Chapitre 4

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C'est deux jours après tout ça que sa mère décida qu'ils partiraient. Pendant ce lapse de temps, il avait pu remarquer que l'humeur de son père ne s'était pas du tout arrangé. Il semblait fermement opposé à la volonté de son ex-femme. Pourtant… Elle avait gagnée. Ombre ne comprenait pas vraiment comment sa mère faisait pour faire plier son père, qui pourtant était quelqu'un de tenace malgré sa gentillesse. Après tout, sa mère n'arrêtait pas de lui rappelait qu'il n'était qu'un enfant. Il ne connaissait pas encore les subtilités du monde des adultes. Pas encore. Mais dans trois ans, il arriverait enfin à comprendre. Peut-être que là, il poserait la question à son paternel.

Rendu dans sa chambre, il en fit le tour plusieurs fois. Qu'est-ce qu'il pouvait amener avec lui ? Il n'en avait absolument aucune idée. N'ayant jamais quitté sa chambre comme ça, ainsi que sa maison ou il avait toujours grandi, pour une autre demeure. Sa mère lui avait bien proposé de prendre sa chambre au complet, la vidant à l'aide d'un sac fourre-tout. Un ustensile magique qui permettait de ranger ce que l'on désirait dedans. Une sorte de petit sac sans fond. Très pratique. Mais Ombre avait refusé, sous le regard exaspéré de sa mère.

- Je fais mon possible pour te faciliter ce déménagement, Ombre. Pourquoi es-tu si réticent, finit-elle par lâcher d'énervement.

- Ce n'est pas ça. C'est juste… Je n'ai pas envie de laisser une chambre vide ici. Je vais y revenir de toute manière, ce n'est pas comme si je partais m'installer à Nivanh pour toujours.

La brune aux cheveux noirs ne pu que plisser des lèvres d'exaspération. Ombre ne s'était alors pas rendu compte à quel point sa mère pouvait être mauvaise. Finalement, elle n'insista pas et laissa son fils en paix pour faire ses bagages. Il s'assit alors sur son lit, regardant ce qu'il y avait autour de lui. Il savait déjà le premier objet qu'il amènerait avec lui. Sa baguette, bien sûr, mais cela, c'était obligatoire alors ça ne comptait pas. Non, il allait prendre avec lui son coquillage, pour pouvoir parler avec ses deux amis quand il lui en prendrait l'envie. C'est ensuite, après ce premier choix qu'il fini par réussir à réunir quelques affaires, avec des livres, deux ou trois bibelots et surtout ses vêtements.

Le jour du départ, ils se levèrent tous de bon matin, sa mère voulant arriver tôt chez elle pour tout mettre en place. Alors, Ombre embrassa d'abord son père, qui vint le serrer contre lui, en lui caressant les cheveux, puis en le regardant avec des yeux aimants.

- Fais attention à toi, Ombre. Si quelqu'un se moque de toi à cause des tâches sur ta peau, n'oublie pas… dit-il alors que son fils lui coupait la parole en souriant.

- Oui, que c'est ce qui me rend unique. Je t'aime papa.

Ensuite, une fois dehors, ses deux amis l'attendait. Mais les au revoir furent bien trop rapide à son goût, mit en branle par sa génitrice.

C'est finalement après un peu de trajet en carriole volante qu'ils arrivèrent à un portail. Sa mère lui disant qu'il y avait de nombreux portails en Glavanh, donnant sur différentes parties de Nivanh et que celui-ci était le plus proche de chez elle. Le portail était derrière une cascade accessible sans se mouiller. Il le traversa et en quelques instants, se retrouva dans un étrange endroit. Un endroit complètement bondé de monde, bien plus qu'il avait pu déjà en voir, même à l'Académie les jours de rentrées. Les gens autours, des humains, se pressaient pour passer des petits portails et monter dans des sortes de carrioles, mais bien plus grandes, rectangulaires et en métal.

- Nous sommes dans une gare Ombre, c'est un endroit qui permet aux humains de se rendre dans des endroits lointains.

- Ah… Comme les portails ?

- Oui, en quelque sorte. Aller, viens.

Sa mère lui avait rapidement expliqué, sans grand détail. Pourtant tout cela l’intriguait. Lui qui pensait qu'ils allaient aussi voyager dans ses engins fut relativement déçu en voyant que sa mère sortait de la gare. Ils marchèrent un peu dans la ville, ville totalement différente que ce qu'il connaissait. Le soleil brillait, et l'atmosphère était lumineuse, alors que l'environnement était très ouvert et actif, au contraire de chez lui, ou tout était calme, serein et chaleureux.

C'est après quelques minutes de marche à peine, qu’il entra dans un bâtiment, qui semblait être une maison. C'était la maison de sa mère ? Apparemment… Sauf qu'elle ne lui dit rien du tout pour le lui confirmer. Comme si c'était normal. Bon, au moins, la gare était facilement retrouvable, même s'il n'avait pas fait attention au chemin, trop absorbé par l'animation ambiante autours de lui.

- Ombre ? Tu viens, je vais te montrer ta chambre.

La maison semblait aussi grande que celle de son père, sans l'atelier. C'était assez bien. Mais… Sa mère ne se sentait pas trop seule ? Il se le demandait… Atterrissant dans une chambre presque vide, il se sentit d'un seul coup de trop dans cet espace.

- Voilà mon chéri. Tu peux t'installer. Pour ce qui est des règles…

- Des règles ? Comment ça ?

Sa mère soupira en voyant son expression perdue.

- Ton père a été trop laxiste avec toi. Je compte bien prendre ton éducation en main. Donc. Tu peux sortir un peu ce soir, mais revient au couché du soleil. Autrement dit dans une heure. Sinon, les jours d'école, tu rentres, tu manges et tu t'attaques au programme de l'Académie. Ensuite, tu te couches.

- Euh… Mais…

- Et les week-ends…

- Est-ce que je pourrais rentrer ? Ou alors faire venir Galahad et Tao, un peu ?

- Non. Tu devras t'exercer à la magie. Tu pourras sortir dehors le dimanche après-midi, jusqu'au couché du soleil.

Il sentait soudainement la tête lui tourner. Sa mère était… Tellement sévère. Elle lui parlait même sans aucun amour. Comment avait-il pu passer à côté de ça ?… Peut-être, car il ne la voyait que trop peu et passé cela sur le fait qu'elle travaillait trop ?… Il n'en savait rien, mais se sentait en train de littéralement étouffer.

- D'accord… Je… Je vais sortir…

- Tu ne t'installes pas ?

- Je n'ai pas… Grand-chose….

C'est la voix tremblante qu'il sorti de sa chambre, pour claquer la porte avec douceur derrière lui. Sa mère lui faisait confiance pour le laisser revenir ici seul. Il avait donc une heure à tuer. Mais tout se mélangait tellement dans sa tête… Que faire ?

Alors il décida de se laisser porter. Fermant les yeux, il marcha avec lenteur dans la rue, faisant tout de même attention à ne pas se mettre sur la route. Les véhicules semblaient dangereux. Tiens, d'ailleurs, sa mère ne lui avait même pas expliqué les dangers de la rue, ici.

Plus il marchait, plus il se demandait ce qu'était le son qui lui parvenait aux oreilles. Une sorte de bruit doux, qui se répercutait à chacun de ses pas. Il décida d'ouvrir les yeux, regardant le sol, pour y voir une matière blanche. Attends… C'était là ça quand il était sorti de la gare tout à l'heure ? Il ne savait pas, il n'avait sans doute pas fait attention. Se baissant, il toucha de ses doigts la matière étrange. C'était… Très froid, moue et malléable. D'ailleurs, en parlant de froid, il ne faisait pas chaud, il fallait l'avouer.

Se redressant, il observa ou il se trouvait. Au bout de la rue. En face de lui se trouvait un parc ou quelques enfants jouaient dans la matière froide. Qu'est-ce que c'était ? Il décida de se rapprocher pour questionner les enfants. Enfants qui devaient avoir son âge. Un petit garçon courrait vers lui, sans doute pour aller rejoindre des amis, mais s'arrêta en le voyant.

- Waouh, tu as de super beaux cheveux !

- Euh… Merci. Dis-moi… Est-ce que…

- Tu veux jouer avec nous ? Bien sûr ! Viens, on va faire une bataille de boules de neige !

L'enfant avait l'air tellement enthousiaste, alors que lui était empreint à une tristesse des plus profondes, car il se sentait seul. Mais voir qu'il était invité lui réchauffa un peu le coeur. Il s'approcha du petit groupe, pour les voir faire des boules blanches. Donc… Cela s'appelait de la neige.

- C'est… De la neige ?

- Ouais, c'est ça, tu n'en as jamais vu ? D'ailleurs, tu t'appelles comment ?

- Ombre, je m'appelle Ombre… Je ne suis pas d'ici, il n'y a pas de neige chez moi. Chez moi… C'est toujours l'automne, il rougit à cette pensée, l'atmosphère de son monde lui manquant déjà terriblement.

- L'automne ? Vous n'avez pas d'autres saisons ?

- D'autres saisons ?…

- Bah oui, il y a l'automne, l'hiver, l'été et le printemps ! On est en hiver-là. L'hiver, il fait froid et il neige.

- Ah bon ?… Non, chez moi, c'est toujours l'automne.

- Ça veut dire que c'est Halloween tous le temps chez toi ? Mais c'est super !

- Euh… Oui, c'est… Super.

Ombre se sentait un peu largué, il ne savait pas ce qu'était Halloween. Mais malgré tout, jouer à la bataille avec ses garçons lui avait fait un bien fou. Il avait les idées plus claires. Il ne voulait plus forcément rentrer tout de suite. Il voulait découvrir les multitudes de nouvelles choses que pouvait lui apportait les humains.

Pendant la bataille, il avait beaucoup ri, il avait même pleuré avec son camp quand ils avaient perdu. De ce fait, il avait pu extérioriser sa tristesse sans qu'on lui demande pourquoi il pleurait à chaudes larmes. Ensuite, il avait même construit des maisons en neige, enfin, il avait essayé, mais celle-ci n'était pas assez compacte, littéralement trop molle pour aboutir à quelque chose. Il aurait pu sortir sa baguette, mais… Déjà, il avait oublié de la prendre avec lui, mais aussi, il ne connaissait pas de sort pour l'aider. Il allait vraiment falloir qu'il étudie.

C'est au moment de quitter ses nouveaux amis, voyant le soleil se coucher, que le garçon avec qui il avait parlé au début le rattrapa.

- Au fait, je t'ai pas demandé, et on se posait tous la question. Vu que tu ne viens pas d'ici… Tu as eu quoi à Noël ?

- Je te demande pardon ?

- Bah oui, à Noël, il y a quelques jours, tu as eu quoi de ta famille ?

Voilà un Ombre à nouveau largué. Qu'est-ce que c'était que Noël ? Il semblait que les humains avaient de nombreuses fêtes, comme cet Halloween, que les sorciers ne fêtaient pas. Il ne put que rougir et ne pas répondre, vraiment mal à l'aise.

- Tu ne fêtes pas Noël non plus ? C'est un peu… Comme un autre anniversaire, mais pour tout le monde, tu vois ? On offre des cadeaux à sa famille et la famille nous en offre ! Et on fait un super repas.

- Ah… D'accord, je vois.

Cela avait l'air très attirant. Une soirée ou tout le monde s'échangeait des cadeaux… C'était beau. Mais avec sa mère, cela n'arriverait sûrement jamais. Après lui avoir dit au revoir, Ombre se retourna pour rentrer chez lui. Il avait quand même passé un bon moment, ça l'avait détendu. Sauf qu'en franchissant à nouveau le seuil de la porte de la maison qui serait désormais la sienne… Toute sa joie de vivre et de découverte s'envola. Pour laisser place à une tristesse morne. Se glissant les pieds lourds jusqu'à sa chambre, pour se rendre compte qu'en fait, il avait froid. C'est vrai qu'en y pensant, il n'avait pas de vêtements chauds, il était même sorti en t-shirt… Pourvu qu'il ne tombe pas malade. Enfin… Si, un peu quand même, car il avait cette peur au ventre d'affronter une rentrée dans une nouvelle école, dans un monde inconnu ou la seule personne qu'il connaissait était une mère semblant dépourvue d'amour.

Soupirant, il attrapa des vêtements de son sac fourre-tout, pour avoir un peu plus chaud et commença, la mort dans l'âme à ranger ses affaires. Malheureusement, même en accrochant les souvenirs de chez lui, cette chambre paraissait encore bien vide et impersonnelle. C'était tellement déprimant qu'il s'allongea sur le lit dur, semblant neuf, pour regarder le plafond, l'esprit vide. Il était libre mais avait l'impression d'être en prison…

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