Chapitre 6 : une vie paisible.

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Deux jeunes filles aussi semblables que différentes se tenaient droites devant un petit ruisseau.

- Nomi, tu crois vraiment qu’il est prudent de traverser avec ces pierres ? s’enquit celle à longue chevelure ondulée.
- Ne t’inquiètes pas Ané ! répondit joyeusement celle aux cheveux raides. Ce n’est pas la première fois que je le traverse.

Elle tiqua alors que sa sœur posait un pied sur la première pierre.

- « Pas la première fois » ? s’écria-t-elle paniquée. Ce n’est pas la première fois que tu t’éloignes de la maison ?

Nomi posa ses deux pieds sur la deuxièmes roche et se retourna pour pouvoir poser ses yeux vairons – bleu à droite et vert à gauche – sur sa sœur. Là, face à face, leur regards correspondaient parfaitement alors que, côte à côte, Ané avait ses yeux vairons dans l’ordre contraire de ceux de sa sœur jumelle.

- Oh, ne t’inquiètes pas ! Que veux-tu qu’il nous arrive ?
- On ne sait jamais ce qu’il peut arriver.
- Tu es beaucoup trop prudente !

De manière habile, elle sauta à pieds joins sur la troisième pierre.

- Allez, viens Ané !

Celle-ci resta plantée sur la rive.

- Je ne ferais pas demi-tour, l’avertit Nomi en continuant sa route.

Ané poussa un soupir et finit par la suivre. Elle monta sur la première, garda difficilement son équilibre, faillit tomber sur la deuxième et, voyant sa sœur déjà loin devant elle, décida d’accélérer l’allure. Elle réussit à rattraper Nomi mais, malheureusement pour elle, elle glissa. Durant sa chute, elle s’accrocha au bras de sa sœur.

Dans un cri commun, les jumelles tombèrent.

Assises dans l’eau peu profonde, les deux sœurs se fixèrent. Nomi finit par éclater de rire. Ané, vexée, détourna le regard, regrettant déjà de ne pas avoir fait demi-tour.

- Aller Ané ! lui lança sa sœur en l’éclaboussant. Ne fait pas la tête !

Celle-ci finit par poser son regard sur sa sœur qui lui accorda un grand sourire.

- On devrait profiter de cette journée comme de toutes les autres à venir ! déclara Nomi. Sinon on va finir le regretter.

Puis, en se penchant un peu ver sa jumelle, elle lui rappela :

- Quand on sera adulte, on ne se verra sans doute pas beaucoup comme papa et maman.

Sur ce point, Ané ne pouvait pas répliquer. Alors, pour une fois, elle se laissa aller à
l’amusement et répondit à l’attaque aquatique de sa sœur, déclenchant une bataille d’eau.


//////

La pièce plongée dans l’obscurité n’était éclairée qu’à la lueur inquiétante des bougies. Leurs flammes accentuaient le côté machiavélique de l’homme installé à son bureau.
Visiblement satisfait de sa découverte, il ne pouvait s’empêcher de lire encore et encore les lettres qu’il avait trouvées dans la chambre de cette chère Nathaniella.
Un sourire des plus sadiques étira ses lèvres.

« Aurore... »

- Alors ? s’enquirent Philippe et mon père à l’unisson. C’est quoi comme rendez…

Leurs voix s’évanouirent quand ils le virent rentrer dans la pièce. Cassandre et moi, tous penauds, le suivions en silence.

- Comment ça s’est passé ? s’enquit mon père comme si de rien n’était.
- John, pourquoi Linoa et Cassandre m’espionnaient ?

Il prit un air choqué.

- QUOI ? s’exclama-t-il d’un ton incroyablement faux. C’est impossible ! Je ne les aient pas élevés comme ça ! Cassandre, Linoa, pourquoi avez-vous fait ça ?
- John…, marmonna Edward.

Notre oncle n’était pas tombé dans le panneau. Mais qui pourrait y tomber ? Mon père ne semblait pas fait pour la comédie…

Paniqué, notre paternel pointa Philippe du doigt.

- C’est lui qui a eu l’idée !
- HEIN ? s’écria notre grand-frère, outré. C’est TOI qui a eu cette idée stupide en premier !

Tonton se tourna vers nous.

- C’est de la faute à qui ?
- Au deux, répondîmes-nous à l’unisson.

Tandis que le père et le fils se rejetaient la faute, Lilo s’approcha d’Edward pour lui demander :

- Ça s’est bien passé ? Tu lui a dit que tu l’aimais ?

Edward eu un mouvement de recule.

- Hein ? Wh… What… Mais… Bu… Mais de quoi tu parles ? Je… je ne suis pas…

Notre petit frère bascula sa tête sur le côté.

- Pourquoi tu es tout rouge si ce n’est pas le cas ?

Surprise, je fis quelques pas en avant pour dépasser mon oncle et poser mon regard sur son visage écarlate.

- AH AH ! s’exclama mon père à l’attention de Philippe. J’avais raison ! Aller, tu vas passer un mois avec ton pap…

Se souvenant sans doute qu’il devait faire croire qu’il n’était pas à l’origine de l’ordre d’espionnage, il se coupa et toussa un peu pour reprendre son sérieux.

- Tu es amoureux d’elle ? l’interrogea Lilo.
- Non ! Enfin… je…
- Tu ne sais pas, intervint Cassandre. C’est ça tonton ?

Soudain un détail me revint à l’esprit.

- Attends, qu’est-ce que Mathilde t’as fait ? m’enquis-je. Quand tu es revenue dans la voiture après lui avoir dit au revoir, tu étais tout rouge. Ce n’était pas de colère, n’est-ce pas ?

Il se mit à balbutier de plus en plus et surtout en anglais, signe qu’il était complètement déstabilisé.

Un sourire malicieux étira les lèvres de mon père.

- Oh… Tu l’as embrassé ?
- NO ! C’est… It’s her !

GROS BLANC.

Se rendant compte de la bourde qu’il venait de faire, Edward s’enfuit à l’étage.

- Attends mon beau petit frère ! lança notre paternel en le poursuivant. Tu peux tout me raconter tu sais !
- SHUT UP !

Puis une porte claqua.

- Vous croyez que tonton est amoureux ? demanda Lilo, brisant ainsi le petit silence qui s’était installé.

Cassandre posa ses mains sur ses hanches avant de répondre :

- La question ne se pose même pas.

Un bruit sourd ramena notre attention sur Philippe. La tête contre la table, il semblait désespéré.

- C’est la dernière fois que je fais un pari avec lui…

Toutes les deux assises devant le feu de bois, les jumelles restaient silencieuse.

- Maman ne rentre pas souvent à la maison, se lamenta Nomi.
- Elle n’a pas pu fuir comme papa, répliqua doucement Ané. Elle ne peut pas venir longtemps et souvent ici. C’est pour notre sécurité à nous quatre.

Sa jumelle grommela quelque chose dans sa barbe inexistante. Soudain, entre elles, deux tasses apparurent.

- Tenez, un bon chocolat chaud !

Les yeux de Nomi brillèrent tandis qu’elle s’emparait d’un des récipients.

- Merci papa ! déclara-t-elle avec un grand sourire.

Ané prit la dernière tasse en le remerciant.

- Tu sais quand maman va revenir ? s’enquit Nomi.

Sa sœur poussa un soupir.

- Je t’ai dit que maman ne peux pas venir souvent et longtemps.
- Et ?
- Sa dernière visite remonte à moins d’un mois.

Elle grommela à nouveau quelque chose.

- Effectivement, confirma leur père. Elle ne reviendra pas avant un moment.
- C’est pas juste…

//////

- Eh bien ça faisait un moment que l’on ne t’avais pas vu ! s’exclama Kamaël en voyant Méthy passer dans la salle.

Celui-ci s’arrêta et posa ses yeux sur l’obscurien. Celui-ci était assis sur une des petites marches qui menaient au trône, une tasse à la main.
Il lui accorda un de ses sourire de société. Ceux qu’ils faisaient en présence des personnes importantes du Chaos pour avoir l’air d’un homme recommandable.

- Je pourrais en dire autant de toi mon cher Kamaël ! Tu t’accordes une petite pause ?
- Si je le faisais pas, je deviendrais complètement fou. Mais dis-moi plutôt, qu’est-ce qui t’a pris autant de ton temps ?
- Oh, j’ai juste trouvé une piste menant à des Sanroys et une traîtresse.
- Une traîtresse ? s’étrangla l’obscurien. Des Sanroys ?

Le maître des espions lui accorda un sourire rassurant en rajoutant :

- D’ici peu tout ce beau monde reposera six pieds sous terre, je te le jure.

Fin de la partie VI.

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