Chapitre 19 : oeil au beurre noir

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Quelques jours plus tard,

Durant le trajet jusqu’à chez moi, Aurore m’avait expliqué ce qu’il s’était passé. L’orphelinat, la dispute avec Lux, sa fuite, l’orphelinat, la lettre, son marché avec son rabat-joie, l’arrivée chez l’Obscurienne et l’attaque qui avait faillit lui coûter la vie.

– Théo et moi on s’est remis assez vite des évènements. Ané et Nomi restent dans leur coin. Théo à décréter qu’on devait les laisser tranquille quelques temps. Lux…

Elle poussa un soupir.

– … Lux est vraiment pas bien. Il psychote toute la journée. Il a des cauchemars et chaque fois qu’il en fait un, il se lève pour vérifier que moi et Iris sommes bien encore en vie. En plus, il ne me lâche plus d’une semelle. J’ai dû me convertir en espionne pour sortir. S’il m’avait vu, je suis sûr qu’il aurait poursuivit ma voiture…
– Ça ne m’étonne pas. Tu as quand même faillit te faire tuer !

Elle se gara près de la maison. Nous sortîmes de la voiture et nous nous dirigeâmes vers la porte.

– L’important c’est que tout le monde soit…

Elle s’interrompit tandis que j’attrapai la poignée.

– L’important, rectifia-t-elle en entrant, c’est que toute cette histoire soit finie.

J’allais refermer la porte quand je tombai nez-à-nez avec Cassandre. J’ouvris la bouche pour lui faire part d’une remarque mais il ne me laissa pas le temps.

– Tu rajoutes quoique ce soit, je t’étripes, me lança-t-il méchamment.

Et sur ces gentils mots, il me bourra pour passer. Nous le regardâmes monter l’escalier en silence.

– Ton frère, commenta Aurore quand il ne fut plus dans notre champs de vision, a l’air d’être d’une humeur massacrante aujourd’hui.
– Je crois que la cause de son œil au beurre noir y ait pour quelque chose…, répondis-je.

Qu’est-ce que cet idiot a-t-il fait ? Attendez… est-ce que se serait Astroméria qui lui aurait fait ? Il faut absolument que je sache ce qu’il s’est passé !

– Linoa, tu laisses Cassandre tranquille, lança une voix familière.

Je me tournai vers Philippe qui venait de sortir du salon.

– Pourquoi tu dis ça ?
– Tu crois que je ne connais pas ce petit sourire sournois ? Répondit-il en croisant les bras. Tu vas te moquer de lui et ça va ENCORE partir en dispute.

Puis, avec un air blasé, il rajouta :

– Comme d’habitude.
– Oh mais tu es mauvaise langue !

Il ignora ma dernière remarque et posa son regard sur la Sanroy.

– Aurore, c’est ça ?

Elle acquiesça.

– Yuki t’attends dans le salon.

Elle semblait si nerveuse que cela se lisait sans problème sur son visage. Je posai une main sur son épaule.

– Ne t’inquiète pas, tentai-je de la rassurer. Tout va bien se passer.

Elle acquiesça à nouveau et rentra dans la salon. Je m'engageai dans les escaliers, bien décidé à tirer les vers du nez à mon frère quand Philippe intervient :

– Linoa, laisse Cassandre tranquille.

Et zut…

– J'allais dans ma chambre ! Mentis-je. Tu n'es qu'une mauvaise langue Philippe !

La blonde se dirigea dans la fameuse pièce. Elle prit une grande inspiration avant de poser un pieds dedans et ses yeux se mirent à fouiller le salon du regard. Elle croisa celui de la médium assise sur la table.

Mon bébé…, sanglota Jeanne. C’est… c’est mon bébé !

Elle se précipita sur Aurore pour la prendre dans ses bras mais sa condition de fantôme lui revient très vite à l’esprit.

RAAAAAAH ! Foutu corps de spectre !

Puis ses yeux retombèrent sur sa fille. Elle l’étudia attentivement avant de s’exclamer :

Elle est devenue une jolie jeune femme ! Quel âge a-t-elle à présent ? AAAAAH !
Alors ma mère est ici, dans cette pièce ? s’enquit-elle. Que fait-elle ?

Le regard de la médium se posa près d'un des murs. Aurore suivit ce regard et sentit son cœur rompre.
Sa mère était vraiment très proche d'elle. Elle devait sans aucun doute l'observer avec un sourire bienveillant.
À cette simple pensée, elle eut les larmes aux yeux.
Yuki ne savait pas comment répondre à cette question. Elle ne pouvait décidément pas avouer que sa mère se "tapait" la tête contre un mur en hurlant qu'elle était une mère indigne.

Non, elle ne pouvait pas répondre ça.

Aurore, je me demandais, quel âges as-tu ?
Dix-neuf ans, pourquoi ?
Elle est adulttttttttttttttttttttttttttttte ! S'exclama Jeanne en tenant une nouvelle fois de sauter au cou de sa fille, ce qui ne marcha pas. Mon bébé est une adulte !
Ta mère est près de toi. Elle essaye de te prendre dans ses bras mais ce n’est pas vraiment possible pour un fantôme…

<<Elle a voulu me prendre dans ses bras..?>>

Un torrent de larmes s'échappèrent des yeux de la Sanroy. En voyant cela, sa mère tout aussi en pleure, s'approcha d'elle.

Ne pleure pas mon bébé. Ne pleure pas.

Un petit sourire étira les lèvres de Yuki, émue par la mère et la fille.

Bien décidée à savoir ce qui s’était passée avec Cassandre, j’attendis que Philippe aille le voire – c’était évident qu’il le ferait – pour me téléporter hors de ma chambre.
Hé oui ! C’était un sort que j’avais appris ces dernier jours et qui, à ma grande surprise, était plutôt simple à réaliser. Enfin…
Je me retrouvai pratiquement collé au mur du couloir, mon sceau d’arrivée le traversant pratiquement à moitié.

… quand je vois où je mets mon dernier sceau.

M’empressant de reculer, je m’approchai tout doucement de la porte de mon frère. Là je collai mon oreille à la porte.

– Tu peux m’en parler tu sais, rajouta notre aîné.

Cassandre poussa un soupir.

– Je…

Il en poussa un nouveau et avoua :

– Je suis allé chez Astroméria. Tout se passait bien même si je tentais de lui tirer les vers du nez.
– Pourquoi ?
– Avant les vacances, elle avait quelques cernes. J’ai cru que c’était parce que les cours l’épuisaient ou parce qu’elle dormait mal à cause de Linoa qui aurait pu ronflé ces nuits-là.

Oh le…

– Mais ces cernes étaient encore plus grandes ! Et elle semblait pas vraiment en forme. Je me suis inquiété. Mais je savais que si je lui montrais elle ne voudrait pas me le dire pour ne pas m’inquiéter davantage.
– Tu as réussis ?
– Non. Pas du tout. Mais au moins, durant l’après-midi, elle avait l’air d’être vraiment heureuse.
– Et sinon ça ne me dit toujours pas comment tu as eu cet œil au beurre noir.

Le roux poussa un nouveau soupir.

– La nuit est tombée avant que l’on s’en aperçoive. Astroméria m’a proposé de rester dormir chez elle et j’ai appelé papa pour le prévenir, Il n’y avait pas de chambre d’amis donc j’ai dormit sur le canapé. À cause de la cheminée pas très loin, j’ai eu très chaud et j’ai décidé de me mettre en caleçon.
– Et ? Ne me dit pas qu’en enlevant ton pantalon tu es tombée et que tu t’ai pris le rebord de la cheminée.

Ça ne m’étonnerait même pas…

– Non ! Non pas du tout ! s’empressa-t-il de répliquer. Je me suis réveillé en sursaut quand Astroméria s’est mise à crier. Je me suis précipité dans sa chambre. Elle était toute retournée à cause d’un cauchemar.
– Ce même cauchemar qui l’empêchait de dormir à l’internat ?
– Sans aucun doute.

Le silence se fit.

– Cassandre, ça n’explique pas l’œil au beurre noire.
– Eh bien…
– C’est Astroméria qui t’a donné un coup en dormant ?

Ou lors d’une de ses célèbres catastro…

– Non, c’est son père.

Gros blanc.

– Son… son…
– Le matin, il est rentré dans la chambre alors qu’on dormait. Il n’a pas apprécié de retrouver un jeune homme dans une tenue pareille dans le lit de sa fille chérie. Il m’a… il m’a littéralement crié dessus et, dans un moment de colère, m’a donné un coup de poing avant de me jeter dehors. Puis il m’a jeté mes affaires et j’ai filé avant qu’il ne décide de me tuer.

Il…

Je ne pouvais pas m’empêcher d’imaginer Cassandre avec un caleçon à petit cœur rose sur fond blanc tout penaud, un œil au beurre noire à la porte de la maison de sa bien aimée.

Je pouffai de rire. Une porte ne tarda pas à s’ouvrir.

– Toi…

Oups…

Je m’enfuyai à toute allure, poursuivis par un roux fou furieux. Arrivant à la fin du couloir, je plaçais un sceau de téléportation derrière la porte verrouillée. À ma plus grande surprise, je ne me pris aucun objet ni murs.

Tiens, je progresse.

– Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu sais bien que tu n’as pas le droit d’y rentrer, me reprocha mon père.

Cassandre tambourina à la porte en hurlant.

– SORS D’ICI SATANÉ SORCIÈRE !
– Je… J’ai utilisé un sort pour me mettre à l’abri de Cassandre…, répondis-je en me grattant l’arrière du crâne, mal-à-l’aise. Il est légèrement énervé.
– JE VAIS T’APPRENDRE À TE MOQUER DE MOI SUR UNE CHOSE PAREILLE !
– Oui, ironisa mon père. Tu l’as légèrement énervé.
– Je t’avais bien dit de te laisser tranquille ! me hurla Philippe depuis le couloir.
– Tu permets que je reste ici un petit moment ? Je serais aussi discrète qu’une souris.

Mon père sembla hésiter. Je ne pouvais pas risquer de me faire jeter dehors.

Ne me faits pas dire ce que je n’ai pas dit : je n’ai pas peur de lui. C’est juste que je n’ai pas envie de me battre…

– S’il te plaîîîîîîîîît….
– LINOOOOOAAAAA !

Il poussa un soupir.

– C’est entendu. Mais si tu ne tiens pas ton engagement, j’ouvrirais la porte au fauve.
– Mercccciii ! criai-je en me jetant à son cou.

Leon apparu dans un coin de la pièce. Il s’allongea avant de poser ces yeux rubis sur moi.

« Tu veux faire une sieste avec moi ? » me demanda-t-il « Parce que vu dans l’état où tu as mis ton frère, tu ne pourras pas sortir d’ici avant deux trois heures... »

Va pour une sieste.

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