La Traîtrise m'avait toujours paru comme un concept qui était loin de moi. Mais depuis que Brian avait raconté mes petits doutes sexuels à Paul, il y a une semaine, je lui en voulais. Je lui en voulais beaucoup. Et je n'arrivais pas me le sortir de la tête. Ma psy pensait que je devais lui pardonner. Mais je ne voulais pas. Parce qu'il n'avait pas le droit de s'en sortir à si bon compte. Ça n'aurait pas été juste. Et je lui en voulais encore plus quand il me le rappela en débarquant dans ma chambre. 
-Bon, alors finalement, ça a marché ?
-Qu'est-ce qui a marché ?
-Bah.. mon conseil ?
-Tu veux vraiment en parler ? lui dis-je de manière agressive. 
-Bah.. je veux savoir si ça valait le coup que tu perdes 100$
-Il n'a pas aimé.
Brian fronça les sourcils et s'assit sur mon lit, comme si je l'avais autorisé à le faire. 
-Il n'a pas aimé... Putain, tu sors avec un misogyne. Je connais personne qui n'aime pas voir les seins des filles. En plus, les tiens sont pas mal si j'ai bonne mémoire. 
-Il n'aime pas perdre le contrôle. Il a l'impression d'être un soumis. Et je ne sais pas pourquoi je te dis ça. Tu vas le répéter à qui cette fois-ci ? 
-Tu m'en veux toujours. T'es grave. Faut apprendre à oublier et à pardonner. Enfin bref, ce n'est pas ça que je suis venu te dire. J'ai eu Jay au téléphone et j'ai réussi à le convaincre de venir ici pour ses vacances de Pâques. Il débarque lundi.
-Sérieux ? 
-Oui ! 
Il souriait de toutes ses dents. Il était vraiment heureux de ce fait. J'avais l'impression d'avoir le Brian de mes vacances au Texas.
-Ils sont en vacances une semaine avant nous. Je ne suis pas à LA depuis suffisamment longtemps pour savoir quels sont les coins à visiter absolument quand on est un touriste tu vois..
-Je vais jouer les guides. Mais je ne le fais pas pour toi. Uniquement parce que Jay est super gentil. Tu l'as dit à ta mère qu'il arrivait ? 
-Non, j'attends le repas de ce soir. 
-Elle va criser.
-Mais non, t'inquiète. Tu vas voir. Elle va bien le prendre.

Brian attendit le plat principal pour aborder le sujet. Il me regarda en souriant ce qui n'échappa pas à mon père. 
-En fait, j'ai un truc à vous annoncer, je ne vais pas prendre de pincettes..
-Attends. Si tu veux m'annoncer que tu vas être père dans 9 mois, laisse-moi aller chercher une bouteille.
-Non mais ça va pas la tête ! Jay vient pendant ses vacances de Pâques et il débarque ici lundi midi.
-Heu.. Brian, mon chéri, tu ne crois pas que tu aurais pu nous demander la permission avant d'inviter James ? lui répondit sa mère.
-Ça te gêne d'avoir Jay à la maison ?
-Non pas du tout.
-Bah voilà, pas besoin d'en faire tout un foin. 
-Alors d'une, je n'en fais pas tout un foin mais tu te rends compte que toi tu as cours cette semaine ?
-C'est pour ça que je me disais..
-Non Brian.
-Tu n'as pas écouté ce que je voulais dire.

-Tu vas me demander de ne pas aller en cours.
-C'est une semaine d'exam Maman. J'en ai pendant 2 jours et demi. Par contre à compter de mercredi après-midi, normalement j'ai un stage de basket, mais si tu pouvais me faire un mot de dispense..
-Donc si j'ai bien compris, tu as invité ton ami à venir alors que tu ne pourras pas t'occuper de lui.
-Bah en fait, c'est un peu ça. Mais il a dit qu'il s'en fichait et qu'il allait jouer les touristes.
-C'est pas cool Brian. Mais bon. J'adore Jay. Il est adorable. Et je pense que ça lui fera de bien de quitter un peu Crowell. Il n'a été qu'à Boston, il me semble. Je vais appeler Littlebee pour connaître ses horaires. Je vais aller le chercher à l'aéroport.
-Je t'aime Maman. 
-Moi je suis super content de voir Jay, dit Tom. Je l'aime bien. Il est toujours gentil avec moi. 
-Je lui laisserai ma voiture pour qu'il puisse circuler cette semaine, dis-je. 
Brian me fixa avec surprise.
-Pourquoi tu ferais ça ?
-Parce qu'il est sympa et qu'il va avoir besoin ou envie de circuler et que ma voiture se gare partout..
-Et s'il accidente ta voiture ? 
-Il vaut mieux qu'il accidente une voiture neuve qu'une voiture qui ne l'est pas. 
-Tu es entrain de dire que ma Batmobile est vieille ?
-Non, je dis simplement que la mienne est neuve, elle n'a pas 6 mois. Je la trouve super choupinette ta voiture. 
-Bah vu que ton niveau de goût en ce qui concerne le beau est à peu près le même que celui d'une huître, je ne sais pas quoi en penser ?
Je lui balançai de la purée dessus. Mon père sursauta.
-Tu sais que tu as de la chance d'être une fille ? Sinon je t'aurais collé mon poing dans la gueule.
-Brian ! Sarah ! Vous arrêtez maintenant. Pourriez-vous passer ne serait-ce que 5 minutes sans vous insulter ou vous bagarrer ?
-Si ton fils arrête d'être un con, oui sûrement.
-Et si ta pouffiasse de belle-fille arrête de dire que je suis un con, peut-être que ça marchera.
-Bah écoute, c'est la vérité, et en plus tu es un traître.
-Tu veux vraiment qu'on en parle maintenant ?
-Bah vas-y maintenant que tout le lycée est au courant.
-MAIS TOUT LE LYCÉE N'EST PAS AU COURANT OKAY, Y'A JUSTE PAUL.
-MAIS TU COMPRENDS PAS QUE PAUL, C'EST DÉJÀ TROP ????

Je lui lançais l'eau que j'avais dans mon verre à la tête et je quittais la table. De toute façon, mon père n'allait pas tarder à me dire d'aller me calmer dans le jardin. Ce fut Mary qui me suivit.
-Je peux savoir ce que tu as ? Tu es irascible ce n'est pas possible. Qu'est-ce qu'a encore fait Brian ?
-Je lui ai raconté un secret et il l'a répété. Alors oui, je suis énervée et je dis ce que je pense parce que ma psy m'a dit de le faire. 
-Tu peux lui dire ce que tu penses mais ce n'était ni le lieu, ni le moment de le faire. Tu te rends compte de l'exemple que tu donnes à Tom ? 
-Je n'ai pas à être un modèle pour Tom.
-Et pourtant tu l'es. Alors je te prie de retourner à table et de régler ce problème de manière civilisée.
Je lui obéis. Je retournai à table. Brian avait l'air ridicule avec son T-shirt trempé. Quand je le vis, je me mis à rire. Il me fusilla du regard mais le bord droit de sa lèvre commença à se relever et il baissa la tête pour ne pas que je vois qu'il était entrain de rire.

-Tu as l'air tellement ridicule avec la purée à la flotte. 
-Ouais un peu
Il se mit à rire et il retira son T-shirt.
-Heu Brian, tu ne veux pas non plus te mettre nu ? fit sa mère en revenant de la cuisine.
-Bah écoute, on est en famille, si je peux pas rester les pecs à l'air, je vois pas l'intérêt hein. 
-Je suis d'accord avec Brian, fit Tom en retirant son pull. 
-Je passe personnellement, rétorqua mon père. Je ne veux pas vous donner de complexe les garçons.
-Genre, tu nous filerais des complexes.
-Pourquoi je ne me trimballe jamais torse nu à ton avis ?

-Parce que tu n'aimes pas ton corps ? 
Mon père leva un sourcil et retira son pull sous le soupir exaspéré de ma belle-mère. Brian resta bouche bée. Mon père avait un corps parfait, bien dessiné et musclé. 
-J'adore mon corps et même si je n'aimais pas mon corps, ta mère l'aime pour moi alors je pense que je n'ai aucun souci.
-Putain je veux être gaulé comme toi à ton âge canonique. 
-Mon âge canonique et moi ont t'em..
-Okay ! fit Mary l'empêchant de continuer. Fini les machos, vous pouvez vous rhabiller ? Est-ce que moi je me trimballe en soutien-gorge.
-Bah maintenant qu'on en parle, tu t'es vachement calmée depuis qu'on habite ici, répondit Brian. Mais c'est vrai, en général on te voyait plus en petite culotte entrain de danser sur la table du salon en te prenant pour une rock-star.
Tom éclata de rire et Mary devint rouge. 
-C'est pas vrai, je l'ai fait qu'une seule fois..
-Par semaine. Tous les jeudis. 
-Mais non pas tous les jeudis.. si ? C'est ce que je faisais ? 
-Brian a raison Maman et après on mangeait des lasagnes. C'était drôle.

Mary grimaça, elle avait un peu honte mais mon père la regardait avec un amour tel.. clairement, il aurait adoré la voir se trémousser en culotte sur la table. D'ailleurs, c'est ce qu'il lui dit après le dîner alors qu'ils étaient tous les deux. Je ne voulais pas les déranger alors j'étais restée un peu en retrait. Mary était assise sur mon père et il la tenait par les hanches.
-Qu'est-ce que tu as mon amour ? Tu m'as l'air exténué.
-J'ai eu une journée difficile Mary. Tu sais ce qu'on va faire ? Tu vas rester avec les enfants, regarder un film pendant que je vais piquer un somme et quand tu viendras me rejoindre, je te ferai passer la nuit la plus torride que tu n'as jamais eu.
Mon père avait vraiment dit ça ??? Oh mon Dieu. J'avais l'impression d'avoir un tout nouveau père. Je ne l'avais jamais entendu être aussi explicite. Ou alors je ne m'en souvenais pas.
-Ah ouais ? rétorqua Mary. Tu vas devoir faire très très fort. 
-J'ai de très bonnes idées, autant te le dire, demain, on se lèvera très très tard.
Il la bascula sur le côté, l'embrassa et se leva. Je fis mine d'arriver alors que j'étais entrain de les regarder, en les trouvant tellement mignons !! 
-Qu'est-ce que tu as Sarah ?
-J'aimerai.. j'aimerai avoir un mari aussi bien que toi quand je serai grande.. je veux dire adulte.
-Tu le trouveras sweetie. Tu viens avec moi deux secondes ? Je vais regarder si tu as encore des traces de bleus.
Depuis que l'autre pouffe m'avait frappée dans les vestiaires, mon père m'examinait régulièrement. Je comprenais son inquiétude mais parfois, ça me saoulait juste. 
-Dis-moi Papa, tu ne vois pas d'inconvénient à ce que Jay vienne n'est-ce pas ? Brian vous a mis sur le fait accompli mais..
-Écoute ma chérie, j'ai beaucoup apprécié Littlebee. Ils n'ont clairement pas notre chance et c'est un plaisir pour moi de procurer un peu de bonheur à ce garçon. D'autant plus que Brian est heureux. Et j'aime quand ma famille est heureuse. Je suis sûr que ça va te faire du bien aussi.
-Je vais te laisser te reposer, tu as l'air crevé. On parlera demain. Bonne nuit Papa.
Je descendis pour rejoindre Mary. Brian n'était pas là, il avait demandé la permission pour se rendre chez Alexandra. 
-Et moi si je demande à aller chez les McDust, tu accepterais ?
-Oui. Mais Marc n'est pas là ce week-end, tu me l'as dit hier. On regarde un film ou une série ?
-Une série. Tu connais About a boy ? J'ai vu le synopsis, ça a l'air bien.
Et c'était super bien. Quand Brian rentra, trois heures plus tard, nous étions hilares sur le canapé. Je finis par pousser Mary hors du salon. Elle avait droit à sa nuit torride elle-aussi. Brian prit la place de sa mère.

-Jay m'a dit qu'il était ravi de te revoir. Je crois qu'il a un faible pour tes yeux verts. 
-Mais non, il est super gentil c'est tout. Il a dit ça pour être poli, j'en suis certaine. Est-ce que tu crois qu'il a déjà vu la mer ? 
-Heu.. je ne sais pas s'il est resté suffisamment longtemps à Boston pour la voir. 
-Alors on devrait passer la fin de la semaine à Malibu. Je pense que Papa n'y verra pas d'inconvénient. Bon, Tom sera jaloux mais.. ce serait cool, nan ?
-C'est clair. Ce serait juste génial. Mais ne lui dis rien, on lui fera la surprise ! 
-Tu lui feras la surprise, c'est ton ami.
-C'est mon meilleur et mon plus ancien ami, plus exactement.
-Je pensais que c'était Paul ton meilleur ami.
-Oui, enfin.. non.. Je ne sais pas. Est-ce qu'on peut avoir plusieurs meilleurs amis ? Jay a toujours été là pour moi, depuis ma plus tendre enfance. C'est une partie de moi; Comme Sophie avec toi. Mais Paul, on se comprend sans avoir besoin de parler. C'est plus qu'un simple ami, alors oui je crois que c'est mon meilleur ami. J'ai l'impression d'avoir plusieurs vies parfois.
-Moi aussi. Tu sais que parfois, je regrette de ne pas être restée au Texas. On s'entendait vraiment bien loin de chez nous. Pourquoi on ne s'entend que lorsqu'on est loin de chez nous ou alors quand tout le monde est endormi ?
-Parce qu'il n'y a pas de témoins. Je suis un performer, tu es une loser. On n'est pas du même monde Petit Bateau. C'est notre rôle d'être comme ça. Et puis c'est amusant non ? De se détester comme ça alors que dans le fond on.. Maman ? Tu sais qu'on est là encore ? c'est pas que ton corps de déesse me révulse mais.. tu es encore en sous-vêtements.
-J'ai oublié mon iPad, je ne peux pas lire. 
Brian lui tendit et moi je ne pouvais détacher mes yeux de son corps de déesse.Et dire que cette femme avait eu deux enfants. Qui pouvait le croire avec son corps de jeune première ? Brian suivit sa mère et nous ne pûmes pas terminer notre conversation. dans le fond, on.. ? Que voulait-il dire ? Qu'on s'entendait bien ? C'est vrai que nous nous entendions bien quand il n'était pas un gros relou méchant. Ce qui arrivait 90% des fois. Je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Le temps passait encore et encore et moi j'étais là, à fixer le plafond, jusqu'à ce qu'il soit l'heure de prendre mon téléphone pour appeler Chuck. J'avais envie de l'entendre.

-Ouaaaaais.
-C'est moi.
-Salut. Tu sais qu'il est tôt ?
-J'avais juste envie d'entendre ta voix, je n'ai pas réussi à dormir. 
-Ah mince. Tu veux que je te chante une chanson.

-Comme tu veux. En fait, je suis fatiguée mais je pense que je le suis trop. Je n'arrive pas à trouver le sommeil. C'est hyper chiant. 
-Tu as de la chance, mes parents ne sont pas avec moi. Attends, deux secondes. Je te mets en haut-parleur. Est-ce que tu connais la mélodie hongroise ? de Schubert ?
-Non.
-Je vais te jouer le morceau. Tu vas bien aimer. Mais je veux que tu fermes les yeux, et que tu inspires profondément et que tu expires tout aussi profondément. Fais le trois fois de suite, je veux t'entendre.
-Okay.. murmurai-je. 
Je le fis et il commença à jouer et c'était beau. Tellement beau.
-Tu sais quoi Charles, tu joues comme un Dieu. Je suis certaine que ta mère est très fière de toi.
-Elle l'est.
-Elle a raison. Tu as un gars tellement bien. Tu lui fais honneur. 
-Tu commences à t'endormir, je le sens dans ta voix.
-Je veux pas dire mais tu es le seul capable à me faire dormir en 2 minutes et demi.
-Je suis censé le prendre bien ou pas ? commença-t-il à rire.
-Attends deux secondes.
Je l'appelai sur Facetime. Il avait l'air fatigué qu'on peut voir chez quelqu'un réveillé trop tôt. Moi j'avais l'air d'un zombie. Je lui dis d'ailleurs.
-Alors je trouve les zombies très sexy. Je ne savais pas que j'avais une tendance nécrophile. Merci de me l'avoir fait remarquer. Bref, j'ai compris, je dois le prendre pour un compliment. Mais je suis certain que tu n'as pas essayé d'appeler ton petit-ami.
-Non c'est vrai. Dès que j'ai un problème, c'est toi que j'appelle, va comprendre pourquoi. 
-Tu sais bien pourquoi. Je suis à ta disposition. On est des amis. 
Je sentis des larmes couler des mes yeux. J'étais crevée.
-Alors tu peux me dire pourquoi quand je suis au lit avec mon petit-ami, il m'arrive de voir ton visage au lieu du sien ?
-Parce qu'on est des amis, qu'on a couché ensemble, que c'était fabuleux et que je suis ton seul point de comparaison. Et puis.. tu n'es pas la seule à y repenser de temps à autres. Tu es exténuée ma pauvre. 
-J'arriverai pas à dormir de toute façon. Je ferai une sieste. Je suis désolée, je t'ai réveillé, c'était pas cool. Merci pour la musique. Bisous Chuck.
Je raccrochai. J'étais pleine de doute, limite, j'aurais pu appeler ma psy. Près d'une heure plus tard, j'entendis mon téléphone vibrer. C'était Chuck.
-Tu ne t'es pas rendormi.
-Non. Je n'ai pas pu.
-Je suis désolée Charles.
-C'est pas grave. Lève-toi et va regarder ce ciel splendide. Ça va te calmer. Il ne pleut pas à LA contrairement à New York.
Il avait raison. Je me levais, j'ouvris ma fenêtre pour admirer le ciel. Il était splendide. Les étoiles brillaient. 
-Tu as raison, il est splendide.
-C'est parce que j'ai toujours raison. Très joli pyjama en fait.
-Très.. quoi ?
Je baissai les yeux vers la rue et je vis Chuck, assis sur le capot d'une splendide Ferrari noire. Il me fit un signe de la main et entreprit de grimper jusqu'à ma fenêtre. Il arriva jusqu'à moi et je sautai dans ses bras. Il me serra fort contre lui. J'inspirai son odeur. Je ne rêvai pas, c'était bien lui. Je me détachai de lui et il souriait de toutes ses dents.

-Qu'est-ce que tu fais là ?
-Je voulais te faire une surprise.. et bien aujourd'hui mais je me suis dit que tu aurais besoin de mes bras pour t'endormir alors j'ai préféré venir un peu avant.
-C'est une très belle surprise de te voir.
J'avais presque envie de pleurer tellement j'étais heureuse de le revoir. 
-Très jolie ta chambre. Est-ce que je peux enlever mon manteau ? Ne pleure pas.. c'est juste moi, ajouta-t-il en posant son manteau sur mon fauteuil. 
-Mais juste toi, c'est juste merveilleux Charles.
Il posa ses lèvres sur le haut de mon crâne et il s'allongea près de moi après avoir vérifié que la porte était fermée. Je me blottis contre lui. Je ne savais pas si ce que je faisais était mal vis à vis de Marc, mais dans le fond, je dormais bien avec Brian, ce n'était pas pour ça que je le trompais..
-Je vais rester jusqu'à ce que tu t'endormes.
-Tu vas les chasser ?
-Je vais chasser tous les vilains monstres, je te le promets. Ferme tes yeux. 
Il me chanta une chanson et je ne tardais pas m'endormir. Il était la douceur personnifiée. Je n'avais jamais entendu une histoire pareille.. il était venu me border. Quand je me réveillais le lendemain, il était parti par ma fenêtre. Il y avait un mot sur un post-it. Super nuit, rappelle-moi. Il était bête, cela me fit rire. Il était presque midi. Je ne savais pas quand il était parti. Je croisais Brian dans les couloirs. Il me regarda d'un air goguenard.
-Moi qui pensais que Marc n'était pas là ce week-end.. il a quand même trouvé le moyen de se ramener. C'est cute. 
Je ne lui répondis pas et je filais dans la salle de bain de l'étage. Il m'avait entendu avec Chuck. Il fallait que je le fasse taire avant qu'il ne cause un problème. Je me lavai rapidement et je l'attrapai alors qu'il se rendait dans le salon avec un livre. 
-Ne parle de ça à personne Brian. À personne, tu m'as bien comprise ?
-Pourquoi ça ?
-Je te donne 50$ pour que tu oublies. 
Je lui tendis la monnaie, il la prit et la rangea dans sa poche. 
-Je ne sais même pas de quoi tu parles. Tu as vu le nouveau livre que ton père m'a offert l'autre jour ? Je te le passerai si tu veux après.
-Pourquoi Papa t'offre des bouquins et pas à moi ? D'ailleurs, ils sont où les autres ? 
-Entrain de faire des courses. Et je lis plus que toi.
-Non, je lis dans ma chambre avant de m'endormir.
-Et moi je lis tout le temps. Par contre, si tu pouvais lui demander de t'acheter la saga de Marissa Meyer ce serait cool. J'ai envie de les lire mais c'est sûrement catalogué dans les livres pour fille alors...
-La saga.. tu parles de The Lunar Chronicles ?
-Oui.
-Je les ai déjà. J'adore, j'ai pas le dernier par contre. Tu peux me les piquer, je te pique des livres tout le temps.

Brian se mit à sourire et me remercia avec gentillesse. Nos parents nous retrouvèrent sur le canapé, chacun avec un livre à la main, avec la musique de Hoobastank à fond.
-Vous êtes tellement mignons tous les deux, fit Mary. 
Elle était chargée et je l'aidais à emmener les courses dans la cuisine.
-Où est Papa ? et Tom ?
-Ils se sont fait choper par la voisine; 
-Est-ce que j'ai la permission d'aller voir Charles cet après-midi ?
-Charles.. Grasset ?
-Oui. Il est à Los Angeles, et si éventuellement il n'est pas trop occupé, je serai bien allée le voir.
-Bien sûr que tu peux. Tu lui diras bonjour de ma part, j'adore ce garçon. 
-Quel garçon ? fit mon père en arrivant derrière.

-Charles. 
-Tu l'as rencontré à Seattle.
-Ah oui, très bien élevé ce garçon. Qu'est-ce qu'il a ?
-Il est à Los Angeles et Sarah voudrait passer un moment avec lui cet après-midi.
-Comme tu veux ma chérie, j'ai un rendez-vous cet après-midi à l'hôpital. Tu vois ça avec Mary. Ma chérie, je vais m'occuper du saumon.
-Mais..
-Tu cuisines tout le temps ma belle. Va profiter des enfants. 
-Papa a raison. Je vais l'aider à cuisiner. File. 
Mon père me demanda d'écosser des petits pois. 
-Papa ? Je n'ai plus d'argent. Tu penses que je pourrais avoir une avance sur argent de poche ?
-Tu n'as plus d'argent ?
-Avec Sophie on a beaucoup mangé à l'extérieur. 
Je ne pouvais pas lui dire que j'avais filé 150$ à Brian. 
-Okay. 
-Et puis je voudrais m'acheter la suite de Marissa Meyer sur Amazon. Tu penses que je peux prendre ta carte ?
-Tu vas le faire même si je te dis non de toute façon. 
-Non, si tu me dis non, j'attendrai la semaine prochaine.
-Tu es incorrigible mais je ne te changerai pour rien au monde. Je suis content que tes séances avec Cooper te redonnent le sourire.

-Je suis heureuse. Je crois que j'avais perdu de vue une chose essentielle, tu sais ce que c'est ?
-Non. 
-Qu'on m'aimait comme j'étais. Qu'on m'aimait moi avec mes défauts, avec toutes mes imperfections, mes trop nombreuses imperfections. Je ne dis pas que je me trouve plus belle que je suis, je ne dis pas que je me suis totalement acceptée telle que je suis mais.. j'avance petit à petit.
Cela me fit bizarre de m'entendre dire ça à voix haute. Je ne l'avais pas dit à ma psy. Et pourtant c'est ce que je ressentais. J'avais oublié l'essentiel. 
-Et puis.. je crois que ça m'a aidé à comprendre que même si toi tu m'aimais parce que j'ai la moitié de tes gênes, Tom lui aussi il m'aime. Alors que nous n'avons aucun lien sanguin. Alors ça veut bien dire que je ne suis pas si horrible que je le pense. Sinon.. il ne m'aimerait pas, n'est-ce pas ?
-Absolument. Et de toute façon, je t'aime uniquement parce que tu es ma fille, ajouta-t-il avec une ironie tellement flagrante qu'elle me fit rire. 
Après le déjeuner, je filai jusqu'à l'hôtel le plus réputé de la ville et je croisais Chuck dans le hall. 
-Salut ! J'allais venir te voir.
-Je suis venue te chercher. Ça te dit d'aller faire un tour à la plage ? 
-Heu.. ouais. Bien sûr. On va remonter dans ma suite par contre, il y a du vent sur la côte d'après la météo de ce matin. Si je me nique la gorge, je vais me faire tuer par mon manager.

-Okay, on remonte.
-Ah oui, en fait, mes parents sont dans la suite, avec un peu de chance, on ne les croisera pas. 
-Je croyais qu'ils n'étaient pas avec toi ?
-Hier, ils sont arrivés ce matin. En fait mon Grand-père a un problème cardiaque et il nous a demandé d'être là pour.. je ne sais pas trop. Je crois qu'il veut que ma mère l'accompagne pour son rendez-vous chez le chirurgien cardiaque.
-C'est normal. Attends.. tu as dit un chirurgien cardiaque ? C'est quoi son nom ?
-Heu.. je ne sais pas je sais que c'est le meilleur. C'est tout. Je n'ai pas posé de questions. Tout ce que je sais c'est que le cardiologue de mon Grand-Père est venu dans cette partie du pays et que mon grand-père l'a suivi. Il habite à San Francisco normalement mais il a fait le déplacement pour le voir et il lui a conseillé le meilleur.
-Et le rendez-vous est quand ? 
-Cet après-midi.
Ça fit tilt dans mon crâne.
-Ton grand-père a rendez-vous avec mon père. Et pour te rassurer parce que je vois bien à ta voix que tu es inquiet, mon père est le meilleur. Il est reconnu pour ça. Je suis certaine que si opération il y a, elle se passera bien. 
Nous arrivâmes devant sa suite et ce que Chuck redoutait, arriva. Je tombais nez à nez avec un Chuck d'une quarantaine d'année en châtain avec des yeux bleus. Son père. Nathan Grasset. Je me sentais toute petite. Il était assis sur un fauteuil en face de nous, il tenait ce qui ressemblait à des partitions en mains et il leva les yeux.
-Charles, tu es déjà revenu.. commença-t-il en français. Bonjour mademoiselle.
-Bonjour monsieur Grasset. 
-Je reviens dans deux minutes Sarah.
Et je vis sa mère aussi, elle était juste derrière, assise sur le canapé. Elle était grande, mince et avait de long cheveux noirs. Elle avait les yeux de son fils. Il était le parfait mélange de ses deux parents.
-Je vous en prie mademoiselle, venez avec nous, fit Nora Stington. 
Elle était tellement belle mais sa beauté était un peu gâtée par l'air froid qu'elle arborait en me regardant de la tête aux pieds. Je regrettai d'avoir mis mon jean et mes converses favorites mais usés tous les deux. Elle était entrain de me juger, je le savais et je me sentis rougir jusqu'aux racines. 
-Papa ? Tu n'as pas vu mon écharpe ? 
-Excusez-moi. 
Il se leva me laissant avec sa femme. Elle était aussi froide que lui chaleureux.
-Je ne vais pas y aller par quatre chemins mademoiselle. Je ne sais pas vraiment ce que vous attendez de mon fils Mais il semble très clair que vous n'aurez pas ce que vous voulez. 
-Je vous demande pardon ?
-Vous n'êtes pas la première fille qui souhaite obtenir de la gloire en sortant avec mon fils. Et si vous envisagiez de tomber enceinte pour le piéger, sachez que je ne serai pas dupe et lui non plus. Il n'est pas stupide. 
-Je ne sais pas vraiment pour qui vous vous prenez pour me parler comme ça alors qu'on ne se connaît ni d'Ève ni d'Adam. 
-Je suis la mère de Charles. Je l'aime et que je ferai tout pour le protéger d'intrigante qui n'en veulent qu'à son nom et à son argent. 
-C'est très honorable de votre part, Madame, je ne dis pas le contraire mais je ne suis pas une petite intrigante comme vous semblez me dépeindre. Je n'ai absolument que faire du nom de Charles, de sa gloire ou encore de son argent.

-Pardon ? 
Je me retournai et je vis Chuck. Il venait de comprendre en me voyant debout, sa mère assise et il commençait à s'énerver très clairement. 
-Attends, tu as encore recommencé. Ça suffit Maman. Ça suffit. Putain. 
-Charles je..
-Tu vas arrêter tout de suite, sinon tu peux être certaine que je prends mes bagages et je me casse. Tu présentes immédiatement tes excuses à Sarah.
Son père se mit à parler rapidement en français à son fils et visiblement c'était destiné à son épouse. Elle lui répondit avec la même verve et c'est alors que je compris l'expression : cette pauvre fille qui n'en veut qu'à sa richesse. Chuck allait répondre mais je le fis.
-Je ne suis pas une pauvre fille qui n'en veut qu'à votre argent Madame. Ma famille est, à n'en pas douter, plus riche que la vôtre ne le sera jamais. Je n'ai pas à rougir de qui je suis ou des miens. Mais je comprends parfaitement que vous protégiez votre fils. Je vais y aller. Ça m'a fait plaisir de te revoir Chuck. 
-Attends moi dans le hall, Sarah. Je fais mes valises, j'arrive. 
Je n'eus pas le temps de partir. Parce que Nora Stington m'arrêta par le bras. Elle ne me regardait plus avec froideur. Mais avec soulagement. 
-Pardonnez-moi mademoiselle. J'ai tellement vu de jeunes filles papillonner autour de mon fils que je me méfie dès qu'il m'en présente une. Je n'aurais pas dû. Je vous prie d'accepter mes excuses. Asseyez-vous. Charles, arrêtes de bouder et sers une tasse de thé à ton invité. 
Elle changeait du tout au tout. Je ne savais pas vraiment sur quel pied danser. Je comprenais pourquoi Chuck ne voulait pas qu'on croise ses parents. Sa mère était assez.. effrayante en réalité. Elle était passée de la mère qui protège son petit à la femme d'une humeur joyeuse. Elle était très étrange. Très émotive sûrement. 
-Et que comptez-vous faire plus tard ?
-Tu ne veux pas non plus son CV ? rétorqua Chuck agacé.
-Je ne sais pas madame Stington. Je n'ai pas encore déterminé. 
-J'aimerai bien savoir comment vous vous êtes rencontré.
-Je suis une amie de Ray.
-Bon, c'est pas tout mais 1, tu dois y aller, et 2, on doit y aller Sarah. 

Il me prit par la main et il me traina dehors, j'eus juste le temps de dire au revoir à ses parents.
-Je suis vraiment désolé. J'ai honte de ma mère parfois, elle est over protectrice. C'est saoulant.
-Je crois qu'elle t'aime plus que tout. Et apparemment, tu as tellement ramené de pétasses à ta mère qu'elle n'en peut plus.
-La dernière, c'était Biz.
-Ah. Tu m'étonnes qu'elle soit protectrice.
-Tu n'aimes pas vraiment Biz toi.
-Je dois te rappeler la façon dont elle m'a traitée cette pétasse ?
-Tu devrais arrêter.
-Arrêter quoi ?
-D'être en colère, je trouve que tu as un petit côté sexy quand tu es en colère et je ne dois pas te trouver sexy, sinon je ne pourrais pas m'enlever de la tête l'envie de t'embrasser et je sais que je n'ai pas le droit. 
-Oh.. Chuck. Je n'ai rien d'autres à t'offrir que mon amitié.
-Si tu savais le nombre de filles que j'ai propulsé dans la Friendzone comme tu viens de le faire, se mit-il à rire. Mais avec les mêmes mots ! On se ressemble plus que je ne pensais. 
-Je t'adore Charles. Tu es capable de rassurer d'une phrase.
-Bon, on va à quelle plage ?
-Et bien, Santa Monica ça te va ? Tu as ta casquette ? Tes lunettes ? Ton écharpe ?
-J'ai préféré un gros sweat au cas où tu n'aurais pas remarqué.
-Non. En effet.

Je conduisis jusqu'à ma plage de Santa Monica, celle où il y avait personne. C'était désert.

-La côte Ouest à du bon, je dois l'avouer. Les plages sont belles de votre côté aussi. 
Il retira ses chaussures, releva son jean et se mit les pieds dans l'eau. Je fis comme lui.
-Elle est super froide, tu n'es pas un peu un malade ?!
-Je serai un malade si je faisais ça...
Il me balança de l'eau dessus et je me mis à crier avant de me venger. Il me souleva dans ses bras alors que j'hurlai de rire. Il était à deux doigts de me balancer dans l'eau. Je m'agrippai à son cou.
-Je t'interdis de me balancer.
-Alors arrête de gigoter, sinon je vais te laisser tomber.
-Lâche-moi, je suis super lourde.
-Non, pas du tout. Mais je vais te lâcher parce que de loin on pourrait penser qu'on est un couple et je ne voudrais pas que tu croises quelqu'un que tu connais. 
-Personne ne vient jamais à Santa Monica, sur cette plage, je veux dire. Mais tu as raison. Lâche-moi maintenant. Ça te dit d'aller faire du vélo.
-Tu parles à mon cœur là Sarah. J'adore faire du vélo. 
Il loua des vélos et nous fîmes la course. Je n'avais jamais entendu un garçon rire autant depuis Ray. Il était hilare, surtout quand il commença à faire des figures avec et qu'il s'éclata au sol. Il commença à pleurer de rire en se relevant.
-Quand j'étais petit, mais tout petit, j'étais un casse-..
-Un casse-couille ? essayai-je.
-Heu.. ouais aussi. Mais je voulais devenir cascadeur. Je me suis pété le bras quand j'avais 5 ans, la jambe quand j'avais 7 ans. Et je me suis calmé après.
-Je suis sûre que tu étais super mignon quand tu étais petit, dis-je alors que nous repartions en balade. 
-Faudrait demander à ma mère; mais elle ne sera pas objective. Il faudrait demander à Owen.
-En fait tu le connais depuis toujours ?
-Keito et Owen. Je les connais depuis mon enfance. On était ensemble en préK
-En prépa ?
-En pré-K. Avant la maternelle quand on avait 3 ans. En fait, comme je suis à moitié français, mon père ne pouvait pas imaginer que je n'aille pas à l'école quand mes cousins à Paris y allaient. Alors.. j'ai été en pré-Kindergarten et j'ai rencontré Owen et Keito à ce moment là.

-Tu as été dans une pre-school pendant 2 ans ? 
-Ouais. J'ai commencé l'école plus tôt que toi.
-C'est pour ça que tu es plus intelligent que moi.
-Mais non Sarah. Je ne suis pas plus intelligent que toi. Mais toi tu fais des blocages parce que tu penses que tu ne comprends rien.

-Toi tu joues les profs particuliers de Ray, c'est sûrement parce que tu es plus intelligent. Il me l'a dit d'ailleurs. Que tu étais une sorte de génie.

-J'ai des facilités mais serait-ce une pointe de jalousie que je décèle ? 
-Non pas vraiment, je demande à Ray quand j'ai un souci.
-Je pensais que c'était ton petit ami ton prof d'algèbre ?
-Pas depuis qu'on s'est fâché à cause de ça; Je pense qu'il ne faut pas mélanger les choses.
-Donc, je pourrais te donner des cours alors, vu que je ne sors pas avec toi.
-Des cours de quoi ?
-De français ?
-Alors, sans vouloir te vexer, j'ai 4 bilingues français à la maison. Et puis Tom a décidé qu'il m'apprendrait à parler en français alors il me parle en français régulièrement et je comprends pas mal d'ailleurs. Quand il parle lentement.

-Dois-je en conclure que je peux te parler en français ?
-Je t'ai jamais entendu me parler français, dis-je en ralentissant pour laisser passer une famille.
-Je peux y.. immédiatement.
-J'ai pas compris le mot avant immédiatement.
-Remédier. Remédier, répéta-t-il avant de me l'épeler.
-Bon j'ai des progrès à faire.
-Je ne t'ai jamais entendu parler français moi non plus.
-Je ne parle pas très bien et j'aime pas.
-So hot. Je trouve, personnellement, continua lentement Chuck dans sa seconde langue maternelle pour que je comprenne tout, que tu as un accent très sexy. 
-Arrête. Tom m'a dit que je parlais mal. 
-Je pense qu'il a dit ça pour que tu continues à lui parler. 
-Tu crois ?
-Oui, je crois. Il se dit que si tu parles parfaitement, il n'aura plus d'occasion de t'apprendre des trucs. C'est tout. 
-Hum. Tu dois avoir raison. 
Mon téléphone sonna. C'était Marc. Je ne savais pas si je devais répondre. Et je ne le fis pas. J'avais envie de passer du temps seule avec Chuck. Je l'avais juste pour moi, ça n'arrivait jamais. 
-Tu pouvais répondre à ton petit ami.
-Il peut me rappeler, je n'ai pas mon Chuck tout le temps avec moi. Alors.. il peut attendre. 
Nous étions arrivés du côté de la Grande roue. Chuck avait remis sa capuche mais de toute façon, il commençait à faire un peu froid. Nous prîmes une glace et nous fîmes un tour de Grande Roue.
-La dernière fois que je suis venue là, c'était avec Brian à son anniversaire. Tu vois la maison là-bas ? Je suis déjà venue là en vacances. 
-C'est super mignon.
-Ray m'a dit qu'on irait dans les Hamptons pendant mon séjour de l'autre côté du pays. Tu devrais venir avec nous.
-Je pense que Ray t'a invité dans ma maison de toute façon.
-Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
-Mes parents ont une maison et.. elle donne sur la plage, si tu veux profiter de ton séjour, ma maison sera mieux que l'appartement de ses parents. enfin.. je dis ça.. en général, il finit chez moi.
-Avec plaisir. Mais autant te le dire, je veux une chambre qui donne sur la plage.
-Je te passerai la mienne avec plaisir. Je ne vois pas quel gars ne voudrait pas qu'une fille dorme à moitié nue dans ses draps. 

Je piquais un fard et il éclata de rire. C'était mal de se moquer de moi comme ça. Je le tapai mais je finis par poser ma tête sur lui. Son téléphone vibra.
-Excuse-moi deux secondes. Oui Papa. Chez Grand-Père. Heu.. oui, envoie moi l'adresse par SMS. Non, on ne sera pas rentré pour que je vienne avec vous. Oui. Salut. Désolé.
-Je peux te raccompagner jusqu'à l'hôpital si tu veux.. 
-Tu n'es pas si nulle que ça en français.
-Pas si nulle. Mais vraiment, on peut rentrer. J'ai passé un après-midi absolument super avec toi mais tu as le droit de profiter de ta famille tu sais. C'est pas interdit.
-Mais Sarah, on repart demain matin.. enfin vers midi. On n'aura pas le temps de se voir autrement. 
-Mais tu es là pour ton Grand-Père, pas pour moi Chuck.
-Okay. Je peux comprendre que tu as autre chose à faire.
-Oh non pas du tout. Mais déjà que ta mère ne semble pas beaucoup m'aimer alors si..
-Elle a sur réagi. J'en suis désolé. Vraiment mais je crois que quand elle a compris qu'on était du même niveau social, elle t'a vachement plus appréciée. Et puis elle ne te connait pas non plus. Je ne pense pas qu'elle pourrait te détester. 
-Tu as pas l'air très sûr de toi mec.
-Elle a supporté Biz. Elle ne peut que t'aimer. La prochaine fois que tu la vois demande lui quand elle compte faire un concert sur la côte Ouest. Elle va t'adorer après ça.
-Tu n'aurais pas pu me dire ça avant que je lui parle n'importe comment ?
-Tu l'as remise à sa place, tu as bien fait, et puis.. franchement Sarah. Elle n'a pas la langue dans sa poche. De toute façon c'était de ma faute. J'aurais dû te présenter à elle. Tout de suite j'aurais dit que tu es la fille de Mary Miller, ça serait passé crème.
-J'avoue.
-Tu sais quoi ? voilà ce que je propose. Je vais voir mon grand-père et comme on va sûrement rester dîner là-bas, on va au cinéma après ? Je passe te prendre.
-Okay. DE toute façon Mary t'adore et Papa aussi, ils me laisseront sortir.

J'avais tellement hâte que ce fût le premier truc que je demandai aux parents en revenant.
-Est-ce que je peux aller au cinéma ce soir ?

-Avec Marc ? me demanda Mary tout en sortant du four une fournée de ses petits gâteaux à l'amande que j'aimais tellement.
-Non, avec Charles. 
-Oui bien sûr. Il va bien ?

-Très bien. Il te salue d'ailleurs mais.. sa mère ne m'aime pas, je suis sûre.
Je lui racontais ce qu'il s'était passée et elle fut désolée pour moi.
-Nora est.. lunatique. Mais je pense qu'elle a vu que tu étais sincère et elle apprécie la sincérité. Ne t'inquiète pas. 
-Tu pourras me montrer comment tu fais ta recette ? 
-Oui avec plaisir. Dis-moi, tu étais au courant pour James ?
-Il me l'a dit avant le dîner. Mais tu sais, je suis contente. D'ailleurs, je pense qu'on devrait le mettre dans la chambre juste à côté de la votre. Qu'il ait sa propre chambre. 
-Oui, tu as raison. J'y ai pensé aussi, d'ailleurs, tu pourrais dire à Brian de changer les draps et de faire le lit ? S'il te dit quoi que ce soit rappelle-lui que c'est son ami. Tu peux me ramener mon téléphone en redescendant ? Je dois appeler Littlebee.

Brian était dans la chambre de son frère entrain de l'aider à ranger son linge, ils étaient entrain de rire tous les deux. Tom était entrain de balayer le sol.
-Brian, ta mère veut que tu changes les draps de la chambre de l'étage, que tu les descendes et que tu refasses le lit comme ce sera la chambre de Jay.
-Tu ne peux pas le faire sérieusement ?
-Pardon ?
-Tu ne vois pas que je suis occupé ? Et puis, tu es une fille, c'est tout à fait le genre de choses que vous savez faire à la perfection, faire les lits. 
Je ne répondis même pas et je descendis les escaliers. Mary appela Littlebee.
-Salut cowboy. Désolée de ne pas t'avoir appelé plutôt buddy. Oui.. oui il m'a prévenue hier. Ah toi aussi ? Charmant. Mais je les laisse faire, ce sont presque des adultes. C'est pour ça que j'ai dit presque ! Mais tu sais que tu aurais pu venir aussi. 
Elle me fit signe de continuer les gâteaux.
-Je m'en doute. Ouuuuuuui. Évidemment. Je prendrai bien soin de lui, tu sais que c'est presque mon fils de toute façon. Je ne me fais pas de souci, il se comportera très bien, tu as fait un très bon boulot avec lui. Tu peux juste me dire l'horaire d'arrivée ? Oui je veux bien. Sarah ma chérie, tu peux me servir un coca, j'en meurs d'envie. 
-Tu as envie d'un coca ? 
What the Fuck ? Mary boire un soda. Je lui servis et elle en avala une gorgée.
-Je suis entrain de foutre en l'air une séance de sport mais je m'en fous. J'en avais trop envie. Salut Junior. Oui très bien et toi ? Hier soir. Oui. Oh James, c'est un vrai plaisir de t'avoir à la maison. Mais non, ne t'inquiète pas mon petit. Oui. Par contre je viendrai te chercher à l'aéroport, il faut que tu me donnes les horaires d'arrivée. Oui.. Sarah sweet heart, donne-moi le papier juste à côté de toi. Oui. Je t'écoute. Hum. Okay, c'est bon. En fait, il fait beau ici alors ne sors pas les gros pull d'hiver d'accord ? Oui, moi aussi, on se voit lundi. Repasse-moi ton père s'il-te-plaît. Attends, je te mets en haut parleur, je suis entrain de cuisiner. 
-Junior, tu peux aller emprunter un citron chez la voisine ? Tu lui emportes la boîte d'œufs. Je suis tout à toi Mary. Qu'est-ce que tu veux me dire de si important ?
-Est-ce que tout va bien chez vous ? J'ai l'impression que vous me cachez un truc. 
-Mais non voyons.
-Littlebee.. 
-Écoute, c'est juste que.. je pensais avoir un chantier et finalement, on m'a fait un plan de pute, c'est tout. Je suis ravi que tu prennes mon fils quelques jours honnêtement. Il me ressemble beaucoup trop. Il intériorise trop et je sais qu'il parle à Brian. Il ne parle qu'à ton fils. Alors.. ça lui fera du bien.
-James. Tu veux que je te prête de l'argent ? 
-Non mais Mary tu as pété une durite ou quoi ? Je ne veux pas de ta charité.
-Ce n'est pas de la charité Littlebee. C'est du partage. On se connait depuis toujours toi et moi. Il ne faut pas que tu te sentes gêné de me demander quoi que ce soit.
-Je.. je ferai comme si tu n'avais rien dit, je ne veux pas qu'on brise une amitié aussi vieille. Et oui, je sais que je suis orgueilleux. Tu l'es aussi Mary Miller. 
-Oui. Je sais. mais.. quand j'ai eu besoin d'aide, je me suis tournée vers toi et tu n'as pas hésité à m'aider, sache que la réciproque est vraie. Je t'aiderai quoi que tu me demandes de faire.
-Tu pourrais tuer la mère de mon fils ?

-Quoi ?
-La mère de mon fils qui m'a envoyé un mail, je te demande si tu peux la rouer de coups pendant que moi je roulerai sur le père de tes garçons avec ma voiture. 
-Ça me va. Raconte cette histoire...
Mary me fit signe de quitter la cuisine au moment où ça devenait intéressant. Je pris un bain, un bon bain tellement chaud que ma peau devint rouge. Et quand Brian arriva pour me dire de venir dîner, il s'arrêta.

-Sarah l'écrevisse. Enfin la crevette, y'a pas beaucoup de chair. Viens manger. Et tu devrais peut-être penser à mettre de la pommade, tu es brûlée je pense.
-Mais non et dégage, tu es entrain de faire entrer de l'air. J'ai froid.
Je descendis et je le fusillais du regard; Il avait cuisiné. Je lui en voulais moins. Papa était là lui aussi. Il m'attrapa par la main et m'assit sur lui alors qu'il parlait avec Mary. 
-Tu sors ce soir ?
-Je vais au cinéma. Pourquoi tu me dis ça ?
-Je me demandais pourquoi tu t'étais maquillée. Ça te va très bien je trouve. Tu es magnifique au naturel mais je dois avouer que tu as réussi à faire ressortir la couleur tes yeux de manière particulièrement intense..
-C'est grâce à Brian.
-Pardon ? Qu'est-ce que j'ai fait ?
Je ne l'avais pas vu. Il était derrière l'ilot central entrain de finir son plat.
-Tu m'as dit que je devais mettre du prune pour faire ressortir mes yeux.
-Oui enfin, quand on a des beaux yeux, on a des beaux yeux, tous les fards du monde n'y changeront rien. Tom, le couvert ! cria-t-il à l'intention de son petit frère. 
-J'ai pas envie !!! 
-Thomas ! tu mets le couvert, un point c'est tout. Ne discute pas ! 
Tom arriva en trainant du pied. Il fusilla son frère du regard.
-Je t'aime pas. 
-Ce n'est pas gentil de dire ça Thomas, répondit mon père dans la langue de Molière. 
-Il me donne toujours des ordres ! 
-C'est Brian, dis-je au petit garçon, il donne toujours des ordres. 
Tom me sourit. 
-Je trouve que tu t'es amélioré en français. C'est bien. Je suis un bon professeur. Tu as appelé ta tante ? Je crois que tu dois l'appeler tous les jours.
-Heu non, pas ce soir, répondit mon père précipitamment alors que j'acquiesçais. James et Valentina ont une soirée tous les deux, ne va pas les déranger. Je crois qu'il a déjà interdit, insista mon père, à ta grand-mère de les appeler sauf au cas d'extrême urgence. 
-Ah ouais. Où est Mary ?
-Elle revient, répondit Brian. Tiens, si tu servais à quelque chose Sarah. Tu peux mettre les dessous de plat ?
-Je suis pas ta bonne, demande-le moi gentiment. 
-T'es sérieuse ? 
-Oui.
-Thomas ! Oublie pas les dessous de plat ! je ne vois pas pourquoi je serai poli alors que je peux me faire obéir. John, goûte. Tu penses que c'est trop fort pour Tom.
Mon père goûta et il secoua la tête.
-Tu fais quoi ? Oh des crevettes ! 
-Oui, tes congénères.
-Brian.

Mon père n'avait pas besoin d'élever la voix pour se faire obéir. C'était quelque chose que j'avais toujours apprécié chez lui. Brian sourit néanmoins.

-Elle s'est cramée avec son bain, tu aurais dû la voir, une écrevisse, or, comme elle est petite et fluette.. crevette ça lui allait bien. Ce n'était pas une insulte, crois-le bien. 
Mon père le crut parce qu'il l'avait regardé droit dans les yeux. 
-En plus, ce sont des gambas. C'est un risotto aux gambas et à l'Ossau-Iraty. 
-Je peux goûter ? 
Il me tendit une fourchette. C'était ultra bon.
-Oh la vache. Ça déchire. 
-J'en avais jamais fait en plus, répondit-il avec fierté. C'est une première. Tiens Maman, goûte ça.
Mary ouvrit la bouche et posa la bouteille de vin blanc sur la cuisine. 
-Squisito. Sarah, Brian vous voulez goûter le vin avec nous ?
-Heu non merci, dis-je alors que Brian acceptait. Je sors ce soir, je ne préfère pas avoir envie de vomir.
Mon père s'occupa de la bouteille et en servit un fond à Brian. Ce dernier plissa des yeux en le goûtant.
-J'ai l'impression qu'il est un peu sucré. C'est moi ou..
-Il est un peu sucré. Tu sais que j'adore quand c'est comme ça. Est-ce que tu es certaine de ne pas vouloir goûter Sarah ? 
Je pris le verre de mon père et j'humais. J'avais l'impression qu'il y avait un côté fleuri. C'était étrange. Je le goûtais.
-Rose. Il a goût de litchis. C'est un.. Chardonnay ? demandai-je en regardant Mary qui acquiesça. C'est pas mal mais je préfèrerai quand même un soda. Non pas de soda, c'est mauvais pour ma ligne.
-Quelle ligne ? demanda Brian. T'es gaulée comme une crêpe.
-BRIAN ! s'écria sa mère. ÇA SUFFIT. 
-Non mais Mary, ça fait des mois qu'il me dit ça, je suis habituée, je ne l'écoute plus.De toute façon, tout le monde sait que Brian adore les crêpes. Alors il vaut mieux prendre ça pour un compliment.
-Est-ce que j'ai dit le contraire ? Que c'était une insulte ? Non. Alors on se calme, le repas est prêt. 
C'était divin et quand Chuck arriva, je ne pus que lui parler de ce fameux risotto.

-Est-ce que tu sais cuisiner ? Lui demandai-je alors que je montais dans sa Ferrari noire.
-Oui, mais je le fais pas souvent. Nous avons un cuisinier à la maison. Mais, comme tout bon français qui se respecte, je sais faire des croque-monsieur. 
-Lol, tout le monde sait faire un croque monsieur.
-À la façon de Philippe Conticini ?
-Qui ?
-Tu connais les verrines ?
-Bah oui, évidemment.
-C'est lui qui les a inventé.
-Tu déconnes ???? 
-Non pas du tout. Et bah j'ai sa recette des croque monsieur, et ça déchire sa race. Si je puis me permettre l'expression. Une tuuuerie. Je t'en ferai quand tu viendras. Les mecs les adorent. 
-Volontiers. Si j'avais su cela, je t'aurais invité dans l'appart de Papa pour que tu me fasses à manger.
-Je ne sais pas si ça aurait été une bonne idée de rester en tête avec moi dans un appartement. Sans tes parents à côté.. Je peux avoir des idées assez pourries.
-Je crois que tu es suffisamment bien élevé pour ne pas me sauter dessus.
-Je parlais de la musique à fond. J'adore ça. Écoutez du classique à fond. Ça te fait vibrer. 
Je rougis et il décréta que j'étais mignonne comme tout. Il me pinça la joue et nous arrivâmes devant le cinéma. C'était un vieux film. Une vierge sur canapé. Un film hilarant. Chuck pleurait à moitié de rire. Il était plongé dans le film. Il me prit la main et posa un bisou dessus.
-Si tu savais depuis le nombre de semaines voir de mois que je ne suis pas allé au cinéma. Je crois que j'ai passé avec toi l'après-midi le plus détendu depuis des lustres. Merci. Tu me disais il y a quelques jours que tu ne faisais rien pour moi mais c'est faux Sarah. Ça, c'est énorme pour moi. Vraiment énorme. 
Il m'embrassa sur la joue. C'était tout mignon. Nous allâmes dans sa suite après ça. Pour regarder un autre film. Ce n'était pas un film d'horreur mais une comédie. Et je m'endormis pendant le film comme une masse.
-Je vais te raccompagner Sarah, me dit Chuck en me réveillant au passage.
-Mais non, fit la voix de son père achevant de me ramener à la réalité, laisse-la dormir dans ton lit, agis comme un gentilhomme Charles. 
-Bonsoir monsieur. Je suis désolée de t'avoir écrasé Chuck. Je vais prendre un taxi, dis-je en m'étirant. Tu prends l'avion tôt demain.
-Mais non voyons, je te ramène. 
-C'est pas la première fois que je prends le taxi. 
-Je ne te laisse pas prendre le taxi, ta belle-mère va dire après que je suis inconscient. Allez debout. Tu habites à 10 minutes d'ici. On y va Papa.
Le père de Chuck me serra la main et excusa son épouse qui était exténuée. 
-Ce n'est pas grave monsieur. Merci de votre hospitalité. 
Il me fit un grand sourire et me répondit.. en français. J'avais parlé en français ? Je n'avais pas remarqué. Tom avait raison, je devais m'améliorer. Chuck me raccompagna pratiquement jusqu'à ma porte. C'était gentil. Nous étions tous les deux dans sa voiture devant ma maison.
-Je pense que tu n'auras aucun souci à t'endormir cette fois, tu as l'air claquée. 
-C'est vrai. J'ai passé une super journée. Je pense que mes batteries sont remontées là. 
-J'espère bien. En tout cas j'ai adoré cette balade cet après-midi. Ça faisait longtemps que je n'avais pas été sans photographes accrochés à mes pompes. Sarah ? Dis-moi, est-ce que tu accepterais que je t'embrasse ? 
-Tu me demandes la permission ? 
-Je ne veux pas te mettre mal à l'aise, on est devant ta porte d'entrée.
-Tu es mignon tu le sais ? 
Il s'approcha de moi et déposa un baiser sage sur ma joue. Du moins, c'était son intention première mais comme je tournais la tête à ce moment là, le baiser qu'il déposa fut plus près de mes lèvres que prévu. Et je ne pus m'empêcher de glisser mes lèvres sur les siennes. 
-Tu sais que c'est mal, me dit-il amusé.
-Oui.

Je me détachais de lui et je lui fis la bise. 
-Ça m'a fait vraiment plaisir de passer un peu de temps avec toi buddy. La prochaine fois, tu n'aurais qu'à venir avec Clive et moi, on va se faire l'intégrale du Hobbit.
-Carrément.
-Rentre bien chez toi. Tu m'appelles demain matin avant de partir ?
-Ouais. D'ailleurs.. à ce propos. Ça te dit que je vienne te chercher à 6h ? On ira se prendre un petit déjeuner quelque part ?
Je souris et j'acceptai. Je rentrai chez moi avec un grand sourire sur les lèvres. Cela n'échappa à pas à Brian et à Tom. Ni à mon père. Ni à Paul et Benjamin McDust. Ni à Nicholas Harper et à mes oncles. Qu'est-ce qu'ils faisaient là ? Ils étaient entrain de regarder un match, apparemment. Y'avait de la bière, des chips et huit regards tournés vers moi. 
-Mary est..
-Dans mon bureau. Avec Line et Adèle. Giulia dort. Tu as passé une bonne soirée avec ton ami ?
-Ah ouais grave. Je vais avec les filles.
Elles étaient entrain de rire, assises sur les canapé et fauteuil. Elles avaient attaqué le bourbon apparemment.
-Salut Sarah. Entre ! Tu as passé un bon moment avec Charles ?
-Ah oui. Très bon moment. Je peux goûter ? 
Mary me tendit son verre et je m'assis à côté d'elle. C'était fort et pas bon.
-Vous parliez de quoi ?
-Des premiers gars avec qui on a couché. C'est pas glorieux.
-C'est le moins qu'on puisse dire, pleura de rire Line McDust. Tu as fait quoi de beau avec ton ami ?
-On a été voir une vierge sur canapé au ciné. C'était génial. Je peux rester avec vous ? Vous pouvez continuer à parler de sexe hein..
-Mais on n'en avait bien l'intention ! me répondit la mère de Sophie. D'ailleurs Mary, c'était ton tour.

-Oh, bah.. si je m'étais basée sur cette malheureuse expérience pour construire mes vies amoureuses, ça n'aurait pas été très.. amusant, pouffa-t-elle. Sam Parkson.
-Comme Littlebee ? dis-je.
-Son cousin. C'était fini en 2 minutes montre en main et il a eu le culot de me dire : c'était super, on recommence quand tu veux. J'avais juste envie de lui dire que c'était un éjaculateur précoce et un goujat. Je veux dire. Pourquoi certains mecs sont aussi cons ? 
-Parce que ce sont des cons. Je ne crois pas que cela ait un rapport avec le fait que ce soit des mecs ou pas Mary, répondis-je en allant me prendre un coca dans la mini-réfrigérateur de mon père. Un con est un con. C'est tout.
-C'est vrai. J'espère simplement que mon fils n'est pas un con.
-Oh non pas du tout. Par contre la copine de Paul, si. 
-Ne me parle pas d'elle !! Pourquoi mon fils s'est amouraché de cette petite peste ???? Je ne comprends pas ! Alors que Sophie et toi étiez toutes les deux libres à l'époque. Je ne comprends pas mon fils. Après j'ai peut-être un a priori mauvais parce que je les ai surpris en pleine action.
Elle se mit à rire de nouveau et elle resservit tout le monde avec le whiskey de mon père.
-Ah oui, je me souviens de ton trauma Line, rétorqua Adèle, tu m'as appelé tout de suite après.
-Elle était entrain de hurler à la mort. Je suis entrée et je dois avouer que j'avais juste envie de lui dire : le sexe c'est pas comme dans les pornos pas besoin de beugler.
Là, je ris franchement. Je voyais Line et Adèle sous des facettes différentes. J'aimais bien ce que je voyais. Mon père arriva alors que nous étions entrain de rire comme des dingues.
-Ma bouteille de bourbon ! 
-Je t'en rachèterai une, McAllitle, répondit Line en riant.
-McAllittle. Mais pourquoi ?
-C'est comme ça qu'on appelait ton père au lycée avec ta mère. Tu peux deviner pourquoi.
Elle me fit un clin d'œil et mon père devint rouge.
-Mais quand ils ont commencé à sortir ensemble, on a arrêté mais je te raconterai pas la teneur de nos discussions.
-Je préfèrerai pas, merci Line, répondit sèchement mon père. 
Mais elle était saoule. Comme ma belle-mère. Comme Adèle et elles se mirent à rire. Mary glissa sur le sol et son rire redoubla. Mon père sortit et une minute plus tard, ses amis arrivaient et aidaient leurs femmes à se relever.
-La prochaine fois, on se fait une soirée chez nous dans la dépendance, rit Line, comme ça on n'aura pas besoin de rentrer !

-Sarah, tu devrais aller te coucher. 
-Oui. Bonne nuit. 
Je filais dans ma chambre. Ils étaient fous. Je me déshabillai et je restais en culotte dans mes draps propres. J'avais une famille assez crazy. J'avais des amis totalement givrés et je l'étais moi aussi. Je me sentais bien. J'avais passé un moment privilégié avec Chuck. J'étais sûrement l'une des filles les plus chanceuses de la Terre. C'est sur cette pensée que je me laissais dériver lentement vers un sommeil réparateur.