Une rencontre inattendue

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-Il faut que vous compreniez mademoiselle McAllister que toute forme de violence est proscrite dans notre établissement.

J'étais entrain de me faire passer un savon et Brian était dans la même pièce que moi. J'étais furieuse qu'il soit présent.
-Madame, si je puis me permettre, je n'ai jamais dit que c'était Sarah qui..
-Il y a des témoins de la scène, qui m'ont tout raconté. Elle s'en est prise violemment à vous pensant que vous étiez responsable de cette petite blague d'Halloween.
J'étais dégoûtée. J'aurais pu ne pas être là, ça aurait été pareil. Elle était fan de mon quasi-frère. Elle devait avoir un côté pédophile, ce n'était pas possible. On aurait dit une minette de 14 ans. Je la haïssais. Il fallait dire qu'elle aussi me haïssait. Enfin, je pouvais le déduire par le fait qu'elle venait de me rappeler en long en large et en travers le règlement. 
-C'est le cas. C'est lui qui a fait ça. Et c'est bon, je l'ai pas cogné non plus.
-Il suffit mademoiselle ! Je vais appeler votre père.
-Non. Vous ne pouvez pas. Il a une conférence à Washington, il est dans l'avion. Et franchement je suis désolée d'avoir fait mal à Brian. J'ai couru, mon sac a fait un écart et paf, c'est tout. Ce n'est pas de ma faute.
Je mentais bien sûr et j'espérais que cet idiot de Brian allait la fermer. 

-C'est vrai. Elle n'est pas responsable de ça. Elle n'a pas fait exprès. C'est la vérité.
Je tournai la tête vers lui. J'étais abasourdie de le voir comme ça. Il venait de me défendre. Seulement je savais que ce serait horrible par la suite.
-Et je ne compte pas porter plainte.

-Manquerait plus que ça.. marmonnais-je et je savais qu'il m'avait entendue.
-Je ne pense que le renvoi soit nécessaire ou que ce soit nécessaire d'appeler le Dr. McAllister, c'est un grand chirurgien et il est très occupé.
Non mais quel toupet ?! Pour qui il se prenait au juste ? Il venait de suggérer ma punition ? Je le détestais. La sous-directrice le regardait comme s'il avait inventé la poudre. Elle lui demanda de quitter la pièce. Et une fois sortie, elle se leva pour regarder à la fenêtre. 
-McAllister, que vais-je faire de vous ? J'espère que vous n'avez rien de prévu dans la semaine parce que vous êtes en retenue jusqu'aux vacances.

-Quoiii ? 
-Oui, vous aiderez pour la préparation du bal de Halloween et je pense qu'avoir un comportement sociable vous fera le plus grand bien.
-Est-ce que je peux partir ? 
-Vous allez retourner en cours surtout.
Je me levai de mon siège et quittai la pièce dégoûtée. Le lycée ou comment les innocentes victimes se faisaient coller. Brian était adossé dans le couloir.
-Alors toi, tu m'approches pas, tu ne me parles pas et tu..

-Je viens de te sauver la mise Sarah, tu devrais me remercier. Tu as eu quelques heures de colle pour faire des bannières et gonfler des ballons, c'est tout. Tu aurais préféré que John débarque au lycée ? Parce que ça peut toujours se faire mais c'est pas assez pour la Grande Sarah McAllister.. n'est-ce pas ? Il fallait que..
-Tu as trafiqué mon casier.
-C'était juste une blague. Et je ne pensais pas que ça exploserait comme ça.
-Parce que tu ne le nies même pas ?
-Ce n'est pas moi qui l'ai mis dedans mais je savais que pour Halloween certains voulaient faire des blagues et j'ai simplement désigné ton casier, mais c'était juste une blague. Toi tu m'as encore défoncé le nez.
-Je ne veux pas en parler.
-Et puis de toute façon, tu sais très bien qu'on est pas quitte. Tu m'en dois une. Ok, le coup du sac dans le visage, c'était bon mais avec le coup de la sous-directrice... Tu m'es redevable. Un jour quand j'aurais besoin de toi, tu feras ce que je te dirais de faire. C'est tout.
-Sinon quoi ? 
-Sinon, je le dis à John.
-Tu es une ordure Brian Miller. Vraiment.
-Tu m'en dois une. Maintenant si j'étais toi, j'irais à la maison, loin de moi, parce que c'est pas sûr que je te défende une autre fois, Petit Bateau... ou devrais-je dire.. Troll Snot ? 
Il éclata de rire et il s'éloigna de moi. Je le détestais. Et je pris mon téléphone portable. Je n'allais pas laisser Brian avoir un ascendant sur moi. C'était hors de question. Sauf que je n'allais pas le dire à mon père. J'avais heureusement une autre personne sous la main pour m'aider.

-Mary ? Est-ce que tu peux venir me chercher au lycée, j'ai un problème.
Ma belle-mère arriva dix minutes plus tard et quand elle me vit, attendant devant le lycée elle prit un air compatissant et elle me prit par le bras.
-Mais qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? 
-Un plaisantin a piégé mon casier, je me suis pris une saucée verte et je ne veux pas rester là. S'il te plaît emmène moi loin. Sinon si quelqu'un m'appelle encore Troll Snot, je sens que je vais avoir envie de me pendre.
-Ma pauvre chérie. Allez viens. Monte dans ma voiture. Je vais appeler ton père pour lui dire que tu te sentais un peu mal et que je suis venue te chercher et que tu restes avec moi okay ? 
-Oui. Et y'a autre chose. Quand je suis partie en courant, j'ai lancé mon sac en travers de la figure de Brian. J'ai pas fait exprès je te jure et du coup je me suis fait passer un savon par l'autre conne de sous directrice. Alors que j'ai rien fait et qu'il a dit que j'avais rien fait. Du coup je suis collée et je dois aider pour le bal. 
-D'accord. Ça ne doit pas être aussi grave que ça parce que je n'ai pas eu de message du lycée pour Brian. Mais merci pour ton honnêteté, même si je trouve hallucinant que tu te fasses coller alors que tu es la victime. Je vais appeler le lycée.
-Non. Ne le fais pas, ça va aller, vraiment, il ne faut pas compliquer les choses.
-Tu sais ma chérie, je te trouve très courageuse. 
-Tu vas en parler à mon père ? 
-Non, je ne crois pas que ce soit nécessaire. Je m'en charge. Je dois retourner travailler par contre. Tu m'accompagnes. Prends ça pour ta punition, je ne te quitte pas du regard et tu feras tout ce que je te dirai de faire. 
-Tout ce que tu voudras Mary. Merci de m'aider comme ça. C'est cool.

Je le pensais vraiment, peut-être que j'avais mal jugé ma belle-mère. Elle me surprenait parfois.
-Chérie. J'ai été au lycée moi aussi. Je me serais retrouvée couverte de ce liquide visqueux, je serais partie en courant de la ville. Par contre je ne comprends pas cette histoire de Troll Snot...
-C'est une fille qui a dit que j'étais de la morve de Troll. Je pense que ce surnom va me suivre.
-Non je ne crois pas. Pas si tu changes radicalement. Je veux dire, je ne veux pas te donner d'ordre sur ta façon de t'habiller mais c'est peut-être le moment de changer ta garde robe et de look, de changer de vie. 
-Je n'ai pas envie de changer Mary. Je suis moi et j'adore être normale et pas une de ses filles stupides qu'il y a partout. Mon absence d'originalité est mon originalité. Mais le jour où je voudrais une telle chose, je ferais appel à toi. Je croyais qu'on allait à ton bureau ? 
-Non, j'ai un rendez-vous à l'extérieur, pour une interview, dans un hôtel. La personne que je dois voir doit me rejoindre là-bas, répondit-elle en passant une main dans ses cheveux.
-Je vais rester dans la voiture.
-Ce sera peut-être long Sarah. Et puis je t'ai dit que je ne te quittais pas du regard. 
-Je ne suis pas habillée pour, tentais-je de me justifier. D'autant plus que maintenant je suis couverte de sauce verte dégueuli. 

-J'ai des habits sur la banquette arrière. Je dois bien avoir un T-shirt ou un chemisier, regarde un peu. 
Je jetai un regard derrière. Il y avait une valise derrière le siège de Mary. Je la regardai de nouveau d'un air circonspect. 
-Je peux vraiment ?
-Oui. J'ai rendez-vous dans une suite de l'hôtel. Ce que tu vas faire, c'est que tu vas aller dans la salle de bain, tu vas te chan.. Mais qu'est-ce que tu fais ? Remets ta ceinture ! 
Elle stoppa net alors que je passais à l'arrière de la voiture et je me retrouvai la tête la première sur la banquette. Je me redressai. Elle semblait catastrophée.
-Mais non c'est bon, continue, moi je vais te prendre cette.. c'est quoi ce truc au juste ? 
Mary regarda dans le rétroviseur et elle pencha sa tête sur le côté.
-Une combinaison bustier.. répondit-elle en redémarrant.
-Je t'ai jamais vu avec.
-Normal, c'est un cadeau. Je ne l'ai pas essayée. Si elle te va, je te la donne. Tant qu'on est jeune on peut se permettre de porter des choses comme celle-ci. Il y a une ceinture jaune qui va avec.
-Tu es sûre ? Ça m'a l'air d'être des habits super cher et chics.
-C'est le cas. Mais vas-y, fais toi plaisir, autant te dire que si tu acceptes de faire un stage avec moi, tes Converse ne seront pas les bienvenues. 
-Sérieusement ? 
-Oui. D'ailleurs, on ira faire du shopping à la fin de la semaine. Il te faut des escarpins, tu es une jeune femme et je ne vois pas comment tu comptes avoir un jour un petit ami sans talon. 
-Je ne vois pas le rapport, lui ai-je répondu de manière assez agressive je devais l'avouer.
-Je veux dire pour une sortie avec ton petit ami. Un talon, ça donne un plus. Je crois qu'il y a des talons dans le sac juste à côté, prends-les.
-Pourquoi tu traines avec autant d'habits dans ta voiture ? 
-En l'occurrence, ce n'était pas prévu mais je garde toujours quelques trucs au cas où je ne sais pas, je serais trempée, ou que je casse un talon. Mieux vaut prévenir que guérir. Alors ? Elle te va ? 
-Je ne l'ai pas encore mise. Deux secondes. Tu peux arrêter de me regarder dans le rétro ? Ça me stresse.
Mary se mit à rire et à mettre de la musique. C'était une vieille chanson qui passait et elle se mit à la fredonner. J'étais entrain de me déshabiller à l'arrière de la voiture. Quelque part, j'avais l'impression d'être James Bond. Je trouvais ça amusant. Je retirai mon jean, mes Converse et je l'enfilai. Elle était tellement douce sur ma peau. C'était un plaisir. 
-La ceinture jaune ? lui demandai-je.
-Oui. Dans le compartiment des accessoires. Elle donne quoi la combinaison ? 
-J'ai pas de soutien-gorge adéquat. Tu n'en aurais pas un par hasard ? 
-Chérie, ça se porte sans soutien-gorge. Et puis, tu n'as pas besoin de porter tout le temps un soutien-gorge, c'est le propre de la jeunesse... En plus, nous sommes presque fin octobre, heureusement il fait beau et chaud, donc tu mets.. la veste pendue là.
-Elle est rose fushia. 
-Oui. Tu mets la veste de costume rose fushia. Et tu la laisses ouverte. 

-Je vais ressembler à maya l'abeille qui a butiné une framboise...Tu te rends compte de ça ? 
-Aie confiance en moi, tu es presque ma fille, je ne voudrais pas que tu aies honte. Vraiment. Tu fais du combien en pointure ? 
-40 ou 41 ça dépend de la paire de chaussures en fait.
-Parfait. Il y a une paire de chaussure du côté du siège passager. Tu la vois ? 
Je regardai dans le sac et en sortis une paire d'escarpins noirs vernis vertigineux. Je passai ma tête du côté de celle de ma belle-mère et lui agitai sous le nez. 
-Heu.. Mary. Je vais me tordre les chevilles. Tu comprends ? Ça fait quoi 15 centimètres ? 
-Non 12 mais tu as un patin de 3 centimètres devant. Ça va passer tout seul. Et de toute façon, c'est pour marcher de la voiture à l'ascenseur, et de l'ascenseur à la chambre. Aie confiance en tes capacités. Tu as déjà marché en talon ? 
-Heu.. oui rapidement.
C'était chez la mère de Sophie. On lui avait piqué ses talons pour tester. Résultat des courses, je m'étais bousillée la cheville et j'étais tombée dans la piscine. En même temps, passer du plat au 16 cm, tout de suite, ça changeait la donne. 
-Nous sommes arrivées. 
Mary se retourna vers moi et elle ouvrit grand les yeux.

-Sarah, tu es superbe, une vraie jeune femme. Allez viens. Tu vas faire sensation. Donne moi le bras. Tu éviteras de tomber comme ça.
En voyant mon reflet dans les vitres de l'hôtel où nous étions rentrées ma belle-mère et moi, j'étais impressionnée. On aurait dit que ce n'était pas moi. Mary avait un goût irréprochable en matière de fringues. Cette combinaison m'allait super bien mais je savais qu'elle aurait été divine sur Mary. Elle avait plus de seins que moi et des formes là où j'étais plate. En tout cas, cette silhouette me montra que si je le voulais, j'aurais pu être une de ses filles qu'on trouve dans les magazines débiles pour adolescentes anorexiques. Je m'accrochai à Mary, j'avais peur de tomber et de me ridiculiser. Nous nous rendîmes à l'ascenseur pour nous rendre dans une suite. Je me demandai qui était la personne qu'elle devait voir. Je savais que Mary travaillait pour un magazine en tant que journaliste mais je ne savais pas lequel exactement. J'aurais dû poser la question mais je m'en moquais éperdument. Elle me demanda de m'installer dans un fauteuil de la suite. Suite présidentielle qui était absolument magnifique. Nous étions seules et je me demandais qui était la personne à interviewer. Un homme arriva bientôt. Je pouvais le reconnaitre, c'était le photographe au mariage de mon père. Ce devait être un collègue de Mary. Il me regarda de la tête au pied.

-Salut toi. Qu'est-ce que tu fais là ? 
-Je viens voir si je vais faire un stage avec Mary.
-Tu devrais mon chou. C'est la meilleure, tu peux te mettre du côté de la fenêtre, c'est pour voir par rapport à la luminosité. Voilà ne bouge pas. 
Il me prit en photo avec un clin d'œil. Il était gentil. Et les photos du mariage qu'il avait faites étaient super jolies. Il me plaça dans un autre endroit pour prendre d'autres photos et je commençai à prendre des poses débiles. Hank ( c'était son nom) était mort de rire et Mary passa sa tête dans l'embrasure de la porte. Elle me sourit.
-Il arrive dans deux minutes, je viens d'avoir son staff. Je vais l'accueillir à la porte de l'ascenseur.
-En fait c'est qui ? demandais-je à Hank. 
-Ray McClunsky.
J'ouvris grands les yeux. Ray McClunsky ? Le chanteur pop hyper célèbre qui venait de faire un carton avec son tube Sunshine in Wonderland  ? Non. Je ne pouvais pas y croire.
-Si j'étais toi, je fermerais la bouche. Il va trouver ça bizarre.
-C'est une blague ? Ray McClunsky ? J'adore Sunshine in Wonderland. Les paroles sont hyper profondes et pour une fois c'est loin de toute cette soupe populaire. La mélodie est juste captivante, elle me fait un peu penser à In Search of Grail de Trevor Jones. Et cette chanson est tellement triste en fin de compte même si elle parle de l'espoir. C'est un chef d'œuvre.
-Wow. Ça c'est de la fan. 
Je me retournai et je vis Ray McClunsky. En chair et en os devant moi. Et je devins rouge tomate. Et je me retrouvai incapable de dire quelque chose pendant une seconde.
-C'est une bonne chanson. Alors je suis sincère, je ne fais pas ça pour vous plaire. Y'a aussi d'autres choses que je n'aime pas dans votre album, mais je ne vous les dirai pas avant l'interview, sinon vous seriez vexé.
Il était encore plus beau en vrai qu'à la télé. Il était brun, les cheveux mi-long décoiffés et de grands yeux bleus. Il avait un grand sourire qui dévoilait de petites dents.
-Je m'appelle Ray.
Il me tendit sa main et je la saisis pour la serrer. Elle était douce et forte à la fois. 
-Sarah.
-Ray, on peut commencer ? lui demanda son agent.
-On se parle après alors ? J'ai hâte d'avoir un avis.. sincère pour une fois.
J'étais impressionnée et je m'assis dans un coin. Je n'osais pas vraiment bouger avec ses hauts talons. J'écoutais l'interview de Mary, enfin je regardais le chanteur. Il avait à peu près mon âge. Il avait 17 ans. Et il semblait tellement mature pour son âge. Mon téléphone sonna avec la musique de Inspecteur Gadget. Je devins rose, Mary éclata de rire de concert avec le garçon. J'étais morte de honte. C'était mon père. Je m'éloignai dans la pièce juste à côté. 
-Ouuui ? demandais-je à voix basse. 
-Je peux savoir où tu es ? 
-Bah euh.. je suis censée être où à la base ? 

Mon père ne répondit rien. Je savais qu'il était entrain de fulminer. Je n'aurais pas dû lui répondre comme ça. 
-Au lycée. Tu es censée être au lycée. Et je veux savoir où tu es tout de suite. 

Il était furieux contre moi. Et son ton était d'une froideur. Je ne savais pas où me mettre, ni quoi dire. Et plus je mettais de temps à répondre, plus il allait se mettre en colère. 
-Je suis dans une chambre d'hôtel. 
C'était sorti tout seul. Et j'aurais dû m'abstenir parce qu'il hurla dessus.


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