'est pas le cas, je lui rends service en réalité.
J'entendis l'eau commencer à siffler. Je filais dans la cuisine et je revins dans le salon, les interrompant, portant mon plateau. 

-On monte Marc ? 
Il me suivit et en grand gentleman, il porta mon plateau. Je le fis entrer dans ma chambre. J'aurais pu aller dans le bureau de mon père mais je venais de changer d'avis.
-Il avait l'air sympa ton ami. 
-Ah, Bob ? Oui il est très sympa. Ça fait peu de temps que je le connais mais franchement, il est adorable.
Je m'assis sur mon lit pour retirer mes converses et lui prit place dans un de mes fauteuils. Je le regardais gentiment et un silence un peu gêné selon moi, s'installa dans la chambre. Il sourit et mon cœur papillonna. Pourquoi me faisait-il cet effet là ?
-Je n'ai jamais fait ça.
-Moi non plus, tu veux qu'on commence par quoi ? Il y a des points particuliers que tu veux travailler ? 
-Hum.. Oui mais le problème c'est que j'ai la flemme monumentale d'aller chercher mon bouquin d'algèbre.
Marc rit se leva et le voir bouger dans ma chambre me fit une bonne impression. Il avait en fait l'air tout à fait à l'aise. Il prit mon bloc note, mon bouquin d'algèbre et il s'assit par terre à mes pieds. 
-Non mais viens sur mon lit, tu vas pas rester assis sur le tapis.
-Bien sûr que si. Si je monte sur ton lit avec toi, j'aurais envie de faire des tas de choses mais aucune en rapport avec l'algèbre alors..

Je devins rouge et je glissai sur le sol moi aussi. Je me retrouvai à son niveau. Il m'expliquait patiemment ce que je devais faire mais sa proximité me rendait folle. Je ne l'écoutais absolument pas. Il me regarda en fronçant légèrement les sourcils et il finit par faire une moue affreusement sexy, ce n'était juste pas humain. 
-Tu ne m'écoutes pas du tout.
-Tu me perturbes beaucoup trop je n'arrive pas à me concentrer. 
J'aurais aimé lui répondre ça. Mais je me contentais de rougir et de balbutier un truc particulièrement incompréhensible même pour moi. Il approcha son visage du mien, dégagea mes cheveux de mon cou et il m'embrassa doucement, langoureusement. Je fermai les yeux. 
-Tu veux que je continues ? demanda-t-il alors que ses mains m'enserraient.
-Oui, susurrais-je. 
-Alors tu vas réussir cet exercice en suivant la méthode que je me suis efforcé de t'apprendre. Tu suis les étapes, une par une. Compris ?

J'hochai la tête et je m'exécutai avec une nouvelle ardeur. C'est vrai qu'en se concentrant un peu, sa méthode était hyper efficace. Je lui tendis mon exercice pour qu'il le corrige. Il se leva et le regarda en faisant les 100 pas. Moi aussi je me levai, je commençais à en avoir assez d'être assise par terre. Je montai sur mon lit pour récupérer un oreiller. Il se figea et me regarda. Je ne savais pas ce qu'il pensait. Et cela me fit un peu peur, je frémis. 
-Tu vois quand tu veux. On va en faire un autre pour voir si tu as compris. Allez, retourne à ta place. 
-Je vais rester sur mon lit si ça ne te dérange pas, je suis plus à l'aise.

Je récupérai mon livre d'algèbre et il me rendit mon bloc. Il me fit faire deux autres exercices et c'est vrai que j'y arrivais presque haut la main. J'étais un peu fière de moi. Il s'était réinstallé dans mon fauteuil avec son iPad. Dès que mes exercices furent terminés, je me levai pour lui donner. Il  avait l'air très sérieux. Je ne connaissais pas ce côté de Marc et j'appréciais de le voir comme ça. Calme et posé entrain de réfléchir et de travailler. Il était superbe. Mon téléphone vibra. C'était un SMS publicitaire mais cela me permit de voir l'heure. Il était 17h30. Je n'avais pas remarqué que le temps était passé aussi vite. Comme quoi.. avec un bon professeur, tout passait beaucoup mieux. 
-Et bien Sarah. Je ne sais pas d'où te venait ton blocage, j'ai presque l'impression que je ne mérite pas mon salaire. Parce que c'est du très bon travail. Tu t'es juste plantée dans ton résultat, tu as oublié une retenue mais c'est bien. Tu veux qu'on arrête pour aujourd'hui ?
-Comme tu veux, le temps est passé rapidement. 
Je récupérai mon bloc et rangeai mes affaires. Je lui proposai du thé et j'en servis une tasse qu'il récupéra. Il le goûta et eut une moue appréciatrice.
-Merci d'avoir fait ça. En fait c'est pas si nul que ça l'algèbre. 
-Tu deviendras de plus en plus bonne.  

Il dit ça d'une telle manière que je ne savais plus vraiment de quoi il parlait. Je lui pris la tasse des mains, la posai sur mon bureau et mettant mes mains autour de son cou, je posai mes lèvres sur les siennes pour l'embrasser. Il me serra contre lui et son baiser fut plus.. passionné. Je le fis reculer jusqu'à mon lit et je m'assis sur lui. Il me retourna et me regarda.
-Tu es tellement jolie Sarah.
Il me caressa du bout des doigts, comme si j'étais une œuvre d'art, une poupée en porcelaine.
-Et intrépide, continua-t-il d'une voix plus suave. Tu me fascines tu sais. Je sais que je ne devrais pas regarder une fille qui est mineure mais toi.. je ne peux pas m'en empêcher. 
Il m'embrassa longuement et je glissai mes doigts dans ses cheveux. Il m'embrassa dans le cou. Je me sentais bouillonnante, presque fiévreuse sous ses caresses. Soudainement, il s'arrêta et il me fixa. Je savais ce qu'il allait me demander et mon cœur se mit à se gonfler.
-J'ai un truc à te demander.. Est-ce que.. est-ce que tu veux aller au cinéma avec moi ce soir ? 
J'étais déçue. Je pensais qu'il allait me demander de sortir avec lui, je m'attendais à lui répondre un oui retentissant. Je souris quand même et j'acceptais.
-En fait Sarah ? C'était qui ce mec qui t'a ramené en voiture ? 
-Un ami.
-Tu le vois souvent ?
-Pourquoi cette question ? Tu es jaloux peut-être ? 
-Oui. 
J'étais hyper surprise par la franchise de sa réponse. Je pensais qu'il allait esquiver mais non. Je sentais que les quelques minutes suivantes allaient être décisives. Il avait un visage grave.
-Je n'aime pas te voir avec d'autres hommes, continua-t-il pendant cette confession inattendue.
-Je ne vois pas pourquoi en fait. Je veux dire je ne compte pas pour toi.
Il se redressa totalement. J'étais allongée sur mon lit et lui, il s'assit sur ses talons au dessus de moi. Il se releva et s'écarta un peu du lit. J'avais froid tout à coup. 
-Bien au contraire. Tu comptes énormément à mes yeux. Je viens de le remarquer. Je n'ai pas du tout aimer voir ce mec te prendre dans ses bras. Mais pas du tout. Comme je n'ai pas aimé apprendre que tu te faisais martyriser au lycée. Je ne veux pas qu'on te touche.
-C'est bizarre d'avoir un comportement aussi possessif, c'est pas comme si j'étais ta petite amie. 
-J'aurais le droit de l'être si je te demandais de sortir avec moi ? 
Mon cœur battait la chamade. C'était le moment que j'attendais depuis si longtemps. 
-J'imagine oui, chuchotai-je en rosissant un peu.
-Tu sais que ça ne peut pas arriver Sarah ? Tu es mineure. Je pourrais avoir des problèmes en sortant avec toi. J'ai beau.. tu as beau m'attirer comme un aimant, je..
-Alors pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi tu as accepté d'être mon prof, pourquoi tu m'as embrassée chez toi, à l'office et pourquoi tu es aussi proche de moi ?
La conversation prenait un tournant que je n'aurais pas imaginé et ça me faisait mal au cœur. Chaque mot qu'il venait de prononcer me faisait l'effet d'une flèche enfoncée loin dans mon âme.

-Parce que je ne désespère pas d'un jour sortir avec toi officiellement quand tu seras un peu plus vieille. Je préfère être ton ami plutôt que de ne pas être dans ta vie.
Je ne m'attendais pas du tout MAIS pas du tout à ça. Je sentais mes yeux me picoter, mais je devais être plus forte. Quelques secondes plus tard, j'étais révoltée.
-Je m'en fous qu'on sorte ensemble officiellement. Je veux être avec toi Marc. C'est tout ce que j'ai toujours voulu, c'est pas cool de jouer avec mes sentiments comme tu le fais.
-Je n'ai pas envie de jouer Sarah. C'est ça le problème. J'ai envie d'avoir une relation sérieuse et tu es trop jeune et pas assez expérimenté pour ça.
-Sors de ma chambre. 
-Sarah..
Je me levais et fouillais dans ma table de nuit. Je sortis des billets de 10. 
-35 de l'heure ? C'était ça le tarif ? Tiens.
Je lui jetai des billets dessus.
-Je dirai à mon père que finalement tu ne peux pas venir. Ça te prendrait trop de temps. Je ne veux plus te voir.
-Sarah. Ce n'est pas que je n'ai pas envie de sortir avec toi. J'en meurs d'envie. 
-Alors qu'est-ce qui t'en empêche, mis à part mon manque d'expérience, qui de tout évidence est très importante pour toi ?
-Ce n'est pas ce que je voulais dire. J'ai peur de te faire souffrir.
-Tu me fais déjà souffrir. Quand je suis avec toi je me sens belle mais là.. tu vois, je me sens laide. Et la seule chose que j'ai envie là c'est de pleurer et oublier que le premier mec qui m'a embrassé ne veut pas de mon amour. 
-Ne le prends pas comme ça, se défendit-il visiblement gêné.
-Je t'ai demandé de sortir. 
Il s'approcha de moi et je me dégageais en reculant. 
-Tu as tout gâché. Sors.
-Je voulais juste être honnête. Je...
-SORS DE MA CHAMBRE TOUT DE SUITE ! hurlai-je furieuse en sentant des larmes couler sur mes joues.  

Il essaya de s'approcher et me prit par le bras. Je me sentais fondre. Toutes les fibres de mon corps me poussaient vers ses bras ; je ne pouvais pas le laisser s'en tirer à si bon compte. J'étais blessée.
-Je ne veux pas que tu me touches alors LÂCHE MOI. 
La porte de ma chambre s'ouvrit à la volée.
-Dégage Marc. 
Je me retournai et je vis Brian. Il avait le torse bombé, la mâchoire contractée et fusillait Marc McDust du regard. Il semblait prêt à en découdre. Ce dernier me regarda une seconde et sortit de la pièce. Brian referma la porte derrière lui. Il était intervenu mais je ne savais pas pourquoi. J'entendis des voix et j'entrouvris ma porte. 
-J'en ai rien à foutre ! cria Brian.

J'entendis la porte d'entrée se fermer à la volée. Il était parti. Je refermai ma porte et me balançai sur mon lit. Je n'avais pas à me forcer pour pleurer ou pour me sentir mal. Qu'est-ce qui s'était passé là ? Il y a quelques minutes encore je vivais dans un bonheur absolu, passant une journée magnifique et là.. Marc m'avait dit qu'il ne voulait pas de moi. Il ne voulait pas de moi. Mes rêves venaient de se fracasser à grande vitesse. J'avais envie de mourir. Je me sentais abandonnée comme Bambi quand sa mère vient de mourir. J'étais un animal en détresse. J'avais envie d'arracher mes vêtements, de lacérer mes joues. Je sentis soudainement une main sur mon épaule qui me retourna. C'était Brian, je ne l'avais jamais entendu entrer. Il me regardait d'un air inquiet. Il parlait mais je n'entendais pas. Je revins petit à petit dans la réalité. Je me redressais et je m'assis face à lui.
-Sarah ? Je te parle ? Putain, j'appelle les parents
-Non.
-Il a fait quoi ? me gronda-t-il en fronçant les sourcils. Il a eu un comportement déplacé ? 
-Non.

Des larmes jaillissaient de mes yeux. Je regrettais que mon père ne soit pas là. Lui m'aurait déjà pris sur ses genoux, dans ses bras et il m'aurait serré. 
-Il t'a fait quoi Sarah ? Dis-le moi. 
Je relevai les yeux vers Brian. Il était flou à travers le rideau de larmes. J'avais envie d'être consolée et personne ne le ferait. J'allais parler mais je me mis à trembler. Ce qui arriva à ce moment là, je ne pouvais pas l'expliquer. Je me jetai dans les bras de Brian et je sanglotai. Les bras autour de son cou. J'avais envie d'être consolée. Brian se raidit devant le contact. Mais ses bras finirent par se refermer sur moi. Pas comme je l'aurais voulu, comme mon père l'aurait fait mais je me sentais un peu mieux.
-Il ne veut pas de moi, pleurai-je
-Quoi ?
Brian se recula et je vis ses yeux bleus remplis de surprise, puis devenir froids.
-C'est tout ? Putain Sarah, je l'ai foutu dehors comme un malpropre ! J'ai cru qu'il avait essayé d'abuser de toi !! Alors que c'est juste ton ego qui est froissé ? 
-Non, c'est mon cœur qui est brisé. 
-McAllister, on a tous eu des déceptions amoureuses dans la vie, c'est ce qui nous aide à grandir.
-Je suis sûre que tu n'as jamais été amoureux d'une fille qui ne veut pas de toi parce que tu n'as pas assez d'expérience, rétorquai-je en reniflant et en prenant un mouchoir. 
Brian ne dit rien pendant un petit moment. Il se leva et allait partir mais il se ravisa au dernier moment et se retourna vers moi, une main sur la poignée de porte. 
-Je ne me moquais pas de toi ce matin. Y'a aucune honte à n'avoir aucune expérience amoureuse en vrai. Je te charriais un peu avec ça mais je le pense vraiment. Si il est trop con pour le comprendre, alors laisse tomber. Tu trouveras un jour quelqu'un qui t'aimera comme tu es.
-Pourquoi tu..
-J'ai promis à ton père que je veillerais sur toi. Les gens vont arriver dans une petite heure. 
-Je vais rester là.
-Comme tu veux, je m'en fous. 

Il claqua la porte en la refermant. Et mes larmes revinrent. C'était affreux cette douleur, ce gouffre que je ressentais dans le fond de mon âme. J'avais besoin de Sophie, de mon père ou de n'importe qui, qui m'aimait et voulait mon bonheur. Là tout de suite maintenant. J'avais besoin de bras pour me soutenir, de main pour me caresser le visage. Je voulais Marc. Je voulais qu'il vienne s'excuser. Qu'il me prenne dans ses bras, qu'il m'embrasse. Je voulais qu'il souffre de me voir aussi triste. Et que son amour éclate au grand jour. Qu'il me dise que peu importe mon jeune âge qui était certes un obstacle mais pas insurmontable. Je le voulais, je le voulais, je le voulais. Mon esprit était focalisé et il se mourrait à petit feu à chaque instant qui passait.


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