Nuit blanche à Seattle

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-Sarah ! Tu te dépêches oui !! On va être en retard pour prendre l'avion.

-J'arrive !! hurlai-je à mon père du haut des escaliers. Je descendis ma valise et mon père me regarda comme si j'étais une extra-terrestre.

-Chérie, on reste 3 jours là-bas. Même pas.

-Heu.. je suis une fille. J'ai besoin de tout ce qu'il y a dans ma valise. En plus on est en décembre maintenant, il va faire froid. Donc j'ai des pulls et je vois même pas pourquoi je me justifie. Mary ? Tu peux lui expliquer ?

-C'est une fille, porte sa valise jusqu'au taxi et ne dis rien.

-Merci Mary.

J'enfilai mon manteau, vérifiai que j'avais mon passeport et embrassais Mary. Mon père m'avait dispensé de lycée le vendredi après-midi pour que je finisse de faire ma valise et que nous puissions partir tôt. Brian rentrait pile poil au moment où je sortais. Il me fit un signe de tête et il rentra sans dire un mot. Mary tiqua. Brian ne m'avait pas adressé la parole depuis Thanksgiving, pas depuis que j'avais vu sa conversation avec Cathy. Cathy à qui je n'adressais plus la parole non plus, sauf pour le strict nécessaire. À chaque fois qu'elle arrivait avec son grand sourire, je la voyais nue avec la cravate. C'était une fille de notre époque et elle avait pas compris que se mettre nue pour un mec et se prendre en photo était le truc à ne pas faire et que ça allait forcément ressortir à un moment où un autre ? Elle était stupide et moi je n'aimais pas trainer avec des gens stupides. Quand Alexandra le remarquerait, Brian avait raison, elle finirait sur un site porno. Personne n'y pourrait rien.

-Pourquoi vous ne vous adressez plus la parole avec Brian ? me demanda mon père une fois dans le taxi en direction de l'aéroport.

-Parce qu'on a rien à se dire. Mais genre rien du tout, c'est pas mon ami, donc..

-Tu pourrais faire un effort, vous avez fait des efforts à Thanksgiving mais là.. c'est la guerre froide.

-Ce n'est pas de ma faute s'il est froid comme la Sibérie, Papa. Je suis super contente d'enfin faire un week-end avec toi. Je prends le côté de la fenêtre. Première ou Éco ?

-Première. J'ai besoin de travailler pendant le vol.

-De toute façon, j'ai pris mon ordinateur avec moi. Pas de souci.

Nous arrivâmes à l'aéroport. J'adorais prendre l'avion, mais je n'aimais pas le décollage. J'avais toujours l'impression que j'allais mourir. C'était atroce. Même en première classe. Nous n'avions pas encore décollé. L'hôtesse de l'air nous proposa des boissons. Elle était grande, elle était mince et elle avait l'air tellement gentille. Et clairement mon père ne la laissait pas indifférente. D'ailleurs je vis dans le regard de mon père que cela lui faisait plaisir. Je retournai dans la contemplation de mon magazine Eighteen que Mary m'avait passée.

-Vous voulez boire quelque chose ?

-Une tequila ce sera parfait, qu'est-ce que tu en penses mon chéri ? dis-je en regardant mon père.

Le sourire de l'hôtesse de l'air changea légèrement. Faire passer mon père pour un pédophile ? Check. Mon père leva les yeux au ciel et sourit.

-Très drôle Sarah. Ne faites pas attention à ce que dit ma fille. Vous pouvez nous apporter deux coupes de champagne et un verre d'eau ? Je vous remercie.

-Tu es vraiment pas drôle. Attends.. Du champagne ? Carrément. Mais pourquoi le verre d'eau ?

-Pour le moment où tu te rendras compte que tu n'aimes pas le champagne.

Mon père trinqua avec moi. Bon okay, je n'aimais pas vraiment ça, exactement comme tous les autres alcools que j'avais pu goûter. Mais je n'allais pas lui laisser la satisfaction d'avoir raison.

-C'est pas mal.

-C'est divin Sarah. Bien meilleur que toutes les saloperies que vous buvez lors de vos binge drink.

-C'est là où on voit que tu es médecin. Parce que personne ne parle de binge drink, limite on dit qu'on est torché, bourré, déchiré. Non.. remarque, on est déchiré après la fumette ou le rail.

-Merci pour cette précision Sarah, précision que j'aurais préféré que tu ignores.

-Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui prend de la drogue Papa..

C'est alors que je pensais à Marc qui de temps à autres fumaient des joints.. mais pouvait-on vraiment considéré que c'était de la drogue ?

-Pour répondre à ta question ma chérie. Fumer des joints aussi est considéré comme de la prise de drogue. N'essaye jamais cette merde Sarah. Je suis sérieux.

-Heu.. je suis une fille modèle. Je prendrais pas de drogue, j'ai jamais eu envie d'essayer et je ne pense pas que j'essaierai. Et puis les gens que je connais à qui c'est déjà arrivé d'en prendre ne fument jamais devant moi. C'est quoi le programme ?

-On passe à l'hôtel, on pose nos affaires, je vais passer rapidement au Seattle's Children Hospital, et..

-Tu vas opérer un enfant ?

-Normalement je ne devais pas mais j'ai une de mes amies qui a appris que j'étais en ville et qui a besoin de mon expertise sur un de ses patients. Le fameux second avis. Je vais aller voir ce soir. Et demain j'ai mon opération au Swedish Hospital. Et si tout se passe bien, on passe demain soir ensemble, sans rien à faire et on va faire le marché de Noël dimanche.

-Je peux venir avec toi ? Ce soir ? Au Seattle's Children ? C'est qui cette amie ?

-On a souffert en internat ensemble.

-Hum.. j'ai cru que c'était une ex, marmonnai-je en avalant une gorgée de champagne.

-Mais non voyons. Et puis tu sais que je ne parle de ma vie sexuelle avec toi.

-Encore heureux ! Rien que le fait que tu dises ma vie sexuelle me donne droit à 3 bonnes années de thérapie. Au moins.

-J'ai d'excellents confrères, ne t'inquiète pas, tu seras bien orientée.

Il m'embrassa la joue et sortit un de ses dossiers de son sac. Je vis des papiers dépasser.

-Ce sont des radios ?

-Oui. Tu veux les regarder avec moi ?

Il tendit sous la lumière la radio et il me montra l'intérieur du patient. C'était assez étrange de penser que c'était une vraie personne et que je regardais ses organes en sirotant du champagne.

-C'est petit.

-C'est un enfant, c'est normal. Regarde. Tu vois là ? Il y a un thrombus.

-C'est quoi un thrombus ?

-Il y a un caillot sanguin qui empêche le sang de circuler normalement. C'est.. Tiens-moi ça..

Je vis mon père entrain de sourire.

-Cor Triatatum Wow. Impressionnant. C'est.. c'est une pathologie hyper rare. Une cardiopathologie congénitale et..

Mon père m'expliquait tous les tenants et les aboutissants de cette maladie. Je trouvai ça génial. Il était passionné. La cardiologie c'était une grande partie de sa vie. Celle dans laquelle il s'était plongé entièrement à la mort de la mère. Celle qui l'avait empêché de faire une dépression plus sévère. La chirurgie et moi. C'était nous qui l'avions sauvé alors j'aimais la chirurgie pour ça.

-Et ta copine.. elle sait que tu es marié ?

-Hein ? Heu.. oui je présume. Pourquoi ?

-Elle t'appelle pour venir voir un cas super rare. Elle ne sait pas que tu es marié. Elle veut te pécho, vieux.

-Alors d'une je ne suis pas vieux. J'ai l'impression d'avoir 70 ans, un dentier et une couche quand tu me dis ça et..

J'étais morte de rire, lui aussi par la même occasion.

-Et je ne crois pas qu'elle veuille m'attirer entre ses.. dans ses bras.

-Bah écoute, objectivement parlant, tu es beau, tu es intelligent, t'es riche et tu as enfanté Einstein bis, tu as tout pour plaire.

-Je pense que si Albert voyait ta moyenne en algèbre, il mourrait une seconde fois. Je t'aime de toute mon âme, mais tu n'as pas inventé la théorie de la relativité restreinte.

-Heureusement que je suis de bonne constitution, je pourrais me vexer. Genre.. dis tout de suite, que j'ai pas inventé la poudre.

-Chérie, je ne doute pas une seule seconde de ton intelligence. Mais la référence à Einstein ? Tu détestes les maths, l'algèbre, la physique.

-Non mais j'aime bien la physique, la biologie, c'est juste l'algèbre, c'est trop abstrait, ça ne m'intéresse pas. Et puis depuis que Marc McDust me donne des cours, je me suis vraiment améliorée, parce que lui il tape dans le concret. Et la prof me déteste, encore une que tu as rejeté au lycée je parie.

Mon père fronça les sourcils et le pire c'était qu'il réfléchissait vraiment. Il me demanda mon ordinateur allumé et il se brancha en 4G via son téléphone portable. Il se connecta sur Facebook. Il me demanda son nom. Il était sérieux. Il la trouva rapidement. Moi, je n'avais pas pensé regarder sur Facebook ma prof.

-Sa tête ne me dit rien du tout, sérieusement. Mais vraiment rien. Mis à part le fait que ce soit ta prof, je veux dire. Pourtant j'ai des amis en commun avec elle. Hum. Ton oncle par exemple.

-Eric ou Elijah ?

-Non. James, mon frère. Ah bah voilà. Ça explique pourquoi elle te déteste si c'est une ex de mon frère. Il couchait avec n'importe qui. Tiens tu vois, elle..

Il me montra une blonde refaite, botoxée et tirée.

-Cette..

-Oui, cette radasse. C'est une de ses ex. Et elle aussi d'ailleurs. Hmmm. Y'a vraiment que mon frère pour avoir eu une aventure avec la moitié de ses amies facebook. Je vais lui demander dès qu'on atterrit. Après, c'est peut-être juste une coïncidence et peut-être que tu penses qu'elle te déteste mais ce n'est pas le cas.

-Tu n'as pas d'ex amies avec toi sur Facebook par hasard ?

Mon père ouvrit la bouche comme pour nier et il la referma aussitôt.

-Okay, fin de la discussion.

-Quiiiii ?

-Tu veux qu'on parle de ton petit ami secret ou... ? commença à sourire mon père.

-Okay, fin de la discussion.

J'étais devenue rose et mon père pouffa de rire. Lui et moi, on se comprenait. Dans le fond, on était pareil. Je le laissais travailler sur son cas clinique et moi je travaillais sur une rédaction que je devais faire pour le cours de littérature.

-Tu as ton porte-feuille avec toi Sarah ?

-Oui.

Mon père me tendit une carte de crédit que je ne connaissais pas.

-Je suis passé à la banque avant de partir. C'est une carte bancaire prépayée, il y a 500$ dessus. J'avais un peu la flemme de te sortir de la monnaie et comme tu es ma fille chérie, je me suis dit que tu pourrais garder le reste.

-Tu me donnes 500$...Tu es le meilleur père du monde. genre.. Le meilleur mais.. je ne peux pas accepter. C'est beaucoup trop.

-Non. Ce n'est pas trop. Accepte. Ce n'est pas comme si je ne gagnais pas ma vie. Je gagne extrêmement bien ma vie. J'ai envie que tu te fasses plaisir. Que tu t'achètes je ne sais pas.. un beau sac.. une belle robe.. je ne sais pas ce qui peut faire plaisir à une jeune femme. J'ai envie que tu te fasses plaisir même si ça veut dire aller dans un restaurant ou.. retirer de l'argent pour le room service.

-Merci Papa. On est bientôt arrivé ?

-Il reste une demie-heure de vol. Ça avance ta dissertation ?

-Oui. Je vais demander à Mary de la relire. Ne le prends pas mal, mais comme c'est son métier d'écrire..

-Oui, pas de souci. J'aime savoir que tu fais des choses avec ma femme sans moi. Que vous avez une vraie relation. Mary et moi, on s'est marié rapidement.. tu n'as pas vraiment eu le temps de la connaitre avant le mariage et.. 

-Bah en même temps vu que tu l'as demandé en mariage après 6 mois de relation et que vous vous êtes mariés 3 mois plus tard.. C'est clair que j'ai pas eu vraiment le temps de la connaitre. 6 mois par intermittence.. quoi.

-Tu exagères..

-Tu me l'as présentée au bout de 3 mois. Tu m'as demandée si je l'appréciais deux mois plus tard, alors que je l'avais vu 4 fois. Tu l'as demandée en mariage un mois plus tard. Mais je le regrette pas. J'ai conscience que tu l'aimes profondément et que tu es heureux avec elle. J'adore te voir heureux. On a pas eu la vie facile tous les deux et te voir nager dans le bonheur c'est.. je lui en suis reconnaissante pour ça. Vraiment. Et si y'avait pas son fils, c'est clair, que je serai parfaitement bien avec elle. Après je ne peux pas lui en vouloir d'avoir enfanté Brian. Je veux dire, ça doit être suffisamment dur pour elle.

-Oh tu sais, Brian est un bon garçon mais c'est un garçon. Pas la même maturité que les filles. Moi ça ne me dérange pas.

-C'est parce que c'est le fils que tu as jamais eu.

Mon père leva le sourcil.

-J'ai une fille parfaite qui me suffit amplement, mais c'est vrai que pouvoir parler entre hommes, c'est agréable et puis moi j'ai tout de suite vu l'avantage d'avoir un Brian à la maison en ce qui te concerne.

-Ah ?

J'avais un peu peur de ce que mon père allait me dire et je ne comprenais pas pourquoi il avait dit un Brian. Mon père eut un sourire en coin.

-Tu ne risques pas de sortir avec lui. Ne lui répète pas, je te fais confiance, mais clairement, Brian est tout à fait le genre de garçon qu'aucun père ne veut que sa fille ramène à la maison en tant que petit ami. Il est beau, il est athlétique.. donc il est le genre de beaucoup de filles. Ça c'est plutôt bien mais il n'a que 16 ans et ça c'est l'horreur.

-Pourquoi ?

-Chérie, désolé de te le dire, mais les lycéens pensent souvent au sexe. Très souvent. Penser que sa fille peut avoir des relations intimes, c'est clairement le cauchemar de tout père. Brian pourrait changer de filles tous les soirs s'il en a envie. S'il n'avait pas été élevé par sa mère qui est une incorrigible romantique, il serait un briseur de cœur compulsif. Et aucun père ne veut que sa fille tombe amoureuse d'un coureur de jupon. Aucun parent ne le veut. Alors moi je suis très content que tu n'es pas connue Brian autrement. Parce que tu aurais pu tomber amoureuse de lui et il aurait pu te briser le cœur.

-Et si j'avais connu Brian autrement et qu'il m'avait brisé le cœur, tu aurais fait quoi ?

-J'aurai demandé à Eric d'aller lui péter les rotules et une fois qu'il serait arrivé à l'hôpital, j'aurai demandé à mes collègues de ne pas lui donner d'antalgique.

-Je crois que le pire c'est que tu es sérieux...

-Je suis parfaitement sérieux. Ne sors pas avec un Brian Miller, sauf si tu es certaine qu'il t'aime profondément. Si tu as un doute, ne le fais pas. Vraiment.

-Je suis la fille et la nièce d'un Brian Miller.. je sais à quoi m'attendre.

-C'est pas faux. On va atterrir dans pas longtemps.

C'était le signal pour que je ferme mon ordinateur et que je me prépare à partir de l'avion. Une fois à Seattle, je me collai à la vitre du taxi. Mon père rit.

-On revient tous les ans et tous les ans, tu te colles à la vitre.

-J'adore cette ville. Je pense que je pourrais vivre ici plus tard. Maman aimait cette ville aussi.

-On m'avait proposé un poste ici peu de temps avant que ta mère meure. Une semaine avant. On parlait de déménager ici. Ensuite... J'ai pensé sérieusement tout quitter et partir avec toi. M'installer là. Et un soir, je t'ai entendu parler avec Sophie, c'était peu de temps après l'enterrement. Elle était à la maison, je n'étais pas là au début de votre conversation mais...Tu lui as demandé de ne jamais partir loin de toi, parce qu'elle était l'une des personnes que tu aimais le plus au monde et que sans elle, tu n'arriverais pas à vivre. Tu avais peur de la perdre. Tu avais perdu ta mère. Je ne pouvais pas t'arracher à ta meilleure amie. Tu n'aurais jamais pu survivre à ça. Et tu m'en aurais voulu, tu m'aurais haï. Je me serais haï et je t'aurais perdu. Je ne pouvais pas perdre la seule chose qui me rattachait à la vie. Je n'aurai pas pu. Alors j'ai décliné l'offre. C'était le meilleur choix de ma vie. Mais.. je peux comprendre que tu adores cette ville. C'est dans tes gènes.

-Si on te propose un autre poste ici ? Tu l'accepterais ?

-C'est compliqué..

-Non mais je veux dire, Papa. Honnêtement. Si on te propose le poste de tes rêves ici, accepte ! Il me reste 2 ans de lycée. Que deux ans. Pareil pour Brian. Ensuite, on ira à la fac. Mary a déjà déménagé plusieurs fois, donc elle s'en fout. On ne peut pas dire qu'en un an à LA, Tom a vraiment eu des attaches. Si on te propose un poste, accepte et emménage ici avec Mary et Tom.
Mon père eut un sourire démoniaque.

-Et je te laisse toute seule à la maison avec Brian ? Ce serait tellement responsable de laisser deux jeunes quasi-adultes mineurs tous seuls dans une maison !

-Non. Je n'ai pas dit ça, je pourrais aller vivre chez Éric. Et Brian.. s'il a envie de rester, je suis sûre qu'Éric accepterait de le garder, ou les McDust. Sinon, il partirait avec vous et je reviendrais tous les week-end et toutes les vacances scolaires.

-Tu as l'air d'y avoir réfléchi.

-Je n'y avais jamais pensé jusqu'à maintenant mais.. je ne veux pas que tu penses que.. j'ai envie de me débarrasser de toi ou quelque chose comme ça. Mais je crois qu'on est suffisamment grand tous les deux, alors.. je veux que tu saches que je te détesterais pas si on te propose le job de tes rêves loin de Los Angeles. Surtout à Seattle.

Nous étions arrivés devant un hôtel splendide et clairement je savais que mon père voulait me faire plaisir. Parce qu'il avait réservé une suite avec deux chambres. C'était un mini-appartement magnifique avec une télévision gigantesque. Il donna un pourboire au groom et quand j'entendis la porte se refermer, je me précipitai sur lui pour le prendre dans mes bras.

-Tu déchires grave Papa.

-Je vais au Seattle's Children Hospital, tu viens ou tu profites de ta série préférée sur un grand écran ?

-Je veux voir la femme qui veut t'attirer entre ses cuisses, la juger et lui dire que tu es marié, mais..

-Toi tu passes trop de temps avec tes oncles, tu parles comme eux.
-Mais, répétai-je, mais pas tout de suite, je suis un peu crevée, et j'ai envie de terminer ma dissert en buvant un café de chez Starbucks.

-Okay. Fais ce dont tu as envie, ton téléphone est chargé ?

-Oui, à bloc. Tu devrais appeler un taxi.

Une fois seule avec moi-même dans la suite, je me balançai dans ma chambre. J'étais toute seule à Seattle avec mon père, comme avant. J'adorais ça. J'y pensais encore en allant au Starbucks sur cette paire de talons que j'avais piqué à Mary avant de partir.. J'allais y entrer lorsque je vis une librairie. Je n'avais pas mis les pieds dans une librairie depuis des années. Du moins, pas une librairie où à chaque pas que je faisais, j'avais l'impression de faire un bond dans l'histoire. Le parquet craquait sous mes pieds, je ne savais pas vraiment pourquoi mais j'adorais ça. Vraiment. J'achetai cette vieille édition d'Orgueil et Préjugés de Jane Austen avant d'aller me poser, non pas chez Starbucks mais dans un vieux café pas très loin. Je commandai Chocolat Dingo composé de chocolat chaud, de marshmallow et de chantilly. Je m'enfonçai dans un fauteuil près de la fenêtre et j'ouvris mon livre. 
"C'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire pourvu d'une belle fortune doit avoir envie de se marier, et, si peu que l'on sache de son sentiment à cet égard, lorsqu'il arrive dans une nouvelle résidence, cette idée est si bien fixée dans l'esprit de ses voisins qu'ils le considèrent sur-le-champ comme la propriété légitime de l'une ou l'autre de leurs filles."
Je ne sais pas combien de temps je restais là, à commander Chocolat Dingo sur Chocolat dingo.. Une heure ? Deux heures ? Je relevai les yeux de mon livre quand j'entendis deux filles surexcitées s'asseoir à mon niveau.

-Non mais attends !! Ils vont aller au Zig Zag Café ensuite, c'est juste évident.. Donc ce qu'il faut faire c'est aller au concert des Atlas Wild Child et..

-Tu te rends compte qu'on va voir..

Je me retournai vivement.

-Attendez, y'a les Atlas Wild Child qui se produisent.. à Seattle ? Aujourd'hui ?

Elles me regardèrent comme si j'étais une folle.

-Tout à l'heure. Mais y'a plus une seule place de libre. Donc ce que je disais c'est que..

Je me levai précipitamment et payai mes consommations avant de sortir du café. Je pris mon téléphone.. Pourquoi il ne répondait pas ? Je marchais dans les rues et c'est alors que je vis la foule d'ados devant la salle de concert. Je rappelai Bob en espérant qu'il réponde cette fois.

-Sarah ! Pourquoi tu m'appelles ?? Est-ce que Ray a encore oublié de charger son téléphone ?

-Non pas du tout, vous êtes à Seattle ?

-Heu.. oui.

-Je suis devant la salle du concert, tu peux me faire entrer ? J'ai trop envie de les voir. C'était pas prévu mais..

-Okay. J'arrive par une porte latérale, reste où tu es.

Je vis bientôt Bob arriver. Je l'embrassai sur la joue et il me fit un câlin avant de me faire entrer par la porte latérale de la salle de concert. C'était une petite entrée qui donnait sur les coulisses.

-Oh mais ta gueule Ray. Sérieux, tu nous gonfles avec ton putain de mal de gorge depuis deux jours. On a compris que tu allais avoir la voix défoncée après ce soir. Et alors ? C'était la voix de Chuck. Il avait l'air vraiment énervé. Je jetai un coup d'œil à Bob, mais il était au téléphone.

-Tu avais qu'à pas aller te baigner à poil en plein mois de novembre dans l'atlantique, continuait Chuck. Tu es irrespon..

-Je t'ai pas sonné. Tu devrais aller baiser, tu serais carrément moins chiant mec.

Ils ne m'avaient pas encore vu, ils étaient à deux mètres de la scène entrain de se faire maquiller.

-C'est pas une façon de parler à l'un de ses meilleurs amis Ray. Tu devrais lui présenter tes excuses, je pense. Moi tu m'aurais parlé comme ça, je t'aurais balancé une chaussure à la tête.

Keito, Owen, Clive, Chuck et Ray se retournèrent comme un seul homme. Owen sauta de sa chaise et me souleva ce qui me fit crier. Je ne m'y attendais pas et pourtant je ris à gorge déployée. Keito aussi vint me prendre dans ses bras et me glissa que j'étais arrivée au bon moment avant de m'embrasser la tempe.

-Tu as fait le déplacement depuis Los Angeles pour venir nous voir ? sourit Clive en ne bougeant pas d'un iota pour que le maquilleur fasse son travail mais en me regardant à travers son miroir.

-Absolument pas. Je suis sérieuse, pas la peine de rire Clive. Je ne le savais pas. J'ai entendu des filles hystériques parler du concert des Atlas Wild Child.. Je tiens à préciser qu'elles avaient des débardeurs avec de grands décolletés et avec la tête de Ray dessus et des petits cœurs, clairement ça m'a fait flipper, je me suis dit que j'allais venir vous faire un coucou.
-Tu es toujours la bienvenue Sarah, répondit Ray qui de toute évidence avait oublié son mal de gorge et qui me serrait dans ses bras. Mais qu'est-ce que..

-Je suis avec mon père. En Week-end, mais là il bosse et moi je me promène.

-Tu n'as qu'à rester avec nous, me proposa Chuck en me regardant de son beau regard brun. Dans les coulisses, comme ça, si tu as besoin de partir en plein milieu, tu pourras. Ça nous ferait plaisir, ajouta-t-il d'un ton qui voulait dire ça ME ferait plaisir.

Est-ce que je pouvais refuser quoi que ce soit à Chuck ? J'en étais pas certaine. Ça me faisait clairement plaisir de le voir. Je m'assis sur un tabouret haut pendant que les garçons reprenaient leur séance maquillage.

-Alors comme ça tu t'es baigné à poil dans l'Atlantique ? Tu es pas un peu cinglé ?

-J'avais fait un pari avec.. Bref.

-J'en ai pas entendu parler, mais pas du tout.. tu as eu de la chance, imagine si un paparazzi avait eu une photo de mini-McClunsky.

-Micro-McClunsky, tu veux dire, hurla de rire Keito.

Ray me fixa avec un regard noir pour avoir lancé une perche pareille. Il finit néanmoins par rire et lancer un sourire moitié pervers à son ami.

-C'est pas la taille qui compte, mais la façon dont.. salut Jay, notre super agent de la mort qui tue. Comment ça va ?

Il avait une petite voix. Apparemment, elle ne devait pas au courant de la baignade. Elle me fit un signe de tête et Chuck qui était juste à côté de moi, me fit signe que je ne devais pas le prendre mal. Je remarquai qu'il portait mon chèche. Je souris et lui aussi. Nous étions un peu dans notre bulle. Je relevai les yeux et je vis que Clive nous observait tous les deux avec les yeux pétillants.

-Ça va mieux avec la connasse de ton lycée ? Celle qui te martyrisait ? Elle a recommencé ? s'enquérit Clive en se tournant totalement vers moi.

-Non pas du tout, elle ne m'adresse même plus la parole, elle m'évite comme si j'avais la peste.

-Du jour au lendemain ? Comme ça ? Qu'est-ce qui lui a fait changer d'avis ?

-Je crois qu'il y a plusieurs facteurs. Le facteur Sophie et le facteur quasi-frère qui couche avec elle.

-Ah. Pourquoi Sophie ?

-Parce qu'elle a grave géré quand elle lui a balancé du soda en pleine face. Sophie la warrior qui a été voir mon quasi-frère qui a failli la larguer après ça. C'était puissant. C'était beau.

-Quoi ?

Clive n'avait pas envie de rire. Mais pas du tout.

-Imagine une rumeur à la con comme quoi Sophie aurait été la cause d'une supposée rupture, rupture qui n'a pas eu lieu. Elle s'est ramené au réfectoire, c'est foutu en soutif en exigeant que Brian lui paye le pressing et en lui faisant comprendre que son oncle est un excellent avocat et que si la connasse recommençait, elle porterait plainte sans scrupule.

-Ta copine.. Sophie à moitié nue dans le réfectoire ? Le genre de scène qu'on rêve de voir quand on est lycée, sérieux, fit Owen en ouvrant grand les yeux.

-Grave, répondit Keito en écho tout en tendant le poing vers son ami pour qu'il fasse un fist bump avec lui.

-Elle m'en a pas parlé, déplora Clive.

-Elle avait d'autres choses à penser et puis, depuis ce moment, calme plat, limite on commence à s'ennuyer au lycée. Je veux dire une semaine entière sans avoir du soda dans les yeux, sans qu'une pauvre conne te fasse un croche-pieds en cours de maths.. on s'ennuie je te dis. Ne lui en parle pas, sinon elle va savoir que j'ai cafté et je vais me faire ratatiner par Sophie la Guerrière. Vous commencez quand ?

-Dans 15 minutes.

Je me levai de ma place et regardai les gens dans la salle. Elle était remplie. Je trouvais ça flippant, presque à me faire stresser alors que je ne devais pas y aller.

-Impressionnant, non ? murmura Ray à mon oreille. Ça me fait le même effet à chaque fois.

-Je ne comprends pas comment tu fais, je serai morte de trouille.

-Je le suis. À chaque fois en entrant sur scène, j'appréhende et ensuite.. j'ai juste à gratter ma guitare et.. je suis ailleurs. Je suis dans le garage de chez Keito et on est que nous 5. Je ne vois pas le public. Je sais qu'il est là au fond de moi mais.. c'est comme si c'était une répèt entre potes. Tu vois ? Je suis en famille. C'est pour ça que j'adore ça. J'ai toujours l'impression que c'est un éternel jeu avec mes meilleurs amis. C'est un jeu avec mes meilleurs amis. Je gagne ma vie en grattant trois accords sur une guitare en compagnie de mes potes. C'est juste super.

Il regardait la scène et je souris. Il était tellement calme. Il posa sa main dans mon dos et retourna à sa place et croqua dans une barre de céréales. Mon téléphone sonna. C'était mon père. Je m'éloignai loin du bruit.

-Salut Papa !

-Tu t'ennuies pas trop ça va ? Finalement je vais assister à l'opération et je pense que ça va durer environ.. 4 ou 5h..

-Pas de souci, je viens de rencontrer des amis et ils viennent de m'entrainer à un concert des Atlas Wild Child, je prendrai le taxi en rentrant.

-Okay, parfait. Prends soin de toi, et ne prends pas d'alcool chérie.

-Non. T'inquiètes. Appelle-moi quand ton opération est terminée et que tu es sorti de l'hôpital.

Je raccrochai et je vis Chuck derrière moi. Je m'étais éloignée.

-Je voulais juste te dire que je.. suis content de te voir et je te rendrai ton chèche après. Je l'ai gardé suffisamment longtemps.
-C'est un prêt à durée indéterminée.. du moment que tu ne l'abimes pas, j'ai l'impression qu'il y a une part de moi qui monte avec vous sur scène. Je trouve ça cool.

-Tu es une fille bien Sarah et je..

Il s'approcha de moi et il me prit dans ses bras. Il sentait bon. Je levai les yeux vers lui. Il m'embrassa sur la joue près de mes lèvres.

-Je prendrai soin de ton chèche. Même si...Tiens.

Il détacha son bracelet en cuir tressé et or et il l'attacha à mon bras.

-J'ai ton chèche, tu as mon bracelet, ,on se les rendra le jour où tu auras fini le lycée. Et moi j'aurais l'impression qu'une partie de moi à une vie normale.

-Ça marche. Attends deux secondes.. c'est un bracelet Hermès ? En gros si je perds ou l'abime j'aurais pas les moyens de te rembourser.. merci pour le cadeau mec.

Il me fit un clin d'œil et éclata de rire. Regarder un concert depuis les coulisses, c'était marrant. Surtout que dès qu'un des gars bougeait sur scène il me faisait un clin d'œil, j'étais juste derrière le rideau sur le côté, assise sur mon tabouret, ils me voyaient très bien. À peu près la moitié du concert, ils demandèrent le silence le plus complet.
-Je voudrai dédier cette chanson à toutes les personnes capables de désamorcer les conflits par leur seule présence, on en connait tous, aussi.. commença Owen. Cette chanson est pour toi.. Choupi. 
Il tourna deux secondes son regard vers moi et il commença à chanter.. Il venait de me dédier une chanson. J'arrivais pas à y croire. À la fin du concert, j'étais toujours estomaquée. Owen éclata de rire et il avala une longue gorgée d'eau.

-Tu m'as dédiée une chanson ? hallucinai-je.

-Pourquoi pas ?

-Merci. Je ne m'y attendais pas, mais pas du tout.

-Moi non plus, ça m'est venu comme ça. Fais pas cette tête. On va rentrer à l'hôtel où une micro-party nous attend...on te paiera un taxi pour te ramener à l'heure que tu veux.. tu viens ?

Il me regarda avec ses grands yeux et sa mèche rousse flamboyante qui se déposa sur ses yeux. Je regardai mon téléphone. Aucun appel de mon père.

-Pourquoi pas ? Vous êtes dans quel hôtel cette fois-ci ?

-Grand Hyatt. On a le dernier étage en entier.

-Sérieusement ? Moi aussi. Avec mon père.

Owen sourit largement et interpella ses amis.

-On prend Choupi avec nous. Excusez-moi mademoiselle, vous avez une perruque ? Rousse ou Blonde ? Assez longue ? Pour notre amie.

-Je vais voir ce que je peux faire monsieur Bridges, rosit une fille qui vu son âge devait être une stagiaire amoureuse de lui.

Elle revint avec une perruque blonde. Ray me regarda avec ma perruque, jeta un coup d'œil à son Clive qui se détourna mais je le voyais bouger.

-Quoi ? lâchai-je.

-Tu passes de Lana Del Rey à Paris Hilton.

Ray éclata de rire et tapa dans la main de Clive.
-Si je pouvais avoir son compte en banque ça m'irait. Du coup tant que je garde cette perruque, appelle-moi Paris et je vais prendre un ton de snob milliardaire.

-Seulement si on se fait un selfie.

-Évidemment, pour qui me prenez-vous jeune homme ? dis-je en prenant un ton de bourgeoise à la Bree Van de Kamp.

Tous les garçons du groupe se précipitèrent, Ray sortit dont ne sait où une perche pour selfie et 5 photos plus tard, Bob arriva. Il tiqua en me voyant.

-Paris. Ravie de vous rencontrer beau gosse, dis-je en lui tendant la main morte de rire.

-Pourquoi Bob a droit à un beau gosse et moi à jeune homme ? sursauta Ray.

-Parce que lui c'est un beau gosse et toi tu es un jeune homme. Tu ne peux pas comprendre l'attrait des filles pour les gars de la vingtaine, alors n'essaye pas.

-Tu viens Sarah ? Je vais te faire sortir discrètement. Tiens prends mes lunettes de soleil. Tu te ressembles à peine comme ça. C'est flippant. Tu es bien mieux au naturel. Je te l'ai déjà dit.

-Non mais en vrai l'hôtel est pas super loin. Je n'ai qu'à sortir comme tous les autres et on se rejoint là-bas. Vous demandez la chambre au nom de McAllister et vous venez me chercher.

Les garçons n'avaient pas pensé à cette éventualité de toute évidence. Marcher jusqu'à l'hôtel, n'était pas une option pour eux apparemment.

-Tu préfères vraiment ? On sera rendu avant toi..

-J'ai pas envie de courir avec des talons, je vais me tordre la cheville, c'est tout ce qu'il va se passer. Je vais prendre un taxi si tu crains tant que ça que je me fasse kidnapper, violer et découper en rondelles de saucissons.

-Putain, c'est vrai ça. Bob, tu peux pas rentrer avec elle ? intervint Ray. Les autres vont s'occuper de nous.

-Non mais je disais..

-Oui, je vais la mettre dans un taxi, m'interrompit Bob. Allez viens, Sarah-Paris. Garde la perruque si tu en as envie.

Il m'entraina dans son sillage et me carra dans un taxi. Il donna le nom de l'hôtel.

-On arrive Sarah.

Il referma la portière et le taxi fila. Je me retournais pour voir la foule et je voyais le crépitement des flashes. Je ne dis rien pendant un long moment et le chauffeur de taxi me regarda dans le rétroviseur.

-C'était qui en concert ?

-Les Atlas Wild Child.

-Et vous les connaissez ?

-Un peu. C'est des amis en fait. On est déjà arrivé ? Vous avez fait vite. Je vous dois combien ?

-Votre ami a payé la course tout à l'heure.

Bob. Gentleman jusqu'au bout des ongles.

-Merci beaucoup.

J'arrivai dans le hall et je montai dans ma chambre. L'ascenseur allait se refermer quand il se rouvrit bloqué par la main de quelqu'un. C'était Maeva Monroe. La petite amie de Ray. Elle me regarda. Je me sentais.. laide. Clairement. Dans son regard j'avais vu qu'elle m'avait reconnu mais qu'elle m'avait jugée insignifiante et carrément incapable de lui piquer son mec. Je n'étais pas de taille. C'est ce qu'elle me disait par ce regard. Il y avait d'autres filles habillées avec style avec elle. D'autres mannequins sûrement. Elles avaient des bijoux clinquants et des robes ultra courtes, moulées sur leurs corps minces, le genre de robe que seule une anorexique peut porter sans avoir l'air grosse. Elles riaient déjà, comme si elles avaient fait une pré-soirée, avant la soirée. Elles se remaquillaient.

-Excuse-moi, on se connait ?

-Non, pas vraiment. Vous devez faire erreur.

Il y avait d'autres gens avec nous dans l'ascenseur, des gens normaux et vu la longueur des robes que ses copines portaient, je ne voulais pas être assimilée à ce genre de filles qui paraissaient un brin vulgaire. Mon père aurait sorti un vieux terme français pour les décrire. Il aurait dit que c'étaient des cagoles. Bon, ce serait peut-être exagéré de parler de it-girls comme des cagoles mais là, on en était pas loin. Je ne pouvais pas me montrer à cette fête. J'avais rien pour rivaliser avec ces filles dans mes valises et.. j'allais être comme une cruche si je me ramenais avec mon jean. Je me rendis dans ma suite et je retirai ces talons. J'allai dans la salle de bain. Je souris. J'adorais les hôtels avec des baignoires. Je me fis couler un bain et repris mon livre. Il y avait une fête du tonnerre quelque part dans cet hôtel et moi je lisais Orgueil et Préjugés. Je sortis de mon bain et m'enroulai dans un peignoir chaud. Quelqu'un frappa à ma porte. Ce devait être le room service, parce que j'avais commandé un énorme seau de popcorn et un fondant au chocolat et une chicken soup. J'ouvris la porte alors que j'étais en peignoir et je vis Chuck.

-Salut !

Il me regarda de la tête au pied et des pieds à la tête.

-Heu.. tu es toute nue là.

-Je suis en peignoir, je viens de prendre un bain.

-Rhabille-toi, on t'attend.

-Je.. en fait je suis un peu crevée et j'ai envie de dormir.

-Room service !

Je levai les yeux au ciel, parce que c'était vraiment pas le moment et le groom arriva avec son plateau. Chuck me regarda et leva les yeux au ciel à son tour.

-Vous pouvez patienter deux secondes ?

Je devais trouver mon porte-feuille, j'allai dans ma chambre et je pris des billets mais quand je retournai dans la chambre, je vis Chuck ranger le sien et le groom partir.

-Tu exagères... je te dois combien ?

-Une danse en haut dans la suite. Allez, enfile des sous-vêtements et on y va.

-Je ne peux pas.

-Ton père ne dira rien, tu auras juste à descendre quand il arrivera.

-C'est pas mon père, c'est juste que je peux pas rivaliser avec les filles qui sont avec vous.

Il allait parler mais il se retint.

-Des filles comme.. Maeva ? Écoute, Maeva est une conne péronnelle et je ne comprends pas pourquoi il couche avec.. enfin.. si on peut le comprendre mais tu es bien mieux que ces filles là.

-Je vais vous faire honte.

-Okay.

Il prit son téléphone.

-Oui, salut, c'est Chuck. Oui, je vais bien, tu peux me venir en aide ? Oui, j'ai besoin d'une robe. Pas pour moi, espèce d'idiot.

Il tendit son téléphone, je vis un flash et avant que je fasse la moindre chose, il l'envoya.

-Oui.. oui.. Okay. Tu as une robe qui arrive dans 20-25 minutes, le temps de manger ta soupe.

-Tu te fous de moi ?! hallucinais-je.

Chuck me tient par les deux bras. Il se pencha à mon niveau.

-Je suis sérieux. Très sérieux. Tu vas enfiler cette robe et tu vas venir en haut ou sinon c'est la fête qui vient à toi. Et ton père n'aura pas envie de voir une cinquantaine de personnes dans votre suite. Qui est très très mignonne ma foi. Tu me dois une danse contre ta.. Chicken soup.

Ce qu'il se passa à ce moment là, je ne pouvais pas l'expliquer. Je lui sautai dans les bras et je l'embrassai à pleine bouche, exactement comme il m'avait embrassé la dernière fois qu'on s'était vu. Il portait un T-shirt cette fois-ci. Je le retirais de son jean et passais mes mains en dessous. Il ouvrit mon peignoir et m'amena vers lui.

-C'est pas une bonne idée, murmura Chuck.

-Non, c'est pas une bonne idée, répétai-je en continuant de l'embrasser.

-Vraiment pas une bonne idée..

L'image de Marc s'afficha et cela me refroidit.

-Non c'est pas une bonne idée. Je vais aller m'habiller, ajoutai-je en refermant mon peignoir.

-Ce n'est pas que je n'ai pas envie Sarah, m'assura-t-il en ramenant ma mèche de cheveux derrière mon oreille. Mais je n'ai pas de préservatif sur moi et en plus, tu t'en voudrais. Je ne veux pas que tu sois malheureuse.

-Je comprends. De toute façon, je ne sais pas ce qu'il m'a pris, j'ai un petit ami. Enfin.. il est en période d'essai mais, je ne peux pas lui faire ça. Je vais aller enfiler des sous-vêtements.

Chuck hocha la tête, je me sentis stupide. J'avais un mec superbe dans la pièce juste à côté. Mon corps me poussait vers lui. J'aimais sentir ses mains sur mon dos. J'avais envie de céder à ma pulsion mais je ne le pouvais pas. J'enfilai mon ensemble bustier et je gardais mon peignoir.

-Ça te dit de manger du popcorn ? J'ai rien mangé depuis.. ce midi en fait.

-Je n'ai pas l'intention de te laisser. Tu crois qu'il y a un truc à la télé ?

Il s'installa sur le canapé et je me mis juste à côté de lui. J'avais conscience qu'on était pas que des amis. Aussi, soit je m'asseyais à côté de lui et il était probable que je sois attiré par ses lèvres magnifiquement bien dessinées. Soit je m'asseyais sur le fauteuil. Il me fit signe de venir près de lui. Je souris, je n'avais pas à choisir. Je m'assis juste à côté de lui. Une rediffusion de Grey's anatomy passait.

-Ça fait des lustres que j'ai pas regardé.

Il piocha dans le popcorn pendant que j'avalais ma soupe.

-Tu en veux ? lui demandai-je.

-Hum.. fais-moi goûter.

Il avala une gorgée de soupe et il eut un sourire satisfait.

-Pas mal du tout. Pas aussi bonne que ma chicken soup mais ça se défend.

-Tu cuisines..

-Ouais de temps en temps.. quand j'ai faim en plein milieu de la nuit et que la cuisinière n'est pas opérationnelle.

-Cuisinière ?

-Oui. Ma mère cuisine comme une quiche et elle vient de ce genre de famille donc.. on a notre propre femme de ménage, notre propre cuisinière et un chauffeur aussi.

-Épouse-moi, moi aussi je veux mon propre chauffeur ajoutai-je en riant.

Il éclata de rire et il se leva parce qu'on frappait à la porte. Il revint quelques minutes plus tard avec deux paquets. Il me les tendit et je m'enfermais dans ma chambre. La première robe était noire, avec des paillettes et des franges mais elle était vraiment courte. La seconde était verte asymétrique. Elle était plus courte devant que derrière. Elle était tellement douce que j'étais persuadée que c'était de la soie. Elle m'allait vraiment très bien. Je sortis de la chambre et Chuck était là. Il me regarda avec.. je ne savais pas s'il y avait un terme autre que fierté. Il me trouvait belle. Il me tendit une paire de chaussures avec.

-Allez Cendrillon, enfile tes chaussures et laisse-moi te conduire au bal.

-Minuit est passé.

-Oui, et c'est après minuit que tu t'es transformée en princesse, donc..

-Comment tu connais ma pointure et ma taille de vêtements ?

-J'ai l'œil. Et puis, je connais assez bien ta taille et tes hanches et tes..

-Okay j'ai compris.

-Pour faire une estimation. J'ai eu de la chance, sourit le garçon. Allez viens. On nous attend.

Il m'entraina dans l'ascenseur et me remit une mèche derrière l'oreille juste avant d'appuyer sur le dernier étage.

-Arrête de me faire ça. Parce que.. ce n'est pas le comportement d'un ami.

Il leva les mains en signe d'innocence et je le bousculai avec le coude.

-Si tu me le permets, je serai ton protecteur ce soir, je ne te quitterai pas des yeux une seconde.

-J'y comptais bien, c'est toi qui vient de m'entrainer dans cette fête, rétorquai-je tout en constatant que ma main tremblait de manière incontrôlée.

-Tu vaux mieux que la plupart des filles qui sont là pour.. je ne sais pas probablement nous entrainer dans leurs lits pour s'en vanter auprès d'un tabloïd. Tu n'as rien à leur envier. N'aie pas peur.

-J'ai confiance en toi.

-Je m'en doute.. sinon tu ne m'aurais pas laissé.. enfin bref. Tu es prête ?

L'ascenseur s'ouvrit et nous fûmes directement au cœur d'une fête. Il y avait un jaccuzzi dans la suite sur la terrasse et des filles en maillot dedans. On serait dit à Las Vegas. Je croisai le regard de Maeva, et je détournai les yeux. Chuck me prit par la main et m'entraina sur la piste. Bientôt Clive vint nous rejoindre et je changeai de bras. Alors que Clive me faisait tourner, Ray me rattrapa par les hanches.

-C'est vraiment cool que tu sois là. On va dehors, y'a beaucoup de bruit là..

Il me regardait avec une telle gentillesse que je ne pouvais pas refuser. Je le suivis dehors et il s'assit sur l'un des fauteuils. Ils avaient la suite qui donnait sur le toit. On voyait tout Seattle de là.

-C'est.. wow, marmonnai-je.

-Carrément.

-Tu peux me tenir s'il-te-plaît Ray ?

-Te.. hey mais qu'est-ce que tu fais ?

J'avais posé mes pieds sur la partie la plus basse de la rambarde et je m'étais penchée dans le vide. Il me rattrapa et finit par faire comme moi. Il posa sa main sur la rambarde près de moi. On avait presque l'impression que j'étais dans ses bras.

-Elle te va bien cette robe dit-il alors que je tournais les yeux vers lui.

-Merci beaucoup.

-C'est pas le bracelet de Chuck ? Celui que tu portes à ton bras ?
Il avait l'air vraiment surpris, alors je lui souris, je ne voulais pas le troubler et comme je n'avais pas l'intention de lui raconter mon histoire avec Chuck, je décidai de lui raconter une partie de la vérité.

-Si c'est à lui. C'est un gage. S'il ne me rend pas ou perd mon chèche, je garde le bracelet qui vaut environ 100 fois plus je pense. S'il me le rend en bon état, je lui rend son bracelet.
-Ah. Tu viens de gagner au change.

-C'est clair, mais j'ai joué la carte du souvenir sur le chèche. Alors il pense qu'il vaut plus que sa véritable valeur. Je compte sur toi pour ne rien dire. Ce sera notre petit secret.

-Oui. Mais tu sais ce que je t'ai dit la dernière fois qu'on s'est vu..

-Je vous dérange peut-être ?

C'était la voix de Maeva juste derrière nous. Ray regarda un instant l'horizon et se retourna.

-Bien sûr que non, on regardait Seattle by night. Tu veux te joindre à nous ?

-Heu.. tu as une cinquantaine d'invité et toi tu regardes la lune ? C'est loin d'être cool, Ray. Il faut cultiver ton image.

-Peut-être que l'ambition de Ray n'est pas de cultiver son image pour être reconnu comme un fêtard, mais plutôt être reconnu pour son talent. C'est ce qui fera que dans 20 ans on parlera toujours de lui, parce qu'il est talentueux. C'est la différence entre les "it" boys et les artistes.

-Tu es entrain de dire que je ne pense qu'à mon image ? s'offusqua la copine de Ray.

-Je n'ai pas parlé de toi Maeva. Juste de Ray et pour information, oui tu nous as dérangés mais il est trop poli pour te le dire.

Je passai devant elle et je partis rejoindre Owen qui venait de passer le bout de son nez.

-Heu.. tu viens vraiment de parler à Maeva comme ça ? Tu tiens pas à la vie ou..

-J'en ai strictement rien à faire de ce qu'elle peut penser, elle ne me connait pas, elle ne sait pas où j'habite, mon nom de famille, alors j'en ai rien à faire. Et qu'elle ose faire quelque chose, mon oncle est un excellent avocat et il a des potes avocats dans tout le pays. Il travaille à Hollywood, il fera en sorte de la griller partout, donc une fois qu'elle ne sera plus une it girl -ce qui ne saurait tarder- elle ne pourra se tourner ni vers Broadway, ni vers le cinéma. Personne ne voudra d'elle. Honnêtement ? Cette fille ne me fait pas peur et elle ne devrait pas te faire peur non plus.

-Tu l'aimes vraiment pas, sourit Owen.

-Non, mais en même temps vu qu'elle m'a snobée dans l'ascenseur en faisant celle qui ne me reconnaissait pas, je ne vois pas pourquoi je l'aimerai et puis...

-Elle sort avec Ray...

-Rien à voir, il sort avec qui il veut. Elle est juste conne.

Owen éclata de rire et m'entraina sur une table pour danser jusqu'à ce que Chuck, qui avait mon téléphone dans sa poche me le passa. C'était mon père qui appelait. Il me lança mon téléphone, m'aida à descendre et je m'isolais dehors.

-Ouaaaais ?

-Tu dors pas ? Il est près de 2h du matin.

-Et toi tu viens de terminer ton opération ?

-C'est moi où il y a du..

-Bruit ? Oui je suis à une fête au dernier étage de notre hôtel, je ne bois pas d'alcool et je ne consomme pas de drogue.

-Encore heureux. Donc je n'ai pas besoin de m'inquiéter.. J'ai encore deux trois choses à faire, je serai là dans une heure.

-Okay mon chéri. À tout'.

Je lâchai mon téléphone sur la table de la terrasse et je vis Clive arriver derrière moi en riant. Il avait un verre pour moi à la main.

-Sans alcool, précisa-t-il en me le donnant. En fait j'ai un truc à te demander, je sais que c'est un peu tôt mais.. Ray ! Tu fais une de ses têtes...s'interrompit Clive.

-Mon téléphone est déchargé.. il faut que j'appelle ma mère. Désolé mec mais..

-Pour Maman Dommel, je suis toujours prêt à te passer mon téléphone. Tiens mon grand. Donc.. je te disais que.. non mais c'est pas possible, on ne peut pas être tranquille deux secondes ? s'écria Clive en voyant Chuck arriver.

-À une fête ? Non, ce n'est pas possible, à moins de prendre une chambre, ce que je ne laisserai pas faire, rétorqua froidement Chuck en prenant place juste en face de nous.

-Et pourquoi ça ?

-Tu as déjà couché avec Sophie, tu vas pas coucher avec sa meilleure amie..

Clive ouvrit les yeux et lui faisait de gros yeux.

-Non mais Clive, soupirai-je, je suis au courant. C'est ma meilleure amie. D'ailleurs, paraît que tu es un super coup. Enfin bref, parle.. tu voulais me dire quoi ?

-Tu as parlé de moi avec Sophie ?

-Bah.. pourquoi pas ?

-Pourquoi pas ? sourit largement Clive. Alors comme ça je suis un super coup ? Elle aussi en même temps, tu lui diras de ma...

-Heu.. non. Je ne lui dirai pas que tu penses que c'est un bon coup, faut pas déconner, tu peux lui dire toi-même, mais pas par SMS, son père a une légère tendance à regarder.

-Genre tous ses SMS..

-Genre si un jour tu veux devenir son gendre, évite de donner ton nom de famille, il risque de se rappeler de ton caleçon God Bless America.

-Oh putain, blêmit Clive en avalant son coca d'une traite.

-Ouais comme tu dis. Mais ce n'est pas grave, il a dû cramer ses souvenirs avec de l'alcool depuis. J'adore cette chanson !!! Chuck, tu me dois une danse.

-Depuis quand ? rétorqua ce dernier en levant un sourcil.

-Lève-toi. Tout de suite !

Je le forçai à se lever et il me fit virevolter. Nous dansions sur la terrasse. Je vis le regard désapprobateur de tout un groupe de filles. Je me sentis limite agressée.

-En fait.. je suis désolée, mais je suis crevée. Je pense que je vais aller me coucher.

Chuck s'arrêta de danser et regarda autour de nous. Son visage se ferma et il me fixa avec ardeur.

-Okay. Tu veux que je vienne avec toi ? Le temps que ton père arrive ?

-Mais non, tu ne vas pas partir de ta propre fête ! m'exclamai-je.

-J'ai vu toutes les personnes que j'avais envie de voir. Les autres ce sont mes meilleurs amis et mes collègues de travail, je les vois tout le temps.. mais toi, je ne te vois pas tout le temps. Alors je t'accompagne, sans aucun regret.

-Je vais dire au revoir aux autres. Tu m'attends à côté de l'ascenseur ?

Il acquiesça et me frotta le dos. Clive avait rejoint Keito et Owen et ils riaient très forts tous les trois. Je posais ma main dans le dos d'Owen et dans celui de Keito.

-Je voulais vous remercier pour m'avoir invitée, c'était cool.
-Tu t'en vas déjà ? s'étonna Keito en me souriant.
-Ouais, je suis un peu claquée, alors je vais me planter sur mon canapé en mode dégueu et regarder un épisode de Grey's anat', m'endormir au bout de 10m et mon père aura la gentillesse soit de me porter jusqu'à mon lit, soit de m'apporter une couette.

-Sérieux ? fit Keito en levant le sourcil

-Ouais, je suis sa petite princesse.

-Non je parlais de Grey's anatomy, reprit-il. Quelle saison ?

-Je me fais un marathon depuis des semaines donc.. saison 8.

-Tain je peux venir ?

Je tombai des nues. Il me regardait extrêmement sérieux. D'ailleurs Owen s'écria que si Keito avait le droit de me voir en pyjama dégueu, lui aussi et qu'il venait. Clive haussa les épaules.

-C'est pas comme si j'avais une meuf à mettre dans mon lit, donc..

Il se fit taper par Keito qui me regarda avec ses grands yeux noisettes. C'était très intimidant.

-On peut venir ? demanda-t-il d'une voix innocente.

-Okay. Mais quand mon père arrive, vous partez fissa.

-Oui, répondirent les trois garçons en souriant.

Je tournai le dos et j'entendis des mains claquer. Chuck plissa des yeux.

-Okay, donc le plan c'est qu'on laisse Ray représenter le groupe, se mit-il à rire.
-C'est l'idée, lui répondit Owen. Et juste pour savoir, il est comment ton pyjama ?

-En soie. C'est plus.. un short et un débardeur. Mais comme tu me regardes avec un air pervers, je vais mettre un jean et un gros sweat, rétorquai-je en lui adressant un clin d'œil.

J'ouvris la porte de la suite.
-Faites comme chez vous. Pas d'alcool par contre, mon père est hyper strict sur ça. Je vais me changer. Je reviens, vous mettez ce que vous voulez à la télé.

-Tu as besoin d'aide pour te déshabiller ? demanda Owen en me faisant un clin d'œil.

-OWEN ! s'écrièrent ses trois amis.
J'arrivai pas à ne pas rire. J'allai dans ma chambre. J'enfilai mon combishort. J'étais persuadée d'avoir pris un sweat mais je me trompais. Je sortais de là et les garçons, assis sur le canapé et les fauteuils, me regardèrent.

-J'arrive.

Je passai dans la chambre de mon père et lui piquait un de ses sweats de Stanford.

-Okaaay, je suis prête.

-J'ai envie de pizzas, vous avez pas envie de pizzas, soupira Clive

-Pas d'anchois pour moi, fut ma seule réponse pendant qu'il dégainait son téléphone et commandait une dizaine de pizzas.

En attendant nous commençâmes à regarder Grey's. C'était amusant. J'étais entre Chuck et Clive, pour la simple et bonne raison qu'ils avaient décidé qu'Owen ne devait pas se retrouver à proximité de mes gambettes. Clive regarda son téléphone.

-Ça te dérange si Ray vient avec nous ? Il n'arrête pas de m'envoyer des messages pour savoir où on est.

-Okay, mais seulement s'il vient seul.

Ray ne tarda pas à arriver et il s'assit sur un autre fauteuil. Je lui souris et lui aussi. Il avait l'air plus détendu d'être là que partout ailleurs. On frappa à la porte. Je me levai pour aller ouvrir et prendre de l'argent. Je ne m'attendais pas à voir mon père avec une dizaine de cartons.

-Sérieusement Choupi ? Je sais que tu manges pour quatre, mais quand même.

-Papa !

J'entendis un silence derrière moi. La télé venait de s'arrêter. Mon père regarda par dessus mon épaule. Il sourit.

-Bonsoir ! ou.. bonjour !

Mon père entra en souriant. Il posa les cartons de pizzas sur une table. Je ne savais pas trop quoi faire alors je lui présentai mes amis. Il leur serra la main.

-On va vous laisser, fit Chuck, gêné.

-Mais non voyons, sourit mon père. Vous pouvez rester là autant que vous voulez. Évitez juste d'hurler à la mort, c'est à peu près le seul truc qui peut me réveiller. Ça et mon bipper.
-Tu es sûr que ça ne te gêne pas Papa ?

-Bien sûr que non, quel épisode de Grey's anatomy ?
-Saison 8 épisode 4. Tu veux regarder avec nous ?

-Non merci. J'aime pas cette saison, elle est chiante, lâcha mon père. Et ce n'est pas comme si j'étais en week-end moi.

-Tu pars à quel heure demain ?

-11h.
-6h de sommeil donc.. bonne nuit ! Je te réveille demain matin, prends un somnifère.

-Chérie, je suis chir', je n'ai pas besoin de somnifère et je suis habitué à peu dormir. Le patient fait une tachycardie, là.

Je tournai les yeux. Les garçons avaient fait pause sur le moniteur au bloc. Mon père éclata de rire et nous souhaita une bonne fin de soirée. Je remis l'épisode tout en emmenant les pizzas sur la table du petit salon. Tachycardie ventriculaire. J'entendis mon père éclater de rire et sa porte se refermer.
-J'arrive dans deux secondes.

Je grattai à la porte de mon père. Il était torse nu et mettait son haut de pyjama.

-Merci, de ne pas les avoir mis à la porte.

-Tu me dis que tu vas à un concert, puis à une fête et quand je rentre, tu es là, gentiment installée devant la télé avec des amis à toi et tu n'as pas bu une goutte d'alcool. Sarah, tu es l'archétype de la fille modèle. Et ils ont l'air tout aussi équilibré que toi. Va retrouver tes amis. Et passez une bonne fin de nuit. De toute façon, tu n'as pas d'obligation, si tu veux dormir toute la journée, tu peux dormir toute la journée.

Il avait raison, je l'embrassai et retournai avec les garçons.

-Bravo, vous avez réussi le test McAllister, il vous a jugé équilibré..

-C'est parce qu'il ne nous connait pas, rit Chuck en repassant son bras sur moi.
Nous passâmes la fin de la nuit à regarder Grey's anatomy en riant. J'avais posé ma tête sur Chuck sans faire gaffe. Quand le soleil se leva vers 7h30, ils étaient toujours là. Nous avions regardé la moitié de la saison. C'était assez impressionnant. J'entendais la respiration de Clive à côté de moi. Il.. ronflait ? Je me levai en silence, toute engourdie et j'allais me chercher un verre d'eau pétillante. Cela me fit du bien. J'étais claquée mais.. tellement heureuse. Ils avaient préféré passer leur nuit avec moi entrain de regarder la télé plutôt que leur fête superbe. J'étais impressionnée et pleine de bonheur.


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