Caramel Flan Latte

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Il posa ses divines lèvres sur la joue de ma copine puis sur la mienne. Il nous fit signe de nous asseoir.
-Vous voulez boire quoi ? 
-Ce sera un Caramel Flan Latte pour moi, dis-je en regardant Sophie.
-Et moi je veux bien un Caramel Macchiato. Merci Marc.
Il hocha la tête et rentra dans le café.
-Il est vraiment beau, murmura Sophie. Encore plus qu'avant. La dernière fois qu'on l'a vu, il n'avait pas autant de muscles, n'est-ce pas ? 
-C'est clair que non. 
Je relevai les yeux quand je vis la porte se rouvrir et mon sourire s'envola. C'était Brian. Il avait un café à emporter dans la main. Il s'arrêta et me dévisagea. Il s'avança vers nous à mon grand désarroi. Je me rejetai sur ma chaise, prête à me battre.

-Je peux savoir à quoi tu joues au juste ? C'était quoi ce tweet à la con ? Tu te rends compte que chaque acte a des conséquences ? 
-Je..
-Je comprends même pas comment on peut être aussi conne, me reprocha-t-il d'un ton méprisant.
-Je ne te permets pas de m'insulter ! 
-Tu te fous de moi ? Tu as fait paniqué ton père, je te signale. Il a défoncé la porte de ta chambre quand la mère de Paul a appelé pour lui dire que tu avais un problème. Et il t'a pas vu. Il a failli signaler ta disparition. Alors oui, je me demande comment on fait pour être aussi conne.
-Il a paniqué ? murmurais-je gênée.
-Tu es vraiment la seule à ne pas voir que ton père t'aime plus que tout. En fait, merci Sophie pour le SMS, il est arrivé à point. Si j'étais toi je rentrerais toute suite. En plus tu es interdite de sortie et te barrer par ta fenêtre c'était vraiment puéril.
-Oh la ferme Brian. 
-Brian ? 

Une fusée rousse débarqua et prit le bras de mon quasi-frère. Je la connaissais. Et je la détestais. Elle s'appelait Alexandra. Elle faisait partie des filles incontestablement populaires de mon lycée. Quand nous avions commencé le lycée, elle était sortie avec un dernier année et elle était devenue populaire. Elle changeait de mecs plus vite que son ombre. Je ne savais pas pourquoi elle s'était entichée de mon abruti de quasi-frère mais c'était un fait. L'ascension populaire fulgurante de Brian était due en partie à ses fréquentations et à celle en particulier de cette garce en jupe courte plissée. 
-Je peux savoir pourquoi tu parles à..
Elle me regarda avec un dégoût tel qu'il me fit reculer. Quand nous étions vraiment petites, au jardin d'enfants, nous jouions ensemble, et on pouvait rire pendant des heures durant. Mais plus maintenant. Nous n'avions plus rien en commun.
-À ses looseuses.
Brian leva le sourcil. Il n'avait pas l'air ravi de la voir. D'ailleurs il lui répondit d'un air agacé : 
-Alors déjà on ne dit pas looseuse, mais loser et je croyais que tu devais m'attendre dans la voiture ? 
-Tu étais tellement long chouchou.. 
-Ouais bah je suis entrain de discuter alors tu n'as qu'à y retourner. Tiens, ton café. 
Il lui carra le gobelet dans la main et se retourna vers moi. Je ne comprenais même pas qu'elle ne dise rien. Je n'aurais pas accepté qu'on me parle sur ce ton. C'était juste hallucinant.
-Attends, tu vas quand même pas me planter pour parler à.. ça ?
On ne m'avait jamais comparé à ça. J'ouvrais la bouche prête à répliquer mais je n'en ai pas eu besoin.
-Il y a un souci ? Sarah ? tout va bien ? 
Brian se retourna pour faire face à Marc. Ils se regardèrent quelques secondes et mon quasi-frère se retourna vers moi. 
-Ça ira mieux quand ils seront partis. 
-On y va. On se voit à la maison, me lança-t-il alors que la fille commençait à comprendre que c'était Marc McDust qu'elle avait devant les yeux.

Brian prit le bras de la pouffiasse rousse et il l'emmena ailleurs sans un mot de plus et sans un regard vers Marc. Ce dernier se posa sur la chaise qu'il avait quittée et nous tendit nos tasses. Il ne me parla pas du tweet, mais il me demanda comment se passait le lycée, ma vie. Ses yeux brillaient et il m'écoutait. Il enregistrait ce que je disais. C'était si.. agréable d'avoir quelqu'un à qui parler, une personne extérieure à notre duo de choc que nous formions avec Sophie.

Il me regarda et sourit. Mon cœur se mit à papillonner et Sophie se détourna pour ne pas rire.. Elle se rejeta en arrière et sourit à son tour. 

-Je vais me chercher un autre Caramel Macchiato. Vous voulez quelque chose ? C'est moi qui régale.
-Un autre Caramel Flan Latte pour moi So'
-Je prendrais pareil que Sarah.
Sophie voulait nous laisser tous les deux. Je le savais. D'ailleurs elle me fit un signe dans son dos pour me faire comprendre qu'il était canon. Tout ce que j'espérais, c'était qu'il ne la voit pas. Marc me dévisagea. 
-C'était quoi ce tweet au juste ? Tu as fait paniqué ma mère. Elle a appelé ton père. Elle a beaucoup d'affection pour toi. Tu es un peu comme sa fille tu vois.
-Comment tu as appris..
-Paul est un de tes followers et cet abruti l'a lu à table. Tu peux m'expliquer ?
-C'est encore Brian. Il m'a encore insultée et mon père a pris sa défense. C'est juste.. Non. C'est profondément injuste. 
-T'as pas l'air de beaucoup l'aimer, constata-t-il.
-Pourquoi devrais-je l'aimer sous prétexte que mon père a épousé sa mère ? Je le déteste. Il me pourrit la vie au quotidien mais comme c'est le fils de Mary la parfaite, mon père ne dit rien.
-Tu n'as pas à aimer les parties rapportées à ta famille.
Il me comprenait. Je me penchai vers lui et lui embrassai la joue. Il en parut surpris sur le coup mais son regard se fit tendre. Il caressa ma joue du bout des doigts. 
-Tu es tellement.. commença-t-il.
Il ne termina pas sa phrase et s'éloigna de moi. La porte s'ouvrit dans la seconde et Sophie arriva, suivie d'un serveur qui était mignon comme tout. Il portait un plateau. Il le posa sur notre table et Sophie le remercia gentiment. Le serveur dévisageait ma copine comme si elle était une apparition divine mais elle ne le voyait pas. Marc leva légèrement le sourcil et sourit avant de nous dire avec un ton sérieux.

-Vous savez les filles. Faut arrêter de se laisser marcher sur les pieds par des filles comme cette..comment elle s'appelle déjà ? 
-Alexandra, marmonnais-je.
-Ouais c'est ça. Vous valez mieux qu'elles. Alors relevez la tête et battez vous. Sinon vos dernières années au lycée seront horribles. Vraiment. Je sais ce que je dis.
-Tu étais populaire toi, je te rappelle
Marc posa sa main sur ma cuisse de manière discrète, Sophie ne le remarqua même pas, elle était comme hypnotisée par son regard vert transcendant.
-C'est bien ce que je dis. J'aurais été intraitable avec des filles qui baissent le regard devant des gens populaires. C'est la dure réalité de la vie. Une rumeur est très vite arrivée et ça peut détruire une réputation. Alors relevez les yeux et montrez leur que vous n'acceptez pas qu'on vous parle n'importe comment. On ne devient pas populaire par hasard. 
-Qui te fait croire qu'on veut être populaire ? demanda Sophie en le regardant toujours droit dans les yeux.
J'aurais aimé qu'elle arrête de le regarder comme ça. Parfois, elle pouvait être froide et les gens se rebutaient mais Marc semblait plus amusé. Il se rejeta en arrière. Et puis.. Je voulais qu'il me voit moi aussi. Il avait toujours sa main sur moi. C'était la seule manière qu'il avait pour me montrer qu'il savait que j'étais là. Sa main était magnifique. Quand il était près de moi, depuis la fête, je ne savais pas ce que j'avais. Je me lâchais à fond, comme si une partie délurée qui était en moi venait de faire surface. Je croisais les jambes, emprisonnant sa main entre mes deux jambes. Il sourit à Sophie mais je savais que c'était pour moi. Je me demandais comment il voyait la chose de son point de vue de garçon. Je penchai un peu la tête avant de libérer sa main. Il la laissa en contact avec moi. 

-On a tous envie d'être populaire au fond de soi, qu'on nous remarque. C'est le propre de l'humain. Un humain seul, sans personne, dépérit. On a besoin des autres et de leurs regards pour survivre. Et quand on trouve la personne idéale pour soi, son regard remplace tous les autres.. mais il faut le trouver.. ou la trouver.
Il me jeta un regard plus qu'amusé et avala une gorgée de son café. 

-Il y a une différence je crois entre vouloir être respecté et être populaire. Regarde par exemple Alexandra. Elle est populaire. Et beaucoup de rumeurs dégueulasses courent sur elle. Je ne sais pas ce qu'elle en pense mais je n'aimerais pas ça. Alors oui, on a besoin des autres mais je n'aimerais pas être populaire dans le sens où je n'aimerais pas qu'on m'aime parce que je suis méchante ou juste parce que je ne suis pas trop moche. Parce que cette admiration peut partir aussi vite qu'elle est venue.
-Qui te fait croire qu'il n'y a que les gens beaux et méchants qui sont populaires ?
-Parce qu'il n'y a que les performers qui sont populaires. Et par définition, les performers méprisent les autres. Et ils sont tous beaux. donc ils sont beaux et méchants.
-Vu comme ça, tu n'as pas tort, rit Marc en rejetant sa tête en arrière pour rire à gorge déployée. Tu as raison, les performers sont des connards. Et j'en étais un aussi. J'ai appris à relativiser les choses depuis la fac. 
-Donc ça fait 2 mois quoi..
Je trouvais que Sophie abusait de lui parler comme ça. Je ne savais pas pourquoi elle faisait ça. Je ne trouvais pas ça poli et en plus elle voulait réduire mes chances avec Marc ? C'était quoi son délire ?Je ne pouvais même pas en placer une.
-Oui. À peu près. Et depuis que j'ai quitté ma copine aussi ..
-Tu as cassé avec ta copine ? 
-Peu de temps après mon déménagement. Nous n'avions pas la même vision des choses. Elle était restée très lycéenne dans sa tête et j'ai autre chose à faire à Stanford que de régler ses problèmes de pouffiasses. 
-Tu as raison. Tu sais qu'elle avait été hyper méchante avec Sarah le premier jour au lycée ?
-On a pas besoin d'en parler, c'était il y a longtemps, marmonnais-je.
-Enfin c'était juste l'an dernier. Mais bref, je suis contente que tu ne sois plus avec elle. Elle ne mérite pas d'avoir un gars aussi sympa que toi. Je connais pas grand monde qui serait resté là tout l'après-midi.
-Je vous trouve très cool comme filles. Et j'avoue que je n'ai jamais compris pourquoi mon frère avait cessé de vous parler. 
-Il a trainé avec les gens populaires quand nous, nous voulions juste rester normale. Sans chichi. 
Marc tourna ses yeux vers moi qui venait de parler.
-Vous avez eu raison. Restez naturelles. C'est ce qu'on cherche tous dans le fond. Mais quand on est jeune, on est un peu con. Alors on le montre pas vraiment...

Il eut soudain un geste qui me fit frissonner. Il avança sa main vers moi, essuya de la crème que j'avais près des lèvres et lécha son doigt. Il finit sa tasse et sourit.

-Il va falloir que j'y aille. J'ai de la route vers Stanford encore. Et je dois faire mes valises. Ça m'a fait plaisir de te parler Sophie. Tu es une fille intelligente. Tu devrais passer plus de temps avec Paul. Peut-être qu'il deviendrait moins con. Et toi Sarah ? On se skype ou tu m'appelles quand.. tu veux faire ton algèbre. 
-Ok. Ou sinon, fais le toi. Pour ne pas que je te gêne en cours ou ce genre de choses.
-Mince ! Je crois que j'ai oublié mon portefeuille dedans, je retourne le chercher.
Sophie n'était pas très discrète pour s'en aller. Mais ça marcha puisque Marc s'approcha de moi doucement et il m'embrassa légèrement sur les lèvres. Il avait goût de café et de noisette. 
-Je le ferais.

Il s'en alla juste après et Sophie réapparut dans la seconde. Elle était toute excitée. Elle me supportait à "200%" selon son expression. Elle ne tarda pas à me raccompagner chez moi après ça. J'aurais préféré que ce soit Marc mais bon,  il devait prendre la route pour rentrer sur le campus. Je savais que je pouvais tout supporter après ça. J'étais remontée à bloc. En posant ma main sur la poignée de porte de la maison, j'hésitai. Je ne savais pas quoi faire vis à vis de mon père. Il était tard. J'ouvris la porte. J'entendis un raclement de chaise et mon père apparut blanc comme un linge. Je savais ce que je devais faire. Je me précipitai vers lui, l'enserrai de mes bras. Ses bras se refermèrent sur moi. Mon père sentait bon. Je fermai les yeux. C'était lui ma maison. Quand j'étais avec lui, dans cette position, je me sentais en sécurité. Je me sentais protégée. 

-Excuse-moi Papa. Je suis désolée. Je ne voulais pas..
-Ne dis rien Choupi. C'est de ma faute. 
Mon père était bien plus grand que moi. Je levais les yeux vers lui. Il était sérieux. J'avais les yeux humides, je le savais.
-Tu es pardonnée. Mais ne me fais plus jamais ça, murmura-t-il. Je ne veux plus voir de larmes dans tes yeux ma chérie.

Il ne me voyait plus. J'avais les yeux de ma mère. Je faisais à peu près la même taille qu'elle. C'était elle qu'il voyait à travers moi. Mon père m'aimait plus que tout. Brian avait raison pour une fois. Il m'embrassa et me laissa remonter dans ma chambre. Je remarquais que Brian m'observait depuis sa chambre. Pendant quelques secondes, je crus qu'il allait me dire quelque chose mais il se contenta d'hocher la tête et de fermer sa porte. Ce mec était trop bizarre. Je ne le comprenais pas du tout. Tout ce que je savais, c'est que mon père m'avait pardonnée, ne m'avait pas punie et je savais que toutes mes punitions étaient envolées. Je savais aussi que Marc voulait garder un contact avec moi. Je souris. Ma journée venait de se finir avec une note inattendue mais tellement agréable. Je me demandais quand Marc me contacterait. J'avais hâte d'entendre sa voix de nouveau. 


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