#Bonus 4 : La crémaillère par Chuck

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Chuck ! ça va ?

Je sursautai et je souris à Keito.

-Oui bien sûr, pourquoi ça n'irait pas.

-Tu es plus silencieux que d'ordinaire.Tu n'es pas content de revoir Ju' ?

-Si bien sûr ! Je te rappelle que c'est ma pote, à la base.

-C'est à cause de Sarah ? fit Owen un peu embêté. C'est vrai que j'aurais dû vous demander avant de l'inviter à venir avec nous.

-Les mecs, ça va. Je vous assure. C'est à cause de mon père. Il est insupportable en ce moment.

Je ne pouvais leur dire ce que ça me faisait de revoir Sarah. Je ne pouvais pas leur dire que j'étais à la fois heureux et effrayé. Cette fille était épatante, elle était drôle, combative et elle avait des yeux pour lesquels on pouvait se damner. Et j'avais dépucelé cette fille. Ça, je ne pouvais pas leur dire.

-Ah oui, son poignet.. en même temps, c'est un peu les boules hein ! Je pense que je serai vénère moi aussi, répondit Owen en prenant une gorgée de Perrier. Ce qui est chaud, c'est qu'il continue à t' insupporter alors que tu habites chez moi en ce moment.

Dans quelques heures, nous allions arriver à l'aéroport de Seattle. Jamais le temps ne m'avait paru aussi long. Non pas que mes potes me saoulaient mais j'avais hâte d'arriver.

-Oh putain ! Je vous ai pas dit ! s'écria Keito. Maeva veut arrêter de prendre la pilule. 

J'arrêtai de respirer pendant une demi-seconde. Il avait dit quoi ? Owen recracha son Perrier et se mit à tousser comme s'il avait avalé de travers.

-Vous savez l'autre jour à la maison, Lily avait invité des copines et Maeva était là. Elles se sont mises à parler et elle a dit qu'elle voulait arrêter la pilule.

-Ray est au courant ? 

-Llly m'a fait promettre de ne rien lui dire. Vous n'étiez pas inclus alors que j'estime que j'ai le droit de vous le dire.

-Mais quelle garce nom de nom ! jura Owen. J'y crois pas. Sérieux ! Elle a 18 ans... Lui aussi ! Elle est pas un peu tarée ? 

-C'est ce que j'ai dit à Lily.. elle hallucinait. 

-Tu crois qu'il faut prévenir Ray ? 

Keito haussa les épaules. Je détournai le regard. Je n'avais jamais vraiment apprécié cette fille. Elle était très belle, certes. Elle était grande, mince, elle avait des mensurations parfaites, mais je n'avais jamais eu l'impression qu'il y avait quelque chose derrière sa couche de fond de teint et ses faux cils. Mais visiblement, je me trompais. Il y avait du pur machiavélisme. Parce que piéger un môme de 18 ans à peine avec un gosse, c'était machiavélique.

-Est-ce que tu sais pourquoi elle pense à ça ? C'est peut-être pour une raison médicale..

Owen. C'était l'un de mes meilleurs amis mais il était trop gentil, il ne voyait pas le mal quand il était sous son nez. J'appréciais son optimisme à toute épreuve, mais là.. il abusait.

-Je pense que c'est à cause d'une fille aux yeux verts habitant en Californie, sourit Keito. 

-Sarah ? s'exclama Owen. Tu déconnes ? 

-Elle a toujours été jalouse, répondis-je. Et comme Sarah et Ray s'appellent tout le temps.

-Ah oui, le rendez-vous téléphonique du lundi, j'avais oublié.

-Je pense qu'elle veut assurer ses arrières.

-J'ai jamais pu la blairer cette conne, lâcha Owen mécontent. Il est grand temps qu'il la largue.

Keito leva les yeux au ciel et je réprimai un petit rire. C'était l'éternelle discussion entre Keito, qui clamait depuis nos 16 ans qu'il avait trouvé l'amour de sa vie, et Owen, qui courait après toutes les filles qu'il croisait.

-Il l'aime. On ne largue pas comme ça quelqu'un qu'on aime.

-Ce n'est pas de l'amour. Il veut juste la BAISER. 

Je ne savais pas qui avait raison des deux, c'était une question sans réponse pour moi, bien que je sois plutôt de l'avis de Keito. Si c'était juste purement sexuel.. il n'aurait pas besoin de lui offrir des cadeaux pratiquement à chaque fois qu'il la voyait. C'était un comportement de mec amoureux. Quand j'en fis part aux garçons, Owen me jeta un regard noir. 

-Tu te plantes vieux, c'est juste pour qu'elle ouvre les cuisses plus facilement.

-Heu.. Owen, on parle de Maeva, c'est pas un souci, ça ?

J'éclatai de rire, Owen aussi. Keito avait toujours su quoi dire pour nous faire rire comme des dingues. 

-Honnêtement, j'espère que vous ne parlez jamais de ma copine comme ça, les deux commères là ! 

-Lily, c'est une perle, rétorqua Owen. Et on la connait depuis toujours. D'ailleurs, quand est-ce que tu comptes la demander en mariage ? 

-Pas avant la fin de nos études. Je l'ai entendu dire à une de ses copines, qu'elle trouverait ça romantique de se marier à une date symbolique.

-Heu.. okay. Ça ne veut rien dire du tout ça, dis-je. Une date.. symbolique ?

-Je vais la demander en mariage pour nos 10 ans. 

-Wow. Summum du romantisme. 

Owen ricana et mata l'hôtesse de l'air. 

-En fait ton grand-père Chuck ? Tu sais pourquoi il veut te voir ?

-Je ne sais pas. Mais j'ai trouvé son ton bizarre au téléphone. Et je te le répète encore une fois, Keito, je n'ai pas besoin que tu viennes avec moi. 

-Si c'est une mauvaise nouvelle... Charles. T'es mon bro, je ne veux pas te laisser. En plus, la meilleure amie de Miko vient d'avoir un bébé. Comme elle est au Japon en ce moment, elle veut une photo du bébé. 

-Ta sœur t'envoie prendre une photo ? Elle ne pouvait pas demander à sa meilleure amie ? 

Keito haussa les épaules. Miko... mon tout premier Crush. Je devais avoir.. 6 ans. Je la trouvais parfaite. Après une quarantaine de demandes en mariage entre mes 6 et mes 10 ans, je m'étais fait une raison.. elle ne voulait pas de moi. Néanmoins, elle était restée la sœur que j'avais toujours voulu. 

-C'est Miko. Elle a toujours le pouvoir.

-Grave, répondit Keito. D'ailleurs, mes parents veulent lui faire une fête pour ses 25 ans, genre fête surprise et ils aimeraient que vous soyez là. 

-On serait venu sans être invité, répondit Owen. On parle de ta sœur. Je veux dire de notre sœur. J'ai que des frères casse-couilles moi ! 

-Tu adores tes frères.

-Et ils sont casse-couilles. Alors comme ça.. vous me laissez seul à Seattle ce soir ? C'est pas grave, y'aura plus de meufs pour moi.

Je savais qu'il allait dire ça. Mon esprit se focalisa sur Sarah. Serait-elle contente de me voir ? J'avais l'impression d'avoir fait une connerie avec elle. Je couchais avec elle en Californie. Je la dépucelais et je partais. Et la seconde fois... pourquoi étais-je incapable de me contrôler lorsqu'elle me chauffait ? Non.. elle ne me chauffait même pas. C'était ça le pire. Elle était juste parfaitement naturelle... Je soupirai. C'était mon amie ? Ma sex friend ? Encore faudrait-il que nous recouchions ensemble et elle avait un petit ami. 

Nous arrivâmes à Seattle et j'avais de la route à faire. J'avais loué une voiture de sport pour aller plus vite sur l'autoroute. Keito regardait la vitesse à laquelle je roulais depuis une bonne demie-heure.

-Sans vouloir te vexer Charles, tu comptes arriver dans 10 ans ? File. J'ai ma carte bancaire et du liquide sur moi, je paierai l'amende.

J'aimais tellement ce type. J'accélérai, un sourire sur les lèvres tout en augmentant le son de l'autoradio. Nous avions quelques heures de route devant nous et je sentais que ça allait être génial...

Ma toute première impression en voyant mon Grand-Père, c'est qu'il avait une sale mine. Il était pâle. Il me serra contre lui et m'embrassa sur les deux joues. Il ne l'avait pas fait depuis des années. Je trouvais ça louche. Il m'invita à entrer dans son salon et il s'assit sur le canapé près de moi.

-Écoute mon garçon. J'ai une chose à te dire. 

Les seuls mots que je compris étaient problème cardiaque, traitement et mort. Je me réveillai du nuage où j'étais perché, à ce dernier mot. 

-Tu ne vas pas mourir.

-C'est une possibilité mon Charles.

-Non, non non et non. Je suis beaucoup trop jeune pour que tu meurs, ce n'est pas envisageable pour moi. 

Mon grand-père me sourit et me prit dans ses bras. Il avait vachement de poigne pour un homme cardiaque. Il me laissa pleurer contre lui. J'étais très attaché à cet homme. À bien des égard, il était comme mon père.. et que venait-il de m'apprendre ? J'étais mal. Très mal. 

Keito comprit qu'il y avait un souci au moment où il me vit. Je lui avouai tout et il semblait désemparé.

-Non ! Pas lui ! Il nous a emmené à toutes nos compets de musique ! Je suis vraiment désolé mec.

-Je sais qu'on avait dit qu'on resterait à l'hôtel mais.. j'ai besoin de prendre en l'air et de me vider la tête.

-On va en boîte. 

Trois mojitos et 2 piña colada plus tard, je me sentais plus détendu. Keito rentra avant moi, visiblement saoulé de se faire draguer constamment. Moi ? ça flattait mon ego. C'est alors que je la vis. Biz. Mon ex. On avait cassé à la fin du lycée.. mais là. Elle était super sexy. Je me levai de ma place, abandonnant les filles qui piaillaient à côté de moi et je posai ma main sur elle. Elle était très surprise de me voir. Je dansai avec elle quelques instants et je lui murmurai à l'oreille.

-Et si on s'isolait un peu ?

-J'en ai marre de cet endroit.

J'appelai un taxi et elle donna l'adresse de son hôtel. Je savais que je faisais une connerie. Mais j'avais envie de me vider l'esprit. Quand elle retira sa petite robe qui ne couvrait pas grand chose de son anatomie, je sus que j'étais fini. Elle se mit à genou devant moi et je fermai les yeux. Certaines filles trouvaient qu'une fellation était avilissant. Mais pas Biz. Elle avait amélioré sa technique depuis qu'on s'était quitté. Quand elle se redressa en essuyant sa bouche, je la poussai sur le lit. C'était étrange de recoucher avec quelqu'un qu'on avait aimé. Je l'avais aimé. Et j'étais tombé de haut. De très haut. Je passai la nuit avec elle et je m'éclipsai au matin. Elle n'était pas réveillée. Je venais de faire une connerie. D'autant plus quand elle m'avait regardé droit dans les yeux en me disant : Tu m'as manqué mon chéri. Et que je lui avais répondu : moi aussi. C'était un automatisme. Et je m'en voulais. Keito ne me posa pas de question sur ma nuit, il voyait que je n'avais pas envie d'en parler. 

-J'espère qu'il n'y aura pas de paparazzi ce soir. Sarah va être gênée.

Sarah. Je lui envoyai un message. Hâte d'être à ce soir. Elle me répondit pratiquement immédiatement. Hâte d'être à ce soir aussi. Cela me fit sourire. J'allais passer un super moment ce soir-là. Je le savais. Et je le compris au moment où je la vis arriver dans sa petite robe bleue. Son père était entrain de nous parler très gentiment mais je cessai de l'écouter quand elle apparut. Elle était mignonne comme tout là-dedans. Quand elle se retrouva collé à moi, je ne pus m'empêcher de sourire. D'autant plus qu'elle rougit.

-N'en profite pas pour la tripoter Chuck. Je t'ai à l'œil, rit Owen. 

-Mais non voyons. Et puis si je veux la tripoter, je ferai en sorte de le faire ailleurs que dans l'ascenseur avec vous. 

-Ou alors personne ne me tripote sans ma permission et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes, rétorqua Sarah d'un air revêche. 

Elle vit Bob, prononça son nom et courut dans ses bras. Je ne savais qu'en penser. Bob semblait ravi de la revoir lui aussi. J'arrivai vers lui alors qu'il sortait un perruque de son sac. Owen me regarda et je pris mon téléphone. 

-Il faut dire que quelqu'un de la soirée a tweeté que vous y seriez là les garçons, disait Bob.
-Et merde, lâchai-je en voyant les centaines de tweets.
-Désolé Sarah, on ne savait pas, continua Owen. Mais voyons l'intérêt.. tu es rousse comme moi maintenant. Tout le monde va croire que tu es ma cousine.
-Tu veux que je t'appelle cousin. Ça peut se faire, sourit la belle brune.
-Tiens prends des lunettes, me fit Bob
-Attends. Je vais t'aider, dis. 
Je me mis devant elle et j'enroulai mon écharpe autour d'elle pour cacher son visage. Je souris. J'avais l'impression d'être dans une bulle avec elle. Elle me sourit en retour. Cette bulle fut cassée quand Owen la prit par le bras. 

Arrivés devant l'appartement de Ju, je l'aidais à sortir de la voiture et je gardai sa main dans la mienne. Je la sentais me faire confiance. Et c'était la même chose quand je l'entrainai dans les escaliers pour gagner mon pari. Elle était rouge de rire. Elle était tellement belle quand elle riait. Elle dévoilait une facette de sa personnalité que j'appréciai énormément. Je passai un bras par dessus son épaule pour la faire entrer avec moi. Je ne m'attendais pas à ce que Ju me saute littéralement dessus en hurlant mon nom.

-Salut Ju. Ça me fait tellement plaisir de te voir. Je te présente Sarah. Sarah, voici notre hôtesse, Ju.

Je vis Ju la juger et l'apprécier du premier regard. Ça me fit plaisir. 

-La fameuse Sarah. J'ai pas mal entendu parler de toi. Bienvenue à la maison. 

Je savais que j'aurais son avis dans la soirée ou le lendemain. J'avais hâte. Au beau milieu de la soirée, je ne vis plus Sarah. Je fronçai les sourcils alors que Ju se levait pour accueillir de nouveaux arrivants. Je me levai et je vis Sarah sur la balustrade. Elle semblait avoir froid. 

-Alors, tu t'amuses bien ? 
Elle semblait surprise de me voir. Je posai ma flûte de champagne sur la balustrade.
-Beaucoup oui. Elle est très gentille votre amie.
-Ne sois pas jalouse, murmurai-je en souriant.Tu es très gentille toi aussi.
-Je ne suis pas jalouse. J'avais juste envie de prendre un peu l'air. Il fait chaud.
-Oui, mais ta petite robe et toi vous allez attraper froid.
Je retirai ma veste et la posai sur ses épaules. 
-Tu vas avoir froid.
-Mais non, la rassurai-je. Et puis, Owen a promis à ton père de s'occuper de toi. Si tu reviens avec un rhume, ce ne serait pas bien. Est-ce que tu m'accorderais cette danse ? 
-Avec plaisir.
Je l'attrapai par les hanches, la collant contre moi.
-Pose tes pieds sur les miens si tu veux. Tu es un poids plume, tu ne vas pas m'écraser.
Elle me sourit. je me sentais bien. J'étais entrain de fredonner et je la sentais se laisser aller complètement. Elle se sentait en sécurité, je le savais. 
-Alors là, pour le coup, je commence à avoir froid. Viens on rentre, lui dis-je. 

Je la pris par la main et pendant que Keito l'entrainait dans un jeu, je vis Biz. Et merde, qu'est-ce qu'elle foutait là ? Je fis celui qui ne l'avait pas vu, mais elle finit par venir vers moi.

-On danse ? 

J'hochai la tête. Je ne savais pas comment lui dire qu'elle ne m'intéressait plus et que ce que nous avions fait la veille était une erreur. Je vis Sarah me regarder. J'étais mal à l'aise. Et quand elle se mit à rosir, je me demandai ce qu'ils avaient bien pu lui dire. J'en avais assez de danser et je rejoignis mes amis. Biz me suivit à mon grand désarroi. Sarah m'observait à la dérobée. Elle était mignonne, elle pensait que je ne la voyais pas. Un peu comme mon chat quand il se cachait dans l'herbe pour sauter sur ma jambe. Ju s'assit sur mes genoux et je la serrai contre moi. J'aimais tellement cette fille. 

-Alors comment va Nathan ? Ma mère m'a dit qu'il s'était foulé le poignet ? me demanda-t-elle.
-Ouais, c'est probablement pour ça que je ne vais pas rentrer à la maison avant longtemps. Je squatte chez Owen en ce moment. Mon père est insupportable. Et je ne vais pas te faire un dessin de l'humeur de ma mère quand mon père est insupportable.

Elle me jeta un regard compatissant.
-Ah non. Et toi Biz ? Comment vont tes parents ?
-Aucune idée, je ne leur ai pas parlé depuis au moins 3 mois. 
-Ah ? fit Ju d'un ton circonspect.
-Ils ont décidé d'aller habiter dans une yourte en Mongolie ou je ne sais où. Moi et les hippies tu sais..
J'observai Sarah. Elle était.. choquée. Elle avait un peu sursauté. Elle ne comprenait qu'on puisse parler de ses parents comme ça. Elle ne connaissait pas Biz.

-En fait, quand est-ce que vous nous jouez un morceau ? continua Biz en nous regardant un à un..
-Un morceau ? répéta Keito incrédule.
-Bah oui, vous êtes des musiciens non ? 
-Ouais mais.. enfin, on ne va pas bousiller l'espace sonore de tout le monde hein, répliqua Owen. 
-Tout le monde n'attend que ça. Faites-moi plaisir...
Le sourire levé de Sarah ne m'échappa pas. Était-elle un brin jalouse ? Je ne voulais pas qu'elle le soit aussi je lui demandai : 

-Okay. Sarah, tu as un morceau en particulier que tu veux écouter.
-Heu.. Eye of the Tiger.
Je souris. C'était un morceau qu'on adorait avec les mecs. C'était une des premières reprises qu'on avait fait. Je fis un clin d'œil à Sarah. Elle était heureuse. Vraiment heureuse. Que ne ferai-je pas pour rendre une fille aussi jolie heureuse ? C'est en partie pour ça que je ne compris pas pourquoi elle était partie sans nous prévenir.

-Ju, tu n'as pas vu Sarah ?

-Elle vient de partir, elle était fatiguée, elle a dit qu'elle prenait un taxi.

Je descendis les escaliers en courant. Est-ce que j'avais fait quelque chose de mal ? Je la vis de loin et j'hurlai son prénom. Il faisait froid putain. Elle s'arrêta et se retourna. Je courus vers elle.

-Attends tu vas où ? 

Elle avait un tel air sur son visage. Je sentis mes tripes se serrer. 

-J'avais besoin de prendre l'air. Je voulais pas te déranger. 
-Ce n'est pas le cas. Qu'est-ce que tu as ? dis-je en m'approchant d'elle.
-Rien du tout.
-Alors pourquoi tu pleures ? 
Mon Dieu. Elle pleurait. Je ne savais pas quoi faire. Elle baissa les yeux. Pourquoi pleurait-elle ? Est-ce que j'avais fait quelque chose de mal ? 

-Je.. Tu devrais y retourner, je cherchai juste un taxi mais je n'en trouve pas.

-Ne me mens pas s'il-te-plaît, dis-je d'une voix sourde. 

Je lui relevai la tête. Ses yeux étaient humides. On m'avait souvent dit que les yeux étaient la fenêtre de l'âme. Comme la sienne devait être belle ! Je la fixai un petit moment.

-Qu'est-ce que j'ai fait Sarah ? C'est.. 
-Tu n'as rien fait du tout Chuck. C'est moi. Je pense qu'on devrait arrêter de se voir et de s'appeler pendant un certain temps. 
Je ne m'attendais pas à ça. Je voulus partir mais le son mourut dans ma gorge. Je ne savais pas quoi faire. Pas quoi dire. Je sentais le sang quitter mon visage. C'était trop pour moi. Mon grand-père d'abord.. puis elle. Je pense qu'on devrait arrêter de se voir. 
-Donc, finis-je par dire la voix un peu brisée, j'ai bien fait quelque chose de mal. Tu n'avais pas besoin de me mentir. 
Elle tourna les yeux. Elle ne voulait plus me regarder. Elle me paraissait très froide. 
-C'est vraiment moi. Tu n'as rien fait de mal. Vraiment. 
-J'ai l'impression que tu romps avec moi.
-Il faudrait qu'on sorte ensemble pour ça, non ? me dit-elle avec dédain.
Elle m'aurait donné un coup dans le ventre, je ne me serai pas senti aussi mal. Non. Nous ne sortions pas ensemble. Qu'est-ce que je foutais ? J'avais envie de pleurer. Je contractai ma mâchoire pour ne pas laisser passer une seule émotion. Je vis un taxi arriver de loin et je sifflai pour l'arrêter. J'avais l'habitude à New York. Je lui ouvris la portière. Et elle m'acheva d'un coup en me tendant mon écharpe. 

-Tu diras bonne nuit aux garçons.
-Oui. 
Je ne pouvais pas dire plus. Je n'aurais pas pu sans craquer. Je me penchai pour donner le nom de l'hôtel au chauffeur et je lui tendis un billet de 100. C'était tout ce que j'avais sur moi. 

Je me redressai et je vis Bob avec Biz. Ils n'étaient pas loin. Le taxi redémarra et bien que j'en mourrai d'envie, je ne pouvais pas la suivre du regard. C'était trop. Je marchais comme un zombie. J'avais l'impression d'être vide. Je ne ressentais plus rien. J'étais blessé. Et le pire dans tout ça, c'est que je n'avais pas le droit d'être blessé. Qui étais-je dans le fond pour elle ? Un mec avec qui elle avait perdu sa virginité pendant l'une de ses toutes premières cuites. Je me repris en arrivant vers Biz et Bob. Ce dernier me fixait d'un air un peu inquiet. Je lui souris en coin. Je ne pouvais pas faire plus. Ce n'était pas possible. Je glissai ma main sur les hanches de Biz avant de remonter. Les garçons m'attendaient.

-Sarah était fatiguée, je l'ai mise dans un taxi direction son hôtel. 

-Ah merde. 

-Elle m'a demandée de continuer de nous amuser sans elle. Elle veut un rapport de ta part demain matin Owen.

Je n'avais plus envie de m'amuser. Plus du tout. Biz m'embrassa sur la joue et elle se mit à onduler près de moi. J'avais envie de me changer les idées. Et Biz était là. Je l'entrainais vers une des deux chambres et je la plaquai contre le mur. Je lui embrassai le cou, tout en glissant une main pour lui retirer son string. Elle voulut défaire la ceinture mais je lui grognai un Non. Je défis mon jean et la minute d'après Biz poussa un petit cri. Nous n'étions même pas sur le lit. Je repensai à Sarah et je sentis de la hargne me prendre. Je lui donnai des coups de reins de plus en plus fort. Ce serait le quickie, le plus court de l'histoire des quickie. Toute la pression descendit d'un coup. Je me dégonflai comme un ballon. Je me reculai, me rhabillai et j'ouvris la porte de la chambre sans un mot. Je me comportais comme un connard. Un connard que je n'aimais pas être. La fête n'était pas pareille sans elle. Elle avait un goût d'amertume et d'achevé. Quand garçons décidèrent qu'il était temps de rentrer, je sautai sur l'occasion. J'embrassai tendrement Ju sur la joue.

-Tu viens chez moi quand tu veux ma chérie ! dis-je à Ju en la prenant dans mes bras.

-Tu m'as pas l'air bien Chuck. 

-Je t'en parlerai plus tard. 

-Ça a un rapport avec toi entrainant Biz dans ma chambre ?

-Depuis quand on se parle de nos plans culs ?

-Depuis quand on ne s'en parle pas ? Tu sais où me trouver. Appelle-moi Chuck.

J'étais sombre. Très sombre. Je m'en voulais d'avoir baisé avec Biz, cette connasse. Et je m'en voulais encore plus d'avoir blessé Sarah. Je l'avais tellement blessé.

-Qu'est-ce que tu as Chuck ?

-Rien.

-Tu mens très mal.

-J'ai couché avec Biz.

-QUOi ? s'écrièrent mes deux amis. 

Même Bob me fixa dans le rétroviseur d'un air désapprobateur.

-Hier soir. Et tout à l'heure. Pendant la fête. Je suis trop con.

-Bah grave. Alors.. elle est toujours une suceuse de bas étage ? 

Je tournai les yeux vers Owen.

-Elle a amélioré sa technique. Mais c'est pas encore ça. 

Ils se mirent à rire. Nous arrivâmes devant l'hôtel. Owen et Keito sortirent avant moi et j'eus la surprise de voir Sarah repousser un homme beaucoup plus vieux qu'elle. Elle recula et buta dans Owen

-Désolée. 

-Tu n'as pas à t'excuser Sarah.

Elle tourna les yeux. Elle était ivre. Vraiment ivre. Je reconnaissais ce regard creux. Owen referma ses bras sur elle.

-Grosse Allumeuse va. Sale chienne ! 

Bob le repoussa. Keito et moi nous nous étions mis entre Sarah et l'homme. J'étais fumasse. Vraiment fumasse. J'avais envie de le frapper de profiter d'une gamine bourrée. 

-C'était qui ? demandai-je à Sarah d'un ton furieux. 

-J'en sais rien. Un gars.

-Tu laisses souvent des inconnus t'embrasser et te tripoter ? 

-Chuck, Va. Te. Faire..
-Okay. l'interrompit Owen en la serrant un peu plus fort contre lui. Visiblement, tu es saoule.
-Ouais, c'est le gars du bar. Il m'a payé des verres et là, je vais me faire tuer par Papallister.
-Par qui ? demanda mon ami.
-Papa. Je vais me faire tuer par... tant pis. Il aura plus jamais confiance en vous mais.. who cares ? Lâche-moi s'il-te-plaît.

Elle se détacha et elle n'arrivait plus à marcher droit. Elle était pitoyable et j'étais en colère qu'elle puisse se mettre dans des états pareils dans des bars. Elle ne savait pas qu'elle pouvait se faire violer ? Si nous étions arrivés un peu plus tard, qui sait ce qui se serait passé ? Elle était inconsciente. Bob la porta jusqu'à un lit. Je ne savais pas pourquoi je ressentais ça. J'étais soulagé, inquiet et en colère. C'était une émotion très insolite. Owen suivit Bob dans la chambre et je lui emboîtais le pas. 

-Je n'en pouvais plus, disait Sarah, la voix embrumée par l'alcool. J'en ai marre d'être.. moi. Le monde se porterait tellement mieux sans moi. J'embarrasse toutes les personnes qui m'entourent. Et je suis une salope. Même des inconnus dans la rue le savent. Je suis sans intérêt. Vous auriez mieux fait de me laisser. Je ne vaux pas la peine qu'on s'occupe de moi.

Putain. Elle m'énervait. 

-Arrête de dire des conneries, fis-je. Si elle est partie c'est parce que je lui ai fait quelque chose. Je ne sais pas, mais elle était fâchée contre moi.
-C'est faux. Je ne suis pas fâchée contre toi. Je suis fâchée contre moi.
Bob se tourna vers moi et me fusilla du regard. Il nous demanda de partir et je le fis. Je pris une douche rapide et je m'assis sur le rebord de ma fenêtre pour réfléchir. Une fille qui me faisait un effet incroyable dormait dans la chambre à côté et cette fille me haïssait. J'étais bouleversé par tout ce que j'avais appris en 24h. C'était pas ma journée. La porte s'ouvrit et je la vis arriver. Elle portait un des peignoirs de l'hôtel. Je voyais ses jambes nues. Il ne fallait pas que je m'y attarde. Je devais dire un truc pour ne pas laisser paraitre mon trouble.

-Je peux faire quelque chose pour toi, peut-être ? 

C'était neutre. C'était bien. 
-Tu aurais dû me le dire pour ne pas que je paraisse pour une idiote. 
-Te dire quoi ?
-Que tu avais une petite amie.
-De quoi tu parles ? 

J'avais une bouffée de chaleur tout à coup.
-Cette pouffe là. Biz ou je ne sais quel nom débile elle a. Tu aurais dû me dire qu'elle était ta petite amie. Je ne me serai pas sentie aussi conne. je n'aurais pas dansé en privé avec toi sur le balcon ou ce genre de choses. Et..
Sa voix se brisa. Je ne pouvais pas entendre plus. Mais elle continua.
-Et tu vois, elle n'aurait pas pu me menacer de briser ma vie si.. je ne te laissais pas. Alors, oui, j'estime que tu aurais dû me dire que tu sortais..
-Elle a fait quoi ? Sarah. Je ne sors avec personne et certainement pas avec Biz. Je te supplie de me croire. Putain, c'est pour ça que tu es partie ? 
Je me levai et la seconde d'après, je la prenais dans mes bras pour la serrer fort. Elle était si fragile. Je la regardai droit dans les yeux. La lune éclairait son visage pâle. Le vert de ses yeux ressortait de manière extraordinaire.

-Je ne ressortirai pas avec Biz. C'était une connasse. C'est vrai, on a recouché ensemble y'a pas longtemps mais.. Sarah. Je ne sors pas avec elle. Je vais voir ce qu'elle a contre toi et je ferai en sorte qu'elle ne l'utilise pas et qu'elle ne t'approche plus. Tu aurais dû me le dire dans la rue. Ce n'est pas de ta faute et c'est de la mienne. J'aurais dû prévoir le coup des ex folles furieuses. Pardonne-moi.
-Tu ne me mens pas n'est-ce pas ?
-Tu me connais. Je suis une personne sincère. Est-ce que tu crois que je ferai ceci, si j'étais en couple ?

Je l'embrassai. J'en avais envie depuis des heures. Sa bouche était soyeuse. Ses lèvres pulpeuses. Elle m'avait manqué. Je la serrai un peu plus fort contre moi. J'allais avoir une érection si on continuait. D'autant plus qu'elle se mit sur la pointe des pieds et qu'elle passa sa main dans mes cheveux. Elle était tellement douce.Je me détachai de ses lèvres et je caressais sa lèvre.

-Je suis loyal, murmurai-je. Maintenant, va dans ta chambre avant qu'on fasse une connerie tous les deux. Tu n'es pas en état de décider quoi que ce soit. Je suis ton ami. Aie confiance en moi.
-Je suis tellement soulagée d'avoir pu te parler Charles.
-Moi aussi. Je suis désolé, je n'aurais pas dû t'embrasser, tu as un petit ami, mais j'espère que tu comprends que c'était pour étayer mon propos et non pas pour...

Elle m'entraina par le haut de mon pyjama et posa ses lèvres douces sur ma joue.
-Tu veux bien que je reste dormir à côté de toi ? Je n'arrive pas à dormir toute seule.
-Oui. Mais on dort et c'est tout.
Je souris. J'étais aux anges. Elle m'entraina vers le lit et je la bordai. Elle retira son peignoir et je sus que j'étais foutu si je rentrai dans ces draps. Je restai sur le dessus. J'attendis qu'elle s'endorme béatement et je partis. Je ne pouvais pas dormir avec elle, voir son grand regard innocent me dévisager le matin. Il fallait que j'arrange la situation avec Biz. J'appelai Ju. Je lui racontai tout sur son répondeur. Et je lui demandai de récupérer les photos, alors que j'allais conclure, elle décrocha.

-Tu sais ce qui est chiant quand on filtre les appels ? C'est qu'on entend tout. J'ai demandé toutes les photos de la soirée sur un drive. Je vais enlever les photos avec ta copine. 

-Merci, je t'aime. 

-Moi aussi, mais pas quand tu m'appelles à cette heure-là. D'ailleurs.. à propos de cette fille.. ne la fais pas souffrir. Elle tient à toi, je pense et je l'ai bien aimée. Je t'interdis de la prendre comme un sauvageon contre un mur ou sous une peau de bête façon Jon Snow pour lui tirer une flèche en plein cœur, Compris ?

-Je n'en ai pas l'intention, dis-je d'une voix douce. Bonne nuit sauvageonne. On se parle dans l'après-midi.

Je retournai dans ma chambre et je la vis entrain de marmonner mon prénom. Je m'approchai d'elle.

-Je suis là, murmurai-je. 

-Serre-moi fort.

Je lui obéis et je posai mes bras autour d'elle. Je m'endormis à son côté, mes lèvres pratiquement dans son cou gracile. Qui voudrait faire du mal volontairement à une fille aussi adorable que Sarah McAllister ?

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